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Critiques de Mohammed Dib (88)
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La Grande Maison

Premier volet de la trilogie "Algérie", ce roman nous plonge dans la ville de Tlemcen vers la fin des années 30.

Dar-Sbitar, une grande maison dans laquelle s'entassent plusieurs familles démunies, dont celle du petit Omar, un garçon d'une dizaine d'années.

Aïni sa mère veuve, maudit son mari de l'avoir laissée dans cette difficile situation où elle est forcée de travailler dur pour faire survivre son fils, ses deux filles et sa mère paralytique.

L'auteur nous fait parcourir leur triste quotidien.



Le thème récurant du livre est la faim. Trouver le pain quotidien est le principal sujet de préoccupation de cette pauvre famille. La faim occupe tous les esprits, surtout celui du petit Omar qui nous accompagne pendant toute la durée du roman.

On ressent l'engagement politique de l'auteur à travers le réalisme de son histoire. Il décrit la misère et les difficultés des habitants à cette époque du colonialisme, pour tenter une prise de conscience de la part des lecteurs.



J'avoue avoir eu beaucoup de mal à terminer ce roman malgré qu'il soit relativement court (179 pages). En effet, les descriptions sont longues, les dialogues répétitifs avec un grand manque de rythme.

L'écriture de l'auteur est pourtant assez subtile et le thème me plaisait, mais je n'ai pas réussi à accrocher.

Je ne regrette pas pour autant cette lecture qui reste utile selon moi pour dénoncer la réalité de cette époque et garder en mémoire les difficultés et la tristesse qu'a vécu le peuple algérien colonisé.
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L'Incendie

Dans L’incendie, le deuxième tome de la trilogie Algérie, Omar est envoyé à la campagne, en montange, à Bni Boublen. Là, il est initié à la vie agricole et pastorale. Rustique et archaïque. Malheureusement, elle est toute aussi rude que celle de la ville. Les gens vivent dans la pauvreté, la misère et leurs ventres sont à peine plus remplis que ceux des citadins. C’est que le fruit de leurs efforts va chez les colons français pour qui ils travaillent. Cette vie, tout ce qui la distingue, c’est un aspect plus enchanteur, mystique. Ses secrets sont dévoilés au garçon, entre autres, par le Comandar (un vieil homme amputé des jambes, rescapé de la Première Guerre mondiale), une sorte philosophe-conteur. Beaucoup sont suspendus à ses lèvres.



Mohammed Dib nous présente un autre visage de l’Algérie, celui des campagnes, de la paysannerie algérienne. En 1939, les fellahs vivent dans des conditions pénibles et travaillent pour un salaire de crève-faim. Mais, alors qu’autrefois ils acceptaient leur sort sans broncher, des murmures d’insatisfactions commencent à se propager. Certains agitateurs parlent de grèvent et le mouvement s’enclanche malgré les menaces des propriétaires terriens, pour la plupart français. Même l’incendie de leurs habitations (duquel les grévistes sont accusés et leurs meneurs, arrêtés) ne fait pas bouger les fellahs dans leur résolution.



Dans L’incendie, le jeune Omar est peu présent. En effet, il présente les lieux et les personnages mais est loin d’occuper un rôle central. Il fait surtout le lien entre le tome précédent et le suivant. Je pourrais parler de Sliman Meskine, de Ba Dedouche, de Kara Ali, du Comandar et de plusieurs autres mais aucun n’est plus important que les autres. Mais, en fait, le personnage principal est le peuple algérien des campagnes, les fellahs en tant que groupe. Par extension, c’est aussi l’Algérie. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, j’aime bien qu’un roman repose sur les épaules d’un personnage. Dans tous les cas, ça permet à l’auteur d’exploiter la montée du sentiment d’anti-colonialisme sans le trop la personnaliser. Cela contraste avec La grande maison, qui s’ouvre avec le discours du professeur Hassan qui proclame et essaie de faire comprendre à ses élèves que la France est la mère patrie. À suivre.
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La Grande Maison

J’avais entendu beaucoup de commentaires positifs à l’endroit de La grande maison et, si je n’ai pas détesté, je ne peux pas dire non plus que j’ai aimé. Pourtant, le début m’a plu. Omar, un garçon de onze ans, fait preuve de débrouillardise pour trouver du pain, n’importe quelle nourriture. Et il protège les plus petits. Et il assiste à ses leçons à l’école sans vraiment tout comprendre. Je dois au moins admettre que ce personnage est attachant. Très rapidement, on assiste à des scènes de famille. La mère Aïni, qui se plaint constamment du travail, de la belle-mère paralytique dont elle doit s’occuper, de ses trois enfants qui lui réclament à manger et du père qui est mort sans s’être assuré de leur sécurité financière. Puis il y a les autres familles du carré de maison, du quartier, Dar-Sbitar. Une faune intéressante. Ce roman, c’est une galerie de personnages.



