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Critiques de Nathalie Sarraute (279)
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Les Fruits d'or

1964: Nathalie Sarraute reçoit le prix international de littérature pour ce livre
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Enfance

Sarraute décrit l'imperceptible. Les émotions, les idées que provoquent en elle un mot, un geste, un regard que l'autre a voulu anodins mais qui la bouleversent, elle et sa sensibilité exacerbée d'enfant.

Et à travers ses bouleversements, c'est soi que l'on trouve : notre innocence d'enfant, quand on pouvait tout devenir et que les autres nous ont forgé sans le vouloir, sans le savoir. Nos traumatismes, nos joies, notre intimité.

Madame Sarraute, jamais je n'ai trouvé la littérature plus belle que sous votre plume car c'est la vie qu'elle éclaire. Rarement je n'ai vu si bien mis à nu ce lien qui nos unit tous. Merci.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le Planétarium

Le Planétarium est le premier roman de Sarraute n'employant plus la voix d'un unique narrateur-personnage. Comme son titre l'indique, on se trouve plongé dans un univers de voix fragmenté, univers forcément factice, Sarraute ne trichant pas avec son lecteur. Mais à lire les quelques critiques, on sent que le lecteur aime quand on se joue de lui, et souhaite voir une lanterne quand on lui tend une vessie sous les yeux.

Cette ouverture narrative entraîne donc des erreurs de sens chez le lecteur et des retours en arrière pour retrouver le bon chemin: "Ah! Mais ce n'est pas Alain qui parle? C'est Germaine..." Je comprends que cela agace beaucoup de monde, mais c'est pourtant ce que la littérature devrait toujours offrir: la liberté de construire ses propres chemins de lecture et de sens et faire le choix de l'activité du lecteur plutôt que la passivité. En parodiant une image sarrautienne, je n'aime pas les auteurs qui, du haut de leur notoriété, serrant notre nuque d'une main ferme, nous imposent leur "vérité".
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Paul Valéry et l'enfant d'éléphant

Paul Valéry et l'enfant d'éléphant paraît dans les Temps modernes en 1947. Nathalie Sarraute n'a aucune notoriété à ce moment là, mais cela ne l'empêche pas de se moquer de l'œuvre et de la posture de Paul Valéry, ainsi que de ses nombreux thuriféraires, avec beaucoup d'humour et d'ironie. Si cette petite critique du monde des lettres est donc très drôle, elle permet de comprendre aussi la conception très nette que Nathalie Sarraute a de la littérature, conception qui se confirme dans l'autre essai bien postérieur, Flaubert le précurseur, où le psychisme, les mouvements intérieurs qui constituent notre rapport au réel, doit être la matière première du roman.
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Enfance

En cette deuxième moitié du XXème siècle, l'autobiographie est devenue un genre littéraire incontournable, et beaucoup de romanciers s'y sont essayé, pas toujours avec bonheur.

Dans ces souvenirs d'enfance, russes, puis parisiens, et publiés alors que Nathalie Sarraute a 83 ans, on a constamment l'impression que l'auteur cherche à fouiller, analyser, pénétrer au plus près ces fragments déterminants de son enfance, plus pour s'éclairer elle-même que pour plaire au lecteur.

Après la période russe , qui voit la jeune Natalya couler des jours heureux auprès de sa mère, entre les visites de la famille, les voyages, vient une période plus complexe, la vie d'immigrés russes à Paris.

L'essentiel des morceaux choisis de cette deuxième période pointent le triangle douloureux que forment son père, avec qui elle est retournée vivre à Paris , Vera sa deuxième femme, qui l'élève auprès de sa jeune demi-sœur, et Pauline, la mère, restée à Saint Petersbourg, et dont les visites à sa fille sont rares.

Une enfance heureuse malgré tout, grâce à cette complicité qui se tisse au fil des jours avec Ilvanov , le père aimant, sous ses dehors un peu rudes, grâce aussi aux retrouvailles tardives avec la mère.

