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Citations de Nuala O`Faolain (220)


On peut difficilement imaginer deux personnes moins susceptibles de se rencontrer que l’épouse d’un landlord anglo-irlandais et un garçon d’écurie irlandais. Chacune d’elle venait d’une culture forte au cœur même de laquelle l’autre était définie comme une culture étrangère. Mais ils s’étaient dépouillés de ces deux cultures afin de s’atteindre l’un et l’autre. Ils n’avaient même pas de langue maternelle en commun, et cependant ils ont transpercé les différentes strates de la coutume, bravé toutes les sanctions, poussés par le besoin de s'exprimer qui sous-tend le désir.
Je connaissais tout de l'amour en tant que non-évènement, mais j'étais encore persuadée que c'était l'acte grâce auquel un individu pouvait vraiment apprendre à en connaître un autre et bâtir quelque chose à partir de ce qu'ils apprenaient. Il me semblait que William Mullan et Mme Talbot avaient été des bâtisseurs - avaient fait l'amour au sens littéral de "faire"-, ils avaient fabriqué l'amour. Leur passion menait à l'amour. Le jugement était plein des petites attentions qu'elle avait pour lui. Et lui -les trois ans qu'il avait passés avec elle étaient les trois mêmes années pendant lesquelles son monde à lui se convulsait et expulsait son propre peuple, mais il était resté avec elle alors qu'il ne pouvait y trouver, en fin de parcours que le châtiment. D'autant plus que je n'avais jamais réussi à faire ce voyage de l'amour; je croyais que le corps menait directement au chemin du coeur et que le coeur menait au chemin de l'âme.
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Quand j'ai obtenu ma bourse j'ai perdu l'argent - j'ai réellement perdu les billets. C'était exactement le genre de catastrophe auquel j'étais habituée.
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May nie avoir été une prostituée. Elle se considère comme une « soutireuse », femme qui attire un homme dans une chambre où les préliminaires amoureux sont interrompus par un complice qui joue le rôle d'un flic, d'un mari outragé ou d'un propriétaire, et, dans la panique qui s'ensuit, elle ou son complice vole les objets de valeur de l'homme. En d'autres termes, c'est une honnête voleuse.
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Il doit y avoir dans le monde une énorme douleur particulièrement désespérée que personne ne semble mentionner - le chagrin de ceux qui n'ont pas fait de leur mieux pour quelqu'un de jeune et qui ne pourra jamais se rattraper.
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De minute en minute, je devinais à son comportement si elle m'aimait, ou me chérissait, ou n'avait que faire de moi. C'était physique. Ce n'était pas juste sa façon de me toucher, mais aussi sa respiration, la rapidité de ses gestes, la légèreté ou la pesanteur de sa voie. Tout était signe. (p157)
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0n dit que des gens "s'enfuient", pensai-je, mais fuir une chose, c'est aussi fuir vers une autre chose.
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Un jour, je me suis dit que des millions de couples ne communiquaient pas, même quand ils parlaient la même langue.
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J'ai achevé le livre sur le chemin au-dessus de l'Atlantique où le chien et moi étions assis un jour de Noël alors qu'une nuit glaciale et pétrifiée tombait. Derrière nous s'élevait le paysage calcaire des Burren et, devant, les formes subtiles des îles d'Aran reposaient sur la mer turquoise. Au-delà, cinq mille kilomètres d'océan dansaient entre moi et l'Amérique.
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Et ils ont raison. Il n’y a pas de moyen efficace de compatir à la douleur du monde. Qui est un lieu atroce, infiniment pire que nous ne voulons le reconnaître. Nous occultons, sous un nuage de "comment" destiné à faire diversion, la vérité simple que les hommes ont fait de cette planète une chose horrible. Même si les événements du 11 septembre et la folie de tout ce qui en a résulté ont peut-être soulevé un coin de la nappe de brouillard où nous tâtonnons d’habitude. Le monde est d’une injustice féroce, et le seul répit contre l’injustice est conquis par la force.

Les Etats ignorent la bonté. Ils éliminent les scélérats ici et en soutiennent d’autres là-bas. Ils alimentent la folie en testostérone, parmi les civils comme au sein de l’armée. Des cultures entières, y compris à Hollywood, glorifient la violence. La guerre distrait à merveille de l’injustice. Nous regardons des photos d’enfants qui souffrent – des yeux immenses dans des têtes osseuses penchées sur des petits corps malingres qui traverseront la vie sans jamais connaître la sensation d’avoir le ventre plein. Et nous regardons tomber les missiles qui ont coûté des milliards. Et nous passons notre chemin. (p.284)
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Je repris la direction de l’ouest sur un tronçon de route droite entre des arbres sombres. Soudain, en rafale, les phares de la voiture éclairèrent des bandes vermillon et dorées. Des affiches ! Les affiches d’un cirque. Sur deux kilomètres environ, il y en avait tous les quelques mètres, bariolées comme des perruches saluant en rang d’oignons. L’odeur de la tente chaude et de l’herbe écrasée me revint des jours où, quand j’étais enfant au milieu des champs verts et mornes, je voyais le cirque arriver d’un autre monde. L’incroyable éléphant. Les acrobates, comme des phoques sautant et plongeant dans les ténèbres sous le grand chapiteau. Les gens du cirque, avec leur maquillage criard et leurs caravanes qui répandaient cuvettes en fer-blanc, chiots et tissus exotiques sur le sol inégal.