Je crois que mes réserves sont dues au fait qu’il n’y a pas vraiment d’histoire dans le sens où on l’entend habituellement. Omar, pas plus que les autres résidents de Dar-Sbitar, n’accomplit pas beaucoup à proprement parler. Il est surtout le témoin d’une situation, d’un mode de vie. Il peut témoigner des conditions pénibles dans lesquelles il vit avec sa famille et les gens de son quartier. Et il en va probablement ainsi pour beaucoup d’autres habitants de Tlemcen et de l’Algérie des années 1930. Mohammed Dib nous présente la grande misère, la pauvreté, la promiscuité, mais également le courage. Car, à aucun moment, même dans le désespoir le plus profond, les personnages n’abandonnent. Ils retroussent leurs manches et triment encore plus fort.



Quand la police a fait irruption dans Dar-Sbitar pour chercher Hamid (en vain, car il s’était sauvé) et ramasser ses papiers, j’ai cru que l’action allait décoller. Pareillement avec la Seconde Guerre mondiale qui éclate, même si l’Europe est loin. Mais non. La grande maison, c’est une collection de tranches de vie. C’est agréable à lire mais, moi, je préfère une trame narrative, avec un début, un milieu et une fin. Bref, qu’il y ait un but, une mission. Ici, j’ai l’impression que l’auteur m’amène quelque part et m’y abandonne. Notez bien, mes préférences n’enlèvent rien à l’importance de cette œuvre ni à ses qualités.



Ainsi, je dois toutefois reconnaître le grand talent de Mohammed Dib pour décrire avec réalisme la situation dans les quartiers pauvres. Et la faim. Cette faim terrible qui occupe tous les esprits. Trouver son pain quotidien est le thème central du roman, qui s’ouvre sur cette préoccupation : « - Un peu de ce que tu manges ! » Et il termine avec elle : « Omar s’accroupit lui aussi avec les autres, devant la meïda, et surveilla sa mère qui rompait le pain contre son genou. » Cette obsession (pourtant un besoin primaire !) guide Omar et sa famille tout son long mais cela peut donner l’impression que l’on va nulle part, que l’histoire tourne en rond. Et ce n’est qu’un début, car l’aventure du garçon continue avec les deux tomes suivants de cettre trilogie nommée Algérie.
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Le métier à tisser

Le métier à tisser, le dernier tome de la trilogie Algérie, est celui que j’ai le plus apprécié. Après un été passé à la campagne, Omar retourne à Tlemcen. Là, il retrouve sa famille, sa mère et ses sœurs, mais aussi et surtout des conditions de vie toujours pénibles. Pour aider à subvenir aux besoins de la famille, il doit travailler dans un atelier de tisserands de Mahi Bouanane. Un peu contre sn gré mais, à quatorze ans, il doit faire sa part. Enfin, il joue un rôle important, principal ! L’auteur décrit très bien son travail. « Il travaillait depuis un moment, enveloppé par le bourdonnement grave d’un rouet. Les battements des peignes se chevauchaient l’un l’autre et alternaient avec les cris brefs des navettes. Il écoutait cette rumeur, écoutait le bruit doux, frôleur, de son dévidoir. La veille, il était libre, il courait, toute bride lâchée, dans les rues. Et voilà que son existence avait l’air d’être tranchée par un coup de couperet. Une subite tristesse le saisit. »



Pendant ma lecture, je pensais constamment à Émile Zola, les Rougon-Macquart et tous ces romans naturalistes ou réalistes. Mohammed Dib décrit avec habileté l’atelier où est employé le jeune Omar (une cave !), ses relations avec les autres employés, le vécu et les petites histoires de chacun mais surtout les conditions de travail. « Dans l’atmosphère confinée, étouffante, une griserie s’insinuait qui montait à la tête. » Mais ces jeunes Algériens sont habitués à un monde dur, ils continuent. « N’oublie pas que nos frères ont le don de s’accoutumer à tout, que leurs misères ne les touchent même plus ! » Mais l’auteur parvient à dépeindre la misère sans tomber dans le misérabilisme. Jamais je me suis dit, c’est trop, j’arrête. C’est qu’il y a parfois, souvent, de ces petits moments, des étincelles d’espoir qui permettent de continuer. Ne serait-ce que l’arrivée du printemps ou peut-être le début d’une amitié nouvelle.



Quand il n’est pas à l’usine, Omar déambule dans Tlemcen. Là, il croise le chemin de mendiants qui encombrent les rues, il rencontre des amis à la fontaine du Lion sur la place du Beylick, il entend les rumeurs de la guerre, du gouvernement de Vichy. Enfin, Omar grandit, il réfléchit et il change. Le garçon n’est plus que le personnage récurrent d’une suite sans fin de péripéties sympathiques mais anodines à la Poil-de-carotte ; il est le personnage principal d’une histoire qui lui permet d’évoluer psychologiquement. « Les jours s’écoulaient, Omar mûrissait. […] Il avait acquis une bonne dose d’expérience depuis qu’il travaillait ici. Les mauvais traitements n’avaient plus autant d’effet sur lui qu’aux premiers jours. Il avait appris à se défendre. » Avec ce roman, Mohammed Dib termine en grand sa trilogie, je suis presque déçu que son histoire s’arrête là finalement.
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L'hippopotame qui se trouvait vilain

Encore un bon opus dans la série des Petits Contes De Sagesse d'Albin Michel, une série qui aurait gagné à être poursuivie ou maintenue, mais, les contingence économiques étant ce qu'elles sont...

