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Critiques de Philippe Jaccottet (112)
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Le dernier livre de Madrigaux

J'ai toujours aimé la musique intime de Philippe Jaccottet, son chant discret et voilà qu'il nous offre en testament, à 95 ans, de très fins Madrigaux, s'inspirant en partie de la mythologie, des traductions qu'il a faites ou de l'écoute de musiciens comme Monteverdi. Poète à jamais!



Ce qui m'attire dans sa poésie, c'est surtout ce talent d'ourler délicatement les mots , de saisir les infimes nuances de la nature, de s'en imprégner pour nous les restituer avec tant de justesse.



" Regardez les martinets:

ils sont autant de traits de fer forgé dans les murs,

décochés vers les quatre angles du ciel

quand tombe le soir d'été. "



Le poète convoque aussi les héroïnes et héros de l'Antiquité, ainsi:



" Le tissu bleu du ciel,

Pénélope, à chaque aube, charitable, le retisse"....



Ce n'est pas mon recueil préféré de lui, il est d'ailleurs un peu trop court, j'ai eu un coup de coeur surtout pour " Poésie et " À la lumière d'hiver", mais il témoigne d'une telle vitalité poétique, d'une telle ardeur encore à faire vibrer les mots! J'en reste admirative.



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Couleur de terre

Des traces d'émotion pure, intense, au soleil couchant :

" Le temps humain qui inscrit ses lignes souples dans le sol "



Couleur de terre, de soleil, de ressenti :

" Recevoir cette bonté venue de la terre couleur de terre, couleur de soleil bientôt couché, couleur de feu très ancien ? "



Un poème en prose de Philippe assorti aux dessins d'Anne-Marie Jaccottet : court, subtil, d'une évidente beauté, une pensée qui s'impose délicieusement sans l'avoir élaborée.
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Notes du ravin

Dans ce cours opuscule, le grand poète Philippe Jaccottet décrit les paysages de la Drôme qu'il habite et les pensées qu'elle suscite en lui.

Il parle de l'absence, de ce vieillard qui a perdu « on compagnon de toute une vie », frappé par le cancer et ce drame lui fait naître des mots qui touche :

« Toute la misère humaine, quand on la touche du doigt, c'est comme une bête qui inspire une répulsion qu'il faut que le coeur endure et surmonte, s'il le peut. »



On y voit le Mont Ventoux avec sa « couronne de pétales de rose », une buse monter « en lentes spirales dans la lumière dure de l'avant-printemps », la pluie, aussi « froide comme du fer » ou des violettes au ras du sol : « ce n'était que cela », « rien de plus », « une sorte d'aumône, mais sans condescendance, une sorte d'offrande, mais hors rituel et sans pathétique ».

On entend le rossignol « sorti dans la brume d'avant le jour », on voit un engoulevent « dans le gris du matin, plus proche qu'il ne l'a jamais été de la maison, comme si ne pouvait plus l'effrayer quelqu'un d'aussi proche des ombres » ou un martin-pêcheur aperçu parmi les saules,



On entend aussi des mots susurrés pendant un rêve et le poète s'interroge sur ces mots « rien n'est prêt » : mais « quoi préparer » ?

« Jusqu'au bout, dénouer, même avec des mains nouées. »



Le poète cite aussi d'autres poètes et auteurs : Ramuz, l'écrivain suisse romand, Angelus Silesius traduit par Roger Munier, Emily Dickinson, Claudel, Hölderlin, Saint Jean de la Croix, Virgile, Piero Bigongiari, ou encore Max Jacob.



Pourtant, en fin de recueil, dans la partie « Après coup », le poète s'interroge « Aucun progrès, pas le plus petit pas en avant, plutôt quelques reculs, et rien que des redites ».

Le poète doute, doute de ces mots, doute de pouvoir dire ce qu'il a touché du doigt.

Et pourtant son dernier vers, entre parenthèses, est un hommage à la poésie : »Quelqu'un écrit encore pourtant sur les nuages »



Faut-il entendre la formule « avant l'embarquement pour la nuit » au sens métaphorique ? J'ai eu la chance d'interviewer Philippe Jaccottet à Grignan. Jeune femme passionnée de littérature et de poésie, je m'étais présentée toute tremblante chez lui, et il avait su m'accueillir et me rassurer, tout en me parlant des grandes traductions qu'il a faites.

Un grand souvenir pour moi.



Alors, un seul vers pour terminer :

« le rire d'un enfant, comme une grappe de groseilles rouges ».




Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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A la lumière d'hiver

Jacottet appartient à une génération qui, âgée d'une vingtaine d'années en 1945, a commencé d'écrire dans des temps de détresse, dans un monde où les valeurs humaines avaient déjà été à ce point bafouées que certains se demandaient s'il était légitime d' « écrire un poème après Auschwitz » (Adorno).

« Leçons » et « Chants d'en bas » sont deux livres de deuil. Le poète y engage une méditation sur la parole affrontée à la mort. Comment parler de la mort ?...

(Extrait du dossier de l'édition de 2011)



Je connais très peu la poésie française de l'après-guerre. Jacottet est une révélation. Le poète parle effectivement de la mort, se questionne sur le pouvoir de la parole face au temps qui passe, au vieillissement, au pourrissement. Ses mots sonnent comme des claques. Dans son lexique, on retrouve souvent les mots : hiver, mort, vieux… Influence de la guerre encore proche ?

Ces textes me font penser à Trackl, dans leur noirceur, mais aussi dans cette interrogation sur l'humain, sur le sens de l'existence et la pérennité de nos vies.

Le dossier sur l’œuvre est très complet. Et je me rends bien compte, avec humilité, que mes pauvres impressions sont bien loin de ce qu'une analyse poussée du texte peut apporter.
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A la lumière d'hiver - Leçons - Chants d'en bas..

Je ne connaissais que quelques poèmes de Philippe Jaccottet, également critique et traducteur. Cet assemblage de différents recueils qui s'échelonne de 1966 à 1976 m'a beaucoup plu.



Une thématique commune: la poésie face à la mort, celle des proches surtout. Comment conjurer par l'écriture la perte, le deuil , la vieillesse qui s'annonce? Par une simplicité presque austère, mais qui va à l'essentiel et se révèle clarté et intensité , le poète interroge les mots, le chant poétique:



" Parler donc est difficile, si c'est chercher...chercher quoi?

Une fidélité aux seuls moments, aux seules choses

qui descendent en nous assez bas, qui se dérobent

si c'est tresser un vague abri pour une proie insaississable"



Le poète s'inscrit dans les saisons, l'hiver, saison lucide notamment.Il écoute et observe la nature: les astres, la course du temps, la brume qui angoisse, les oiseaux et la montagne sont de éléments récurrents.



Le ton est nostalgique mais des éclaircies parviennent à trouer les nuages, les images illuminent le présent, redonnent espoir. J'ai été très sensible aux mots , pure évidence et délicatesse.



Une belle rencontre, une quête métaphysique exprimée par les vers qui ne peut que toucher chacun d'entre nous...
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Paysages avec figures absentes

Un moment d'évasion à travers l'interrogation de l'auteur sur ce qui l'entoure, cette présence supérieure à l'essence humaine. les paysages sont absents de tout mais remplis de cette presence illimité et insodable!

Les mots fusent, doux, légers, inquiétants, déstabilisants. L'auteur nous plonge dans cette matière invisible cachée entre les couleurs, dans les silences où les pensées. il cherche le lien entre l'ombre et la lumière entre l'absence et l'oubli, ce lien indispensable sans lequel tout s'écroulerait faute d'harmonie!

C'est léger et dérangeant par moment, c'est surtout poétique, c'est à dire que chaque mot transporte avec lui plus que des images ou des sensations, mais ce nécessaire indicible qui parvient à toucher nos coeurs pour nous rapprocher de ce que l'on nomme, faute de mieux, le sacré.
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La clarté Notre-Dame

Une trentaine de pages écrites entre 2012 et 2020. Suscitées par des instants de poésie pure : au cours d’une déambulation dans une campagne de fin d’hiver, grise et endormie, le son limpide de la cloche d’un couvent proche, celui de la Clarté Notre Dame.

De ce bref moment, Philippe Jaccottet extrait toutes les nuances perceptibles de ce qu’il a entendu comme un appel.



Et c’est cela, cet appel, qui va être la trame des pages suivantes. Appel à une transcendance, à un Très-Haut, dont l’homme très âgé, ressent à la fois l’inquiétude et l’incertaine nécessité. Et en parallèle, le questionnement sur le sens que pourrait prendre la vie écoulée, cette vie consacrée aux mots, à la poésie, la sienne, et celle des auteurs qu’il a aimés.



Avec, en contrepoint d’une existence, tout compte fait, protégée, cette scène d’épouvante dont Philippe Jacottet a entendu la relation lors d’un reportage : un journaliste relâché d’une prison syrienne, parcourant le couloir qui l’amenait à la libération, entendait les cris, derrière les murs, de ceux que l’on continuait à torturer.

