AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marceline Bodier (38)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La fille au mitote

Babelio c’est aussi la rencontre d’auteurs, de belles découvertes et c’est ce que je viens de vivre en lisant la fille au mitote de Marceline Bodier .

Ce livre est un roman psychologique tout à fait passionnant. La psychologie des personnages est analysée avec beaucoup de finesse. Les relations qui se jouent entre les trois amis Stéphane, Blaise Jean- Jacques et Agatha, la soeur de ce dernier sont décrites avec beaucoup de talents.

On est en 1979, cette petite bande d’amis se retrouvent dans un village près de Nancy. La musique et tout particulièrement Led zeppelin jouera un rôle important. L’été terminé , les trois jeunes hommes vont entreprendre des études de médecine et devenir colocataires à Nancy.

C’est un vrai bonheur de vivre avec eux ses années d’études, leurs sorties, leurs rêves , leurs conquêtes… mais un drame va survenir, Stéphane, le grand séducteur va être assassiné.

Marceline Bodier nous projette alors en 2008, le fils de Stéphane va relancer l’enquête, il veut savoir qui était son père, qui l’a tué, il va alors contacter la fille de jean Jacques espérant en apprendre un peu plus sur cette bande d’amis. Ces deux jeunes gens ont été élevés dans l’ignorance de ce qui s’est passé. Ils vivent avec le poids d’un secret qu’ils vont tenter de lever .

C’est une véritable quête d’identité qui va alors être menée. Ce livre n’est pas un thriller, c’est un livre sur les relations humaines, sur l’identité , sur les non-dits, les secrets.

Lire ce livre avec en musique de fond les morceaux de Led zeppelin proposés par Marceline Bodier est un plus !

Commenter  J’apprécie          733
La fille au mitote

Marceline Bordier nous offre un récit savamment construit.

Nous sommes en 1979.

Blaise, Stéphane, Jean-Jacques et sa soeur Agatha sont inséparables. Une joyeuse bande d'amis, doués, fiers, ambitieux, imaginatifs et malgré quelques interrogations passagères sereins quant à leur avenir respectif. Ils vivent un quotidien paisible, une jeunesse protégée par un caractère volontaire, des idées bien ancrées « bercés par la musique de Led Zeppelin ».



Je vois dans La fille au Mitote deux lieux : Nancy, la capitale des ducs de Lorraine, la grande ville et Lincey un nom imaginaire pour un petit village qui existe certainement en Lorraine avec son herbe tellement verte et ses mirabelles tellement dorées Deux mondes : les parents et les enfants marqués par un décalage sensible .Deux temps : Celui de l'insouciance, des fêtes et de la musique et celui de la maturité, des choix avérés, des doutes, des drames et des séparations.



J'ai vécu avec deux catégories de personnages aussi: ceux qui choisissent et ceux qui subissent.



La musique est toujours là, en sourdine parfois, imposante aussi, souvent, cette musique qui sert de lien entre les personnages, entre les événements. Cette musique, sorte de liant, j'ose presque dire de ciment à joints donne corps à l'édifice, aide les personnages à rester debout vaille que vaille malgré leurs fêlures, malgré leurs regrets et leurs réticences, leurs amours déçues.



J'ai lu le premier tiers de ce roman avec curiosité et gourmandise. Des personnages s'animaient et Marceline Bordier me les a présentés d'une manière étonnante, précise, vus de l'intérieur. Elle leur a donné vie. Une ambiance saine, joyeuse, espiègle, prometteuse. Certains étaient plus séduisants que d'autres mais tous étaient combattants, tous étaient brillants et avaient un sacré potentiel. Tous avaient le culte de l'amitié. de leur amitié.



A la fin de cette première partie un drame s'est produit. Stéphane a été assassiné. Une décharge, un chaos. L'écriture s'est emballée. Les violences affectives ont été camouflées et les années ont étouffé le reste. Tout est resté lisse en surface. Tant mieux. Tant pis! Va pour un crime commis pas un vagabond. La justice a tranché. Certains se sont séparés et la vie s'est déchaînée imposant à chacun son destin.



Le fils de Stéphane et la fille de Jean-Jacques ne se connaissent pas. Ils vont se rencontrer et tenter de démêler cette histoire……une trentaine d'années plus tard..une enquête commence avec ses hauts et ses bas. Une quête essentielle pour savoir, comprendre, et se trouver.



Marceline Bordier analyse avec une plume fine, touchante et sensible les mécanismes de la jalousie, de l'ambition, de l'humiliation, de la culpabilité, de l'amitié, des sentiments, de la fierté, des préjugés avec une petite musique en bruit de fond, cette petite musique qui adoucit, qui permet de garder le cap. L'appartenance, les racines, les classes sociales, les relations parents-enfants, le rôle des apparences sont clairement abordés dans ce récit ou la vérité combat le silence, les rivalités latentes finissent par éclater et les personnalités finissent par se révéler. L'écriture est rythmée et le fil de l'histoire se déroule comme soutenue par une partition cohérente. La portée est solide. Les notes harmonieuses.



Mais je me pose une question Marceline. Entre Esfira et Jonathan. Dites-moi ! Une belle histoire a-t-elle toutes ses chances ?

Commenter  J’apprécie          636
La fille au mitote

La fille au mitote est un roman que j’ai trouvé captivant, avec en toile de fond l’amour de la musique et les secrets du passé qui nous hantent.



Qui a tué Stéphane Emmecat ce jour maudit de 1985 ? Jeune homme de vingt ans, séducteur, passionné de musique, et en particulier de celle de Led Zeppelin, il était étudiant en médecine. Avec ses amis d’enfance, Jean-Jacques Démaux et Blaise Lecabe, il préparait une comédie musicale, un opéra hard-rock, se faisait appeler Rob comme Robert Plant, le chanteur de Led Zeppelin, et quelquefois Augustin car il admirait Saint Augustin depuis qu’une prof de français le lui avait fait découvrir. Son destin, raconté dans Les Confessions, lui avait inspiré la trame narrative de l’opéra hard-rock dont un texte, intitulé « Ta croix » et écrit dans un carnet, a disparu en même temps que leur auteur. Pourquoi ? Qui l’a subtilisé ?