Ici, Mohammed Dib nous emmène dans la savane africaine et nous fait réfléchir sur notre propre image, la perception que nous en avons ou que les autres en ont.

Voici donc un bébé hippopotame tapageuse et impertinent, qui finit toujours par tout obtenir auprès de sa maman qui ne sait rien lui refuser.

Un jour, le petit espiègle s'avance sur le seuil d'une maison d'hommes blancs. La mère est terrorisée mais pas le petiot qui lui s'avance impunément dans l'habitation.

Il finit par se trouver nez à nez avec... sa propre image dans un miroir. L'expérience n'est pas des plus concluante car le petit hippopotame s'y trouve fort laid. Nouveau caprice de petit gâté qui fait des pieds et des mains afin que sa mère le conduise auprès d'un vieux sorcier.

Le jeune impertinent espère que le sorcier saura modifier son image pour devenir plus à son goût... (Je vous laisse découvrir les quelques rebondissements suivants.)

C'est donc sur l'image de nous que nous allons réfléchir. N'en est-il parmi nous qui ne souhaiteraient être différents de ce qu'ils sont ? Avoir une autre apparence ? Seraient-ils satisfaits s'ils obtenaient se qu'ils voulaient ?

C'est aussi la question de la culpabilité des parents face au mal-être de leurs enfants qui est abordée.

Bref un petit conte très intéressant sur cette question, à lire dès 5-6 ans et pouvant être lu par l'enfant dès 8-9 ans et qui soulève beaucoup de questions.

En ce qui concerne les illustrations, je ne suis pas du tout emballée par le traitement d'Emmanuel Kerner, mais ce n'est bien évidemment que mon ressenti, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La Grande Maison

A Dar-Sbitar, un quartier pauvre de Tlemcen, une petite ville d'Algérie, la famille du petit Omar survit difficilement ; la mère Aïni, veuve, a la charge de cinq bouches à nourrir, la grand-mère laissée provisoirement par les frères et soeurs, un provisoire qui va durer, Omar et ses deux soeurs. Une vie difficile dans La Grande Maison, une cohabitation, vivante, truculente, mais quelquefois pesante, constamment sous le regard et la critique des autres familles, tantôt envieuses, tantôt solidaires. Mais ce qui prédomine surtout, c'est la faim, cette faim constante qui est comme le personnage qui régule les sentiments de habitants, une faim qui transforme la mère de famille en harpie, chassant ses enfants de la maison pour qu'ils se débrouillent, le jeune Omar offrant à l'école sa protection contre un quignon de pain extorqué à ses petits camarades, ou glanant ça et là quelques légumes pourris pour préparer la soupe bien claire du soir. Heureusement la solidarité épisodique permet à la famille de survivre et à la mère de pouvoir compter sur les aides des voisines, particulièrement quand ces dernières sentent une situation particulièrement difficile pour la famille. Dans les moments de répit, on sent beaucoup d'amour, mais ces moments restent très éphémères, la mère, cumulant plusieurs emplois restant harassée et incapable de tendresse.

La Grande Maison est une chronique douce et très amère qui nous est proposée par Mohammed Dib, un premier opus d'une trilogie qui permettra d'en apprendre plus sur l'évolution du petit Omar...

J'ai aimé l'ambiance générale de ce roman d'apprentissage, malgré sa dureté, une dureté des conditions de vie et surtout ses conséquences sur la cellule familiale. J'ai été moins séduite par le style, quelquefois très poétique et quelquefois très naïf, un effet peut-être voulu par l'auteur.

Une lecture intéressante, sur les conditions vie difficiles, ou plutôt de survie, dans une Algérie des années cinquante, encore département français.

A suivre, L'Incendie et le métier à tisser .
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Au café

Les sept nouvelles qui composent le recueil de « Au café » ont été écrites en 1955 à une époque particulièrement troublée, celle des « Evènements » comme on dit pour parler de la guerre d’Algérie.

Du chaos et de la violence de ce conflit insurrectionnel est miraculeusement née une littérature extrêmement riche dont Mohammed Dib fut l’un des pères fondateurs, celle des écrivains maghrébins prenant le français pour support artistique.

Il fut, avec Kateb Yacine, l’un des écrivains algériens contemporains les plus prolifiques de cette génération d’auteurs qui ont permis l’émergence de la littérature maghrébine s’exprimant en langue française.



Bien que les nouvelles de « Au café » aient été rédigées dans un climat particulièrement lourd et tendu, aucune d’entre elles ne désigne explicitement le conflit qui se joue.

