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Critiques de Maurice Gouiran (246)
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Vive la Commune !

Un cri du cœur.



Rassemblant plus de 20 plumes contemporaines, ce recueil de nouvelles mettant en scène des acteurs majeurs ou anonymes de la Commune de Paris est un très bel hommage en forme d'initiation à cet événement capital de l'histoire de l'émancipation humaine.



Souvent des femmes, les personnages mis en scène à travers des poèmes ou des textes courts redonnent vie à ces quelques semaines où plus que jamais l'espoir a eu droit de cité entre les murs de la capitale... avant la derniere, la "Semaine sanglante" et son anéantissement dans un bain de sang.

Agrémenté de gravures et de reproductions d'époque, un livre agréable et nécessaire.



Publié en 2021, à l'occasion des 150 ans de la Commune.



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Brigadistes !

A l'occasion du 80ème anniversaire de la création des Brigades Internationales, les Editions du Caïman s'associent aux Amis des Combattants en Espagne Républicaine (ACER) pour nous offrir un recueil de nouvelles noires, Brigadistes! préfacé par Cécile Rol-Tanguy. Le cahier des charges est le suivant: « L'angle des nouvelles est libre : univers violent de la Guerre d'Espagne, regard tragique et pessimiste, aspect politique, complexité, mais aussi solidarité Internationale, histoires d'amour, collectivisme, vie artistique... tout cela en lien avec les Brigades Internationales ». Les 20 collaborateurs, auteurs comme Patrick Bard, Didier Daeninckx, Michel Embarek, dessinateurs comme Bruno Loth, musiciens comme Cali, nous livrent des histoires personnelles ou non sur ces volontaires venus du monde entier se battre aux côtés des Républicains espagnols.

Brigadistes est un recueil homogène, riche de souvenirs de famille, de rencontres, d'amitiés, de lectures, qui fait revivre pour le lecteur le Bataillon Commune de Paris, le Winnipeg, la compagnie France Navigation, la Retirada…

Brigadistes!, en vingt nouvelles de qualité, rend un bel hommage aux 35.000 volontaires de 53 nationalités, dont beaucoup payèrent au prix fort leur engagement. Elles nous permettent aussi de faire connaissance avec des auteurs moins connus dont on a hâte de lire les ouvrages, je pense à Patrick Fort dont la nouvelle intitulée "Els ombres del coll dels Belistres" m'aura beaucoup touchée. On espère que cette belle initiative trouvera l'écho qu'elle mérite.

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Tu entreras dans le silence



Je tiens tout d'abord à remercier les Éditions Jigal et Babelio pour l'aimable envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique.



1916 : Moscou-Marseille : Plus de 30.000 kilomètres pour 11.000 soldats russes à voyager dans des conditions exécrables sur la route la plus longue, mais l'unique possible en cette troisième année de Première Guerre mondiale. Du froid polaire de Sibérie et Mandchourie, les plaines asiatiques et ensuite la chaleur tropicale de Hong Kong, Saïgon, Singapour, Colombo, Djibouti et finalement la remontée vers la Méditerranée par le Canal de Suez.

Départ de Moscou, le 3 février. Arrivée à la cité phocéenne, le 20 avril 1916.



Cette expédition extraordinaire constitue une page peu connue de notre Histoire qui résulte d'un accord entre le dernier tsar russe, Nicolas II, et le sénateur français Paul Doumer, en fait un "deal" : des hommes contre des fusils. Aux termes de ce deal de Saint-Pétersbourg de décembre 1915, 44.000 hommes encadrés de 750 officiers partiront sous les ordres du général Lokhvitski rejoindre l'armée française contre l'envahisseur teutonique.



Le sénateur Doumer sera Président de la République française du 13 juin1931 jusqu'à son assassinat presqu'un an plus tard, le 7 mai 1932, par un illuminé russe du nom de Pavel Gorguloff, qui sera guillotiné à Paris, le 14 septembre de la même année. Lire à ce propos l'ouvrage de Serge Janouin-Benanti "Les médecins criminels : Dr Petiot et Cie" et mon billet du 14 février 2020.



Comme le note l'auteur, Maurice Gouiran, explicitement, avant même le prologue : "Même si ce roman fait référence à des événements historiques avérés, il reste une oeuvre de fiction".



Avec son trentième roman l'auteur n'a manifestement aucun problème pour créer des protagonistes et héros tant russes que français qui nous racontent l'horreur de cette tuerie mondiale.



Parmi les premiers 11.000 Russes reçus à Marseille en grande fanfare, il y a Kolya qui est promu caporal étant un des très rares à se débrouiller en Français. Cet intérêt pour notre langue lui vient de notre belle littérature qu'il a essayé d'absorber comme môme. Puis, le calme Rotislav qui passe le plus clair de son temps à rêver de sa fiancée Irina et Iouri Poslednov qui recherche un grand soldat gaucher qui a tué sa petite soeur Talya, qui était montée à Moscou pour gagner des roubles. Et Slava Roukaïev au passé criminel qui a tué lors d'une effraction de son domicile le vieux Glazov. Le capitaine Volnov, 42 ans, est un homme toujours à l'écoute de ses hommes et considère par Kolya comme un humaniste. Par la suite, 2 autres jeunes rejoignent cette équipe Dimitri originaire de la Crimée et Alekséï de la région de l'Oural.