Le meurtre ne se produit pas tout de suite, comme dans les romans d’Agatha Christie. L’auteure prend d’abord le temps de nous présenter les personnages avec la finesse de son analyse psychologique. Tous font figure de suspects potentiels. Tous semblent avoir, à des degrés divers, profité de sa mort.



En 2008, Jean-Jacques est devenu un auteur-compositeur reconnu qui ne vit plus dans l’ombre du talentueux Stéphane. Avec sa sœur Agatha, il organise chaque été un festival de musique et de littérature. Blaise est devenu ministre de la Culture. Stéphane aurait pu nuire à sa carrière avec son côté provocateur et sulfureux. Quant à Agatha, elle est devenue écrivaine sous le pseudonyme d’Agathe Miller, en hommage à Agatha Christie. Quelle était au juste la nature de la relation qui l’unissait au jeune homme ? N’était-elle pas amoureuse et jalouse de Virginie, la compagne de Stéphane, qui venait de lui annoncer sa grossesse, provoquant la colère de ce dernier ? Même Virginie aurait pu le tuer. Mais aucune preuve donc aucune arrestation.



L’ombre de ce « cold case » plane sur ce roman ainsi que la figure charismatique de Stéphane, le grand absent qui hante les esprits. Jonathan, son fils, aimerait en savoir davantage et commence son enquête avec Esfera, la fille de Jean-Jacques. Sauront-ils, tel Hercule Poirot, démêler le vrai du faux, déceler la vérité qui se cache sous les apparences, percer ce « mitote », en référence à la mythologie toltèque, ce brouillard qui entoure Esfera et l’empêche de trouver des réponses à ses questions ?



Passionnée par l’écriture comme Marceline Bodier, j’ai des affinités avec sa manière d’écrire : la quête d’une vérité liée au passé des personnages et de leur famille, les références culturelles, mais chaque auteur a son originalité propre. Marceline Bodier crée une atmosphère mystérieuse, parfois mystique, avec la mythologie toltèque et le filigrane des chansons de Led Zeppelin.



Je vous recommande fortement ce roman au charme envoûtant qui m’a fait passer de bons moments de lecture. Je remercie mes amis babéliens dont Kielosa, Jeunejane et Valmyvoyou… de me l’avoir fait découvrir.

Commenter  J’apprécie          534
La fille au mitote

Le prologue commence par un enterrement en 2008.

Une silhouette se glisse entre les tombes.

Une semaine plus tôt avait lieu un festival de musique et de littérature auquel participent des amis dont l'amitié de jeunesse s'était déroulée de 1979 à 1985.

Ils étaient trois amis, Jean-jacques, Blaise et Stéphane.

L'un d'eux, Stéphane a été assassiné et le meurtre n'a jamais été élucidé.

Stéphane était en couple avec Virginie et celle-ci a accouché d'un garçon quelques mois après le crime.

Devenu adulte, le fils, Robert, va essayer de percer le mystère en compagnie d'Esfera qui symbolise la fille au mitote ( un nom d'origine toltèque qui signifie l'inconscient habité par nos secrets entre nous et les autres).

Esfera est en effet habitée par des personnages mystérieux, aux secrets ténébreux.

La vérité sera recherchée par de nombreux interviews qui vont nous dévoiler le point de vue de chaque personne pour aboutir à une fin inattendue.

Les personnages sont finement analysés et tous les éléments de l'intrigue sont admirablement liés entre eux.

Petit bémol pour moi, il faut pour entrer à fond dans le roman connaître la musique des Led Zeppelin que je ne connais que de nom mais mon ignorance n'empêche quand même pas la compréhension du roman qui adopte un fil conducteur très clair.
Commenter  J’apprécie          5311
La fille au mitote

Une des grandes qualités de cette oeuvre réside dans l'approfondissement psychologique des personnages. On se croirait soi-même étudiant à Nancy, dégustant une quetsche sur une terrasse de la splendide Place Stanislas, avec assis à côté et en face, Jean-Jacques, Ruth, Blaise, Agatha, Stéphane et les autres. Tellement que les héros de la première oeuvre de Marceline Bodier "La fille au mitote" sont merveilleusement bien caractérisés par leur créatrice.



Lorsqu'on ne connaît pas ou peu Led Zeppelin on croit au début avoir un sérieux handicap pour apprécier à sa juste valeur, comme il le mérite, l'ouvrage de notre amie, Marceline Bodier. Ce qui est malencontreusement mon cas. J'ai presque honte à l'admettre, mais je croyais bêtement que Led Zeppelin était le nom d'un chanteur de hard rock américain et non un groupe de rockers anglais. Non pas que j'en suis resté, en musique, à Maurice Chevalier et Édith Piaf, mais presque ! Ce qui est donc regrettable en l'occurrence puisque leur immense succès "Stairway to Heaven" forme en quelque sorte le leitmotiv du roman. Bref, plutôt un cas de "mea culpa" qu'une critique à l'adresse de l'auteure. Et miracle : on n'est nullement gêné par ce trou dans sa culture pour suivre et saisir les finesses de son conte psychologique raffiné.



Il est évident que Marceline Bodier est une Lorraine qui adore sa région natale. Elle parle de "cette lumière lorraine si particulière dans laquelle le soleil prend des tons dorés exacerbés par le vert très vif de l'herbe et des mirabelliers, multipliés par l'omniprésence des boutons d'or et des fruits d'un jaune brillant dans les arbres. Verte et dorée ; lumière de l'Est. Terre de l'Est..." Et je peux comprendre cette envolée lyrique, cet enthousiasme, car les particularités de la Lorraine-Lothringen ne me laissent moi, pourtant originaire d'un autre coin d'Europe, non plus indifférents. Loin s'en faut, plutôt le contraire. Car cela peut paraître bizarre qu'un Flamand évoque avec une certaine nostalgie la Meurthe-et-Moselle, mais mettons que je garde de très bons souvenirs personnels de cet endroit, qui, plus est, situé à l'époque où se situe l'action du livre, fin des années 1970 et la première partie de la décennie suivante. En d'autres termes notre Marceline me réserve un retour en arrière pas désagréable du tout.