Sarraute insiste assez peu, finalement, sur ses prédispositions littéraires, sur son goût pour les langues -elle est déjà bilingue grâce à ses origines russes et à ses études parisiennes-

Une autobiographie forcément très sélective, mais traduisant un véritable besoin de faire émerger ces moments , anodins en apparence, et que l'auteur découvre riches de sens grâce à l'effort de l'écriture, et à cet interlocuteur fictif avec lequel elle conduit le récit.

Une autobiographie de référence.



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Enfance

Alors qu'est-ce que ce livre ? Nathalie Sarraute nous raconte quelques moments de son enfance qui lui reviennent par morceaux. Le tout sous forme d'un pesudo dialogue avec elle-même. Rien de bien intéressant me direz-vous. Et je vous répondrais que en effet, rien de bien intéressant ^^.

C'est même tellement peu intéressant et il y a tellement peu à raconter que la majorité des chapitres font 2 pages! Hé oui, une fois que t'as raconté que quand t'étais petite, t'aimais bien pour ton 4 heures manger des biscottes avec de la confiture et boire un verre de jus d'orange, il n'y a plus grand chose à ajouter (je caricature bien sûr, mais ça ressemble vraiment à ça).

Ce livre, c'est finalement plein d'anecdotes comme ça, inintéressantes au possible et dont on se fout royalement ; "quand j'étais petite, je suis allée à la pêche" ; "quand j'étais petite, je suis allée au courses avec ma maman" ; et bla bla bla, et bla bla bla pendant 277 pages.

En fait, ce livre m'a rappelé mon adolescence, quand je n'aimais pas lire car je pensais que tous les livres étaient ennuyeux, tellement les profs nous donnaient à lire des livres inintéressants.

Ce livre est d'un ennui intersidéral, voire intergalactique.

Alors oui, il y a des tournures de phrases par moment que tu trouves jolies, c'est bien écrit, mais même dans ces moments là, tout est gâché par ces points de suspension qui apparaissent toutes les 2 lignes. Tu as juste envie de lui dire : "mais tu vas les finir tes putains de phrases oui ?!"

Vous aurez compris : j'ai détesté.
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Enfance

Je me suis réconcilié avec Nathalie Sarraute avec ce roman-ci.

Un véritable coup de coeur pour cette oeuvre !

Un dialogue avec sa conscience qui nous emmène au coeur d'un problème bien connu, le souvenir. Comment l'évoquer ? Est-on fidèle à notre mémoire, notre mémoire nous est-elle fidèle ? J'ai donné 5 étoiles.
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Les Fruits d'or

C'est à petit pas , la tête rentrée , et le doigt hésitant sur chaque touche de clavier que je vais bafouiller trois petits mots invisibles et par là même inattaquables sur cette oeuvre.



Pourquoi donc tant de retranchements me direz-vous ....moi si exaltée ,dithyrambique , positionnée , affirmative , résolue , prête à clamer haut et fort mes convictions comme parole d'Evangile et vérité absolue , ma vérité , la seule et unique : Lisez c'est le chef-d'oeuvre , l'incontournable , l'essentiel , ou fuyez, pipo , vide et plat , un pur produit dont on rira la saison prochaine .

J'en passe et des meilleurs .



Les fruits d'or alors ?

Une technique narrative habilement choisie , cette fameuse mise en abyme permettant de jouer par exemple sur le registre comique notamment dans le théâtre (Pirandello par exemple ) , permet aux lecteurs de s'appuyer sur un des rares éléments fixes , connus , tangibles pour aborder ce texte .

Et là il s'agit d'un roman Les fruits d'or , qui fait sensation dès sa sortie , dans le milieu des initiés , des spécialistes , cette petite confrérie d'élus , les écrivaillons du moment à la plume facile et le verbe haut , l'air naturellement inspiré , les grands commanditaires du grand verdict qui établit les classifications .

