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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Quand j'étais jeune, j'avais hâte de me dire, je craignais toujours de laisser passer la vague partant de moi et me portant vers l'autre, je craignais toujours de n'aimer plus, de ne plus rien savoir. Mais je ne suis plus jeune et j'ai appris à laisser passer presque tout – irréparablement.
Avoir tout à dire – et ne pas desserrer les lèvres. Tout à donner – et ne pas desserrer la main. Ceci est du renoncement que Vous appelez vertu bourgeoise et qui, bourgeoise ou non, vertu ou non, est le principal ressort des mes actes. Ressort? - le renoncement? Oui, car le refoulement d'une force exige un effort infiniment plus âpre que son libre déploiement – qui n'en exige aucun.
[…]
Agir ? Se laisser aller. Chaque fois que je renonce j'ai la sensation d'un tremblement de terre au-dedans de moi.
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Ma journée est absurde non-sens :
Je demande au pauvre une aumône,
Je donne au riche généreusement.

J'enfile dans l'aiguille un rayon,
Je confie ma clef au brigand,
Et je farde mes joues de blanc.

Le pauvre ne me donne pas de pain,
Le riche ne prend pas mon argent,
Dans l'aiguille le rayon n'entre pas…

Il entre sans clef le brigand,
Et la sotte pleure à seaux
Sur sa journée de non-sens.

29 juillet 1918
p.94
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LE RENDEZ-VOUS

Au rendez-vous donné je viendrai
En retard. Je tiendrai sous mon bras
Le printemps. Mes cheveux seront gris.
Tu me l’avais fixé sur les cimes !

Je marcherai pendant des années,
Comme avant Ophélie aime l’algue !
Traverser les montagnes, les rues,
Traverser les âmes et les mains.

Longue à vivre la terre ! Broussaille
De sang ! Chaque goutte une lagune.
Mais parmi l’herbe à jamais
Ruisselle la face d’Ophélie.

Là, par les galets, gorgée de vase
Pour une gorgée de passion !
Je t’avais si hautement aimé :
Je me suis dans le ciel inhumée !
18 juin 1923

p. 144
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La prose, c'est la vie passée par l'étamine du mot.
C'est à dire comme tout accomplissement, un au-dessus de la vie.
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"L'impossible ce n'est pas de résister à la tentation de l'homme, mais au besoin de l'enfant."

Lettre à l'Amazone
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L'âme pour l'homme commun
est le sommet de la spiritualité,
Pour l'homme spirituel, elle est presque chair.
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Noire comme la pupille, comme la pupille tu suces
La lumière - et je t'aime, nuit - qui vois si bien.

Laisse ma voix te chanter, aïeule des chants,
Qui tiens la bride des quatre vents. Je t'appelle,

Je chante tes louanges et ne suis qu'un coquillage
Que la voix de l'océan n'a pas encore déserté.

J'ai déjà trop regardé dans la pupille des hommes !
Nuit ! Réduis-moi en cendres, soleil noir, - nuit !

9 août 1916 (page 116)
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J’ai dit. Un autre l’a entendu
Doucement l’a redit. Le troisième l’a compris.
Avec son gros bâton de chêne, le quatrième est parti
Dans la nuit, accomplir un exploit,
Et le monde en a fait une chanson.
J’avance avec aux lèvres cette chanson,
Au devant de la mort, ô ma vie !
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J’ai fêté seule la nouvelle année.
Moi, riche, j’étais pauvre,
Moi, avec mes ailes, j’étais damnée.
Quelque part, beaucoup, beaucoup de mains
Serrées – et beaucoup de vins vieux.
Avec ses ailes, elle était damnée !
Et elle, l’unique était – seule !
Comme la lune – seule, sous le regard de la fenêtre.
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Après une nuit sans sommeil, le corps faiblit
Devient doux et autre – il n’est à personne.
Dans les veines ralenties des traits font encore mal
Et on sourit aux anges comme un ange.

Après une nuit sans sommeil, les mains faiblissent,
L’indifférence est profonde : ami ? ennemi ?
Chaque son fortuit recèle un arc-en-ciel,
L’odeur de Florence flotte soudain sur le gel.

Les lèvres s’éclaircissent tendrement, l’ombre est plus dorée
Autour des yeux creusés. C’est la nuit qui a allumé
Ce visage si éclatant – et de la nuit sombre
En nous, les yeux seuls – restent sombres.
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[poème à Blok]

Ton nom – un oiseau dans la main,
Ton nom – sur la langue un glaçon.
Un seul mouvement de lèvres.
Quatre lettres.
La balle saisie au bond,
Dans la gorge un grelot d’argent.