Bien que l'histoire, elle, comporte des moments pas exactement agréables. Après tout il s'agit d'un drame, car il y a mort d'homme. Si Jean-Jacques, avec sa soeur Agatha, et Blaise ont passé leur enfance dans le village (fictif) de Lincey. Stéphane, par contre vient de la grande ville de Nancy, où ses parents ont émigré quand il était môme. Dans le petit cercle d'amis, il apporte la culture, les idées modernes, stimule études et ambitions et fait découvrir Led Zeppelin et le hard rock. Mais il devient simultanément l'élément perturbateur et c'est lui qu'on trouve un beau jour sauvagement assassiné. Quoique que cet ouvrage ne soit pas à proprement parler un thriller, je ne puis naturellement en dire davantage sans marcher sur les plates-bandes de la narratrice et léser ses futurs lecteurs.



Comme l'ont souligné d'autres chroniques, le dénouement de La fille au mitote prend par surprise. Pourtant, une fois le livre reposé, on se rend compte que le véritable retournement de situation a eu lieu au milieu du roman, quand ce qu'on croyait être une enquête sur un meurtre se révèle être aussi la quête d'identité d'une jeune fille, quête du sens de son histoire et du sens de sa présence sur terre. Elle pressent, sans avoir aucune possibilité de le voir, qu'il procède d'événements qui impliquent d'autres qu'elle-même, et le lecteur, lui, pressent que la première partie du livre n'y est pas étrangère ; mais de quoi s'agit-il... Quand le dernier chapitre nous le révèle, nous pouvons alors comprendre le choix du mot "mitote" pour donner son titre au livre. Car c'est un étrange choix que celui de ce terme, que la quatrième de couverture rapproche de l'inconscient, mais qui ne lui est pas exactement superposable. Si l'auteure a préféré ce mystérieux mot-valise, c'est sans doute pour être au plus près de ce qui est au cœur du roman, une idée proche de la psychogénéalogie, que le livre résume de cette formule : "Elle savait, parce qu’elle avait toujours aimé cette image, que nous sommes du tissu dont les songes sont faits. Mais de quels songes s’agit-il… des songes des autres plus que des siens !"



Nous pouvons nous estimer heureux d'avoir Marceline Bodier, après Laure Barachin, Corine Dufosset, Ingrid S.Kim, Laetitia Montou et Charlotte Sapin, etc... à bord de Babelio. J'espère que notre site de lecteurs soit bénéfique à toutes ces artistes, dont on n'imagine probablement pas assez les difficultés au début, car publier un (premier) ouvrage n'est, hélas, pas uniquement une question de talent : il y a les contraintes du marché et les exigences des éditeurs auxquelles il faut faire face, sinon cela devient une entreprise onéreuse et risquée. C'est aussi une question de courage et tout courage mérite admiration et support. Et que Marceline Bodier dispose royalement de ce talent, ne fait pour moi pas l'ombre d'un doute.
Commenter  J’apprécie          5320
La fille au mitote

En premier lieu, grâce à cet ouvrage, j’ai pu rejoindre mes potes de 79 avec « Led Zep » dans la tête et la nostalgie dans la musette. Pour nous, le must : ressembler à nos idoles.

Inévitablement, il y avait celui qui portait le gilet à franges sur son torse nu, son jean blanc moulant à la ceinture s’évasait amplement sur ses pieds nus dissimulés sous le cône de toile « pattes d’eph’ » élimé à force de s’éclater sur le mythique « Whole Lotta Love ».

Le « beau gosse », le « Robert Plant » de base. Comme dans le livre.

Seulement il ne s’appelait pas Stéphane et il n’a pas été assassiné.

On avait « Alice Cooper », pour celui-là, on demandait à sa mère d’aller nous acheter des collants noirs au « Monop’ » pour se dépêcher ensuite d’y faire d’énormes trous aux ciseaux avant qu’il les enfile sur ses jambes poilus. Après ça, on lui obscurcissait les orbites au noir de bouchons brulés. Trop cool !

Seulement il ne ressemblait pas à Jean-Jacques et il n’est pas devenu un musicien reconnu, compositeur et guitariste. Comme dans le livre.

Il y avait « Bowie » aussi, période « Alladin Sane » avec l’éclair multicolore sur le visage et la bouche enamourée.

« The Prettiest Star ».

Mais rien à voir avec Blaise au physique un peu ingrat qui, dans le roman, veut faire de la politique et produire une comédie musicale branchée avec ses amis colocs. Avide de réussite.

Et puis moi, qui n’étais pas en reste avec mon maxi à carreaux roses, mes « Clark’s » bleues et mon bonnet plat, le « Ian Anderson » (Jethro Tull) du 12ème arrondissement.

« Sitting on the park bench » attendant mes cop’s pour aller faire un « flip » au rade du coin après nos cours.

On était une vraie bande, comme dans le livre, on faisait les mêmes conneries, on avait les mêmes attentes, les mêmes craintes, les mêmes ambitions, les mêmes désillusions.

Seulement que l’on n’a pas subi de drame. Pas comme dans le livre.



Et puis il y avait les filles, enfin, les filles… on était souvent amoureux de la même, et une fois qu’elle avait choisi, on se faisait une raison. Dans le roman, peut-être pas !

Entre Jean-Jacques, Blaise ou Stéphane on ne sait pas. On ne comprend pas, enfin pas tout de suite…Parce qu’avec la douce et libre Agatha, on se pose beaucoup de questions.

Et puis il y a aussi Virginie qui chamboule tout par amour, toujours, et Ruth qui apaise la braise, présume-t-on…



Mais voila qu’apparaissent et se manifestent les enfants de ces gens, Esfera et Jonathan qui ont hérité de leurs parents les frasques d’antan. Ils veulent comprendre, dissoudre la souffrance, se défaire de ce qui les fige dans le vécu, dissiper le brouillard des non-dits, apprivoiser leur mitote…



Marceline Bodier « s’est laissée aller à son goût à l’introspection », et c’est là finalement où réside toute l’importance de son texte. Son intérêt lui, se niche dans les multiples facettes, décortiquées, disséquées, épluchées de chacun de ses personnages.