C’est ce qui fait sans doute la force de ces histoires, cette façon de ne jamais nommer mais plutôt de suggérer, de laisser deviner et se borner à décrire sobrement les conditions de vie des algériens dans ces années-là.

Pourtant, dans chacune, on sent bien toute l’âpreté, la misère et la pauvreté de la terre d’Algérie sous le joug des colonisateurs.

C’est notamment la faim qui tenaille les ventres, le chômage et la pauvreté, qui transparaissent dans les récits de Mohammed Dib.

Une misère qui mène inexorablement à l’insoumission, à la révolte et à « l’insurrection des fellaghas ».

« Ce n’est pas toi qui est pourri, c’est le monde. On dirait un abcès qui n’arrive pas à crever », « quand nous aurons assez bu de cette lie, c’est nous qui vous supprimerons » dit l’un des deux personnages de « au café » la nouvelle qui donne son titre au recueil.



Qu’il prenne pour cadre un bistrot enfumé de la ville, un coin perdu de montagne, une cour de ferme ou un hôpital, Mohammed Dib s’emploie à montrer toute la tragédie d’un peuple qui peine à vivre et dont le sentiment, entre soumission et désir de révolte, se teinte d’amertume et de désolation.

« Pourquoi me prive-t-on de pain ? » s’interroge le petit Omar dans « Un beau mariage » tandis que dans « La petite cousine », la vieille Mansouria voit en l’hôpital où elle a pu manger et dormir le paradis sur terre…

C’est cette réalité des gens ordinaires d’Algérie que nous donne à voir Mohammed Dib, la réalité d’un pays qui voit des groupes de noirs policiers faire régner la terreur.



Le réalisme éloquent de sa plume s’enrichit de surcroît d’une poésie lumineuse et intense dans la description des lieux et particulièrement des cadres naturels.

Poète, Mohammed Dib sait parfaitement, en quelques mots puissants, en traits évocateurs, chanter la beauté des montagnes, la félicité des bois, l’éclat de la lumière ou le sentiment mystérieux qui pénètre l’âme au contact des choses de la nature.

L’inspiration de cet homme exilé, qui quitta sa terre en 1959 pour n’y jamais revenir, puise sa source dans les souvenirs d’enfance, dans la grande ville d’Alger aussi bien que dans les campagnes arides du relief algérien.

Pressenti pour le Prix Nobel de littérature en 2003, Mohammed Dib mourut cette même année, laissant une œuvre réfléchie et pure, empreinte d’humanisme.

Une bien jolie découverte.
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Habel

Étrange roman, que cet Habel. Je ne peux pas dire que je l’ai aimé ni que je l’ai détesté. Dès les premières pages, on patauge dans le mystère mais, au lieu d’intriguer, ce mystère déconnecte. Je n’ai pas accroché, j’ai continué à lire sans trop savoir pourquoi, surtout sans trop y porter attention et, quelques dizaines de pages plus loin, j’étais perdu. J’ai essayé de me concentrer à nouveau sur cette lecture, avec un tout petit peu de succès. Mais ce narrateur, le fameux Habel qui a inspiré le titre du roman, je ne m’y suis jamais vraiment attaché. Je me moquais de lui, de ses amourettes avec Sabine puis avec Lily. Son passé compliqué avec « le Vieux » était trop énigmatique, si j’avais pu en percer un pan ça aurait attisé ma curiosité et ça m’aurait encouragé à continuer mais non. Pareillement pour cet « événement » qui a eu lieu il y a un certain temps, ce point noir dans le pasés du narrateur. Est-ce un crime ? L’a-t-il commis ou en a-t-il été témoin ? Aurait-il pu intervenir ? Pourquoi cet événement le hante-t-il ? Surement les réponses ont été dévoilées dans une des nombreuses pages où mon attention était ailleurs… Est-ce que, pour faire référence au récit biblique de Caïn et Abel, cette fois-ci, c’est l’autre frère (Habel) le coupable ? Du moins, je l’espère ! Je dois reconnaître que, si je n’avais pas vu le nom de Mohammed Dib sur la couverture, je n’aurais jamais cru qu’il était l’auteur de ce roman. Il m’a étonné. Le style me rappelait davantage les œuvres de Patrick Modiano, une atmosphère vague et nostalgique qui m’a accompagné tout le long de ma lecture (j’y suis fortement sensible) et qui m’a poussé à la continuer. Probablement le principal point positif de Habel, selon moi.
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Un été africain

Algérie, dans les années 50 : Une famille traditionnelle à l’identité problématique, prise dans les méandres de l’histoire coloniale, aux prises avec la chape des usages ancestraux ,confrontée à l’évolution de la société , un roman qui met en exergue de façon réaliste, la conditions de la gent féminine en Algérie et les tentatives d’ émancipation.

