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Critiques de Marie Darrieussecq (759)
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Il faut beaucoup aimer les hommes

"Sur l'écran noir de mes nuits blanches

Moi je me fais du cinéma

A Hollywood et sous sa caméra"



Solange, l'adolescente basque (comme l'auteure ) qui se rêvait Princesse de "Clèves " est l'actrice Franchie de Hollywood... A une soirée de Steven (Soderbergh) et George (Clooney) ,Solange rencontre Kouhouesso.

"Sa voix était massive et grave, des épaules larges sur un corps très long".

Il était beau et noir...



K ( c'est ainsi qu'il signe) rêve de l'Afrique, de réaliser "Au coeur des ténèbres" de Conrad. au Congo...Encore une histoire d'amour entre une Blanche et un Noir au royaume des apparences et de l'image , en CinemaScope?



"Sur l'écran noir de mes nuits blanches

Où je me fais du cinéma

Puis un travelling panorama"



"Laisse moi t'embrasser, t'embrasser encore, j'aime t'embrasser.

J'aime le goût de tes lèvres et je ne veux pas que le jour se lève." Lui murmure K, après la soirée chez Steven, chez elle. Un coup de foudre cette première... "nuit américaine."



"Souriant, il m'avance vers moi...

Un mètre quatre vingt,

Il crève l'écran de mes nuits blanches"

Mais, K ne rappelle pas. A-t-il promis un rôle à Solange dans son film sur "Au coeur des ténèbres", dans lequel la jeune actrice va s'enfoncer, par Amour?
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Pas dormir

Peupler ses nuits d’insomnies en lisant Pas dormir ! C’est à la fois perturbant et réconfortant …



Marie Darrieussecq a perdu la faculté de récupérer nuit après nuit de la fatigue des journées. Le déclencheur est bien identifié et d’une banalité universelle : la naissance de son premier enfant a perturbé cette horloge biologique. Au diapason de son enfant les nuits se sont déchirées, morcelées, et rapidement n’ont plus ressemblé à rien. Mais ce qui se récupère au fil des semaines, plus ou moins rapidement en fonction de la propre horloge biologique du nourrisson est devenu un manque chronique. Et cette faculté de se plonger dans les bras de Morphée est devenu une lutte de toutes les nuits.

Le parcours qui en résulte est commun à tous les insomniaques : trouver une solution est une quête permanente, de pilules en tisanes, d’ajustement de la température et de la diététique aux choix des occupations vespérales, ils ont tout essayé ! Et rien ne marche puisqu’il est clair qu’il ne s’agit pas d’une cause unique à repérer !



Cet essai se penche ainsi sur les nuits blanches, et pas uniquement celles de l’auteur. Elle invoque les grands insomniaques de la littérature, Proust, Kafka et tant d’autres. Ou ceux chez qui le sommeil renvoyait à une ritualisation quasi pathologique.

Mais il est aussi question de cinéma, et d’Hal dans 2001 Odyssée de l’espace, d’Alien, de High Life et d’insomnie.



Marie Darrieussecq aborde l’intime, évoque son alcoolisme, résultant à la fois de la recherche d’un produit miracle et de la perturbation du circuit de la récompense induite par le manque de sommeil, responsable sans aucun doute d’un certain nombre de conduites addictives.



Cet essai sur l’insomnie n’est en tout cas absolument pas un remède contre celle-ci. Car le sujet, sérieux est abordé avec humour et auto-dérision et suffisamment décalé pour être plaisant à parcourir et encore plus lorsqu’à chaque page on se reconnait dans ce portrait typique des veilleurs malgré eux.
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La mer à l'envers

Rose s’est embarquée avec ses deux enfants pour une croisière en Méditerranée. Une nuit, leur énorme paquebot se porte au secours de migrants, perdus en pleine mer à bord de leur vedette surchargée. Emue par un jeune Nigérien de l’âge de son fils, Rose lui offre des vêtements et le téléphone portable de son aîné. Rentrée chez elle, elle pensera ne garder de cette histoire qu’un prénom, Younès, et des factures de portable qu’elle continuera à régler. Elle sera loin de s’imaginer où vont la mener son geste et ce lien désormais établi à travers ce téléphone.





J’ai été totalement séduite par la première partie du roman, à bord du bateau de croisière. Le récit est enlevé, empli d’un humour sarcastique sur le tourisme idiot, tandis qu’il nous fait découvrir des personnages convaincants et réalistes, dans tous leurs doutes et leurs ambiguïtés. L’on se prend de sympathie pour Rose, pour son sentiment de gêne et de culpabilité dont elle pense se tirer à bon compte, une fois reprise par le tourbillon de son quotidien, comme pour tout un chacun pas si facile.





Le livre prend ensuite un rythme moins marqué, où l’humour se fait plus discret au fur et à mesure que Rose se retrouve confrontée à de vraies décisions. Si le souffle du récit n’est plus le même, le questionnement qu’il nous soumet prend tout son sens : et vous, jusqu’où laisseriez-vous un enfant qui n’est pas le vôtre bouleverser votre existence ? Sans misérabilisme ni manichéisme, Marie Darrieussecq met le doigt sur l’embarras de notre société face à l’afflux de réfugiés que les politiques migratoires ne parviennent pas à gérer. Elle nous interroge aussi sur nos priorités et nos tracas quotidiens, si centrés sur nous-mêmes, notre famille et notre travail. Enfin, elle insiste sur l’importance du « toit » et du « chez soi », ces centres de gravité qui nous équilibrent, nous protègent, et nous identifient.