J’en suis sorti « Dazed and Confused ». Et c’est bon !

Commenter  J’apprécie          387
La fille au mitote

Quand Marceline Bodier m’a proposé de lire son roman dans le cadre d’un service de presse, j’avais déjà entendu parler de La Fille au Mitote, plutôt en bien, par une amie babélienne, Sally Rose. J’ai donc été ravie de recevoir ce livre, en version papier (ce qui est rare pour les SP en général) et particulièrement touchée par la démarche et la confiance de l’auteure, avec qui je suis depuis en relation sur les réseaux sociaux littéraires.



Ce roman explore les amitiés adolescentes et leur devenir à l’âge adulte : trois garçons inséparables, quelques filles, de la musique, des études, une colocation, une complicité, des jalousies, des différends, des rivalités, des amours, des disputes… et enfin un drame quand l’un d’eux est assassiné…

L’originalité vient du fait que l’enquête non élucidée est reprise à la génération suivante par le fils de la victime et la fille d’un de ses amis : l’un cherche à connaître ce père mort avant sa naissance et l’autre veut clarifier des secrets familiaux. Marceline Bodier va emmener ses lecteurs de l’été 1979 à l’été 2008, en remontant le temps, dans une trame narrative chorégraphiée à partir de fragments de réalités liés à la notion complexe du mitote, sorte d’inconscience toltèque, de brouillard constitué des rêves et des perceptions de chacun des personnages auxquels s’ajoutent sans doute les ressentis des lecteurs.



L’écriture est fluide, à la fois efficace et soutenue, et rapidement addictive. C’est une écriture mise en abyme, une écriture circulaire qui finit où elle commence. Ce roman joue sur différents tableaux contradictoires : temporalité, mode de lisibilité et caractérisations des personnages. Marceline Bodier propose des possibles. Mais, plus on avance dans la lecture, plus les bifurcations possibles se multiplient et plus, paradoxalement, il y a une restriction dans les possibilités.

Les personnages sont très travaillés, finement ciselés. Leurs portraits sont détaillés, physiquement et moralement mais l’auteure ménage des parts d’ombre et de mystère, des déséquilibres mis en valeurs par la polyphonie des points de vue.

Le rythme insufflé par Marceline Bodier laisse présager une spirale infernale, une fin annoncée… Mais, parvenue aux trois-quarts de ma lecture, je ne sais toujours pas où elle va me projeter. Dans le mitote, il y a aussi cette notion de danse en cercle, de ronde : indéniablement, l’auteure mène la danse par l’écriture. Et moi, je pose son livre et je m’endors plusieurs soirs de suite en pensant aux mobiles possibles des uns(es) et des autres, aux brouillards qui entourent parfois les transmissions et les silences familiaux, à mon propre mitote… Car nous devenons tous(tes) des lecteurs(trices) au mitote en nous appropriant cette histoire.



Ce roman a une bande son, une ambiance rock, celle du groupe Led Zeppelin. J’avais plus ou moins l’âge des protagonistes à la fin des années soixante-dix mais ce n’était pas mon groupe de prédilection ; cependant, je l’ai réécouté pendant ma lecture pour m’imprégner de l’atmosphère, en quelque sorte… et retrouver une époque, celle de ma jeunesse avec ses excès et ses trop pleins, qui restaient cependant intimes, privés, personnels… parce que les connexions permanentes des réseaux sociaux n’existaient pas encore et que, d’une certaine manière, nous étions protégés.

La musique est la littérature se rejoignent entre composition et écriture, inspiration et imaginaire. J’ai personnellement été plus sensible à l’intertextualité shakespearienne, omniprésente dans ce roman… Il y a vraiment en posture comparatiste des rapprochements improbables : Led Zeppelin et Shakespeare... Je ne lis pas couramment l’anglais et je n’ai donc pas pu profiter pleinement des épigraphes tirées des chansons du groupe de rock, mais j’ai apprécié le recours au dramaturge elizabétain.



En effet, La Fille au mitote porte en filigrane la plus universellement connue des fictions sur l’amour tragique, Roméo et Juliette, qui auréole le rapprochement entre les deux personnages en 2008 : a-t-on le droit de s’aimer entre Montaigu et Capulet ?

Marceline Bodier propose une réflexion polyphonique sur l’amour, sur l’amitié amoureuse, sur le langage des corps. Certains passages explorent les différents niveaux des relations amoureuses, les plans-drague, les jeux de séduction, les coups de foudre, les calculs ambitieux, l’amour libre, la jalousie, les rivalités. L’amour est porteur d’une forme de fatalité tragique, l’adjectif « fatal » revenant souvent dans le texte.

Les familles se sont éloignées les unes des autres, les rencontres les plus importantes ont lieu près du cimetière comme si la mort et la sépulture étaient des clés de lecture. Le prologue annonce une forme de fatalité dans la transmission, au-delà de la tombe.

Tout comme Roméo et Juliette, Jonathan et Esféra espèrent trouver leur place dans l’ordre d’un monde dont on leur a caché la réalité. Il n’est pas anodin que Jonathan ait souhaité changer son nom, comme pour échapper à une hérédité qu’il ne reconnaît pas.

De même, la notion de hasard, au sens de mauvaise fortune, mauvaise rencontre, concours de circonstances est présente au sens tragique du terme.

Ne souhaitant pas en dire plus sur la trame narrative, je ne mène pas plus loin cette approche shakespearienne, sur laquelle je continue à réfléchir en mon for intérieur. Et j’aime quand un roman est ainsi solidement construit, quand je retrouve des sources d’inspiration, une intertextualité qui me parle et inspire ma lecture.



J’ai adoré ce roman, ai eu du mal à le lâcher, y ai repensé beaucoup et souvent. Marceline Bodier possède un vrai talent, celui de nous emmener, de nous interroger, de nous faire nous identifier à ses personnages, de nous intriguer.