Une œuvre forte, réaliste, une veine poétique inestimable

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L'Incendie

L' auteur du roman ," L' Incendie" ,est Mohamed Dib, un classique de la littéra

-ture algérienne . Ce livre est le deuxième de sa trilogie consacrée à la tragédie de la société algérienne durant la colonisation française . Cette trilogie commence avec le premier roman " La Grande Maison" publié et édité en 1952 . le second livre " L' Incendie" publiait en 1954 et le troisième livre,

" le Métier à tisser" en 1957 .Cette période est vécue par la population algérienne de façon dramatique car cette population fait face à deux fléaux

qui sont la colonisation et les effets de la Seconde Guerre mondiale, c' est à dire que la société algérienne est prise " entre l( enclume et le marteau" à son corps défendant .L' auteur comme observateur et témoin lucide ,il analyse tout ce qui touche sa société et l' injustice faite aux Algériens .

Nous sommes à l' été 1939 et nous retrouvons les personnages du roman précédent de Mohamed Dib, La Grande Maison, en particulier un jeune garçon de onze ans, Omar. Ce dernier quitte la ville et Dar Sbitar pour aller

à la compagne. Dans une Algérie essentiellement agricole, la majorité des habitants vivent directement ou indirectement des produits de la terre. Mais peu profitent réellement des ressources du pays, les colons qui tiennent les grandes propriétés sont les principaux bénéficiaires des richesses du sol. C' est dans le village de Bni Boublen, qu' Omar est initié aux mystères de la terre par Commandar, un vieil homme estropié. A ses côtés naviguent les cultivateurs, les petits possédants pauvres, et la masse des paysans sans terre , les fellahs, pour qui la seule issue est dans l' action et la grève .

Et la seule réponse des grands propriétaires est la répression. Profitant d' un feu qui naît dans les gourbis d' ouvriers agricoles, les fellahs sont d' être des incendiaires et les meneurs sont arrêtés....

La deuxième Guerre mondiale éclate. Les hommes sont mobilisés et ne restent, alors que les femmes et les enfants . Omar rentre chez lui mais il a mûri . Tous semblent avoir oublié . Mais, Omar, lui, n' a pas oublié et

après, vingt ans lui et ceux de sa génération se révoltent et retrouvent la liberté avec l' Indépendance acquise.

Un très beau roman de Dib nous montrant les sacrifices consenties par toute une génération afin de libérer le pays de l' injustice et de toutes les injustices .



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Qui se souvient de la mer

"Qui se souvient de la mer"est un roman du grand romancier algérien ,Mohammed Dib , qui a bien décrit dans

ses précédents romans consacrés à la période coloniale ce

que fut la vie des Algériens soit dans le monde rural ou citadin : la misère , le chômage ,les maladies , la faim , et surtout l 'injustice sous ses multiples facettes .

Qui se souvient de la mer est un livre consacré , lui aussi , à la guerre d 'Algérie .L 'auteur ne cite pas le nom de la ville où se passe les événements ni des faits historiques précis .L'auteur a écrit une postface a ce roman où il annonça et expliqua :"qu' il décidait d 'abandonner les codes du récit réaliste : ce récit n 'est pas un procès-verbal de la Guerre d 'Algérie ,mais une série de visions de cauchemars , rendus à travers des images , des symboles : les soldats français sont désignés comme des minotaures ou des momies , La Casbah comme un labyrinthe où les murs bougent sans cesse , les hélicoptères reçoivent le nom de "spirovirs". le livre est comparable à ce qu 'est Guernica à Picasso en peinture : Une déformation de la réalité qui cherche la plus grande expression ".

Un roman surréaliste dont la lecture peut être rebutante

et pas facile à appréhender .



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Au café

L ' auteur algérien , Mohammed Dib , au début de sa vie professionnelle a exercé diverses activités .Il fut instituteur ,comptable , interprète franco-anglais des armées alliées à Alger .Dessinateur de maquettes de tapis .Il exerça comme journaliste au journal progressiste Alger Républicain .Il écrit au journal Liberté du parti communiste algérien .Comme écrivain , il est l 'auteur de la célèbre trilogie : La Grande Maison , l''Incendie et le Métier à tisser .Il est à la fois poète ,romancier ,essayiste , dramaturge .Il est considéré comme l 'un des plus grands écrivains d 'expression française au Maghreb et même en Afrique francophone . Aragon disait de lui :" Cet homme

d'un pays qui n 'a rien à voir avec les arbres de ma fenêtre , les fleuves de mes quais , les pierres de nos cathédrales , parle avec les mots de Vllon et de Péguy .

Au Café est un recueil de sept brefs récits .Il fut publié en 1955 , période où La Révolution Algérienne a éclaté , il y a un an .Ces brefs récits évoquent l 'état de l 'Algérie sous le joug colonial .Le premier récit " Au Café" est le titre éponyme du recueil .

Certains personnages et situations se retrouvent dans

d 'autres oeuvres de Mohammed Dib , ainsi Aini et ses trois enfants dont Omar , dans la nouvelle "L 'Attente" et

un "Beau mariage" sont les protagonistes du roman : La

Grande maison" ( 1952 ) .