Malheureusement, cette seconde partie du récit m’a agacée par l’inutile et improbable évocation des pouvoirs de magnétiseuse de Rose, et déçue par la facilité presque naïve du dénouement, dont j’attendais bien davantage eu égard à la gravité des thèmes abordés. Ce qui commençait comme un livre coup de coeur s’est ainsi mué en une jolie lecture, sympathique et très actuelle, mais d’une profondeur par trop inégale pour convaincre totalement.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Notre vie dans les forêts

Je ne peux pas mettre de note, car je l’ai abandonné à la page 70. Je ne connaissais pas cette auteure qui a pourtant publié beaucoup, je me suis laissé « berner » par le titre sans rien savoir d’autre, et je me suis perdue dans le chemin qui devait me mener à la forêt.



Le style ne m’a pas accrochée, même si j’affectionne les sujets psychologiques et si ses allusions à des séances de psychothérapie ont éveillé ma curiosité. Ma lecture n’a pas été fluide, j’attendais probablement autre chose. J'ai essayé de poursuivre, en vain, d'autres livres m'attendent !



Je viens de lire la 4e de couverture, le thème aurait dû me plaire, mais quelque chose m’a « empêchée ». J'essayerai peut-être un autre titre, elle a l'air d'être une "grande dame" pourtant...si quelqu'un veut m'en suggérer un,

peut -être un jour...
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Fabriquer une femme

Rose et Solange sont deux adolescentes de quinze ans ; leurs maisons se font face dans un village du Pays basque, même si la famille de Solange est moins favorisée que celle de Rose. Elles fréquentent le même lycée où elles se rendent en bus. Mais Solange tombe enceinte ; elle ne sait pas comment faire pour avorter, ni même si c’est ce qu’elle veut, si bien qu’elle garde le bébé. Rose est une bonne élève, elle est amoureuse de Christian depuis l’école primaire, ou en tout cas croit l’être. Après l’accouchement, horrible, Solange commence le théâtre en intégrant la troupe amateur du lycée, elle semble avoir des capacités, d’après sa prof ; elle veut devenir actrice ; elle quitte son village pour le lycée Molière à Bordeaux avec une option théâtre, puis ce sera Paris, en attendant encore d’autres cieux… ● La même histoire est racontée d’abord du point de vue de Rose, puis du point de vue de Solange, mais il n’y a aucun effet de redite ; vue par Solange, l’histoire est complètement différente. Marie Darrieussecq évite tout ce que son dispositif pourrait avoir de répétitif ; il n’y a rien de fastidieux dans son texte au titre magnifique. ● Les deux personnages principaux, Rose et Solange, sont superbement campés, de même que les années quatre-vingt sont parfaitement restituées, avec les lieux à fréquenter, la mode, les chansons, la chute du mur, le sida… Les personnages secondaires ne sont pas en reste, l’autrice parvient à les faire vivre en deux ou trois notations acérées. ● Car, même si la construction est remarquable, le principal, dans ce roman, c’est son style. Il m’a happé dès la première page. Les phrases sont courtes, percutantes, souvent allusives, elliptiques. Elle est la seule à écrire ainsi, c’est profondément original et follement littéraire. Un régal.
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Lettre à ce prof qui a changé ma vie

Avant même d'ouvrir ce livre, je savais déjà que je lui attribuerai la note de 5/5 ; ma très modeste et ô combien infime contribution à l'hommage rendu à Samuel Paty.

Et, si j'ai lu avec beaucoup d'intérêt toutes ces lettres, celles qui m'ont le plus touchée ont été celles d'Irène Frain, Romain Slocombe, Franck Thilliez, Henri Loevenbruck et Philippe Torreton.



Toute ma scolarité s'est déroulée, de 1959 à 1969, à Issy les Moulineaux dans les Hauts de Seine. C'était une époque où nous étions quarante élèves par classe, rien que des filles (la mixité n'existait pas), le professeur était juché sur une estrade et écrivait, chaque matin, à la craie sur le grand tableau noir, la morale du jour, souvent extraite d'une fable de La Fontaine. Époque bénie où les parents n'avaient pas encore investi l'école ; le boulanger faisait le pain, le garagiste réparait les voitures, le maçon construisait les maisons, l'enseignant enseignait, et aucun d'entre eux n'avait la prétention d'apprendre à l'autre comment faire son métier.



Malgré toute la considération que je leur porte, ayant moi-même œuvré durant toute ma scolarité à me faire oublier d'eux, j'ai beau chercher, je serais bien incapable de témoigner d'une relation particulière que j'aurais pu entretenir avec un professeur.

Il faut dire que ça avait très mal commencé, ainsi qu'en atteste ce mot de ma maîtresse, en date du 3 octobre 1959, alors que je n'avais pas encore 6 ans et que mon entrée en CP à la "grande école" remontait à tout juste un mois :

"Monsieur, Madame,

Je vous communique à nouveau le cahier de votre fille pour que vous preniez connaissance de son travail. Rien qu'en regardant l'écriture (si on peut appeler cela écrire) vous vous rendrez compte qu'elle se moque totalement des conseils et des punitions, puisque tous les jours ce sont les mêmes griffonnages. Si cela persiste je serai obligée de ne plus m'occuper de son cahier où je ne vois jamais aucune application mais seulement les signes de l'indifférence, de la paresse et de la mauvaise volonté la plus évidente.

L'institutrice."

Comme vous pourrez le constater, mes parents ont dû, très tôt, revoir à la baisse leurs illusions quant à mon brillant avenir.

Quoique, cette institutrice dont la pédagogie reste très discutable, s'était au moins foulée d'une lettre. Celles qui ont suivi étaient nettement moins inspirées et me résumaient en un mot : fumiste ! Un peu décevantes, ces braves dames ; elles auraient pu développer. Ma constance méritait mieux que ce jugement laconique.



