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Citations de Nuala O`Faolain (220)


Vers la fin du XIXième siècle, quand la moitié des gens nés en Irlande émigrèrent, la majorité des émigrants étaient des femmes et quatre-vingt-dix pour cent d'entre elles étaient célibataires. C'était la faute de l'Angleterre si elles étaient forcées de partir - c'était ce qu'on croyait dur comme fer. L'Angleterre avait contrôlé l'Irlande pendant des siècles, mais cela n'avait jamais été accepté autrement que comme un pouvoir d'occupation. Quand vous quittez votre pays occupé, vous le trahissez, c'est pourquoi il vous incombe de jurer que vous détestez être obligé de partir et que, un jour, vous reviendrez. Alors si May bondit dans le wagon un sourire au lèvres, elle sortait de l'ordinaire.
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Leo s’est endormi presque instantanément et j’ai dû affronter seule la tempête qui se déchaînait en moi.
Je n’ai pas allumé; j’ai tisonné le feu et ajouté un peu de charbon puis je me suis assise, vêtue d’un pull et de ma culotte, avec Bell, le chat sur les genoux.
Je répétais à mon cœur: Cesse de brûler, cesse de me faire mal, calme-toi,il n’y a aucun remède à ton angoisse et à tes regrets. Je savais que le sexe était bon pour le moral et que je pouvais m’estimer heureuse, parce que beaucoup de célibatires – et sans doute de personnes mariées- de mon âge n’avaient que trop peu d’occasions de faire l’amour. Et j’appréciais pleinement ma chance. Mais le Temps s’était invité dans le lit avec nous – mon ventre mou sur la hanche anguleuse de Leo, son bras osseux autour de moi. Et à présent la dure leçon du Temps sur l’impuissance d’autrui à apaiser notre souffrance se rappelait à moi. Je ne pouvais pas dire à Leo: Me retrouver si près de toi me fait sentir encore plus cruellement ma solitude ordinaire.
Chacun doit grandir sans importuner les autres.
C’était mon problème. Moi seule trimballais le souvenir de ce qui avait été – la gloire du monde tel que je l’imaginais quand j’étais jeune, quand la passion semblait me faire accéder à un immense royaume, quand, parfois, j’avais l’impression de quitter la terre pour m’élancer dans l’univers et y scintiller de tout mon être. Quand je ne me posais aucune question sur moi-même. Quand j’avais foi en tout.
Oh, rendez-moi cela! ai-je supplié la pièce obscure et silencieuse. Oh, rendez-le moi ! que je puisse revivre ma vie avec ce que je sais maintenant! Rendez-moi un commencement!
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Nuala O'Faolain
La lune répandait son éclat sur un parterre de nuages floconneux jusqu'aux confins du monde. Comment les humains font-ils pour oublier qu'ils tournoient dans l'espace ?

Nuala O'Faolain, in Best Love Rosie
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La lune se lève. L'ombre de May est noire sur une chaussée délavée construite au-dessus de prairies inondées, mais il n'y a personne pour la voir. Aucun son, sinon l'appel émouvant d'un bécasseau surpris dans le sombre marais.
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Le vent se leva cette nuit-là. De jeunes anglaises me montrèrent où se trouvait l'hôtel mais j'étais trop excitée pour y aller. Les rafales de vent chaud projetaient l'eau de mer sur les quais, secouaient les voiliers et les bateaux de pêche. Ils se cognaient les uns contre les autres, leurs haubans et leurs mâts sonnaient comme cloches et cymbales. Les gros ferries pour les îles tiraient leurs amarres, le vent devint plus chaud, de petites vagues venaient s'écraser sur le quai, l'eau ruisselait sur les parkings obscurs et des embruns s'abattaient sur les petites cabanes du quai où des hommes vendaient les tickets.
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J'atteindrai sans doute l'ouest du Clare si tôt le matin que, dans la ferme où vit Molly, mes amis dormiront encore, mais je sais qu'elle sera tapie dehors sur le chemin en train d'épier les lions, les tigres et les tracteurs. La dernière fois, je l'ai aperçue juste avant qu'elle saute sur ses pattes, tremblante, en reconnaissant le bruit du moteur. J'ai ralenti, me suis penchée pour ouvrir la portière côté passager, elle a sauté dans la voiture, elle a regardé droit devant, et nous avons fait comme si nous nous étions déjà vues ce matin-là.