Dans "Terres interdites", un vieux vagabond arrive , harangue et soulève la population contre le régime colonial car les autorités empêchent ,matériellement et par les armes , le déroulement d 'élections libres .

Dans "Au Café" , le narrateur père de famille au chômage

qui attend au café l 'heure d 'affronter la faim de ses enfants , rencontre un homme qui lui fait part de ses réflexions sur la vie en Algérie , rendue difficile pour tous

par le régime colonial .

Les autres nouvelles même si elles sont un peu différentes mais elles sont de la même veine .

Mohammed Dib un grand classique de la littérature algérienne décrit avec une grande lucidité ce que vivent les Algériens sous le joug colonial .Un très beau recueil bien écrit , on y trouve la poésie et la limpidité de l'écriture . Un grand talent !











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Le maître de chasse

Je ne sais pas trop quoi dire concernant Le maitre de chasse… Le résumé de la 4e de couverture va à l’essentiel. Quelques années après que la France se soit retirée de l’Algérie, l’ardeur est retombée. Quelques fellahs pensaient que l’indépendance amènerait l’égalité, le partage des terres, la richesse pour tous. Malheureusement, ce n’est pas le cas et ils sont prêts à tout pour y arriver. Même se retourner contre les leurs. Le préfet Waëd (le personnage principal ?) préfère protéger ce nouveau pays, et parfois cela signifie réprimer les frères d’autrefois. Le maitre de chasse contient donc tous les éléments d’une bonne histoire. Le cœur de l’intrigue est puissant mais, malheureusement, pas suffisamment bien exploité ou développé pour m’intéresser. Du moins, pas à mon goût.



Je ne me suis jamais senti proche de Waëd, je n’ai jamais senti son urgence d’agir. Les autres personnages sont trop nombreux et on ne plonge pas suffisamment en eux. On les observe de l’extérieur, dans leurs interactions avec les autres. Cette distance, ce détachement m’a empêché de me sentir concerné par leur lutte fraticide. Et c’est en grande partie à cause du style d’écriture de Mohammed Dib. Il est correct, sans plus. Alors que, souvent, il faut plus. Pourtant, dans ses autres romans, j’ai apprécié l’attention qu’il porte aux détails, les descriptions des lieux et des paysages sont souvent révélatrices. Et cette atmosphère. Mais ici, tout semble sec. Bref, une petite déception.
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Les terrasses d'Orsol

L' écrivain algérien , Mohammed Dib , est à la fois romancier ,poète , essayiste, dramaturge et peintre .Il a été journaliste à "Alger Républicain". Il est considéré comme un classique de la littérature algérienne . l''auteur est né dans une ancienne cité au riche passé culturel : Tlemcen .Il est l' auteur de la célèbre trilogie : La grande maison ( 1952 ) , l'' Incendie ( 1954 ) , le métier à tisser ( 1957 ) .Ces trois romans sont enracinés dans cette région .Ils décrivent les conditions paysannes et artisanales à l' époque . Surtout , ces premières oeuvres traduisent et annoncent d 'amples bouleversements .D ' une façon générale , Mohammed Dib , partant de faits authentiques et avérés , a décrit la misère qui sévissait dans les villes et les campagnes algériennes , les grèves des ouvriers agricoles et les revendications nationalistes . Si "La grande maison" est inspirée par sa ville natale ,Tlemcen , les deux autres volets de la trilogie , " l''incendie" et " le métier à tisser" , paraissent en 1954 , l' année même du déclenchement de la guerre de libération , et en 1957 . J'ai estimé que cet aperçu était nécessaire pour saisir la thématique de l' auteur d' une façon générale et faire connaissance avec Mohammes Dib .

"Les terrasses d' Orsol" est un roman de Mohammed Dib , il fut publié en 1985 ."A la dernière page de ce roman , Eid ,le héros a tout oublié .Et d'abord il a oublié son nom . Il a été envoyé à l' étranger ,en mission par son

gouvernement .Il a oublié aussi . Et oublié pourquoi .Il a dans l'opulente ville

nommée Jarbher ,où il est chargé d' exercer ses activités ,surpris un secret ,un terrible secret .Il l' a oublié .Et oublié qu' on le paie ,et qu 'il a chèrement payé pour cela . Oublié qu' il a dans cette même ville rencontré une femme

extraordinaire et oublié toute l' aventure , extraordinaire , elle aussi .Il a tout oublié . Oublié jusqu' à l' exil où désormais il vit sans mémoire .Lui-même ,son pays semble l' avoir oublié , là .Il se souvient juste d' un titre du film et

d' un prénom féminin .Tout à la fin .Qu' est-il arrivé à cet homme ? ( 4 eme

de couverture ) .

L' énigme : qu' est-il arrivé à cet homme ? Est-il devenu

amnésique ?