La mémoire de Philippe Jaccottet a fait sienne cette scène qu’il n’a pourtant pas vécue. Et c‘est sur elle qu’il achoppe, inévitablement, malgré la poésie. C’est elle qui anéantit l’espoir d’une réponse heureuse au questionnement existentiel «... comme si, à la fin du parcours, aucune parole n’échappait à la violence de bien pire qu’un orage. »



Mais plus tard pourtant, revenant à certains souvenirs de voyages, à ses notes, à ses anciens poèmes, aux vers qu’il a retenus d’Hölderlin, il trouve une cohérence, qui éclaire tout son parcours, dans la constance, la répétition de son émotion, celle « liée à un lieu religieux anodin, une petite chapelle, même modeste, même quelconque, pas même décorée, ou une crypte (...) rencontre, inattendue souvent, inespérée, et pourtant... peut-être poursuivie en le cherchant, du sacré. »



Les derniers mots, d’une sagesse rassérénée, de cet ouvrage sont datés du 7 juin 2020, soit moins de neuf mois avant la mort de l’auteur.



J’ai lu « La Clarté Notre dame » une première fois, il y a plus d’un an. Je venais d’ingurgiter, en toussant souvent, le journal péremptoire, très conventionnel, assez insupportable d’arrogance, d’un auteur du début du 20ème. J’avais d’autant plus aimé, savouré, l’humilité subtile dont Philippe Jaccottet fait preuve dans ses doutes et son questionnement.





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Poésie 1946-1967

Je remonte le temps avec le poète. J'ai d'abord lu ses recueils les plus récents. Me voici maintenant entre 1946 ( il a alors 21 ans) et 1967.



le " je" y est un peu plus présent, notamment le " je" amoureux, mais tout en discrétion, en pudeur:



" Si tu m'aimes,

retiens-moi, le temps de reprendre souffle, au moins,

juste pour ce printemps, qu'on nous laisse tranquilles

longer la tremblante paix du fleuve, très loin "



On trouve dans ces textes de jeunesse déjà l'angoisse de la mort, et cet effacement devant la nature observée minutieusement. Le choix des mots est toujours juste, précis. C'est la première partie" L'effraie" qui m'a attirée le plus.



Poète du passage, de la nuit au jour, des saisons, de la parole aussi, j'admire le souffle de ses mots, mêlés au vent, à l'air, aux oiseaux. Et aussi son attrait pour la terre, le vert, la lumière qui émerge, éphémère, pour transcender les peurs.



Ces deux vers, pour conclure, en témoignent:



" Fragile est le trésor des oiseaux. Toutefois

puisse-t-il scintiller toujours dans la lumière !"







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Le bol du pèlerin (Morandi)

Pureté des lignes, sobriété des teintes, ténacité de la quête, humilité des sujets - des pots, des boîtes, des vases, quelques fleurs pétrifiées ou fanées -"l'absente de tout bouquet" mallarméenne- des paysages esquissés, pulvérulents, lointains, aucune figure humaine ...



La peinture de Morandi est une longue patience, une infinie contemplation, une calme interrogation sur la vie.



Avec tout son talent de poète et d'écrivain, Jacottet nous fait entrer dans l' univers dépouillé et monacal de Morandi par la grande porte: celle de la philosophie- Pascal- et de la poésie- Leopardi- qui sont les sésame-ouvre-toi de cet artiste silencieux et concentré.



La démonstration est convaincante, éclairante, et la très belle édition - La Dogana - achève de nous donner le sentiment d'un privilège.



Celui de pénétrer, sur la pointe des pieds, dans la cellule d'un stylite en méditation...ou d'un pèlerin en prière, tout exténué par sa longue marche.



Et de le comprendre sans parler.



Beau papier, caractères d'imprimerie élégants , reproductions raffinées des huiles, crayons et aquarelles - de petites vignettes en pleine page, en regard d'un texte toujours juste, toujours poétique, toujours limpide...



Aérien.



La grande classe et le plus absolu dénuement.
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A la lumière d'hiver

Ce recueil A la lumière d’hiver m’a permis de découvrir Philippe Jaccottet et sa poésie en vers libres.J’ai apprécié la sensibilité, le lyrisme de certains poèmes (« raisins et figues », évoquant à la fois les lumineux vergers , les vignobles de la Drôme provençale et le souffle pesant de la mort ), je n’ai pas saisi le sens profond d’autres vers qui sont restés, pour moi assez ombreux, . Il me faudra donc approfondir la connaissance de ce poète , peut être, plus tard, par l’étude de L’Effraie .