Alors oui , il y a de quoi glousser . Et je ne m'en suis pas privée sur ces 150 pages .Et de là , mon entrée en matière dans ce commentaire , furtive . J'entrevois l'oeil sarcastique de Nathalie Sarraute lisant ma prétention . Profile-bas donc j'avance , c'est plus commode .



Petite facétie de ma part , histoire de ....vous amuser et surtout de trouver ma plume . (pas facile après cette lecture ) .

Certes le thème se prête à l'ironie facile .

Mais avec l'oeil sous-terrain de Nathalie Sarraute , ça devient non seulement jubilatoire , mais aussi et surtout un excellent support pour décortiquer les petits liens unissant les uns aux autres , en deçà de la conscience , dans un flux de conscience/inconscient , ces soubresauts de l'être agissant comme une sorte de tectonique des plaques et qui font apparaitre un paysage sociétal , des vibrations , des "ô temps suspends ton vol" et de voir l'invisible.

C'est par l'abolition de toutes formes de psychologie , d'idées , de présupposés , de constructions mentales que Sarraute , dans une forme novatrice rattrapée très rapidement par ce grand courant littéraire que sera le nouveau roman , parvient à écrire sur ces mouvements , ces fameux Tropismes ( il faut que je le lise ) dont elle s'empare pour en faire la base , l'essence , le matériau de son art .

Et donc qu'en ressort-il pour le lecteur lambda ?

Une expérience . Une sensation de déjà perçu dans une autre forme d'adhésion au réel . Une envie de recommencer surtout .

Comme de bien entendu il serait impossible de lire sans établir même (et surtout ) à son insu des parallèles , et parce que ça rassure , ça confirme , ça solidifie l'ancrage de ses perceptions , j'ai perçu une similitude avec Virginia Woolf . Mais plus encore avec ce que j'ai lu de Proust (Aussi étrange que cela puisse paraitre ,l'écriture minimale jusqu'à la page blanche, déconstruite , effacée rejoint l'écriture Proustienne dans cette capacité de transcendance dans l'apparente trivialité du réel ) .

Alors oui c'est délicieusement corrosif dans cette attaque au vitriol de notre prétention , et je n'ai pas boudé mon plaisir .

Mais , surtout , surtout ( et je ne saurais que trop insister ) j'ai palpité dans ces prémisses de la découverte d'une auteure qui n'a pas fini de me réjouir , de me surprendre , de me propulser dans l'inconnu pour peut-être mieux me rencontrer , étale , surface plane , sans limite , et dans l'unité .

J'avais lu son "autobiographie" ,( "autofiction" ?) , il y a bien 20 ans et déjà ce "je ne sais quoi " m'avait ébranlée ...L'aventure continue donc .

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13 récits d'enfance et d'adolescence

Très bon livre, très intéressant quoique un peu compliqué à comprendre la première fois.
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Tropismes

Le premier livre de Nathalie Sarraute publié en 1939 Tropismes (terme emprunté au langage scientifique qui signifie le déplacement ou la transformation d’un élément sous l’effet de stimuli extérieurs) composé de 24 textes dans la réédition de 1957 respirent les émotions de l'instant ,impalpables, invisibles, les pensées effleurent le temps, l'espace se rétrécit, nous glissons lentement vers la brièveté du moment, de l’éphémère, de l'imperceptible, une variation intérieur, des interrogations, des ils et des elles viennent , repartent, se croissent , s'aspirent au rythme de ces petits textes.

Dans la préface de L’ère du soupçon Nathalie Sarraute écrivait

Mon premier livre contenait en germe tout ce que, dans mes ouvrages suivants, je n'ai cessé de développer. Les tropismes ont continué d'être la substance vivante de tous mes livres.

Seuls Jean-Paul Sartre, Max Jacob et Charles Mauron remarqueront les talents de l'auteure en lui témoignant leurs encouragements.

Tropismes sera considéré comme l'ouvrage fondateur du courant littéraire " Nouveau roman" .

Petites pensées figées dans mes humeurs de ces textes viennent en moi pour les écrire pour les figer dans ce présent .