À dire vrai, je ne dois ma passion de la lecture qu'à mon père qui, dès mon plus jeune âge, m'a fait découvrir les contes des Milles et une nuits, ceux d'Andersen, le merveilleux Livre de la Jungle de Rudyard Kipling et son extraordinaire poème "If".

En conséquence de cela, les seules matières qui, à l'école, ont suscité mon intérêt se limitaient au Français, à l'Histoire et au Dessin. Ce qui m'a valu, durant toute ma scolarité, une certaine connivence avec mes professeurs de Français vu que ce n'était qu'à leurs seuls cours que ma participation était active.

Et je leur suis infiniment reconnaissante de m'avoir donné toutes les clefs, astuces et moyens mnémotechniques pour, au sortir du Primaire, maîtriser très honorablement la lecture et l'écriture.



Me revient une petite anecdote avec ce professeur de Français que j'aimais beaucoup, madame Celtan, d'origine Martiniquaise, dont l'accent prononcé occasionnait une prononciation des "R" différente de la nôtre :

- Dictée : "De ma fenêtre, je voyais des vagues de toits..."

En mode "traduction automatique", toute la classe écrit : "De ma fenêtre, je voyais des vagues de trois..."

Madame Celtan de s'énerver : "Mais enfin ! Je ne vous ai pas dit des vagues de t'ois, je vous ai dit des vagues de t'oits !"

Chuchotements dans la classe : "Qu'est-ce qu'elle a dit ? Trois ou toits ?"

Il a fallu qu'elle l'écrive au tableau pour mettre un terme à la confusion générale.



Beaucoup moins joyeux comme souvenir a été celui de madame Brigand, professeur de mathématiques, tailleur bleu marine, chignon mémère et gros mollets, qui, en fin de 6ème, a convoqué ma mère afin de lui "conseiller" de m'orienter vers un collège d'enseignement commercial (voix de garage de l'époque). Si mon prof principal avait été celui de Français, le bilan aurait été tout autre.

J'avoue que j'en ai beaucoup voulu à cette dame qui, parmi la centaine d'élèves dont elle avait la charge, devait ignorer totalement qui était cette gamine au fond de la classe qui rêvassait en dessinant sur un coin de cahier pendant ses cours. Ce qui ne l'a pourtant pas empêchée de se sentir légitime à décider de manière péremptoire et arbitraire de ce que devait être mon avenir.

Après trois ans d'études commerciales où j'ai continué à ne m'intéresser qu'au Français et n'ai absolument rien retenu des cours de sténo, de compta ou de Droit, je me suis retrouvée dans la vie active à 16 ans ; bien contente d'être enfin libérée des contraintes scolaires.



Il en ressort néanmoins que toutes les bases solides de ce que je sais aujourd'hui, et que j'ai eu la curiosité d'approfondir par la suite, m'ont été inculquées par l'École. Cette École de la République à qui je voue, à tout jamais, une profonde reconnaissance et un non moins profond respect.



Je dédie ce billet à mon fils qui, après une licence de biologie, ne sachant trop quelle orientation prendre, est parti, sac au dos, parcourir le monde et en est revenu, deux ans plus tard, en me disant, résolu : "Maman, je veux être enseignant. Instit ! Car c'est avec les petits que tout commence vraiment. Seule la connaissance sauvera le monde."

Il a donc repris ses études, obtenu tous ses diplômes et concours du premier coup ; la motivation était là et bien là. Cela fait quelques années maintenant qu'il exerce en qualité de directeur d'école et après une mutation durant deux ans au Lycée Français de New York où il a pu élargir ses connaissances pédagogiques, il est de retour à Bordeaux où il a repris la direction d'une école et y enseigne en classe de CP.

Malgré toutes les embûches et les problématiques liées au climat actuel auxquelles s'ajoute l'intrusion abusive et chronophage de certains parents, sa détermination et son investissement restent intacts.

L'homme qu'il est devenu, sa vocation, son état d'esprit, sont pour moi une incommensurable fierté.
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Être ici est une splendeur

J’apprécie décidément de plus en plus qu’un écrivain pose son regard et ses mots sur l’oeuvre d’un ou d’une artiste pour proposer un récit biographique personnel, nourri bien sûr d’une solide bibliographie offerte en prime au lecteur. Comme l’écrit si bien Marie Darrieussecq : « Les rencontres nous signent ». Celle-ci est définitivement une très belle rencontre que je n’oublierai pas de sitôt.



« Être ici est une splendeur » est le court récit qui m’a permis de découvrir Paula Modersohn Becker ( 1876-1907 ), peintre allemande au destin bref mais intense. Morte prématurément à trente et un ans, dix-huit jours après avoir accouché, elle voulait peindre, coûte que coûte ; être plus libre que son époque ne le permettait aux femmes. Mariée à un peintre reconnu, Otto Modersohn, elle finit par tout quitter, mari et foyer, pour s’installer à Paris. Soutenue entre autre par Rilke et Clara Westhoff, ses amis, elle peindra plus de sept cents tableaux en à peine huit ans.

Voilà très succinctement résumée la bio de Paula.



Par curiosité, j’ai bien sûr cherché ses tableaux sur internet et j’ai été surprise de trouver beaucoup de portraits de femmes, aux regards doux, vivantes sans être ni mièvres ni lascives, comme évidentes, dégageant force et tendresse. C'est aussi la première fois qu'une femme se peignait nue, et enceinte.

« Des femmes qui ne posent pas devant un homme, qui ne sont pas vues par le désir, la frustration, la possessivité, la domination, la contrariété des hommes. »

Paula, une pionnière étonnante de modernité !