J’ai refermé La Fille au mitote, et suis restée pensive, immobile un certain temps… Un superbe roman !

Commenter  J’apprécie          384
La fille au mitote

ENCORE UN COUP DE CŒUR !!!

Mitote (prononcez mi-to-té) : définit chez les Toltèques l’inconscient, qui crée une sorte de brouillard – fait de nos secrets - entre les autres et nous.

Années 80 trois garçons, une fille. Tous sont de Lincey , une bourgade pas très éloignée de Nancy. Jean-Jacques , sa soeur cadette Agatha, Blaise et Stéphane . Stéphane vit à Nancy et revient pour les WE à Lincey . Eté 1979 , ils ont 18 ans , ils sont fous de musique, Stéphane leur fait découvrir Led Zeppelin , ils rêvent de musique, de liberté , de réussite, de gloire . A chacun son rêve . Le couperet tombe sur leur insouciance, et leur jeunesse lorsque Stéphane le solaire, Stéphane le séducteur, Stéphane le charismatique est retrouvé assassiné sur un parking en banlieue parisienne. Affaire non élucidée . Mauvaise rencontre telle sera la conclusion de l'enquête.

2008 Jonathan et Esfera essayent de faire la lumière sur l'assassinat de Stéphane. Jonathan est son fils né après la mort de son père et Esfera la fille de Jean-Jacques.

Deux générations, deux univers séparés par 20 années mais toujours la même difficulté pour sortir de l'enfance et entrer dans l'âge adulte . Essayer de se construire , de comprendre le pourquoi et le comment , arriver à cerner ces adultes qui eux-aussi ont été des adolescents...

Marceline Bodier nous offre ici un premier roman exceptionnel et je pèse mes mots. C'est avec finesse, minutie et sagacité qu'elle construit tous ses personnages. C'est tellement bien fait que j'ai eu l'impression de les connaître très bien ! Et puis, il y a la musique, toute une génération peut s'y reconnaitre , les paroles des chansons en titres de chapitres sont comme les cailloux du Petit Poucet qui nous servent de guide . Et puis il y a une région, la Lorraine, ses paysages, ses habitants , sa métropole Nancy ... Beaucoup de souvenirs sont remontés du fin fond de ma mémoire....

Ah j'oubliais de vous parler de l'histoire et de sa chute ... Là ne comptez pas sur moi je ne vous dirai rien !

Voilà je le dis c'est superbe . Je ne peux que vous encourager à le découvrir. Merci infiniment à Marceline Bodier de m'avoir "offert" son livre. Une pépite du monde de l'auto-édition , je tiens à le signaler car c'est tellement difficile de se faire une place quand on est un auteur non encore publié!

Je ne peux que souhaiter à Marceline Bodier de trouver la notoriété sans rien perdre de son talent de conteuse.

Commenter  J’apprécie          342
La fille au mitote

Une campagne ennuyeuse, une colocation sulfureuse, des étudiants en médecine sans vocation, des musiciens exaltés, une création qui sort un peu trop des codes, un talent inné contre une réussite au long court, une amitié homme femme assez trouble, un arriviste froid qui ne croit plus : ces ingrédients ont abouti à un meurtre, mais pourquoi ? comment ?

L'auteure profite de son roman pour écrire l'histoire de ses personnages. On s'étonne, on cherche. Peut-être faut-il regarder ailleurs. Ou pas.

Peu à peu, on s'interroge sur ce qui pourrait être là normalité, ce qui aurait pu faire que ce meurtre n'ait pas eu lieu. Et l'on découvre les dérapages, pernicieux, faits de petits riens et d'essentiel.

Bien mené.


Lien : https://partagerlecture.blog..
Commenter  J’apprécie          292
La fille au mitote

La fille du mitote, drame psychologique, prend racine en Lorraine dans les années 70 au moment de l’avènement, puis de l’âge d’or du groupe Led Zeppelin. Leur charisme et leur musique vont bouleverser la vie de Stéphane, fan inconditionnel, qui va transmettre sa révélation à ses trois amis et orienter leurs relations vers une existence sublimée par une certaine idée de liberté et cimentée par la passion créatrice.

Mais à l’aube de ses vingt-trois ans, dans la promesse d’un avenir radieux et d’un nouvel été éclaboussé de boutons d’or, Stéphane succombe, assassiné. Le brouillard tombe, enveloppe les survivants de cette tragédie d’un voile de souffrance, d’incompréhension, de culpabilité qui les affectera toute leur vie, et qu’ils transmettront à leur progéniture. Qui a tué Stéphane ? Pourquoi ? Est-il seulement réaliste, vingt ans plus tard, que son fils parvienne à faire éclater la vérité là où tous ont échoué ?

Le lecteur en doutera longtemps, car l’auteure analyse, décrypte, dissèque les arcanes de l’âme humaine avec une redoutable efficacité, et construit une trame complexe, mêlant à une intrigue forte les auras mystérieuses de la mystique toltèque et de Saint Augustin. L’ombre du Zeppelin plane, clin d’œil à la jeunesse et à son élan vital fatal : chaque chapitre ponctué par un extrait de chanson offre une lancinante litanie où le défunt semble s’exprimer.

Le récit, généreux, puissant, emporte le lecteur jusqu’à un dénouement inattendu délivré dans les ultimes feuillets.

Marceline Bodier se livre ici à un exercice extra ordinaire extraordinairement réussi, à lire et à faire lire.


Lien : https://www.librinova.com/li..
Commenter  J’apprécie          281
La fille au mitote

Dès le début, on se pose des questions.



Septembre 2008, un enterrement mais de qui ?

Dans le cimetière, une silhouette s’arrête devant une tombe, mais qui est-ce ?



Et puis petit flash-back d’une semaine, l’auteure nous emmène dans un festival de littérature et de musique qui se déroule dans un petit village de la campagne lorraine.

Et dans ce petit village, on découvre que plus d’une vingtaine d’années avant s’est formé un petit groupe de jeunes. Trois garçons, un trio qui se renforce à l’été 1979 autour d’une passion commune : la musique et le projet de la création d’un opéra hard-rock.