-Regards sur les devantures des magasins.silence devant les vitrines.Passage d'un voisin au frontière des rêves, une onde passagère, un rêve.

-Paradoxe des pensées au supplice de l'incertitude vers cette relation de concupiscence des mots, de la parabole de la vie.

-Lorsque le silence habille le temps avec l'éclat d'un passage suspendu au creux de son regard dans l'espace de cet oasis, ce havre de paix, caresse la musique sourde de cet instant fragile mais joyeux le capte pour le fixer à jamais dans sa mémoire pour le revivre.

-Lorsque le matin s’accélère au rythme incertain obéissant au bonheur précipité de cette Maitresse amoureuse de l'ordre et de la rigueur-Le petit déjeuner s'offre à nous.

-Incertitude pour l'autre. inquiétude fausse, rassure pour une sécurité merveilleuse.

-Moment rare entre une grand-père et son petit fils traversant un passage clouté, arrêt sur ce tableau ou la mort prends la vie des souvenirs, l'enfant respire ce moment improbable.

-Questions intérieures, douceur de l'esprit face à la réalité physique, peur de cette vérité, se cachant derrière la logorrhée des mots...Trouver la parade; faire semblant. la distraire....

-Plaisirs de femmes, papotage mondain, des mots, des phrases, des histoires, désir sans fin de conversation, dit, redit, immuable papotages des salons de thés.

-Intellectualisation intense au nirvana du sophisme sublime-Être dans l'actualisation de tout instant.

-Le savoir de ces hommes qui rend la simplicité des choses.

-Faire des boutiques, chiner un vêtement, vire ces moments encore et encore, héritage, tradition utérine.

-Perdu dans l’errance des sentiments ou respire la pensée qui vous aspirent vers cette sublimation de l'instant.

-Emprise malsaine, moment distordu entre cette fille admiratrice de cet homme en proie à la folie de son passé vers cette contrainte physique et psychologique.

-Le temps passe, la vie s'écoule, l'esprit demeure, attendre son verre en terrasse.

-Vivre là prés d'eux, attendre, jouer, écouter mais rester là tout proche.

-Dans l'attende du thé, la maison respire, la vie coule, le thé arrive bientôt.

-Le doudou, l'aventure d'une enfance protectrice, d'une vie enfantine. à le dévorer, le prendre, le rouler, le faire vivre.

-Terreur nocturne, angoisse de s'endormir, vivre dans la peur-Toujours le réconfort.le rassurer.

-La vie s’effrite lentement, les femmes se remémore, les hommes s'angoissent d'enfanter par peur de la souffrance, rêverie d'une vie.

-Bribe d'enfance, resurgir dans ce présent, cette vieillesse dormante laissant l'enfance, le passé, caressant le présent qui s’effiloche vers les souvenirs.

Ce roman fût une source d'inspiration légères vers des émotions cachées suspendant mes mots comme un arrêt sur le temps ....

Bonne lecture à tous
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Pour un oui ou pour un non

Deux amis de longue date, H1 et H2, se sont éloignés. La cause ? H1 pose la question à son ami. Celui-ci hesite puis finit par lui confier, qu'un jour, alors qu'il se vantait d'un quelconque succès, celui-ci lui a répondu : " c'est bien ça, ou plutôt, c'est biiiien...ca" avec un ton condescendant. Le drame nait de ces trois petits mots, ou plutôt de l'intonation avec laquelle ils ont été prononcés. Et, progressivement, lors de ces échanges, les vieilles rancoeurs vont ressurgir et leur amitié se fissurer.

On peut tous se reconnaître à travers ces 2 personnages, comme les deux facettes de notre personnalité. Toutes ces petites phrases anodines que nous disons ou subissons, ces silences, ces non-dits qui peuvent prendre des proportions qui nous dépassent. Cette difficulté à nommer notre ressenti.

Cette lecture m'a fait réaliser à quel point l'intonation mise sur certains mots peut aussi bien nous élever que nous rabaisser.