Bien sûr si ce texte révèle en si peu de pages un essentiel féminin et artistique, c’est grâce au talent de Marie Darrieussecq qui a souvent le sens de la formule qui fait mouche et grâce à sa sympathie évidente pour Paula.



J’aimerais juste pour finir citer quelques phrases de Rainer Maria Rilke qui, un an après le décès de Paula, écrivit « Requiem pour une amie », un texte auquel l’auteur fait référence en écrivant que « Lire ce texte c’est écouter ».



« Et des fruits, j’achèterai des fruits, où l’on

retrouve la campagne, jusqu’au ciel.

Car à ceci tu t’entendais : les fruits dans leur plénitude.

Tu les posais sur des coupes devant toi,

tu en évaluais le poids par les couleurs.

Et comme des fruits aussi tu voyais les femmes,

tu voyais les enfants, modelés de l’intérieur

dans les formes de leur existence. »
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Truismes

Dans « Le deuxième sexe », Simone de Beauvoir nous expliquait, péremptoire : « on ne nait pas femme, on le devient »… eh bien Marie Darrieusecq, dans ce "Truismes", nous démontre de fort belle manière qu’on peut être femme et devenir cochonne …



L’héroïne de ce petit roman, un peu perdue, se retrouve employée dans un salon de beauté-massage où à force de faire des « cochonneries » et à force de se faire exploiter voit progressivement son corps se transformer pour prendre une forme porcine ; elle se transforme en truie… d’où le titre « truismes », au pluriel, truismes… sans doute pour signifier qu’on n’assiste pas à une transformation définitive mais plutôt à un changement d’état de type loup-garou qui nécessite la présence de circonstances particulières… et qui dit loup-garou dit Yvan, le directeur de Loup-Y-Es-Tu.

Tout ça sur fond d’élections et de politiciens pervers, finalement renversés par des plus pervers encore… on dirait du Houellebecq… dans un Paris dévasté.



Un livre d’odeurs, aussi…



Après une sortie très remarquée et très médiatisée, qui m’en avait éloigné, voilà un bouquin acquis au hasard de la liquidation d’une bibliothèque, que j’ai lu avec un certain plaisir : un style narratif plaisant, une histoire à dormir debout (les nuits de pleine lune)… on est bien loin de Kafka et de sa « Métamorphose », mais qu’importe. Une lecture plaisante, finalement : un peu sexe, un peu fantastique, un peu d’horreur… Une diatribe dénonçant la triste condition féminine, disent certain(e)s. Oui, peut-être… mais ce serait une erreur, je pense, que de limiter ce roman qui présente une esthétique certaine à cette interprétation militante.

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Être ici est une splendeur

Un livre sur une femme peintre allemande, méconnue hors de son pays, du début du siècle dernier. Pas évident d'écrire une biographie romancée, d'une femme restée dans l'ombre mais dont la vie a croisé tant de personnages célèbres de l'art et de la littérature. Darrieussecq a choisi un style impersonnel, la voix off d'un récit qui se déroule à l'image d'un film documentaire qui " n'est pas la vie vécue de Paula M.Becker", mais ce qu'elle en perçoit, "un siècle après, une trace".

Une femme, une vie courte, extraordinaire pour l'époque, tentant de s'y dérober à ses conventions bien qu'étant obligé de composer avec sa condition féminine ( "Les parents de Paula posent une condition au mariage : que leur fille prenne des cours de cuisine. Il ne sera pas dit que Fräulein Becker s’installe en ménage sans savoir nourrir son mari."),

Une femme qui a besoin de liberté, de "marcher seule pour "lisser quelques plis dans sa tête ", qui écrit à son mari parti rendre visite à ses parents, "à quel point elle se sent libre, divinement libre.",

Une femme qui ose pour son époque, du presque non vu : une femme qui peint des femmes. "Ses jeunes filles nues, ce n’est pas Puberté de Munch.....de là à se peindre elle-même nue…" donnera le premier autoportrait enceinte nue de l’histoire de l’art.





Je suis friande des regards d'écrivains sur l'Art et les artistes mais ici le charme n'a pas opéré. Autant le regard de Philippe Claudel sur Émile Friand ou celui de Claudie Gallay sur Opalka m'a profondément touchée autant celui de Darrieussecq sur Paula Becker m'a laissée indifférente; à part quelques passages, la prose sèche et décousue, truffée de citations m'a déconcertée. Un style peu à mon goût, "Il semble que le mariage de l’ardent roi rouge et de la petite Madone n’ait été consommé qu’avec difficulté........Consommé ou pas, tous ces gens sont morts. Quand j’entends consommé, je pense à du potage, et à des yeux qui flottent sur du bouillon. Je préfère contempler les tableaux de Paula.", combinaison "consommé , morts, potage" , pas très fort comme image, pour ne pas dire banale, et une dernière phrase paradoxale, car l'écrivaine contemple plus la vie privée et sociale de Paula que son oeuvre, surtout dans la première moitié du récit. Mais c'est plus la forme que le fond que je n'ai pas aimé, car je dois quand même avouer que ce dernier a le mérite d'éveiller la curiosité sur l'œuvre de l'artiste que je connaissais peu.

Ce n'est bien sûr que mon avis personnel, donc en aucun cas le rayer de votre PAL si il y est déjà, car apparement je suis une des rares à ne pas l'avoir aimé.







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Notre vie dans les forêts

Carnet de vie venu du futur.



