Citations de Paul Vialar (77)
Rien ne s'apaise avec l'âge mais certaines valeurs prennent la place d'autres.
Elle aimait marcher seule sous les futaies. Tout ce qui était végétal l'attirait : les arbres d'abord, qui s'élançaient vers le ciel et mouvement et qu'elle avait vus dans un livre comparés à des prières; les fleurs du printemps; mais ce qu'elle goûtait surtout, c'était la grandeur, la pureté sans limite de ce qui l'entourait, la chaleur du soleil qui vous chauffe lorsque un peu haletante d'avoir marché on s'assied au bord du fossé ou sur un tronc d'arbre abattu d'où coule la sève comme le sang d'une blessure.
Il lui arrivait de sortir, dans le vent, sous les rafales, rien que pour le plaisir.
Oui, il jouissait de tout, mille fois plus que les autres, et il en était averti. Il souffrait aussi plus que les autres.
C'était le silence absolu, obscur lui aussi, immobile comme les bêtes ramassées sur elles-mêmes à cause du froid, comme les insectes qui pourtant, l'été, composent ce murmure, ce chant bruissé, qui sourd du sol chaud, monte le long des arbres, rejoint l'espace toujours lumineux du zénith.
Il n' y avait plus de "mauvaise femme" dans la vie de John. Il n' y aurait plus rien qu'une calme promenade au fil d'un courant régulier, dans une barque à fond plat : tout le monde ne goûte pas les dangers du canoë, des torrents et des chutes.
Paul Vialar est né en 1898 à Saint-Denis.
Ce n'est qu'en 1939 qu'il se consacre à sa carrière d'écrivain, auparavant il s'était occupé de théâtre et fut notamment directeur des émissions théâtrales à la radio.
Nombre de ses romans ont été consacrés par l'écran.
Il fut Président de la Société des Gens de Lettres.
4ème de couverture des Editions J'ai Lu.
Le convoi s'immobilisa...Sur le quai, aussitôt, ce fut le flot, la foule de tous ces hommes noirs, bousculés, cahotés, ahanant sous le poids des valises, piquée parfois d'une tache kaki (prisonnier libéré), car il y avait, de Compiègne, d'autres hommes qui regagnaient Paris, qui bientôt reprendraient l'uniforme de tous les jours, l'autre, celui sous lequel on meurt aussi.
La morne existence des tranchées, le massacre quotidien, il s'y pliait. Il avait voulu en être et il voyait, maintenant, ce que c'était : une mortelle attente, de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute : attente de la soupe , du vaguemestre, du tour de garde, de la patrouille, de la distribution de tabac, de celle des chandails ou des colis, de la mort aussi il faut le dire.
A droite, à gauche de la route, il y avait les bois, la forêt de Sologne, avec ses sapins, ses bouleaux blancs, ses bruyères d'hiver, ses terriers creusés dans le sable. Parfois, entre les troncs, scintillait la face d'un étang reflétant le ciel, pareil à lui. C'était un paysage triste, mais sans solennité, vivant cependant de toute la vie des bêtes qui s'y cachaient.
Il était pourtant né dans un pays où le climat, le soleil, rendent tout acceptable et facile, où certains actes qui, ailleurs, pourraient paraître répréhensibles et condamnables, semblent parfaitement naturels : à Draguignan dans le Var.
Les hommes ne sont jamais tout d'une pièce, mais faits de contrastes et entraînés par ces courants changeants qui les mènent tour à tour, non vers le Bien ou le Mal, ce qui serait par trop simpliste, mais vers des attitudes, des comportements, qui peuvent en faire alternativement des honnêtes gens ou des crapules.
Il possédait un courage assez particulier et qui, tout en étant profond, demeurait malgré tout, dans son expression, un peu méridional, un courage qui affectionnait les fanfares, les cuivres, les discours, les éclats, un courage fait pour conduire son homme sur les barricades, mais aussi capable de le faire renoncer aux honneurs qu'il aimait tant, sur une décision ou un coup de tête.
Les sentiers, les chemins, les haies mêmes et les clôtures disparaissaient sous la neige.
Les routes, partant de Château-Queyras, montent et ne vont pas plus loin que le pied des montagnes. Celle qui dépasse Saint-Véran et qui mène au hameau de Closis, avant la chapelle, est encaissée entre des pointes, des pics qui se dressent à près de trois mille mètres : elle-même se heurte à une muraille qu'elle ne peut franchir, car la tête de Longet, celle des Toillies, Caranantran, dépassent, eux, cette altitude et qu'alors seuls des sentiers mènent aux cols que chevauche la frontière.
La laie et les petits ont dû aller aux fouges faire leurs bouttis, ce qui veut dire, pour vous, profane, chercher sous la terre les racines de fougères.
C'est une petite qu'est bien, rangée et sérieuse. On s'est tout juste mariés avant c'te bon Dieu d'guerre. Les parents vouaient pas. Pourtant j'gagnais bien ma vie.; mécanicien que j'étais : un bon métier. Seulement eux, ils voyaient plus haut pour elle. Heureusement, fit-il avec un petit rire, heureusement qu'elle elle voyait que moi.
ma petite histoire avec Delasaix...Mon François, tu n'en as jamais rien su, et je m'en réjouis : comme tu aurais souffert et si inutilement ! Pourtant, Delasaix et moi, nous avons été à deux doigts de la bêtise (j'entends celle qui fait qu'on lâche tout, qu'on file ensemble, car l'autre était déjà faite.)
- Ce cheval-là, il faut le porter, dit Fervent, mettant pied à terre.
- Peut-être, dit Jouannot, mais pour ça il ne faut pas être fatigué. Dès que vous êtes arrivés, vous autres, les jockeys, vous croyez que tout est possible. Je vous ai vu au casino passé minuit.
- Je ne pouvais pas dormir. Et puis, je suis libre.
- Vous allez l'être, dit M.Jouannot.
- J'ai un contrat.
- Renouvelable tous les ans.
- Et qui montera vos chevaux ?
- Lui, dit M.Jouannot, montrant Raoul, ou un autre, un jeune qui ne se croira pas tout permis, qui en voudra.
- Vous croyez que ça remplace l'expérience ?
- Non mais la prétention sûrement
Petit, il était un de ces enfants moyens, à la bonne et solide intelligence qui est, avant tout, celle de la vie.