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Qui se souvient de la mer

Une grande ville arabe. C’est tout ce qu’on sait. Tous ceux qui y résident mènent leur train-train quand des bruits arrivent de partout. Comme des sortilèges maléfiques sortis des profondeurs de la terre. D’abord, des hommes sont enlevés. Leurs épouses, enfants aux bras, cherchent à savoir ce qui se passe. Puis, des coups de mitraille, des explosions. Il semble y avoir un répit mais la violence reprend. Toujours.



Le plus étrange, c’est que la ville semble change au fil des événements, elle suit le mouvement. Comme ses habitants, elle se contracte, elle s’enfouit dans le sol, puis elle se relève contre tout sens commun. Des constructions nouvelles se multiplient, nuit et jour, même à travers les bombardements et les tirs. Elle change d’aspect. Après tout, la vie continue, même pour les gens qui ne comprennent rien à ce qui se passe, qui ressentent la peur, mais qui doivent aller à l’épicerie, à l’école ou au travail.



Cet univers surréel que Mohammed Dib propose, c’est une allégorie de la guerre d’Algérie. Le roman n’y fait jamais allusion directement mais l’auteur le mentionne dans la postface. Il voulait écrire sur cette horreur, mais sans la nommer directement. D’autant plus que d’autres œuvres importantes ont déjà dépeint la puissance du mal. «Comment parler de l’Algérie après Auschwitz, le ghetto de Varsovie et Hiroshima ?»



Et Mohammed Dib a raison. Le lecteur a lu et relu nombre de récits racontant des atrocités toutes plus horribles les unes que les autres. Le sang, les cadavres dans les décombres… Ils ne font plus autant effet. Mais les cauchemars peuvent encore hanter. Et, à travers son allégorie Qui se souvient de la mer, avec ses visions à la fois oniriques et apocalyptiques, il y parvient.



C’était déroutant par moment, la menace semblait insaisissable et intangible, et d’une puissance inoxerable. Mais elle peut représenter n’importe qui et n’importe quoi. Même les doutes intérieurs. Et la mer qui menace de tout engloutir. C’est puissant et évocateur. Et étrange. Chacun peut y voir ce qu’il veut. De ce fait, certains aimeront et d’autres, pas tout. À vous de juger.
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La Grande Maison

L' auteur, Mohamed DIB, est né en 1920 à Tlemcen. Cette dernière est une

ancienne cité, au riche passé culturel de l' ouest algérien .

Mohamed DIB est considéré comme un classique de la littérature

algérienne . Il est, aussi, poète et dramaturge .

Ses premiers romans : -La Grande Maison ( 1952 ) - L' Incendie ( 1954 ) -

Le Métier à tisser ( 1957 ), peuvent considérés comme une trilogie se dérou-

-lant , toujours dans la même ville, Tlemcen. On retrouve, assez souvent les

mêmes personnages d' un livre à l' autre .

" La Grande Maison", roman publié en 1952, est appelée, aussi," Dar Sbitar "est un "Immeuble de pauvres".

Le héros de ce récit , est l' enfant Omar. C' est à travers , ses yeux que

l' auteur nous laisse découvrir la réalité de la vie quotidienne des habitants

qui est, par extrapolation la vie de la grande majorité des Algériens.

Omar est orphelin de père, il vit avec sa mère, Aini, ses deux soeurs,

Aouicha, Meriem et sa grande-mère , maternelle.

Les habitants de "Dar Sbitar" forment un microcosme qui représente la

société algérienne, tout au moins la majorité de cette celle-ci.

Ces habitants s' évertuent à vivre au jour le jour, envers tous et contre tous

Ils font face et luttent contre la faim, le froid car il neige en hiver,la jalousie

et la méchanceté des autres, des voisins par exemple et l' indifférence des.

Européens .

Le lot de misère que vit cette très modeste famille est celui de la majorité

des Algériens . Ces derniers sont abandonnée à eux-mêmes face au

chômage, la faim, la maladie, l' ignorance, la discrimination ....

Un grand et beau livre de Mohamed Dib qui témoigne de ce que fut la vie

de ses compatriotes algériens durant l' ère coloniale.

Un grand livre à lire et à méditer .







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Un été africain

Des personnages se croisent, ils sont assez nombreux et l'histoire n'est pas linéaire, ce qui fait que je la trouve un peu confuse. Cependant j'ai pris plaisir à découvrir cet auteur. Les descriptions sont souvent très belles et le livre est intéressant, retraçant une période de l'histoire de l'Algérie à la fin de sa colonisation.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Neiges de marbre

Un homme du Sud et une femme du Nord, la belle Roussia, d’origine russe. Puis, un troisième être, une enfant, une fille, Lyyl. Mais la vie dans le septentrion, pas trop pour lui… Éventuellement, l’amour s’étiole, disparaît, il ne reste plus que la mésentente. De guerre lasse, il y a séparation, et c’est alors que la vraie guerre commence. Elle emmène la petite avec elle. Le narrateur, ce «je», la reverra-t-il ?