Côté français, il y a le jeune Antoine Casterdy, 22 ans, de Marseille, une crème, mais aussi physiquement un monstre après qu'en février 2016 à Verdun toute sa mâchoire inférieure a été horriblement endommagée. Puis, Jean de Manosque qui offre à l'équipe russe pour Noël 2016 un délicieux pot de miel de lavande de son coin dans le Midi.

Puis n'oublions pas le Président de la République Raymond Poincaré (1860-1934) et le commandant des armées françaises pendant ce conflit, le général Robert Nivelle.



On ne peut qu'avoir pitié de ses pauvres soldats russes, "objets de troc", qui après un voyage épouvantable et un bref séjour au camp Mirabeau près de Marseille sont envoyés 2 semaines à un rude entraînement près du front et tout de suite après carrément au front de Champagne ou en l'occurrence au casse-pipe, car de nombreux Russes meurent, en ce mois de juin 2016, à l'est de Reims.



Mais juste avant, Slava et Kolya vont "courir la gueuse" dans les mauvais quartiers de Marseille. Un périple qui se termine très mal...



Ce que j'ignorais c'est le mauvais traitement des simples soldats russes par leurs supérieurs dans l'armée du tsar, ou pour un oui ou pour un non ils avaient droit au fameux knout.



L'ouvrage est subdivisé en 40 relativement courts chapitres qui se lisent facilement et compte presque 300 pages. Maurice Gouiran a parfaitement réussi à recréer l'atmosphère terrible de ces jeunes soldats russes versés dans une guerre qui n'était pas la leur et que de toute façon ils ne pouvaient gagner !
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Train bleu train noir

" Train bleu train noir" est un policier qui fait référence à la Seconde Guerre mondiale. Le train noir est celui qui conduira plus d'un millier d'habitants des vieux quartiers de Marseille vers les camps de Compiègne, Drancy ou encore Sobibor. Le train bleu lui, a une image bien plus guillerette puisqu'il désigne le train qui va conduire en 1993 des supporters marseillais vers Munich où se joue un match de foot. Bert, Miche et Jo 3, vieux monsieur, se mêlent à ces supporters mais ceux-ci ont un objectif bien plus impérieux que de défendre une équipe.

On se souvient avec eux et on revit quelques bribes de l'horreur de notre Histoire.

L'écriture est travaillée, c'est une plume vivante qui sait faire vivre les personnages mais aussi les émotions. La fin est surprenante. Je découvre Maurice Gouiran avec ce livre et même si je n'ai pas été complètement conquise par ce policier j'ai envie de poursuivre ma découverte de cet auteur avec "tu entreras dans le silence".
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Train bleu train noir

Un polar bien ficelé qui apprend beaucoup sur Marseille pendant la seconde guerre mondiale, sur les destructions de quartiers programmées et les convois qui sont partis vers le nord, loin du soleil et de la vie. C'est construit de manière à ce que le train du passé rencontre celui d'aujourd'hui qui trace vers l'Allemagne pour aller soutenir l'OM en Allemagne avec tous les supporters marseillais à son bord et quelques vieux qui vont régler leurs comptes à cette occasion. La fin est étonnante, aux amateurs de romans policiers et d'histoire, je le conseille.
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Mauvaise foi

Mauvaise foi de Maurice Gouiran, premier livre de cet auteur, pour moi. Un policier au rythme soutenu, une cascade de rebondissements, de l'humour, un agréable moment de lecture.



Par un temps très froid et un fort mistral, Clovis Narigou, pénètre dans son bar préféré, un drôle de zigoto, curieusement attifé, le dévisage. Au bout d'un moment il lui donne un rendez-vous chez lui. Il a quelque chose de très important à lui dire.



Comme tout journaliste, curieux, il se rend le lendemain, à l'adresse indiquée, mais trop tard. Socrates, ancien prêtre de la légion du Christ, a été assassiné.



Accusé, puis relâché, Clovis, profite de son reportage en Italie, sur l'architecture mussolinienne, pour fouiller et apprendre ce que cache, cette bizarre congrégation dont Socrates faisait partie.



Emma Novgaline, sa compagne, capitaine de gendarmerie, court après un tueur de prostituées, qui lui donne beaucoup de soucis, malgré de nombreuses perquisitions, pas la moindre preuve. Quelle est le mobile de l'assassin ? Y aurait-il un lien avec la légion du Christ ?



Une écriture très agréable, légère, qui adoucit un peu le sujet tabou des dessous du Vatican. Bien documenté.

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Le diable n'est pas mort à Dachau

Maurice Gouiran mélange plusieurs thèmes historiques dans ce polar basé dans les années 60 finissantes.



Une famille américaine meurt dans un petit village de montagne qui se vide de ses habitants. Henri, un enfant du pays, parti aux USA travailler sur l’ancêtre d’internet, l’ARPANET, revient pour l’enterrement de sa mère et se retrouve, avec un journaliste de ses amis, à tenter de comprendre ce qui a pu se passer.