Je vous conseille vivement cette lecture. Un texte court mais percutant qui ne laisse pas indifférent et surtout qui nous interpelle sur ces petits riens.

Madame Sarraute, merci pour ce texte, tout en finesse.
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Enfance

Se raconter n'est pas chose aisée, surtout quand on est considéré comme la papesse du nouveau roman, celle qui dit non au roman balzacien, avec son essai "L'Ere du soupçon". Il est tentant, néanmoins, en fin de vie, de faire le bilan de ses années passées, de son... enfance.

Nathalie (et son double, puisque le livre est écrit à deux voix) évoque son enfance russe, puis parisienne, sans complaisance, sans sentimentalisme excessif. Elle a trouvé une forme d'écriture qui oblige à porter un regard critique sur ce que l'on affirme. C'est juste.
Lien : http://www.matisse.lettres.f..
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Pour un oui ou pour un non

Pour moi, une pièce géniale. Parce que l’auteur y montre, sans prendre parti, comment des personnages aux caractères opposés et aux destins qui ne se ressemblent en rien, peuvent avoir l’un en face de l’autre des émotions qu'ils n’arrivent à exprimer que par les intonations de la voix. Or ces émotions-jugements sont insupportables à l’un comme à l’autre. L’un prend le parti de rompre la relation, l’autre, plus sûr de lui, lui en demande la raison. Et la pièce est une confrontation des deux points de vue.

Pour moi, c’est une pièce qui dénonce l’absurdité de la comparaison entre des gens qui ne se ressemblent en rien. On a le pragmatique en face du poète, le réaliste en face du rêveur, l’hémisphère gauche qui affronte l’hémisphère droit. Il y a forcément de la jalousie de part et d’autre, l’on est toujours susceptible de jalouser ce que l’on ne comprend pas. Et de la méconnaissance aussi, car ni l’un ni l’autre ne réalise que, de même qu’un cerveau a besoin de ses deux hémisphères, le monde a besoin de rêver autant que d’agir.

Les pièces de théâtre de Natalie Sarraute sont beaucoup plus faciles à aborder que ses romans. Mais dans les unes comme dans les autres, l’intelligence de cet écrivain est remarquable, voire jubilatoire

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Les Fruits d'or

Le Nouveau Roman me faisait assez peur et c'est par hasard, presque, que je me suis frotté à Nathalie Sarraute (sans même mentionner les a priori négatifs que j'avais en pensant à Claude Sarraute...).



Dire que j'ai été conquis serait un peu trop. Mais j'ai trouvé l'ensemble ... frais, original, homogène. Et décalé. Parler d'un roman dans le roman qui porte le même nom, c'est couillu. Et Nathalie Sarraute y arrive sans (trop) lasser. Elle fournit un roman où il n'y a aucune trame, aucune action, pas le moindre rebondissement (c'est le Nouveau Roman... pas la Série Noire). Mais tout se tient et on suit pas à pas les développements. Certains perçoivent de la fatuité, de la superficialité... j'y ai vu du cynisme, de l'autodérision et une critique du monde littéraire. Qu'écrirait-elle si elle revenait, que penserait-elle du monde littéraire si elle vivait à présent... Sans doute un truc au vitriol, du moins est-ce mon avis.
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Martereau

Ce second roman confirme la suspicion de Nathalie Sarraute envers les fameux personnages littéraires qu’elle avait mis en évidence dans Tropismes. Les pronoms se substituent régulièrement aux noms propres, mais surtout les personnages sont décrits, principalement, avec le point de vue du même narrateur. A la manière de Proust ou de Joyce, se dessinent des personnages qui ne sont le fruit que du monologue intérieur d’un narrateur principal quelque peu paranoïaque sur les bords. Un jeune homme à l’esprit rêveur qui ne manque pas une occasion (un simple regard, une attitude, un mot, une intonation) pour mettre en route ses délires interprétatifs. Mais je trahirais l’esprit du roman si je laissais entendre que le narrateur est une sorte d’original. Car la banalité des situations auxquelles il est confronté fait qu’il assure pour son lecteur un rôle de miroir.
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Enfance

Cette enfance invite à l'enfance, à la nôtre aussi.