Mon second livre de Darrieussecq, que je referme d'autant plus agréablement surprise que j'y suis entrée à reculons, concernant une auteure pour laquelle mon a priori était féroce (Truismes, paru en 1998, m'avait traumatisée :-)



L'accroche de la thématique "dystopie" a été suffisante pour m'immerger immédiatement dans un futur en déliquescence, glacialement possible, où des forces de résistance s'organisent en refusant un mode de société totalitaire et élitiste d'un nouveau genre.



Le langage direct de la voix off, utilisé pour raconter et expliquer, donne une spontanéité au discours et une proximité immédiate avec le lecteur. le récit est décousu, ponctué de digressions, et si le fond narratif est plutôt angoissant, la forme ne manque pas de charme et d'énergie. Il y flotte même une certaine cocasserie. Très vite, l'histoire ouvre à toutes sortes de réflexions: robotisation, banques d'organes, capacités cognitives, clonage à but thérapeutique.



Effrayant, de visualiser un monde virtuel crée par l'Homme dans lequel il va lui-même s'autodétruire, une société maternante par excès de principe de précaution.

Amusant, de suivre la vision de l'auteure et les interrogations qu'elle soulève. Perturbant, d'imaginer une société qui cherche à atteindre l'éternité.



Mais qu'a-t-elle dans la tête, Marie Darrieussecq, pour nous offrir des histoires si étrangement décalées ?



(Sélection pour le prix des lectrices de ELLE 2018, catégorie roman)

Rentrée Littéraire 2017

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Être ici est une splendeur

Un vrai "coup de coeur" , déniché toujours au hasard de mes pérégrinations personnelles en librairie..."Coup de coeur" lu avec avidité en quelques heures...



J'avoue bien humblement ne jamais avoir lu de textes de Marie Darrieussecq, mais le thème de celui-ci a d'emblée capté mon attention; l'existence trop brève de cette femme peintre, allemande , amie de Rilke, Paula Modersohn-Becker (dont j'ignorais jusqu'au nom !!) a piqué ma curiosité...

"Elle n'aimait pas tellement être mariée (...) Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris"...

Cette artiste a existé réellement (1876-1907)..., décédée prématurément à 31 ans, "avec une oeuvre devant soi et un bébé de dix-huit jours"...



Je me suis littéralement précipitée sur Internet, pour découvrir ses tableaux, l'appréhension de son art... Des portraits de femmes, d'enfants, des paysages aux atmosphères attachantes , aux couleurs et au style non conventionnels.

Par contre, il m'est mal aisé de formuler précisément les choses...Une autre curiosité: voir le portrait original qu'elle a réalisé de son ami-poète, Rilke...



Euphorique d'apprendre à la fin de ce très beau texte de M.D qu'il y aura une exposition de cette artiste au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris d'avril à août 2016, à laquelle a participé activement Marie Darrieussecq...



"J'ai écrit cette biographie à cause de ce dernier mot. Parce que c'était dommage.

Parce que cette femme que je n'ai pas connue me manque. parce que j'aurais voulu qu'elle vive. Je veux montrer ses tableaux. Dire sa vie. je veux lui rendre plus que la justice: je voudrais lui rendre l'être-là, la splendeur. " (p. 137)



L'auteure rend un hommage fabuleux à ce peintre qu'elle découvrit par hasard vers 2010... Elle explique son "coup de coeur absolu" par le premier tableau admiré, ressenti intensément... Je n'en dirai pas plus !!

"Pourquoi n'est-elle connue qu'en Allemagne ? Pourquoi- sa -ville -de Paris ne l'a jamais exposée ? Elle est allemande, certes, mais pas plus que Picasso n'est espagnol ou Modigliani italien. L'inachèvement de l'oeuvre est-il à ce point un obstacle ? Ou faut-il croire que le fait d'être femme l'arrêta à la frontière ?

Faut-il croire qu'elle n'avait pas son visa universel ? " (p. 145)



Encore Mille Mercis à Marie Darrieussecq pour cette très exceptionnelle découverte... dont ce texte pétri d'enthousiasme et d'émotion , combien communicatifs... nous prépare de la plus belle manière à apprécier avec plus d'attention et de reconnaissance l'exposition parisienne à venir tout prochainement...sur cette femme peintre méconnue...ou carrément inconnue (ce qui était mon cas...



Je termine cette modeste chronique par cet extrait concernant à la fois son style et la passion de cette femme pour son art: " Elle travaille à une profondeur épaisse, couche après couche, une surface "rude et vivante", comme les vieux marbres ou les sculptures de grès travaillées par le temps, celui qui passe et celui qui pleut.



- -Un seul but occupe mes pensées, consciemment et inconsciemment.- - Oh, peindre, peindre, peindre !- (p. 85)
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La mer à l'envers

La Mer à l'envers, ce n'est pas la mer à boire...

Quand justement Rose part en croisière avec ses deux enfants, elle n'imagine pas un seul instant que plus rien ne sera comme avant, comme le surgissement de l'inattendu dans ses jours ordinaires.

Son couple est un peu en perdition, elle ne sait plus trop bien où elle va, avec l'ennui qui l'étouffe, son métier qui ne la passionne plus et un mari alcoolique. Cette croisière sur la Méditerranée dans cet immense paquebot de luxe est l'occasion pour elle de prendre un peu le large, faire ce pas de côté devenu salutaire. Rose est une femme et mère un peu perdue dans sa vie, elle a pourtant l'habitude d'aider les autres, elle est psychologue, un peu guérisseuse aussi, mêlant la magie à la pratique de son métier, c'est ce qui rend également insolite son personnage un peu déviant.

Les couples sont un peu comme ces grands bateaux difficiles à manœuvrer, à faire bouger de leurs trajectoires, et quand il y a une voie d'eau qui s'agrandit, c'est un peu comme le Titanic, l'orchestre continue de jouer sa musique comme si de rien n'était.