Il ne tarde pas à faire un lien avec les expériences médicales menées durant la seconde guerre mondiale dans les camps de concentration et avec la récupération des scientifiques nazis après guerre par la CIA, bien peu regardante sur les crimes de guerre commis, pourvu que les applications militaires bénéficient aux States.



L’inhumanité des expériences menées par des « médecins » nazis dans les camps donne lieu à deux chapitres assez secs et d’une grande dureté. Gouiran s’y fait l’écho de Michel Cymès dans Hippocrate aux enfers.



Quant au programme « Paperclip », qui a permis par exemple à Werner Von Braun de passer sans transition de créateur des fusées volantes V1 et V2 destinées à détruire Londres et la population civile alliée, à ingénieur en chef à la NASA, il constitue la thématique de fond.



S’y ajoute une réflexion sur les zones rurales de montagne, renfermées sur elles-même pendant des générations, et brutalement confrontées dans les années soixante à un monde plus vaste. La vie est dure, sans espoir d’évolution, les jeunes quittent des terres qui ont fait la fierté de leurs parents, les commerces ferment. Le tout dans l'incompréhension des anciens...



Les premières pages manquent un peu de fluidité. La suite est autrement plus dense et rythmée. Les sujets abordés sont très bien documentés. D’ailleurs Gouiran fournit à la fin une biographie sélective.



Décidément j’aime bien Gouiran quand il joue avec l’Histoire.
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Qaraqosh

Qaraqosh ?

Non, ce n'est pas une formule Harry Potterienne, pour transformer votre ennemi préféré en vil crapaud.

Qaraqosh c'est une milice chrétienne au sein de laquelle Mikki a combattu en Irak.

Enfin, c'est ce qu'il prétend.

Mikki, qui se dit menacé, débarque chez Clovis, pour lui demander de l'aide. Clovis, c'est pas un perdreau de l'année, on ne lui fait pas. Avant de tendre la main, il veut en savoir plus.

Pendant ce temps-là, Emma, l'amante de ce bon vieux Clo, se voit confier une enquête sur deux cadavres, l'un qui nage au milieu des flamants roses, l'autre qui se balade en forêt.

Voilà les grandes lignes.

Maurice Gouiran, dans un roman rythmé, va vous faire voyager, mais attention aux secousses.

Révisez donc votre Tchèque, vous en aurez besoin à Prague.

Votre anglais, pour Londres.

Prenez votre tenue de camouflage et votre casque pour l'Irak (Ah, ben oui, hein, on va pas que faire du tourisme).

Et si, comme moi, vous êtes bien installé dans ce roman, vous vous surprendrez peut-être à prendre l'accent marseillais...(peuchère ! J'aime bien l'humour distillé  savamment dans ce bouquin).

Bref, moi je dis que Qaraqosh, c'est un bon p'tit polar à emmener sur la plage cet été,  (et ceci n'est pas péjoratif) pensez donc à lui faire une petite place dans vos valises.

Ah ! J'allais oublier,  Qaraqosh c'est aussi un roman ludique.

J'ai découvert Allemagne-en-Provence, par exemple (Ça c'est pour la Géo).

Et l'intérêt d'un des plus hauts dignitaires du IIIème Reich pour la sorcellerie (Pour l'Histoire).

Alors, à ceux qui dénigrent régulièrement le polar, j'ai envie de dire qu'il y a des auteurs et des romans qui vont plus loin qu'une simple enquête policière, Maurice Gouiran et Qaraqosh en font partie.









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L'irlandais

La couverture du dernier Gouiran en date est barrée d'un bandeau Grand prix littéraire de Provence 2018. Récompense méritée pour son oeuvre, car Gouiran n'a cessé de mettre en valeur Marseille, l'Estaque, le Rove, l'arrière pays, ses habitants, leur parler, leur accent, le pastaga et même la race de chèvre locale. Ses pages sont illustrées de sentiers dans les collines, d'odeurs de maquis, de plongées dans la Méditerranée et de souvenirs d'un passé avé l'accent.



Par contre, il est étonnant d'accoler ce bandeau à ce vingt-septième roman, L'irlandais, qui, s'il commence à Marseille, se déroule aux deux tiers, voire au trois quarts, à Belfast. Clovis Narigou, journaliste – éleveur de chèvres - fouineur invétéré, va s'intéresser au meurtre d'un peintre – tagueur nord irlandais exilé. Qui pouvait lui en vouloir ? le vol de ses toiles, assez cotées, est-il le motif du crime ? Ni une, ni deux, Clovis s'envole avec la veuve pour l'Irlande, où il a gardé des contacts du temps de ses reportages des années quatre-vingt.



L'occasion pour Gouiran de faire un (très) rapide topo sur les « troubles », qui ont opposé dans le sang les habitants de l'Ulster. Catholiques contre protestants, chacun pleurant ses morts. Au passage Gouiran fait montre d'une sympathie peu cachée pour l'action des différentes factions de l'IRA : IRA provisoire, IRA véritable, IRA continuité ; chaque organisation étant une scission de la précédente, portée par un projet plus intransigeant et jusque boutiste. Un aspect du livre qui déroute. Une bombe explosant au milieu de civils, quelque soit les motifs qui guident cet acte, reste un des pires crimes qui soit (comme par exemple, l'attentat à la voiture piégée d'Omagh le 15/08/1998, qui a fait 29 morts, quelques mois après les accords de paix du vendredi saint..).