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A la lumière d'hiver

Ce recueil est un Folio plus, donc avec une partie pédagogique, « recommandée pour les classes de Lycée », (mais pas interdite aux retraités!), contenant, d’une part les poèmes de A la lumière d’hiver, précédés de ceux de Leçons et de Choses d’en bas; et d’autre part, un dossier comportant une mise en perspective d’un tableau avec le recueil de poésie puis un commentaire consacré à la poésie contemporaine, à l'oeuvre de Philippe Jaccottet, et aux poèmes présentés dans le livre.



Si je n’ai pas été convaincu par la présentation d’un tableau dans la veine symboliste de Hodler, peintre suisse de la fin du 19ème siècle, qui sert de point de comparaison avec l'oeuvre du poète (d’origine suisse) Philippe Jaccottet (je trouve que l’on aurait pu en trouver d’autres tout aussi pertinents, voire plus, de Van Gogh, O’Keefe, …), l’analyse de l’apparition du vers libre dans la poésie contemporaine, mode d’expression majeur de Jaccottet, puis des courants de la poésie française, puis de l’œuvre de Jaccottet qui s’inscrit dans le courant « sensible », et enfin des poèmes du recueil, tout cela est très bien fait, très clair.

Et cela même si la classification m’est apparue réductrice et que des poètes importants soient oubliés, tels Andrée Chedid, François Cheng ou Jean-Michel Maulpoix.



Mais revenons à ce qui est essentiel, c’est-à-dire les poèmes de Leçons, Chants d’en bas, À la lumière d’hiver.

C’est peu de dire qu’ils sont tous magnifiques, sur le fond comme sur la forme.



Ce sont des textes en vers libres marqués par la difficulté d’écrire l’énigme de la mort, d’autant plus quand il s’agit d’un proche qui ne sera pas nommé, mais dont sait qu’il est le beau-père de l’auteur dans Leçons, et sa mère dans Chants d’en bas.

La souffrance de la descente vers la mort, l’affaiblissement progressif du corps, la conviction qu’il n’y a rien qu’un cadavre ensuite, et rien d’autre, tout cela est dit dans un langage qui cherche à s’approcher de la vérité, mais qui se méfie des images faciles, de donner dans l’excès, le pathos.

Mais, pourtant, malgré la séparation du deuil, le poète trouve aussi dans l’être absent une lumière qui l’accompagne dans les moments et les gestes de la vie quotidienne.

Et aussi, et j’ai retrouvé ici ce qui m’avait marqué dans d’autres recueils poétiques de Philippe Jaccottet, et surtout ici dans A la lumière d’hiver, l’expérience merveilleuse et toujours renouvelée du contact avec la Nature, même si elle peut se révéler hostile, inquiétante par sa puissance, telle la montagne. Mais aussi aller dans son jardin, voir la neige recouvrir le paysage, et à tout instant se laisser porter par la vie des êtres vivants et inanimés qui vous entourent, ressentir l’instant présent.



Il y a là, avec d’autres mots, d’autres phrases, cette attitude méditative, cette ouverture au monde, cette sérénité que j’ai trouvé chez Andrée Chedid, François Cheng, et bien d’autres poètes.

Mais il y a, c’est sûr, cette prosodie si particulière de Jaccottet, cet agencement des vers libres qui met en relief certains mots, crée un effet de surprise, ou d’attente.

J’en mettrai quelques exemples dans mes citations.

Il y a cette façon unique de tourner autour du sens, d’accepter l’énigme, un façon de sembler vous dire: « Je cherche à vous dire l’indicible, je ne trouve pas, mais je vous invite avec moi sur le chemin », une telle économie de mots, tout cela est extraordinaire, presque mystique.



En conclusion, une triade de recueils poétiques impressionnante par sa beauté austère, par sa puissance dans l’approche du deuil, et par delà aussi, du sens à donner à la vie.

J’ai lu dans d’autres commentaires de cette œuvre que les lectrices et lecteurs la trouvent difficile, voire hermétique.

Personnellement, je trouve que cela participe à sa beauté.

Et puis, après tout, je me dis que si les jeunes élèves de lycée ont ce recueil à leur programme, c’est que l'Éducation Nationale pense (mais elle peut se tromper, comme souvent) qu’il leur est accessible.

Alors, nous qui avec l’âge, devenons de plus en plus entourés par les chers êtres absents, ne pouvons qu’être sensibles à ce que cette œuvre s’efforce de nous dire.

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À la lumière d'hiver - Leçons - Chants d'en bas

L’œuvre de Philippe Jaccottet est une de celles qui m’ancrent le plus dans mon attachement à la poésie. J’y reviens toujours, et la relire me fait éprouver à chaque fois toute l’estime que j’ai pour ce très grand et regretté poète.