May n’avait pas d’informations, pensai-je. Comment aurait-elle pu en avoir – enfant aux pieds nus au bord des tourbières dans un coin oublié d’un pays oublié ? Mais si, pour une raison ou pour une autre, elle avait su, elle avait senti intuitivement qu’il existait un monde ailleurs avec de la couleur, des fanfares et des femmes scintillantes qui se tenaient en équilibre sur le dos de poneys empanachés, qu’est-ce qui l’aurait empêchée de partir ?
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Au fond, trés peu de gens sur cette Terre cherchent à comprendre les autres. L'analyse est une maladie propre aux classes éduquées du monde occidental.
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Les gens que je connais qui se portent très bien - c'est ce qu'il a dû leur arriver. Leurs mères avaient dû les accompagner sur le chemin de la vie. La mère qui se tient derrière son enfant et le laisse avancer sur ses jambes arquées, flageolantes et il sait qu'au-dessus et derrière lui se tient une masse d'amour - si attentive que même lorsqu'il tombe, il n'a pas peur. En fait - c'est quand il tombe qu'on l'aime le plus. Ce doit être ce qui donne aux gens sains cet air parfaitement naturel. Ils peuvent se laisser aller sans paniquer. Ils peuvent observer quelque chose ou écouter n'importe quoi sans se méfier - leurs bouches entrouvertes, leurs yeux brillants, leur regard allant d'un orateur à l'autre. Ils peuvent regarder dans les yeux, avec une parfaite candeur, ceux qu'ils aiment, en oubliant leur propre moi. Ils n'ont pas peur de s'oublier eux-mêmes. Ils n'ont pas besoin de faire un effort pour dire la vérité. Ils sont eux-mêmes d'un bout à l'autre. La protection de l'amour rend honnêtes.
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p 530
Rilke, plus qu'aucun autre homme, me sera sans doute
d'un grand secours quand je serai vieille
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Il (John McGahern) m'avait offert, alors qu'il n'en avait pas les moyens, un exemplaire des "Lettres à un jeune poète" de Rilke. Maintenant je vois que John, en dépit de son allure miteuse et provinciale et privée de considération, près de déchaîner la haine de l'Irlande meurtrière de l'époque, avait déjà compris le conseil de Rilke qui formule le voeu "que vous trouviez assez de patience en vous-mêmes pour supporter et assez de simplicité pour croire. Confiez-vous toujours davantage à tout ce qui est difficile et à votre solitude.
Il y aurait matière à tristesse aujourd'hui, car le passage se termine ainsi -- "Pour le reste, laissez faire la vie. Croyez-moi, la vie a toujours raison." La vie est finie pour John. p340
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Temples du commerce p161
Il n'y a pas de place pour l'altruisme humain dans une ville vouée à la vente et à l'achat. L'un des réconforts du shopping, même, c'est qu'il vous fait oublier que vous êtes humain. Sur un mail (au sens de boulevard) commercial, il n'y a pas d'humains. Alors qu'il y avait des humains dotés de pouvoir et de responsabilités dans les vieilles confiseries, boutiques de journaux, crémeries.
Celui qui possède toutes ces chaînes de magasins n'est pas là, et personne ne se soucie de savoir s'il vous manque une livre pour atteindre le prix demandé ou si vous avez mal aux pieds ou si vous n'arrivez pas à lire les étiquettes parce que vous avez oublié vos lunettes. Personne ne se soucie de vous. Et pourtant on exploite la personne que vous êtes.
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Le bien-être émotionnel des femmes et des enfants ne comptait pour rien dans l'Irlande patriarcale -- moins que rien si par-dessus le marché ils étaient pauvres. Et "hors de l'Eglise", comme tout enfant irlandais apprenait à psalmodier dans son Petit Catéchisme, "il n'est point de salut".
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Les écoles du sadisme (4 mars 1996)
Aux yeux du monde, on ne pouvait faire plus respectable que d'avoir une fille religieuse.
.... Si devenue nonne vous rêviez de partir dans une mission, ils vous obligeaient à enseigner les maths en banlieue. Si vous aviez des dons intellectuels, ils vous confiaient la charge d'une cuisine. Des générations de jeunes femmes ont adhéré à cette méthode, se sont humiliées et autodisciplinées, et ont confessé des péchés d'orgueil chaque fois que leur parfaite docilité les lâchait. Elles se flagellaient et jeûnaient et déversaient des flots de prières afin de faire entrer la cheville ronde de leur être dans le trou carré qu'on leur présentait. Pas étonnant que certaines d'entre elles soient devenues folles.
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Les hommes ne sont pas les forts, les femmes ne sont pas les faibles, et la maternité ne fait pas la valeur d'une femme. Il nous faut des moyens véridiques, spéciaux, de décrire la diversité humaine. p91
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Pour le Noël suivant, cette histoire de ma vie – écrite pour moi, comme pour venir à bout de moi-même – avait tout changé. Elle avait toute seule empli le vide qui m’aurait sans doute attendue. (p.275)
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- N'empêche, ai-je insisté, butée. Je pense que l'humanité n'est rien d'autre - des hordes de gens qui font la queue avant de plonger dans la mort. Tout le reste, c'est du divertissement.
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