Les oeuvres les plus récentes de Gouiran sont aussi celles où la vie sentimentale, et pour tout dire sexuelle, de Clovis Narigou prennent de plus en plus de place. Ici, entre une rouquine irlandaise et sa fliquette habituelle, Narigou navigue entre mensonges et parties de jambes en l'air. Un aspect du livre qui finit par s'étaler et occuper une bonne part de l'action.



Maurice Gouiran a magnifiquement su lier la Provence et l'Histoire locale, ou celle d'autres pays, dans plusieurs romans policiers historiques de grande qualité. Mais ce dernier livre laisse pensif.
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Franco est mort jeudi

Comme dans la plupart de ses romans, Gouiran interroge le présent en le confrontant à l'histoire.

Marseille. Une famille désunie où les placards regorgent de cadavres, ou de secrets inavoués pour le moins.

Entre Manu et son père, rien ne va plus. Rien n'a jamais été. Manu ignore tout de l'histoire de sa mère Elisa, une républicaine espagnole passé par le camp d'Argelès avant de s'établir à Marseille et de marier un sympathique ouvrier. Ils militent, tous deux adhérents du PC.

Manu, lui est du mauvais côté de la barrière, coups foireux, prison, galères. Sa femme Agnès l'a quitté, et son fils Patrice file un mauvais coton.

Quand Manu reçoit une lettre d'une cousine espagnole, Paola, dont il ne connaissait pas l'existence, l'histoire s'emballe.

Qui était Elisa ? Que sait son mari de sa véritable histoire ? Et pourquoi cetee cousine contacte-t-elle Manu précisément maintenant ?

Côté espagnol, la famille De Paola est aussi traversée par l'histoire au moment où des années après la mort de Franco l'Espagne se confronte à son passé. La découverte des charniers de la guerre civile divise l'opinion.

La force du roman est de mêler dans l'intrigue, l'histoire, la grande, et les affaires sordides dans lesquelles se débattent Manu et son fils, traqués par des dealers pas très charitables.

Il faudra toute la rouerie de Clovis Narigou, le berger détective pour parvenir à démêler l'écheveau et permettre à Manu et son fils de s'en sortir.

Le roman nous emmene de Marseille à Madrid, éclairant le sort des milliers de Républicains espagnols passés par les camps de transit, mais aussi le rôle pas toujours reluisant joué par l'URSS dans le conflit espagnol.

Le propos de Gouiran nous conduit à nous interroger, comme peut-être le font ce qui ont payé de leur sang, sur ce que nous avons fait de la liberté que nous ont légué les combattants de 1936 et de 1939-1945.

Il y a un fossé entre Elisa, son fils Manu et son petit fils Patrice. Pour les deux garçons, le déroulement de l'enquête est une sorte de rédemption qui va les conduire à une prise de conscience sur la réalité de leur rôle dans le délitement des realtions sociales.

Encore du grand Gouiran.
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Train bleu train noir

Train Bleu Train Noir creuse le sillon du polar sociétal, loin de ces polars flottant dans un vide sidéral, sans lien ni avec l'histoire ni avec la société ni avec rien d'ailleurs.

Gouiran, avec la poigne d'un historien furieux, nous entraîne dans l'histoire de Marseille sous l'occupation, reprenant avec sa verve légendaire cette idée, effarouchant uniquement les béni-oui-oui, que même grimé des habits du nazisme le capitalisme reste le capitalisme, toujours à la recherche du profit, du pouvoir, de la domination.

Comme toujours le propos est étayé, documenté, argumenté. le lecteur n'est pas moqué.

En 1943, la chasse aux Juifs dans Marseille cache la bonne affaire qu'est la renovation du quartier du Panier. le train quitte la ville, emporte les habitants indésirables et ouvre la voie à toutes les compromissions.

50 ans plus tard, les choses ont-elles vraiment changées ?

Le train affrété pour conduire les supportes en folie à Munich où l'OM affronte le Bayern en finale de la Ligue des Champions occulte les mêmes compromissions. Argent roi. Supporters aveuglés. Opium du peuple.

Seuls trois survivants des camps partis eux aussi vers Munich revivent le voyage qu'on leur a imposé en 1943.

50 ans après, ils se souviennent. Mais cette fois le souvenir laisse la place au désir de revanche.

Les trois personnages, Bert, Jo et Miche, partent pour un match retour dont ils ne sortiront pas indemnes.

Roman fort. Roman dérangeant. Roman engagé.

Des polars comme on les aime, dont la lecture laisse une blessure au coeur.

Merci Gouiran de nous tenir éveillés.




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Les vrais durs meurent aussi

"Les vrais durs meurent aussi" de Maurice Gouiran - La chronique qui ne fera pas de vieux os !



Le mistral souffle sur la Canebière, les olives se dégustent avec délectation, les boissons ont un goût anisé, les hommes qui ont soif parlent avé l'accent du Midi et les anciens légionnaires se font buter.