Une pierre jetée dans l’étang
Sangloterait ainsi quand on t’appelle.
Dans le piaffement léger des sabots la nuit
Ton nom, son éclat, retentit.
Le chien du fusil qui claque à la tempe
Le dit.

Ton nom – ah, impossible !
Ton nom – le baiser sur les yeux,
Sur le tendre froid des paupières.

Ton nom – le baiser sur la neige.
Gorgée d’eau bleue qui sourd, glacial.
Avec ton nom – le sommeil est profond.
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Marina Tsvetaieva
LA COQUILLE

De la léproserie du mal et du mensonge
Je t’ai libéré, emporté avec moi dans
Les aubes ! Je t’ai sauvé du sommeil des tombes
Je t’ai pris entre mes mains, entre ces deux paumes
De coquillage: que, calme, tu y grandisses,
Qu’entre ces deux paumes-là, tu deviennes perle !
(…)
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Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre.
Avec les loups régents

Des rues — hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines —
Non ! — Glisser : je refuse –
Le long des dos en chaîne.
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Il n’est pas mort, il vit,
Le démon, dans mon corps
Comme à fond de cale,
En soi, comme en prison.


À la vie (2)
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Marina Tsvetaieva
Si vous saviez, passants attirés
Par d’autres regards charmants
Que le mien, que de feu j’ai brûlé,
Que de vie j’ai vécu pour rien.

Que d’ardeur, que de fougue donnée
Pour une ombre soudaine ou un bruit…
Et mon coeur, vainement enflammé,
Dépeuplé, retombant en cendres.

Ô, les trains s’envolant dans la nuit
Qui emportent nos rêves de gare…
Sauriez-vous tout cela, même alors,
Je le sais, vous ne pourriez tout savoir.

Pourquoi ma parole est si brusque
Dans l’éternelle fumée de cigarette
Et combien de tristesse noire
Gronde sous mes cheveux clairs.
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DON JUAN
2


Longtemps, à l'aube brumeuse
Gémissait la tempête
On coucha Don Juan
Dans un lit de neige

Plus de fontaine amère
Ni de brûlante étoile…
Sur le sein de Don Juan —
Une croix orthodoxe.

Pour que la nuit éternelle
Te soit lumineuse,
Je t'apporte l'éventail
Noir de Séville.

Et pour que de tes yeux
tu voies la beauté féminine,
Ce soir, cette nuit
Je t'apporterai mon cœur.

En attendant — dormez bien !...
Des lointaines contrées
Vous m'êtes venu. Votre liste
Est close, Don Juan.

19 février 1917

p.67-68
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J'étais nu et tu m'as revêtu
De la vague de ton corps,
Tel un mur.
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Le poète

2


Il y a au monde des hommes en trop,
Des superflus, pas dans la norme.
(Sortis des dictionnaires et répertoires,
Ils ont une fosse pour demeure.)

Il y a au monde des gens creux, muets,
On les rejette comme du fumier
Ils sont un clou dans la chaussure,
Ils éclaboussent vos pans de soie !

Il y a au monde des menteurs :
(Ou invisibles, marqués de lèpre)
Ils sont, au monde, semblables à Job
Envieux de son destin s'ils le pouvaient…

Nous les poètes, nous rimons
Avec paria, mais sortis de nos berges
Nous disputons leurs dieux aux déesses
Et aux dieux des vierges-princesses !

22 avril 1923

p.135
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Je vais te raconter — la plus grande duperie :
Je vais te raconter le brouillard qui saisit
Les jeunes arbres, les vieilles souches.
Je vais te raconter la clarté qui se couche
Dans les basses maisons, et aussi la tzigane
— Né d'Égyptes lointaines — qui sur sa flûte s'acharne.

Je vais te raconter — le plus grand des mensonges :
Je vais te raconter le couteau que l'on plonge,
Serré dans le poing, — le vent des temps qui s'empare
Des boucles des jeunes — et de la barbe des vieillards.

Vacarme des siècles.
Sabots claquant sec.

4 juin 1918
p.90
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La vie n'est pas bruit ni orage,
Elle est ainsi : il neige,
La maison est éclairée,
Quelqu'un s'approche.
Lentement, la sonnerie étincelle,
Il entre. Lève les yeux.
Pas un bruit.
Les icônes flambent.
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