Citations de Michel Tremblay (478)
J’avais dit-huit ans, j’étais vierge et j’en avais assez de sublimer en rêvant dans mon lit à des êtres inaccessibles ou en tripotant dans l’ombre des parcs publics des corps fugitifs qui n’étaient pas là pour l’amour mais pour la petite mort qui dure si peu longtemps et qui peut être si triste quand elle n’est agrémentée d’aucun sentiment.
Comme je suis le seul homosexuel de mon groupe, je ne sais pas où aller pour en rencontrer d’autres et ma grande timidité m’empêche de m’informer.
Elle portait la robe du samedi. Oui, elle possédait une robe pour chaque jour de la semaine. Une seule. Elle ne variait jamais. On pouvait baser son calendrier sur les robes de Marie-Sylvia. Et certains le faisaient. Si Marie-Sylvia s'était acheté une robe neuve, non seulement toute la rue aurait-elle été au courant, mais quelques-uns de ses habitants n'auraient plus su quel jour on était.
Elle ne pense presque plus à la guerre. Elle sait maintenant que les Allemands ne viendront pas jusqu’à Montréal, que sa famille n’est pas en danger. Qu’elle ne l’a d’ailleurs jamais été. La peur de l’année dernière s’est donc évanouie au fur et à mesure que les nouvelles, toujours terribles et sanglantes, arrivaient d’Europe où, disait-on, le conflit allait se confiner. Elle a suivi, sans trop le comprendre, le récit pigé ici et là que ses tantes et sa mère faisaient des combats en Pologne, Varsovie qui tient encore bon contre les assauts des hordes allemandes, la description de la fin tragique du steamer anglais Clintonia coulé par un sous-marin ennemi il y a quelques jours, le 2 août.
Michel Tremblay! J'te connais tellement que j'aimerais ça , des fois, t'échanger contre un autre enfant pour avoir des surprises!
Il m'a regardé comme si je sortais d'une boîte de Cracker Jacks.
Le mot pet est pas vulgaire, madame Tremblay, c’est celui qui le fait qui l’est, pis laissez moi vous dire que vous êtes pas mal spécialiste dans le sujet !
Une chose intéressante avec l'aquarelle, c'est qu'on ne sait jamais avec précision ce que ça va donner en séchant.
je suppose que la fin peut pas te rendre plus fou que t'es là. Et puis tu demanderas à ton grand aventurier Robert Grant si il a de la belle soupe au poulet chaude à manger quand il fait de la fièvre!
DES-NEIGES VERETTE...J'ai besoin de lui, à c't'heure! J'voudrais pas qu'y s'en aille pour toujours...Des fois, j'rêve, mais pas souvent! J'rêve qu'on est mariés. J'ai besoin qu'y vienne me voir! C'est le premier homme qui s'occupe de moé! J'veux pas le pardre! J'veux pas le pardre! Si y s'en va, j'vas rester encore tu-seule, pis j'ai besoin ...d'aimer...(Elle baisse les yeux et murmure.) J'ai besoin d'un homme.
And that lesson was not stolen !
La plus belle histoire qu'on me raconte depuis..? Et cer accent québécquois que je découvre que fais mien. Il me donne la chair de poule, j'ai parfois le bfre sentiment dêtre un des personn
C’était une chandelle usée qui vacille, une horloge démontée qui hoquette, un moteur au bout de son rouleau, un chien trop vieux, une servante qui a fini de servir et qui se meurt d’ennui, une vieillarde inutile, un être humain battu, sa grand-mère. (La grosse femme d’à côté est enceinte, p. 25)
-- Si vous pensez que j'vas vous faire une grande confession aujourd'hui en me frappant la poitrine avec le poing, détrompez-vous. Si vous voulez parler de moi, revenez un autre jour. J'ai pas le gout de... Ah, c'est ça, elle a fini par le faire ! A' m'a menacé pendant des années de me mettre entre les mains de ce qu'elle appelait un physiatre parce qu'a' connaissait pas le mot psychiatre, pis elle a fini par le faire. Ben laissez-moi vous dire que vous allez avoir de la misère avec moi ! J'ai pas pantoute envie que vous me creusiez la cervelle à la recherche de j'sais pas trop quoi, d'affaires qui y sont pis d'affaires qui y sont pas..."
On écrit son journal pour aller à l'essentiel, j'imagine, et on finit toujours par l'occulter...
Mon oncle Josaphat disait souvent qu'on ne devrait jamais envier les génies parce qu'aucun d'entre eux n'a été heureux. Des fois je me dis qu'avec ce que j'ai vécu, j'aurais peut-être mérité d'en être un...
ÉMILIE, très doucement, Un père anglais. Une mère française. Des enfants forcés à choisir entre leur père et leur mère. Une famille coupée en deux dès le départ, vouée à l'échec. Tu as essayé d'élever Émilie en anglais, my poor David, mais il se mettait au français dès que tu passais la porte. Est-ce de ça que tu veux le punir? Est-ce le poète que tu veux enfermer dans une institution ou un fils indigne de l'Irlande? Your son, a (french) poet! A french poet!
ALBERTINE : Y s'est pas contenté de me sacrer là comme une vieille bottine, mais y s'est mis à courir après ma sœur! Pour me faire souffrir! Y savait que je le verrais quand y viendrait te chercher, que je l'entendrais sonner, que je l'entendrais parler fort, pis rire, que je sentirais son after-shave qui resterait dans' maison même quand vous seriez partis… Pauvre p'tite fille, t'es tellement naïvre, des fois… Y se sert de toi pour continuer à me faire chier!
MANU : Tu vas finir par te faire expulser…
JEAN-MARC : Ben non… Chus le seul dans la classe qui a un peu de bon sens en français… Les autres pensent que le français c'est bon pour les filles… Si j'étais pas là, la moyenne descendrait dangereusement… Y ont besoin de moi… Y peuvent pas se passer d'un premier de classe, même si y font des menaces… Y veulent juste nous faire avouer, nous humilier… Avant, y avait toi, aussi, pour sauver l'honneur de la classe, mais depuis qu'y nous ont séparés, y ont juste moi…
MANU : Tu penses vraiment qu'y nous ont séparés ?
JEAN-MARC : C'est évident. Mais si y pensent que ça va changer quoi que ce soit…
ANNE-MARIE PETIT : Voyons donc, Marie-Antoine… On ne lui en discute pas avec les invités, tu le sais bien!
(Oubliant son français:) Monsieur Lalonde sait plus que toé que c'est qu'y fait pis que c'est qu'y fait pas!
(À Lalonde:) J'espère que vous l'excus'rerez… Il faut toujours qu'elle mette son grain de sucre…
MARIE-ANTOINE PETIT : De sel, maman! Son grain de sel!