Nous allons donc suivre les investigations de Clovis - personnage récurrent de l'auteur - ancien journaliste, nouveau curieux, pour tenter de démêler les fils d'une intrigue qui, comme vous l'avez compris, dessoude salement du vieux légionnaire. Engagez-vous, rengagez-vous qui disaient. Ce n'est pas la meilleure façon de traiter le problème du financement des retraites, tout de même.

Maurice Gourian fait s'abattre la tempête sur la politique post-coloniale de la France en appuyant là où ça fait mal, les deux défaites de l'empire colonialiste français : l'Indochine et l'Algérie et sa gestion désastreuse des rapatriés.



Mélangeant la réalité à la fiction, on y apprend (moi, ne le savais pas) comment furent parqués, dans la ville de Sainte-Livrade, les exilés d'Indochine, notamment les réfugiés politiques aux yeux bridés. Les Harkis ne sont donc pas les seuls à avoir été bafoués par notre belle République. Ingrate et à la mémoire sélective.



L'avantage avec les lectures polardesques est que l'on apprend et se cultive toujours beaucoup et celui-là ne déroge pas à la règle.



Gouiran nous régale aussi d'une belle histoire d'amour contrariée, un torrent d'amour dévastateur entre le héros et sa donzelle, une belle au parfum de rose mais aux épines acérées. Ouch !



Maurice nous croque une bien belle galerie de personnages. Incarnés avec de la gouaille et tonitruants. Du genre a résonner longtemps dans la caboche.

"Les vrais durs meurent aussi", en plus d'un titre savoureux nous régale du "patois" marseillais (frappez-moi ou corrigez-moi, ami(e)s de La Provence, je ne connais pas son nom) des plus iconoclastes et à la langue bien pendue !



Donc, meurtres d'anciens légionnaires, relents de vengeance colonialiste et comme si ça ne suffisait pas, Maurice Gouiran nous ajoute une chasse au trésor palpitante d'un vieux magot nazi enfoui dans un lac. Belote, rebelote et dix de der ! Mais où s'arrêtera donc l'imagination de Maurice ?



Un Jigal ? Quel régal !


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Le diable n'est pas mort à Dachau

Roman policier et historique très documenté, il suffit de regarder en fin de livre la bibliographie, reprenant différents thèmes sur une période de 60 ans entre l'Allemagne, la France et les États-Unis.

Du camp de Dachau à la future Silicon Valley en passant par les montagnes proches d'Avignon, nous suivons les expérimentations, les manipulations et les meurtres de témoins gênants par les autorités américaines afin de camoufler les expériences sur des populations civiles au nom de bien commun et de la défense du territoire.

La réalité dépassant souvent la fiction, ces pages donnent froid dans le dos.
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Qaraqosh

Ce Gouiran date de 2019, alors qu’au Moyen-Orient Daesh reculait devant la coalition menée en Irak par l’armée nationale et les peshmergas kurdes. Frise-Poulet, un benêt élevé à la Varune et à qui l’inénarrable Clovis Narigou est redevable, lui amène un jour un de ses copains (autant dire une source de problèmes) pour le cacher quelques jours. Le dénommé Mikki se dit menacé depuis son retour d’Irak, où il était parti combattre avec une milice chrétienne, Qaraqosh, qui tente de défendre les chrétiens d’Orient. Clovis doute de la sincérité du gus, sent l’embrouille, mais finit par lui apporter son concours. Ce qui est un peu compliqué, car on lui demande au même moment un papier sur la découverte d’un lot de documents anciens relatifs à des pratiques satanistes et des rites de sorcières découverts dans des archives à Prague, et sans doute liés aux recherches menées avant guerre par Himmler, le chef de la SS. Le voilà parti en République Tchèque, abandonnant à regret sa fliquette préférée, Emma, qui enquête sur deux meurtres commis dans les environs de Marseille avec la même arme. Les deux victimes revenaient elles aussi d’Irak, via Prague.



Les enquêtes proposées par l’auteur marseillais Maurice Gouiran finissent par être un peu stéréotypées. Évidemment, les intrigues sont liées et Clovis Narigou se retrouve au centre des investigations. Comme d’habitude, il va dénouer les interrogations à la place de la PJ marseillaise. La forme ne surprend pas. L’ambiance non plus, même si elle fait tout le charme de ces livres : la petite vie du hameau de la Varune, avec ses anciens qui se chicanent, le passage obligé par le Beaubar, ses habitués et ses mauresques, et un Clovis qui écluse des bières à Prague, drague tout ce qui entre dans son champ visuel et enchaîne des performances sexuelles avec sa jeune partenaire. Avec l’âge, Gouiran est de plus en porté sur le sexe semble t-il...



Pour ce qui est des sujets qui forment la trame du récit, on aura droit à une enquête journalistique sur l’attirance des dirigeants nazis pour l’occulte, et à de (courts) passages sur le Moyen-orient et les financements de Daesh. C’est un peu juste, mais chez Gouiran le côté excessif des personnages fait passer l’histoire sans difficulté. Une lecture de pure distraction. Reste que ce Qaraqosh est globalement un petit Gouiran, qui a fait bien mieux.
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Et dire qu'il y a encore des cons qui croie..