Une nuit le paquebot de croisière où séjournent Rose et ses enfants rencontre une embarcation en difficulté, remplie de migrants à son bord. Rose, dans cette cabine de passagers un peu étroite pour trois personnes, se doute qu'il vient de se passer quelque chose... Elle entend des voix, des cris... Pendant que la croisière s'amuse, Rose va être témoin du sauvetage de ces survivants.

Elle est un peu perdue comme cette nuit-là sur le pont du bateau avec la Méditerranée qui l'entoure, immuable, se frayant un chemin parmi les membres de l'équipage et les réfugiés transis de froid, elle enjambe les corps de ceux qui se sont peut-être noyés, tandis que d'autres passagers continuent de danser deux ou trois étages plus bas dans l'ivresse et la frénésie de la musique.

On distribue des couvertures de survie, du café chaud, on évacue ces nouveaux arrivants dans la zone sous l'eau, juste sous le casino, des femmes bercent des bébés en pleurs. C'est une scène sidérante avec l'angoisse de la nuit, peinte avec justesse, j'ai l'impression d'être aux côtés de Rose qui s'active parmi les visages hagards parce qu'elle sait y faire. Parmi les naufragés, le regard d'un jeune homme capte son attention, c'est encore un adolescent, il s'appelle Younès, il a seize ans, plus tard elle apprendra qu'il est venu de son Niger natal en passant par la Libye. Ce dont il a besoin, c'est d'un téléphone. Il est aussi perdu qu'elle, comme venu de nulle part... Alors elle court vers sa cabine et lui ramène celui de son fils Gabriel qu'elle lui a pris à son insu, avec son chargeur... Elle ne sait pas encore que ce geste déclenchera tout.

Le lendemain, les garde-côtes italiens emportent les migrants sur le continent. Gabriel, désespéré, cherche alors son téléphone partout, et verra en tentant de le géolocaliser qu'il s'éloigne du paquebot. Younès l'a emporté avec lui, de l'autre côté du paysage, dans son périple au-delà des frontières.

J'ai aimé cette image du signal de la géolocalisation comme une étoile égarée dans la nuit sidérale d'un écran informatique, comme un fil invisible qui continue de les relier encore un peu et peut-être à jamais...

Imagine-t-elle à ce moment-là que l'étoile refera surface dans le ciel... ?

Marie Darrieussecq esquisse une histoire de vie presque ordinaire, avec comme toile de fond le sujet prégnant de l'immigration qui parvient jusqu'à nos quotidiens par le prisme de l'actualité. C'est le chemin d'une mère de famille pleine de bon sens qui croise le destin d'un jeune migrant. Ce sont deux trajectoires qui se croisent dans l'incompréhension réciproque de deux mondes.

Plus tard, quand Younès refera surface dans sa vie, il y aura le regard des autres sur Rose, celui de ses proches, ses enfants, son mari alcoolique, sa mère, ses amis...

La plume de Marie Darrieussecq est sarcastique pour dire l'hypocrisie, l'indifférence, l'incompréhension des autres. Il n'y a aucune morale, aucun jugement, aucun bon sentiment pour dire cela, Rose aussi est égoïste, tâtonne aussi dans cette incompréhension. Marie Darrieussecq ne dénonce rien, elle observe et raconte une histoire aux apparences légères sur un sujet qui prend aux tripes.

L'écriture pourrait presque paraître banale, le texte est gorgé de phrases courtes qui cueillent l'instant et charrient des sensations très fortes. Malgré ses apparentes maladresses et ce sentiment d'inachevé, ce récit poétique, où s'invite un peu de magie, porte une humanité qui fait du bien.

C'est un roman étrange et attachant, perturbant aussi, dont la voix continue de résonner longtemps après, comme ce petit signal de géolocalisation, sorte de bouée en perdition dans la nuit abyssale.
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La mer à l'envers

Entre divorcer ou suivre son mari (très porté sur la boisson) au pays Basque, Rose, psychologue et parisienne, hésite. Pour réfléchir à la question, sa mère lui offre ainsi qu'à ses enfants une croisière. Durant ce périple, Rose va croiser la route de Younès, migrant recueilli sur le bateau, à qui elle va donner un manteau et le téléphone de son fils. Ce choix va changer sa vie (et celle du jeune homme)...Un roman intéressant, qui pose un regard acéré (absolument pas manichéen) sur les politiques migratoires. C'est un récit qui questionne tout en étant le portrait très crédible d'une femme à la croisée des chemins. j'ai beaucoup aimé, tout m’a paru juste.
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Être ici est une splendeur

Paula Modersohn-Becker (1876 - 1907) est une peintre allemande méconnue en France, même si elle y vécut quelque temps et rencontra alors les artistes de Montparnasse. Elle épousa un autre peintre, Otto Modersohn, et fut très proche du poète Rilke. Etre femme et peintre à cette époque impliquait d'office d'immenses difficultés pour se faire un nom, et convoquait d'emblée un destin hors du commun, une liberté bien au-delà de la norme.





Ce courage et ce non-conformisme se retrouvent dans la peinture de Paula, en rupture avec les conventions de son temps, et témoignant d'un style très personnel. Malgré sa modernité, Paula fut toutefois cruellement rattrapée par la condition féminine de son époque, puisqu'elle mourut à trente-et-un ans des suites d'un accouchement. Elle a laissé environ 750 toiles, dont beaucoup disparurent au cours de la seconde guerre mondiale, et qui la classent parmi les plus précoces expressionnistes allemands.