Mais il ne faut pas oublier leur âge, celui des découvertes de la liberté, des envies de réaliser des rêves d’avenir, des conquêtes amoureuses…



Mais tout s’écroule lorsque l’un d’eux est assassiné à l’âge de 23 ans.



Est-ce un drame passionnel ? Ou bien est-il lié à ce fameux opéra hard-rock et des désaccords de son déroulement ? Est-ce pour servir des ambitions exacerbées ?



La tension monte, monte au cours de cette lecture. La construction de ce roman est tout à fait séduisante et parfaitement maitrisée. On se laisse porter vers cette colocation partagée par ses trois jeunes, puis plus tard vers leurs enfants qui vont tenter d’éclaircir ce meurtre.

Aux différentes époques, les personnages sont physiquement et psychologiquement analysés par l’auteure d’une façon toute naturelle et saisissante. Leurs parcours, si différents soient-ils, sont très bien définis et tout à fait crédibles. Leurs relations qui se compliquent jusqu’à la rupture sont finement décortiquées.



Au-delà de l’intrigue, c’est également un roman sur le devenir de l’amitié, sur le temps, les évènements et les ambitions qui mettent fin à cette amitié que l’on pense indestructible lorsque l’on a dix-sept ans.

C’est également l’importance des non-dits qui jettent leur ombre sur la génération suivante.



J’ai aimé l’originalité de l’écriture, tantôt courte et saccadée, tantôt longue et travaillée. Cette particularité donne un dynamisme addictif qui ajoute de l’élan à l’intrigue.



En terminant ce livre, je garde également en image un pré parsemé de boutons d’or et un mirabellier dans le vert de la campagne lorraine.



Un très bon roman psychologique comme je les aime, qui regorge de petites choses pour en faire un grand moment de lecture. Merci Marceline Bodier et au plaisir de vous relire !

Commenter  J’apprécie          252
La fille au mitote

« L'histoire de ton père c'est aussi ton histoire. » dit Esfera, la fille de l'un des personnages principaux du roman.

Marcelline Bodier raconte cette histoire avec beaucoup d'empathie pour les personnages qu'elle décrit comme si elle les avait personnellement connus.

Histoire universelle, histoire de la vie. Histoire de la construction des personnalités de quatre adolescents qui décident ensemble de sortir du chemin que leurs parents avaient tracés pour eux et imaginent un chemin qu'ils ont choisi, la musique en est l'asphalte, la littérature le ciel, la politique les nuages.

Jean-Jacques, Blaise et Stéphane sont nés en 1962, Agatha en 1965. Très vite survient la difficulté de fonctionner en duos alternatifs ou en trios. Et, avec ces difficultés, la trahison peut devenir une solution. La relation privilégiée entre Agatha et Stéphane devient un point d'achoppement.

Stéphane est parti à la ville, Nancy, et lorsqu'il revient pour le week-end et les vacances, à Lincey, il brille aux yeux de ses amis et d'Agathe.

Il faut dire qu'à dix-sept ans en 1979, son oncle Etienne l'emmène à l'un des premiers concerts de Led Zeppelin en France…

Lorsqu'ils se retrouvent ensemble pour leur études à Nancy, vivant dans un même appartement, le rêve prend forme.

L'admiration de Stéphane pour Robert Plant le chanteur du groupe va emporter l'adhésion des quatre amis. Jean-Jacques abandonne ses études de médecine pour sa mettre à la guitare et très vite l'idée d'un opéra rock émerge…mais la disparition subite de Stéphane y met un terme. le projet collectif se mue en projets personnels.

Quarante ans plus tard, le principe de réalité a pris le pas sur le principe de plaisir, mais les regrets et les remords ne sont pas pour autant évacués.

Ils sont devenus des notables, installés dans la vie. Des élites comme celles qu'ils rejetaient.

L'écriture de Marcelline Bodier est impitoyable, et juste. Elle pousse les différents personnages dans l'introspection jusqu'au vertige, jusqu'au doute, jusqu'à la haine de soi pour certains, le dégout ou la détestation d'autrui.

Mais, elle ne se contente pas d'exposer les faits, de décrire les événements du passé ou ceux du présent, elle crée un véritable univers dans lequel se débattent ses personnages et surprend le lecteur avec des surprises et des rebondissements dignes de certains polars.

J'ai trouvé ce roman « puissant ». Marcelline Bodier pose les termes de la survie dans une société qui nie de plus en plus les références au passé, trouvant un difficile équilibre entre bien pensance et repentance.

Son roman est une histoire d'enfants du siècle dans le sillage de mai 1968, qu'ils n'ont pas vécus, où ils ont puisé à cette source de rêves sans jamais parvenir à les concretiser et sont rentrés dans le rang.

J'y retrouve beaucoup de mes souvenirs…



PS : J'ai choisi de ne pas évoquer le mitote pour ne pas spoiler, ni de revenir en détails sur l'histoire déjà évoquée dans les autres chroniques.
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          245
La fille au mitote

Stéphane, Jean-Jacques, Blaise et Agatha sont natifs du même village : Lincey, dans les Vosges. Ils passent une partie de leur enfance ensemble. Après le bac, les trois garçons emménagent ensemble à Nancy et la jeune fille leur rend régulièrement visite. Stéphane, jeune homme à qui tout semble réussir, est assassiné en juin 1985. En 2008, le fils de ce dernier veut savoir qui a tué son père. Il entraînera dans sa quête, Esfera, la fille de Jean-Jacques.



Ce livre est très bien écrit. L’écriture est recherchée et très agréable. De façon qui passe inaperçue, la plume de l’auteure change en fonction de l’ambiance qu’elle veut créer et nous la suivons. Ce roman fonctionne par paliers. La première partie relate l’enfance et l’adolescence des personnages, de façon lente. C’est une lenteur dans le sens positif du terme. Cela m’a fait penser à l’ambiance de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » de Harper Lee, avant que le drame arrive. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans cette campagne Lorraine, qui est très bien décrite. J’ai eu l’impression de grandir avec les quatre amis.