Et dire qu'il y a encore des cons qui croient que la terre est ronde ! est le dernier polar marseillais publié par Maurice Gouiran chez Jigal, l’éditeur ayant été liquidé. Triste fin pour une maison qui a publié Pierre Pouchairet, Gilles Vincent, ou tous les Gouiran jusqu’en 2022...



Ce Gouiran là ne départ pas du lot. Comme le titre l’annonce, l’auteur s’attaque cette fois aux complotistes, amateurs de théories farfelues, et autres nostalgiques du III éme Reich.



Un (des ?) tireur (s?) a (ont?) ouvert le feu sur la foule en plein marché des santons prés du vieux port de Marseille et a tué une aimable marchande, un ancien sans histoire, et trois intervenants à un colloque sur des vérités cachées sur la seconde guerre.



Évidemment, c’est du côté de ces historiens complotistes que la police s’oriente. Enfin la police sérieuse, car pour le préfet et le commissaire Arnal l’affaire est claire : il s’agit d’un attentat terroriste. Mais, rapidement, la police patauge, et Emma Govgaline utilise alors les connaissances de Clovis Narigou, le reporter gardien de chèvres, pour tenter d’y voir plus clair.



Dans le même temps, quatre jeunes issus des meilleures familles de la ville meurent d’overdose. Là aussi pour la hiérarchie policière l’enquête est entendue : laissons les familles à leur deuil et n’entamons pas de démarche intrusive.



Roman policier classique de la part de Gouiran : un peu d’enquête en douce par Clovis, quelques commentaires sur les théories fumeuses colportés par ceux qui selon leurs propres termes ne se laissent pas abuser par la désinformation médiatique, deux ou trois scénettes rigolotes avé les anciens comme Biscottin au Beau bar, et quelques galopades amoureuses d’un Clovis qui peine à faire son âge… Globalement rien de bien neuf. Deux trouvailles liées à l’intrigue sont toutefois bien vues (dont une sur la façon dont les tireurs ont procédé, je vous laisse la découvrir).

Malgré tout, l’auteur reste franchement meilleur dans des contextes historiques que dans ce type de récits contemporains. C’est un peu un Gouiran en mode automatique : un parfait petit polar sans prise de tête.

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Tu entreras dans le silence

Un polar historique qui, pour certains passages pourrait grandement passer pour récit de faits divers tant l'histoire colle aux faits réels.



.En 1916, à la demande des Alliés et sentant la victoire leur échapper, la Russie envoie en France plus de 20 000 hommes pour participer aux opérations militaires en Champagne. Ils débarqueront à Marseille après un périple de plusieurs semaines dans des conditions difficiles avant de rejoindre le front pour se battre aux côtés des français mais aussi d'autres soldats de plusieurs nationalités.



c'est le parcours de 7 d'entre eux que nous raconte l'auteur, mêlant les lieux, les hommes et les histoires.



un bon polar sans vraiment d'enquête, plutôt la recherche de vérité que de criminels.



Une note en demi-teinte car, l'auteur engagé et militant politique très à gauche réécrit l'histoire en transposant une affaire de braquage de train,( ayant eu lieu en 1938 par deux bandes rivales de voyous), en 1916 et faire du cerveau et des complices des affiliés à un parti d'extrême droite; pure falsification de M. Gouiran.





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Maudits soient les artistes

Chronique de Flingueuse : Les Lectures de Maud pour Collectif Polar



Je suis toujours très contente de retrouver Clovis, journaliste qui vit dans sa bergerie quand il ne traverse par le globe. Et bien sûre, il lui arrive toujours de nombreuses aventures palpitantes.

Ici, ce qui lui met la puce à l’oreille se sont des agressions violentes qui ont amené à des meurtres qui vont mettre en émoi le bar où il a ses habitudes. Les différentes victimes ont des profils tellement différents que sa copine flic n’arrive pas non plus à démêler cette affaire. Le vol ne paraît pas probent d’autant plus que se sont des personnes modestes qui ont subit l’assaut violent.

Parallèlement, Clovis doit faire un papier sur le célèbre mathématicien Alexandre Grothendieck, et de fil en aiguilles, ses recherches vont l’amener sur les camps allemands en France qui vont le conduire sur la piste périlleuse des disparitions d’œuvres pendant la seconde guerre mondiale.

J’ai énormément apprécié en apprendre plus sur cette période artistique de la première moitié du XXème, les différents courants, appréciations et comment les nazis ont agi vis-à-vis de ce qui était considéré comme l’Art dégénéré. Comme à son habitude, l’auteur illustre parfaitement ses intrigues de faits historiques à la fois enrichissant et qui permettent de découvrir des pans de l’Histoire méconnu, en tout cas de moi. Les différents flash-backs sont impressionnants de réalismes et s’intègrent parfaitement à l’histoire.

Comme je ne lis pas les épopées de notre cher Clovis berger journaliste, j’ai fait la connaissance d’Eric son fils dans ce volet, venu passé quelques jours de vacances avec des amis et sa femme enceinte. Une ribambelle de marmots, des parents au différents profils, qui vont troubler le calme des habitants de la Varune. J’ai beaucoup ri à certains passages, l’auteur a su totalement intégrer la vie de la Varune au reste de l’intrigue. J’apprécie beaucoup les histoires de loup et de bergerie. Oups, pardon je m’égare un peu !