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D'emblée, on aime les animaux tels qu'ils sont, sans songer à vouloir les changer.
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Toute la journée, je m'étais entendue faire des plans sur la comète, comme si je m’intéressais à l'avenir. Alors que tout ce que je souhaitais, c’était survivre au présent.
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Vieillir est sans doute aussi terrible pour un homme vaniteux que pour une femme ordinaire - pour toute personne qui a été, d'abord et avant toute chose, l'objet du regard des autres. C'était déjà assez dur d'être moi et de voir les sillons s'approfondir dans la peau relâchée de ma lèvre supérieure ; qu'aurait-ce été si, en mon temps, j'avais ressemblé à Marilyn Monroe ?
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J’ai passé en revue le toit de la maison et la petite plage, la jetée éboulée et la rangée de maisons croulantes, les rochers et la boue luisante de l’estuaire où la marée pénétrait en assauts écumants, le cours d’eau profond qui séparait cette rive et Milbay familièrement blotti sur la sienne. Des échassiers pataugeant dans la boue lançaient des appels dédespérés et un guillemot aux ailes neigeuses descendait du ciel en poussant un cri rauque, tel un contremaître apostrophant ses ouvriers. Tout ce vaste panorama fourmillait de vie. La maison si vétuste et délabrée fût-elle, était vivante, ainsi que le rivage où des cormorans se tenaient sur de noirs rochers, la colline avec sa crête de velours et ses flancs entaillés, et le pré verdoyant, et les hêtres étincelants, et même les vieux bureaux et dortoirs du camp d’aviation. Quant à moi, le monde me faisait don d’un nouveau lien avec lui. Je vibrais de vie, moi aussi. (p. 185)
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Elle était très petite, son visage de lutin était couvert de rides et sa chevelure grise et soyeuse attachée, approximativement, en forme de miche de pain.
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Personne ne possède sa propre histoire. Quelqu'un d'autre peut arriver et s'en emparer, comme un coucou s'approprie un nid. Et les histoires ont une vie après la mort, aussi.
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Min avait été une mère pour moi dès la semaine de ma naissance, mais aucune loi n'oblige à comprendre sa mère , et encore moins une tante qui a pris le relais à la mort de sa sœur.
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Je ne savais pas grand chose sur mes parents, même si, du fond de l'océan où je vivais dans mon monde enfantin, je pouvais sentir des remous là-haut, à la surface de l'eau.
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Était-ce le destin de la femme moderne que de se retourner contre son corps ?
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il était hors de question qu’on m’interdise de conduire ou de boire ou qu’on me force à marcher trois pas derrière quelqu’un sous prétexte que ce quelqu’un possédait un pénis
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"J'avais l'impression de na pas être dans la vie, mais de seulement la regarder. Je rentrais chez moi après une absence. Je poussais la porte contre une pile de courrier inutile, et la maison était plus que vide. L'air y était irrespirable. J'ouvrais la fenêtre et des feuilles mortes et brunies tombaient en cascade de mon géranium odorant. Je n'aimais pas penser au passé, et je n'avais aucun enthousiasme pour l'avenir." P. 177
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La chance ne peut pas toujours vous sourire, mais elle ne peut pas toujours vous tourner le dos.
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La brise faisait voler leurs cheveux dans la même direction ; à les voir ainsi, on eût dit des inséparables, appartenant tous aux même petit clan. Mais je savais combien d’hésitations, combien de questionnements recelaient leurs rapports entre eux et avec moi. Et je ne les en aimais que davantage : chacun avait beau se débattre contre ses problèmes, ils étaient tous généreux, tous partants pour faire la fête avec moi. Trois hommes, dont deux se dégarnissaient rapidement. Deux femmes, toutes deux trop vieilles pour avoir des enfants. Et moi, tout aussi stérile. J’étais émue de nous voir dans l’âge mûr bien plus que je ne l’aurais été par nos jeunes personnes. Je trouvais merveilleux que nous nous soyons arrachés à nos vies respectives pour nous rassembler au sommet de cette colline sans aucun but pratique, juste par amitié.
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Je voudrais avoir quelqu'un qui m'a connue jeune pour qu'il suive avec une tendre familiarité les lignes qui se sont formées sur mon visage.
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