Mais attention pas à l'enfance proprinette que l'on sort en famille, souvenirs récurrents pour en rire avec indulgence, non plutôt à l'enfance pas si nette, en tropismes de Nathalie Sarraute, avec l'oeil du microscope pour l'étudier et la lame froide de l'intransigeance de l'autre réalité. La réalité des phrases qui restent fichées dans votre esprit, comme des échardes pourries longtemps après la mort des souvenirs dont elles sont issues.

Cette enfance invite à attraper les bouts des bouts de queues de comètes de réminiscence, et une fois attrapés, les regarder se tordre et dévoiler des pans entiers oubliés. C'est un dialogue entre soi et soi, ici et maintenant, en regardant l'hier. Et de gouter quelquefois des moments de joie pure comme Natacha au jardin du Luxembourg.



Cette petite Natacha, Nathalie exilée en France de sa Russie natale, tiraillée entre son père qui a refait sa vie avec l'énigmatique-méchante Véra et sa mère qui la veut et ne la veut, comme un objet encombrant.

Cette petite Tachok qui regarde sans sourciller cette enfance étonnante, pas vraiment comme les autres enfances, parce que plus tranchante.

L'écriture de Nathalie Sarraute est habile, subtile et précise.

C'est un ravissement.

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Enfance

Gros coup de coeur pour cette autobiographie à la lisière du roman.

Sous la forme originale d'un dialogue entre l'auteure et son double, «Enfance» explore les onze premières années de la vie de Nathalie Sarraute.

Enfance morcelée entre une mère quasi absente, un père aimant et une belle mère pas très adroite. C'est délicieusement et délicatement suranné mais cela a un charme fou…



Un témoignage poignant où se dessine déjà la fibre littéraire de l'auteure. Sous forme de petites scènes isolées Sarraute nous convie à entrer dans sa vie où elle joue subtilement avec sa mémoire .



D'un style fluide ce roman est une petite pépite, un concentré d'émotions... il est lumineux, sincère, bouleversant... Tendre... d'une sensibilité rare…j'ai adoré
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Enfance

Étrange photo, en couverture de l'édition de poche de ce texte de Nathalie Sarraute : elle doit avoir été cette petite fille, engoncée dans son manteau galonné avec son drôle de chapeau et ses bottines, équipée pour parcourir à traineau les paysages givrés de la Russie d'un autre temps, celui du début de sa vie.

Récit à double voix, mais d'une même personne, dans un dialogue intérieur avec elle-même qui ressuscite les déchirures d'une petite fille ballottée entre ses parents séparés et leurs cultures respectives. Les souvenirs surgissent de la mémoire de l'écrivain, reformulés et analysés, pour retrouver au plus juste la sensation originale de l'enfant.

Ce récit du monde d'hier débute en 1900 et s'interrompt en 1911. On est avant la guerre de 14, encore au XIXe siècle, en quelque sorte. Mais il nous parle tout autant du monde d'aujourd'hui. Car les roueries, les chagrins et les fiertés de la petite fille pour affronter le monde sont de tous les temps. L'écriture de soi devient aussi l'écriture des autres.

Les saynètes sur la première leçon de bicyclette (p. 149), la dictée (p. 166), la récitation (p. 180), la leçon d'histoire (p. 220), les poux (p. 238) ... sont des pièces d'anthologie à la Pagnol qui réjouiront petits et grands lecteurs. Ils se reconnaitront souvent ! Il est même question de laïcité (p.236), sujet plus brûlant aujourd'hui qu'au début du siècle passé !

C'est dire que le texte se démarque des "Malheurs de Sophie" d'une comtesse née Rospotchine, à laquelle on pense dans les premières pages, pour se rapprocher des "Mots" de Jean-Paul Sartre et de la grande littérature. Dans les deux cas, une belle langue, d'une limpide clarté, bien loin du style habituel de la prêtresse du nouveau roman ou du philosophe de l'Être et le Néant.