En résumé, je suis toujours aussi conquise par la plume de l’auteur, alternant des phases d’actions et de réflexions, parsemées d’Histoire. J’apprécie toujours en apprendre sur notre Histoire grâce à ses récits riches en détails. Clovis, est à la fois bourru, cool, attachant mais surtout il se fie à son flair et à chaque fois il découvre le fin mot de ses histoires.

Il me tarde de retourner à la Varune en compagnie de Clovis, ses moutons ou dans de nouvelles intrépides aventures !!!

Version lue : Brochée
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Tu entreras dans le silence

Ce trentième roman de Maurice Gouiran, en vingt ans d'écriture pour les éditions Jigal, s'écarte encore une fois du roman policier pour aller vers le roman historique, en utilisant l'arrivée d'une brigade russe sur le front français en 1916 pour raconter à sa manière la première guerre mondiale et la Révolution russe de 1917.



Le point de départ du récit est un « détail oublié » de la grande guerre : la participation de soldats russes aux combats dans les tranchées du front occidental. Quelques milliers de soldats échangés par le Tsar contre de l'armement pour l'armée russe. de la chair humaine pour peaufiner l'armement. Des jeunes gens de la nombreuse population russe contre des moyens de résister à l'armée du Kaiser…

Parmi les soldats de la première brigade russe contraints de faire un quasi demi-tour du monde pour rallier Marseille (transibérien, traversée de l'océan inden et remontée en Méditerranée pour éviter la marine allemande et les u-boat) : Kolya et ses nouveaux amis Slava et Rotislav. Ces hommes défilent dans Marseille à l'arrivée, menés par leurs officiers et bénis par les popes. Ils apportent le renfort de la Russie face aux pertes humaines considérables des franco-britanniques. Avant d'aller au combat, Slava, voleur à Moscou, et Kolya, militant anarchiste, promu caporal car parlant français, quittent en douce leur casernement pour aller se payer du bon temps dans les quartiers chauds. Dernier moments avant les tranchées, les bombardements et les corps à corps. Déjà déroutés par le changement de pays, ces soldats découvrent l'horreur de la guerre. Aussi quand les échos de la Révolution russe leur parviennent (avec retard) début 1917, ils sont tout à fait réceptifs aux changements. La rancoeur contre leurs officiers est là. L'envie de participer aux évènements aussi.



Un des grands mérites de Gouiran est d'oser parler de plaies mal refermées (franquisme, dictature argentine, guerre d'Algérie, …), quand il quitte les récits anisés purement policiers. Ici, il s'attarde peu sur la guerre elle-même et explique à quel point cette brigade russe a fini par être une épine pour le commandement allié. Voilà des soldats qui, apprenant ce qui se passe à Saint-Pétersbourg, commencent à discuter entre eux, à élire des soviets, à désobéir à leurs officiers. Qu'en faire ? Les écarter du front où leur activisme pourrait contaminer d'autres régiments. Les parquer en Creuse loin des populations. Attendre que la situation se normalise. Mais au contraire en octobre (pour le calendrier russe), ce sont les bolchéviks qui l'emportent à Petrograd. Des gens qui veulent la paix… Catastrophe pour le commandement en France. La suite n'est pas glorieuse…



Si le contexte historique est passionnant, le récit l'est moins (et je suis pourtant un fervent lecteur de Gouiran). La faute à un manque de rythme, d'orientation de l'histoire (où l'auteur veut-il nous mener ?), à des parties de récit qui disparaissent en cours de route (l'histoire de Slava par exemple), et à des changements de personnages de référence qui font que la trame de l'intrigue avance par sauts.

Gouiran a fait son récit historique sur la première guerre mondiale, sans la gouaille habituelle de ces polars classiques (avec Clovis Narigou ou sans), mais aussi sans la tension prenante, qu'il avait par exemple su insuffler à L'arménienne aux yeux d'or, autour du génocide arménien.

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Le diable n'est pas mort à Dachau

Découverte de Maurice Gouiran avec ce roman palpitant pour son intrigue, mais aussi pour la masse d'informations que celle-ci apporte.

En 1967, pour assister à l'enterrement de sa mère Suzanne, Henri Majencoules revient à Agnost-d'en-Haut, le village de l'arrière-pays Nîmois qu'il a quitté pour suivre sa scolarité au Lycée Saint Charles à Marseille.

Après de brillantes études, Henri s'est établi en Californie, à Menlo Park, où il travaille d'abord pour le Stanford Research Institute financé par l'ARPA (Advanced Resarch Project Agency) qui créera ARPANET le réseau utilisé par l'US ARMY puis donnera naissance à l'INTERNET.

Henri vit la contre-culture hippie, le mouvement psychédélique,les acid-test au LSD, la consommation efferénée de Marijuana, à des années lumières d'Agnost-d'en-haut.