Marie Darrieussecq a choisi de faire revivre Paula en raison d'une émotion toute personnelle ressentie devant ses toiles, mais aussi d'une sympathie évidente pour cette femme qu'elle a décidé de rappeler à notre mémoire. Elle a écrit ce roman biographique en préparant une exposition sur Paula au Musée d'Art Moderne de Paris en 2016. Rien n'est inventé. Tout est fidèle à la trace qu'elle a pu reconstituer au travers d'un important travail de documentation.





Plus que son oeuvre qu'il vous faudra découvrir sur internet, c'est surtout Paula en tant que femme que nous fait connaître ce livre, dans ses espoirs et ses désillusions, son combat de pionnière pour parvenir à exister comme peintre et à affirmer son propre style. le récit, vivant et fluide, est empreint d'émotion et de tendresse pour les personnages depuis longtemps disparus, qu'il ressuscite en pointillés à travers la brume du temps, grâce aux lettres et aux extraits de journaux qui nous sont parvenus. le tout est globalement empreint d'une certaine tristesse, d'une sorte de compassion pour cette femme dont la vie fut si brève, mais qui réussit malgré tout, grâce à son talent, à laisser une empreinte restée injustement dans l'ombre des grands noms masculins de la peinture.





Ce livre est donc un hommage, mais aussi une tentative de réparation d'un préjudice, qui fait qu'encore aujourd'hui, le talent d'une femme tombe plus facilement dans l'oubli que celui de ses homologues masculins. Il laisse sur une frustration, celle de devoir se rendre à Brème pour contempler l'oeuvre de Paula Modersohn-Becker.





Prolongement sur la colonie d'artistes de Worpswede en Allemagne, dans la rubrique le coin des curieux, en bas de ma chronique sur ce livre sur mon blog :

https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/darrieussecq-marie-etre-ici-est-une_26.html


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Notre vie dans les forêts

L'auteure nous livre une dystopie qui nous rappelle au combien notre équilibre peut être menacé par l'usage à mauvais escient des avancées scientifiques.



Nous sommes dans une société où le clonage des êtres humains n'est plus tabou. Les "moitiés" sont des réservoirs d'organes pour les plus riches qui tentent d'éloigner la mort à coup de greffes.



Un petit groupe va se constituer pour libérer les clones et tenter de leur communiquer une humanité afin d'en finir avec une époque où la quête d'immortalité se fait sans nulle moralité.



Marie Darrieussecq pointe du doigt un sujet qui a deja fait couler beaucoup d'encre depuis le clonage réussi de la brebis Dolly (qui a fini euthanasiée et exposée dans un musée). Avec un style agréable, ce livre se lit vite mais nous laisse avec des interrogations une fois la dernière page tournée.



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Le mal de mer

Une mère va chercher sa fille ( nommée la petite pendant tout le roman) à l’école. Elle «l’embarque » sur l’autoroute et l’emmène à la mer. Elle fuit et ne prévient ni son mari ni la grand-mère maternelle de l’enfant. Un détective privé commence ses recherches.



Je ne vais pas adopter la langue de bois, je n’ai pas aimé ce roman. J’ai trouvé cette écriture brutale, sans l’once d’un sentiment. Des descriptions froides et des tourbillons de mots où je me suis demandé si une balade dans les bois aurait eu sur moi un effet plus salutaire. Certainement!



Je me suis sentie coincée entre « des blocs de falaise….alignés dans l’ordre de leur chute, un visage de femme presque cyclopéen, avec une bouche bancale, inachevée », « une langue qui ramène, imparable, le goût infect de la praline »…….Des descriptions sans fin, en boucle comme les rouleaux ravageurs !



Là j’ai commencé à avoir quelques idées noires mais pas de larmes, puisque c’est une histoire sans affect donc sans larmes ! J'ai trouvé l'écriture sèche, descriptive, improbable comme on dit parfois.



Je me suis ennuyée et en même temps j’ai respiré d’une façon bizarre ! les pins craquaient, la dune dévorait la forêt ! Elle (l’enfant sans doute) entend cette voix, revenue, profonde, qui sort non de la gorge mais du ventre, elle l’entend par le nez, par les yeux, par la bouche ??????? non là je ne peux pas y croire !



Et cet océan que j’aime tant, qui m’a comblée quand, étant enfant je roulais dans les vagues, voilà ce qu’il est devenu : un mal de mer, un cycle infernal où "les côtes se sont écartées, où les plaques glissent, le rift océanique arrache l'Amérique à l'Europe".



«On ne sait pas où regarder, comment choisir: ce qui s'arrête, ce qui commence, le côté plein ou le côté vide; quel pan de la planète est en bordure de l'autre, l'effondrement bleu de la mer, ou les hauteurs meublées de la ville; si la côte a cédé contre les vagues, ou si les vagues ont trouvé ici une amarre, un ancrage, comme si la masse de l'océan n'était retenue à la terre que par la prise hésitante, lâche, renouvelée, de son seul bord de fine écume.»



Ce roman n’est pas à lire les jours de pleine lune. Je n’ai trouvé qu’une solution. Fermer le livre, éteindre la lumière et essayer comme dans le récit les bouteilles d’oxygène afin que les poumons fassent la jointure entre l’eau et la terre.



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Claire dans la forêt - Penthésilée, premier combat

Pierre

le rebouteux

Aime Claire

Nul doute !

L'amoureux

Lui a promis

L'Union Sacrée

Pour la Vie !

Il soigne aussi

Les eczémateux

Du Village

Pas de souci !

Claire croise le chemin

De l'HOMME

Pas sage !

Et son camion jaune

Attention, déviation !