Les élèves des lycées, qui ont la chance d'avoir le livre au programme, trouveront à le lire autant d'intérêt que leurs parents à le relire.


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Entre la vie et la mort

Nathalie Sarraute explore toujours plus avant le monde des sensations dans cet étonnant roman, où un écrivain avance entre la vie d'une écriture authentique et sincère, préservée des influences extérieures, et son opposée, une morte, guidée par les stéréotypes et l'académisme, percluse de clichés et d'images figées.

Bien que le lecteur mal exercé puisse se sentir désorienté par une composition éclatée et avare en points d'appuis, il ne pourra que se réjouir de lire et relire une œuvre vivante, belle et souvent drôle.
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Enfance

Ce que j'ai trouvé remarquable, c'est que l'auteur a rédigé ces fragments à l'âge de 83 ans, comme quoi, il n'est jamais trop tard pour se souvenir. C'est justement intéressant d'avoir un texte fragmenté, parce que quand il s'agit de souvenirs, généralement ce n'est jamais linéaire, on se souvient de quelques bribes et détails, mais jamais du souvenir dans son intégralité, encore moins quand on l'écrit 75 ans plus tard, j'imagine et c'est véritablement ce qui donne de la force à ses écrits. On découvre une petite enfant russe qui, balloté entre sa mère et son père se retrouve entre la Russie et la France principalement, mais qui, - j'en ai eu l'impression en tout cas - s'est toujours sentie chez elle à Paris.



Ce que j'ai aimé, c'est la sincérité dans le récit, l'auteure parle franchement de ses souvenirs dans un dialogue entre deux parties d'elle-même, sa face que j'appellerais "naïve" qui est l'enfant, et l'autre, celle qui a raisonné et grandit. De cette façon l'une des deux voix met toujours l'accent sur une chose en particulier, sur l'interprétation d'une action d'autrui, sur ses sentiments aussi ce qui rend le récit vraiment personnel. Sincère également parce qu'elle ne s'encombre pas, elle n'écrit pas pour combler les blancs, elle se souvient ou elle ne se souvient pas et quand c'est le cas, elle le dit ce qui est agréable, on n'a pas à se poser la question de savoir si on est mené en bateau. La naïveté de l'enfance est elle aussi bel et bien présente avec notamment ce passage où elle demande carrément à sa belle-mère si celle-ci la déteste.



Globalement, ma lecture m'a plu, j'ai pris du plaisir avec ce livre, c'était cool, sans être extraordinaire non plus. Le fait qu'elle ne parle que de ses 10 premières années - la période correspondant à l'enfance comme l'indique le titre - amène certains sujets assez ennuyeux, du moins pour moi - je pense par exemple aux moments où elle parle de l'école, l'importance que l'école française a eue sur elle et à quel point ça a compté dans sa vie. Toute cette partie là m'a un peu ennuyé parce que je n'ai pas du tout le même ressenti qu'elle sur la chose donc je ne me sentais pas très concerné. En revanche, les passages où elle parle de sa famille sont vraiment intéressants parce qu'on peut en apprendre plus sur la mentalité des gens à cette époque, sur son père qui ne supportait pas de parler d'amour ou de toute autre sentiment fort (comme le dégoût) ou encore sa mère qui, va savoir pourquoi décide de laisser sa fille chez son père pendant trois ans, comme ça, genre "tiens, je vais me prendre des vacances pendant trois ans, ma fille ne sera pas dans mes pattes".

Alors je m'attendais à mieux parce que j'ai énormément aimé Simone de Beauvoir comme je l'ai dit plus haut et pour le coup, bah Nathalie Sarraute n'est pas arrivée à la hauteur malgré la sincérité, malgré la forme du récit. J'ai un peu moins accroché parce que je me suis bien moins identifié, tout est question de ressenti.



Mon avis est en intégralité sur mon blog :
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