Au bout d’une centaine de pages, l’atmosphère change. La tension monte d’un cran, mais s’installe un petit moment à ce niveau. Dans cette partie, la psychologie des protagonistes est extrêmement bien développée.



Enfin, dans la dernière partie, nous suivons Esfera et Jonathan, le fils de Stéphane, dans leur quête d’identité et leur soif de vérité. L’histoire s’accélère, et moi, je n’avais qu’une envie, c’était comprendre. Je tournais les pages de plus en plus vite.



Ce livre est inclassable. Il est aussi bien une tranche de vie, qu’une quête de vérité, qu’un suspense psychologique, qu’une enquête. Ce livre n’est nullement angoissant. Tout le monde est suspecté et, pourtant, le final est surprenant. C’est un très beau roman psychologique avec des personnages parfaitement et entièrement dépeints. Par petites touches, Marceline Bodier nous emmène où elle le veut.



J’ai beaucoup aimé ce roman. À la fermeture du livre, j’ai un sentiment d’apaisement que je ne m’explique pas, je me sens bien.


Lien : https://www.facebook.com/Val..
Commenter  J’apprécie          237
La fille au mitote

Un roman singulier, une belle découverte.



Première partie : années 80, quatre personnages. Trois copains, Stéphane, Blaise et Jean-Jacques, et la jeune soeur de ce dernier, Agatha. Ils ont grandi ensemble à la campagne, sont allés ensemble étudier à la ville. Inséparables malgré leurs différences, jusqu’à ce que la vie, ou plutôt la mort, ne se charge de les séparer. Car Stéphane, fan inconditionnel de Robert Plant qu’il copie dans la façon de s’habiller, de se mouvoir et de séduire, celui dont la beauté et la présence rayonnante ont toujours éclipsé celles des autres, est un jour assassiné dans de mystérieuses circonstances. Bien évidemment, ses amis, qui sont les derniers à l’avoir vu vivant, sont soupçonnés… Ce garçon si indubitablement présent devient l’ « absent », absence autour de laquelle le roman est construit.

Dans cette première partie on peut s’interroger sur le titre… à quelle fille fait-il référence ? Que désigne ce terme de « mitote », pourtant brièvement défini en 4ème de couverture ?



Deuxième partie : été 2008. Le fils de Stéphane décide de résoudre le mystère entourant le décès de son père. Il lui faut approcher Blaise et Jean-Jacques, qui pour de pauvres raisons de rancoeur refoulée ou d’intérêts contrariés, auraient pu voir un intérêt à la disparition de leur ami, plus de deux décennies plus tôt. Le jeune homme provoque une rencontre avec Esfera, la fille de Jean-Jacques, qui va l’accompagner dans sa quête.

Le voile se lève peu à peu sur le titre du roman : on comprend que La Fille est Esfera ; pour le Mitote il faut attendre le dénouement final…



J’ai aimé les références musicales à Led Zeppelin et à leur chanteur charismatique Robert Plant, connu pour ses costumes de scène et son sex appeal, mais surtout pour sa voix incroyable et son « aveuglante » aura. Références qui jalonnent le roman à la façon de la partition ou du livret… d’une comédie musicale en plusieurs tableaux.



Ce que j’ai préféré dans La Fille au Mitote, c’est l’habileté de l’auteure à sonder les tréfonds de l’âme, disséquer les réflexions, sentiments, émotions, désirs exprimés ou refoulés de ses personnages, « êtres » imparfaits, en quête d’amour, de reconnaissance ou de succès.

Je salue le talent prometteur de Marceline Bodier, qui dans ce roman original et habilement construit nous embarque vers sa jeunesse qui est aussi la nôtre, vers ces « moments parfaits » que l’on ne peut connaître qu’à dix-sept ans, vers ces « excès » qui aident à se sentir « vivants » et « invincibles » même si la vie se charge ensuite de nous faire entrer dans le rang.

Un pari et un roman réussis ; je recommande !
Commenter  J’apprécie          161
La fille au mitote

Mitote (phonétiquement, mi-to-té) : C'est un terme indien qui a été adopté par les espagnols (on le rencontre dans les Écrits des Toltèques). Ce qui veut dire une sorte de brouillard qui entoure une personne. Ce qui peut signifier le chaos, un déséquilibre chez l'être humain.



Un roman qui réunit la quête d'identité et le roman psychologique, beaucoup plus qu'un suspense. Un roman sur deux tableaux, les années 80 avec quatre jeunes qui écoutent toujours du Led Zeppelin. Ce petit groupe d'amis insouciants, aventuriers et très adolescents. Puis 2008, où deux enfants de ces jeunes se retrouvent afin de comprendre ce qui a pu arriver à Stéphane.



Deux tableaux, deux tons, un plus sombre que l'autre. Les personnages sont bien définis par l'importance qu'ils ont dans le déroulement de l'histoire. Il faut prendre en compte qu'un quart de siècle sépare les deux-temps de ce roman, ce qui s'avère un défi pour l'auteure, qu'elle a réussie à garder sa cadence et son intrigue jusqu'à la fin.



Marceline Bodier prend le temps de nous présenter son scénario, ses personnages, son intrigue et sa conclusion qui pour ma part fut inattendue. Elle m'a empêché de penser à autre chose, je me suis mis à réfléchir sur l'héritage que laissent les parents, les relations familiales et amicales et surtout la trace que nous laissons.



Un bon roman comme je les aime qui poursuit leur chemin jusqu'à notre tête pour y séjourner même après avoir remis le livre dans la bibliothèque. Je vous le conseille, laissez-vous tenter !


Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
Commenter  J’apprécie          162
La fille au mitote



Et voilà comment grâce à Netgalley, j’ai déniché une petite perle de l’auto-édition.

Un groupe d’amis adolescents dans les années 70 liés par leurs origines et la musique ; l’un est assassiné. Plus de 20 ans après, son fils ressurgit pour connaître la vérité.

Non, ce n’est pas un polar, même s’il y a une intrigue. C’est avant tout un roman sur l’amitié, sur le poids de l’histoire familiale, sur la valeur de nos apprentissages.