Le Chef des bûcherons

Entonne

L'appel de la forêt

Le mâle est fait

Autre destin !





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La mer à l'envers

La croisière (ne) s'amuse (pas).

Rose est gâtée : pour Noël, sa mère lui a offert une croisière en Méditerranée sur un luxueux paquebot. Elle tente d'y passer un séjour agréable avec ses enfants, tandis que son mari est resté à Paris, mais elle n'est pas dupe de l'énorme machinerie capitaliste sur laquelle elle vogue. Une nuit, le paquebot croise une embarcation de migrants sur le point de chavirer et leur porte secours. Rose va s'attacher à l'un d'eux, Younès, du même âge que son fils, et sa vie va s'en trouver modifiée.



J'aime bien Marie Darrieussecq, parce qu'il y a toujours une légère touche de bizarre dans ses histoires, et celle-ci n'y coupe pas. J'aime aussi son intelligence et son humanité, et sa façon d'aborder les sujets d'actualité avec une honnêteté qui fait du bien. On n'est pas dans les bons sentiments, ici, on est dans la réalité, avec ses limites, ses contraintes, ses possibilités.

Et avec Rose, donc, responsable et pragmatique, mais aussi capable d'initiatives qui dérogent à son rationalisme, et de choix pas toujours explicables mais toujours justifiés par quelque chose qui la dépasse. Et j'ai été impressionnée par la façon dont l'auteur excelle à saisir ces instants furtifs où la vie déraille, et par son talent à retranscrire le vertige juste avant qu'il se dissipe.

Mais ce roman est aussi un témoignage juste des années 2020, entre angoisse climatique, crise migratoire et tournant identitaire ; comment envisager sereinement l'avenir dans ces conditions, et surtout comment vivre au mieux ce présent anxiogène quand on a grandi dans le confort mental des années 70-80 ? Toutefois, si Rose n'hésite pas à donner son point de vue sur ce que lui inspire le monde, ce livre n'est en aucun cas une incitation à l'activisme ; Marie Darrieussecq ne dénonce rien, elle raconte -qui plus est, sur un ton léger, presque futile. Et ce décalage entre le fond et la forme rend la lecture encore plus perturbante -et passionnante.



J'ai donc énormément aimé ce roman un peu étrange mais attachant, qui interroge sur la façon d'appréhender les événements selon notre éthique, et qui offre un portrait de femme complexe (pléonasme !) très réussi.

Et à bien y réfléchir, c'est quand même plus enrichissant qu'une virée avec le Capitaine Stubing.
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La mer à l'envers

La mer à l’envers où comment j’ai lâchement changé de tactique pour un bouquin qui ne m’intéresse pas.

L’histoire : Rose et ses deux enfants sont sur un bateau, enfin un truc monstrueux de douze étages qu’on trouve en centre ville à Venise ou au plus près des icebergs pour donner des sensations à de riches désœuvrés…

Bon, là c’est pas Rose qui paye. C’est maman qui offre un break (une coupure, pas une voiture) à sa fille pour qu’elle fasse le point sur son couple, son mariage. Va-t-elle divorcer ou suivre son mari en province. Que c’est trop dur la life hein.

Pourquoi j’ai ce bouquin entre les mains ????? Euh… Ah oui… si la croisière s’amuse, le Pacific Princess du livre va croiser un chalutier surchargé de migrants et les secourir.

Alors oui pendant une bonne vingtaine de pages j’ai commencé à entrer dans l’histoire et puis… j’ai attendu, j’ai attendu que ça commence vraiment. Page 51 tout est terminé, tous les rescapés sont expédiés sur une vedette direction la Sicile. Rideau.

Jusque là, c’était pas violent non plus niveau émotions. Rien sur le sauvetage ni sur les migrants, juste Rose, témoin, qui va de pont en pont pour mieux voir.

La mère à l’envers d’avoir assisté à ce dommage collatéral de la misère va réfléchir sur la vie, la société enfin si j’en crois les billets lus des autres babélioteurs parce que c’est maintenant que je vous donne ma nouvelle tactique sur ce coup là.

Page 89, l’escale en Grèce avec l’excursion au Parthénon parce que la Grèce c’est au programme de la troisième et du CE1 (les classes des enfants de Rose, c’est bien foutu quand même) ben… au Parthénon et à ses excursinistes je leur ai dit : Partez si, loin, très loin de moi. J’ai refermé le bouquin pour ne plus l’ouvrir. Abandonné, voui.

Faut dire que les autres billets ne m’ont pas incité à poursuivre puisque même les chroniques richement étoilées laissaient entendre que le début et tout ce qui concernait la croisière étaient top et que ça se gâtait un peu une fois la terre ferme retrouvée. La croisière n’ayant déjà à mon avis aucun intérêt, j’ai pas eu le courage…

Si encore l’écriture m’avait attrapé mais là aussi, quelle platitude, quel ennui.

L’amer allant vers l’impasse, il n’y avait pas d’autre issue que la capitulation devant tant de fadeur.

Première et dernière rencontre avec Marie Darrieussecq.

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Il faut beaucoup aimer les hommes

J'ai entamé ce livre sans rien en savoir, ni même avoir lu le résumé. Bien m'en a pris, je serais peut-être passée à côté de ce petit bijou.



Une belle histoire d'amour, très sensuelle, un coup de foudre, une attente...tellement bien résumée par le titre inspiré par Marguerite Duras qui écrivait :



"Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter."



Ce qui est tellement vrai...



Je n'en dirai pas plus, certaines critiques en font plus qu'un résumé...



Lisez-le, laissez-vous emporter par cette petite lueur que Marie Darrieussecq vous mettra dans les yeux...
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