Ainsi donc, cette douloureuse séparation, elle est annoncée dès le début. Mais le narrateur se promène entre le présent et le passé, parfois les mélangeant (du moins, c’est ce qu’il m’a semblé), et l’essentiel du roman constitue plutôt un rappel des nombreux moments privilégiés qu’il a passé avec sa fille. Des moments heureux et d’autres, un peu moins. Lui tenir la main en se rendant à l’école, l’arrivée de l’ami imaginaire, les questions existentielles qu’elle lui posait, etc.



On sent l’amour inconditionnel d’un père pour sa fille. D’autant plus que cette fille était sienne comme lui. «Méditerranéens toi et moi nous sommes, du pays du jasmin et de l’oranger» (p. 144) Donc, la douleur n’en est que plus vive quand la douloureuse séparation survient.



Malheureusement, en tant que lecteur, je n’arrivais pas à la sentir, cette douleur. J’ai trouvé le narrateur trop distant, pareillement pour Roussia, et Lyyl me paraissait étrange. Incidemment, je n’ai pas accroché à leur histoire non plus. Quand un passage semait le doute dans mon esprit, je ne revenais pas en arrière pour l’éclairicir, je le repoussais et je continuais ma lecture comme si rien n’était.



Par exemple, par moment, je doutais que les choses se soient réellement passée comme le narrateur les raconte ou le laisse entendre. Peut-être y est-il pour quelque chose dans cette séparation ? Des doutes m’assaillent et c’est dû en partie à la façon dont l’auteur Mohammed Dib raconte son histoire. Il entretient un certain flou. Certains diront que c’est du style, et ils ont probablement raison, mais je n’y ai pas adhéré.
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Le sommeil d'Ève

Mohammed Dib ,est un des grand homme de lettres algérien .Il est romancier

poète ,dramaturge ,peintre ...Il est l'auteur du roman :"Le Sommeil d' Eve" .Ce dernier est publié en 1989 .Ce livre raconte l' amour , la passion amoureuse entre une femme ,scandinave ,Faina ,et un maghrébin ,Solh .C' est aussi la rencontre d' une femme avec son destin .Une femme possédée par la folie .En fait ,il s' agit d' une histoire ordinaire entre deux êtres enfermés dans leur solitude et leur étrangeté ,deux êtres séparés par la distance et l'incompréhension .

Les amants sont séparés lorsque Faina retourne dans son pays pour accoucher de Lex, l' enfant qu' elle a conçu avec son mari .Dans ce pays froid ,loin de Solh ,elle va sombrer lentement dans la folie ,jus qu' à son internement dans un hôpital psychiatrique ..A sa sortie de l' hôpital ,elle retourne en France , où elle retrouve Solh qui va tenter de la sortir du mutisme dans lequel elle s' est murée .

Un récit que je trouve qu' il baigne dans la mélancolie et la tristesse .

















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L'Incendie

Nous sommes en Algérie, peu de temps avant la seconde guerre mondiale, en pleine colonie française. Il fait chaud, les ouvriers agricoles sont de plus en plus miséreux mais les traditions ne les incitent pas à se rebeller, non pas que Dieu soit responsable de tout, mais le fellah est un travailleur, pas un homme qui se perd en mots, qui gâche son temps à réfléchir à des choses qui le dépassent et qui perd la récolte. Voilà l’image que ces paysans ont d’eux-mêmes. Pourtant, ils n’en peuvent plus. Les colons se sont approprié leurs terres, faisant d’anciennes familles de seigneurs de pauvres exploitants. Les colons les payent une misère et certains exploitants arabes, amis des Français, ne sont pas en reste quand il s’agit de tuer les compatriotes à la tâche, reprenant à leur compte les discours coloniaux à la gloire française. Alors le jour où un jeune homme se présente pour appeler les hommes à la grève, il y a débat. Pourquoi faire grève ? Peut-on faire grève ? Les arrestations, les coups, l’impatience et la panique des colons qui voient les récoltes mourir ne changent rien à la détermination des fellahs, pas même l’incendie qui ravage leurs maisons.

Ce n’est pas tant le jeune Omar que l’on suit dans cette tranche de vie algérienne que les adultes qui se débattent avec la misère et les autorités pour vivre et se projeter vers l’avenir, pour trouver des solutions de survie quand on est une femme sans ressource mais à charge, pour envisager de transformer une agriculture séculaire et tout ce que cela signifie au plan symbolique. A travers cette révolte pacifique des fellahs, c’est à un tournant de l’Algérie qu’on assiste : le refus, loin des villes aussi, de se laisser dominer par les français, la nécessité de transformer ses habitudes et, partant, la société, pour exister.

Le récit est bien écrit, parfois difficile d’accès pour quelqu’un qui, comme moi, découvre la culture arabe. Je ne saisis pas l’importance des chants qui font taire ceux qui les écoutent et les aident à surmonter leur indécision, tant cette poésie n’est étrangère ; je suis surprise par la lenteur de la révolte, le besoin de la justifier. Mais c’est aussi pour ces raisons que j’ai aimé lire ce roman, qui me fait vraiment entrer de plain pied dans une autre culture.

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