L’auteur procède à une fine analyse psychologique de chacun des personnages. Le lecteur a donc l’impression de tous bien les connaître, d’être un observateur privilégié de chaque individu qui forme ce groupe, d’être capable parfois d’anticiper leur réaction.

Les pages se tournent facilement ce qui n’exclut pas une certaine réflexion sur le devenir des amitiés sincères de la jeunesse lorsque l’adulte a fini sa mue.

Ce qu’il me restera de ce roman est une lumière : celle des paysages, celles des espérances, celle de la créativité.

À lire

Commenter  J’apprécie          153
La fille au mitote

Merci Net Galley et Librinova de m'avoir permis de découvrir ce roman.

Malheureusement, je dois avouer que je suis passée à coté !

Je n'ai pas accroché avec les personnages, je n'ai pas accroché plus que ça à l'histoire.

J'ai trouvé qu'il y avait des longueurs et en plus, je n'ai pas apprécié réellement la fin.

Je suis déçue, mais il est possible que j'attendait trop de ce livre !

Je me suis forcée à le lire, mais non vraiment pas pour moi.

Je mets juste la moyenne, 2.5 étoiles
Commenter  J’apprécie          152
La fille au mitote

J’ai mis une grosse semaine pour lire ce roman. Bravo ! superbe ouvrage, complet, tout y est rassemblé : l’amitié, la musique, l’amour, la haine, la rancune, le drame le tout ponctué de suspens car, bien que discret, il est présent, omniprésent. Je qualifierais celui-ci de psychologique

J’avoue que quand j’en ai commencé la lecture j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire, je me suis confrontée à un flou !(mon mitote) qui ne s’est dispersé qu’à la fin du récit. Oui, il faut tout lire pour, enfin, comprendre le début ! Je l’ai lu, et plusieurs fois je suis revenue en arrière de peur d’avoir « loupé » un détail.

Je ne raconterai rien ! Je vous invite à me suivre et lire l’histoire. Les ingrédients :

- l’amitié entre Stéphane, beau, talentueux mais malchanceux puisqu’assassiné, Jean-Jacques et Blaise (que je trouve antipathique), trois amis nés la même année à Lincey, petit village lorrain,

- l’amour on le retrouve plusieurs fois,

- le drame (je dirais les drames….),

- la haine,

- la rancune

- sans oublier la musique, ils sont tous fans de Led Zeppelin, il entreprennent même la création d’une comédie musicale.

- la sœur de Jean-Jacques, Agatha devenue auteure,

- le dernier amour de Stéphane, Virginie, mère de Jonathan,

- Robert/Jonathan, le fils de Stéphane entraîne la fille de Jean-Jacques et Ruth, Esfera à la recherche de la vérité sur meurtre de son père. Une amitié (peut-être de l’amour ) ou de la complicité ????) se noue entre eux, leurs liens sont flous (mitote, toujours mitote).

Beaucoup de suspects mais j’avoue que le coupable je ne l’aurais pas trouvé toute seule.

Chaque fait, chaque pensée, tout est analysé et décrit avec finesse, rien n’est laissé de côté.

L’auteure fait preuve d’une belle écriture lente et fluide, qui entretient la confusion et qui pousse le lecteur à aller de l’avant.

Commenter  J’apprécie          140
La fille au mitote

Ce thriller psychologique se déroule comme une séance d’analyse : le discours esquisse la trame d’une histoire qu’il n’y aurait aucune raison de remettre en cause. Et cependant, le récit déraille, annonçant l’énigme des morceaux que l’esprit s’échine à perte à rassembler.





Les trames temporelles alternent entre un présent un peu terne et un passé qui semblait prometteur. Ces temps inconciliables parviennent à se relier à travers l’intemporelle référence à Led Zeppelin. Reste perdu cependant le souvenir du moment où la rupture entre le temps mythique et le temps historique s’est opérée.





« […] et je sais que ce ne sont pas les déportés qui peuplent les asiles psychiatriques, ni même leurs enfants, mais leurs petits-enfants. Parce que le secret qui ronge leurs grands-parents, qui blesse leurs parents, chez eux, il arrive à l’état de case blanche à laquelle il ne faut pas toucher. Mais ils ne savent pas pourquoi, ils ne savent pas mettre de mots dessus, et ne pas savoir les rend fou. Alors la malédiction ne va pas en s’éteignant ; au contraire, elle grandit jusqu’à l’explosion finale… »





De même, l’histoire se résout dans la précipitation, avec le besoin d’en découdre. Toutes les résolutions sont imaginaires.

Commenter  J’apprécie          122
La fille au mitote

Belle découverte dans le monde contrasté de l'auto-édition où le pire ne doit pas faire oublier le meilleur ! Bien loin des romances feel good sans saveur qui se multiplient de façon exponentielle, il existe des romans forts qui laissent une trace durable dans les mémoires et apportent aux lecteurs exigeants un plaisir qu'il serait bien dommage de bouder.

C'est d'abord l'histoire de quatre jeunes gens soudés par l'amitié et une commune passion pour la musique de Led Zeppelin . Et puis le drame survient avec le meurtre de l'un d'entre eux et ce crime, non élucidé, continuera à hanter la génération suivante, celle de leurs enfants.

Robert et Esfera vont tout tenter pour résoudre le mystère. Esféra, c'est la fille au mitote ,celle qui donne son nom au roman, celle dont l'esprit est habité par des personnages qui ne cessent de lui parler en s'appropriant son inconscient .

Chaque étape de la quête de la vérité va révéler des secrets enfouis et chacun des personnages présentera une des facettes de la réalité multiforme pour enrichir le récit jusqu'au développement final tellement inattendu...

Le style de Marceline Bodier est impeccable et son aisance à faire progresser le lecteur dans ce drame psychologique intelligent, apporte la preuve de ses qualités de romancière .

Une lecture hautement recommandable !





















Commenter  J’apprécie          122




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marceline Bodier (52)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Paul Auster ?

Moon ... ?

Hôtel
Auberge
Palace
Palais

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Paul AusterCréer un quiz sur cet auteur

{* *}