Le retour au pays n'est pas folichon, il ne s'est jamais entendu avec son père, un taiseux qui n'a jamais supporté qu'Henri ne reprenne pas la ferme. Alida Avigliana, la fille de Piémontais immigrés, son amour d'enfance est mariée et devenue la postière du village d'Agnost-d'en-Bas. Son « copain » d'école Antoine Camaro est journaliste à France-Soir et se trouve au village pour enquêter sur un crime atroce, le meurtre d'un couple d'Américains, les Stockton et leur fille âgée de 11 ans.

En parallèle aux faits se déroulant en 1967, Gouiran relate l'atroce détermination de médecins Nazis à Dachau, en 1943, multipliant les expériences sur des cobayes humains afin de tester la résistance humaine au froid, dans des conditions d'atmosphère faible en oxygène, aux virus, aux bactéries et à des maux qu'ils imaginent toujours plus sophistiqués.

Ces expériences connaitront des applications militaires comme la fameuse combinaison anti-g pour les pilotes.

Très vite le lecteur acquiert la certitude qu'entre les événements de Dachau en 1943, le crime de la famille Stockton en 1967, il y a un lien que l'auteur nous dévoilera via Henri et son ami Antoine qui enquêtent de leur côté, certains que le commissaire Castagnet de Marseille fait fausse route en recherchant le ou les coupables parmi les habitants du village et de préférence parmi des Piémontais immigrés après-guerre.

Mais le propos de Gouiran dépasse la relation d'une simple enquête de police. Son roman, fort bien documenté comme en témoigne la bibliographie en fin d'ouvrage, veut dénoncer la foire d'empoigne qui eut lieu à la fin de la seconde guerre mondiale entre USA et URSS pour recycler les chercheurs nazis, y compris les plus atroces qui se livrèrent à des expériences sur des êtres humains.

Von Braun, le créateur des V1 et V2, le plus connu est devenu l'un des piliers de la NSA et du programme spatial américain. Mais le plus grave est de constater que nombre d'entre eux ont échappés aux procès de Nuremberg, alors que la plupart d'entre eux étaient reconnus coupables de crimes contre l'humanité.

La thèse que développe Gouiran est celle développée aussi par des hsitoriens contemporains comme Ian Kershaw, « loin de porter atteinte au capitalisme, [Hitler] en fit un auxiliaire de l'État », préfigurant l'évolution de nos sociétés vers plus de domination sur les citoyens, plus de brutalité dans les rapports sociaux, la disparition des corps intermédiaires et la sujétion du politique à l'économique.

Certes moins brutales que les expériences menées dans les camps par les Nazis, les expérimentations des radiations atomiques lors des essais nucléaires sur des soldats, tant aux USA qu'en France, longtemps cachées à l'opinion et jamais révélées aux intéressés au moment de leur réalisation, ne sont-elles pas de même nature, et les responsables ou coupables n'ont-ils pas échappés à la justice ?

Gouiran relate un certain nombre d'expérimentations menées par l'US Army ou la CIA.

Propos dérangeant, mais étayé par la découverte de nombreuses autres « expérimentations » menées dans les années 1950 et 1960.

Si l'on fait le lien avec des « affaires » comme celles du sang contaminé, du Médiator, de l'amiante, on mesure à quel point les intérêts économiques et financiers passent avant l'intérêt humain et au mépris de sa mort.

Le roman se termine en 1995, Bill Clinton reconnait la responsabilité du gouvernement fédéral dans un certain nombre d'affaires « contraires à l'éthique ».

En Californie, Henri envisage de faire découvrir Agnost-d'en-Haut à ses enfants, mais le pourra-t-il ?

Très bon roman qui restitue avec précision ce que pouvait être l'atmosphère d'un village rural de montagne du Sud de la France en 1967, référence à la chanson de Ferrat, et à l'affaire Dominici. Par contraste l'ambiance de la Californie en 1967 est également très justement retracée. La partie sur les crimes nazis et la complaisance des USA et de l'URSS pour récupérer de la matière grise pour leur propre compte est documentée est donne envie de s'intéresser à ce sujet.

A lire…


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Une nuit trop douce pour mourir

Ce Maurice Gouiran se lit comme d'habitude avec grande facilité. Clovis Narigou continue d'élever ses chèvres au Rove et passe quasi quotidiennement au Beau Bar à l'Estaque partager quelques tournées avec les habitués, dont certains parmi les petit truands locaux se font dessouder. Mais, d'un coup, l'ambiance passe de la kalashnikov à Jack l'éventreur, quand des premiers cadavres de jeunes femmes friquées des beaux quartiers de Marseille sont découverts atrocement mutilés.

Clovis va se retrouver lié à l'enquête par deux de ses conquêtes féminines (passée et présente) opérant à l'Evéché, au commissariat central.



Gouiran passe d'ailleurs plus de temps à s'étendre sur la vie chaotique de Clovis qu'à entraîner le lecteur dans une enquête poussée. Il détaille les exploits passés de Jack l'éventreur, dont le criminel s'inspire à la lettre. Et l'intrigue finit doucement par arriver sur ce qui constitue le thème du récit, un sujet d'actualité que je ne nommerais pas pour préserver un semblant de suspense.



Bref, ça se déguste avec simplicité, comme un pastaga l'été, mais Gouiran me plaît bien plus lorsqu'il entremêle l'Histoire et le polar.
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