L’écriture de La lumière d’hiver, de Leçons et de Chants d’en bas, correspond à une période difficile dans la vie de Philippe Jaccottet. Ils sont tous des recueils qui touchent au thème du deuil.



Le premier, édité en 1969, est particulièrement troublant. L’écrivain y évoque la maladie et la disparition de son beau-père Louis Haestler, « un homme simple et droit ». Touché plus tard par la disparition d’êtres chers, le poète entre dans une période de tourments. Dans ses poèmes, il ne dissimule pas son sentiment de révolte et d’impuissance face à la mort, face à la vacuité de toute existence. Dans une poignante angoisse, il y dénonce l’insuffisance des mots, les carences de l’écriture pour s’approprier l’idée de la mort, sa démesure.



« Une stupeur

commençait dans ses yeux : que cela fût

possible.

Une tristesse aussi,

vaste comme ce qui venait sur lui,

qui brisait les barrières de sa vie,

vertes, pleines d'oiseaux.



Lui qui avait toujours aimé son clos, ses murs,

lui qui gardait les clefs de la maison. »





Le recueil se conclue pourtant par des images plus apaisées, plus lumineuses, comme un essai chez Jaccottet de réconcilier absence et présence.



Publié en 1974, Chants d’en bas fait suite à une autre période difficile de la vie de Philippe Jaccottet, celle assombrie par le décès de sa mère survenu la même année.

Le recueil apparaît comme une suite de la méditation engagée dans Leçons. Pour le poète, ce n’est pas encore le temps de la consolation mais celui d’une dure confrontation avec la mort. Cet intense moment, là encore, le plonge dans une remise en question de la parole poétique, de sa légitimité, mais sans la renier tout à fait. Dans des vers libres, sans aucune emphase, Jaccottet se livre, comme s’il s’adressait à lui-même. Le poème apparaît comme le lieu d’une conscience mise en abîme, chargée des fractures du réel.



« Écris vite ce livre, achève vite aujourd'hui ce poème

avant que le doute de toi ne te rattrape,

la nuée des questions qui t'égare et te fait broncher,

ou pire que cela...



Cours au bout de la ligne,

comble ta page avant que ne fasse trembler

tes mains la peur - de t'égarer, d'avoir mal, d'avoir peur,

avant que l'air ne cède à quoi tu es adossé

pour quelque temps encore, le beau mur bleu.

Parfois déjà la cloche se dérègle dans le beffroi d'os

et boite à en fendre les murs.



Écris, non pas à l'ange de l'Église de Laodicée »,

mais sans savoir à qui, dans l'air, avec des signes

hésitants, inquiets, de chauve-souris,

vite, franchis encore cette distance avec ta main,

relie, tisse en hâte, encore, habille-nous,

bêtes frileuses, nous taupes maladroites,

couvre-nous d'un dernier pan doré de jour

comme le soleil fait aux peupliers et aux montagnes. »





Recueil édité en 1977, À la lumière d’hiver semble clore la méditation entamée avec Leçons et Chants d’en bas. Il est une tentative de sortie du deuil, un essai d’intégrer celui-ci à son écriture. Pour y parvenir, Jaccottet utilise le motif de l’hiver, saison où la nature est dépouillée de tout ornement et où la visibilité se fait ainsi plus vive, plus radicale.



Dans cet hiver symbolique, Philippe Jaccottet aborde de manière plus apaisée le rapport de la mort à la poésie. Ils ne sont plus les deux termes d’une conflictualité, d’une opposition. Quelque chose de l’écriture, du poème va demeurer, va subsister à l’épreuve de la mort. Dans les poèmes d’À la lumière d’hiver, Jaccottet en appelle à la lucidité, celle où la mort, la distance, la séparation, le temps même sont rendus visibles, mis en mots.



Le recueil se clôt sur une promenade nocturne dans un jardin. Le lieu familier, même plongé dans la nuit profonde, devient un lieu de révélation, de connaissance, de valeur presque initiatique. Tout gagne en pureté, en réconciliation dans les derniers poèmes du livre.

La lumière reste précaire mais elle contient dans sa douce clarté tout l’espace du dehors avec sa finitude, reconnu et accepté.



« Les larmes quelquefois montent aux yeux

comme d'une source,

elles sont de la brume sur des lacs,

un trouble du jour intérieur,

une eau que la peine a salée.



La seule grâce à demander aux dieux lointains,

aux dieux muets, aveugles, détournés,

à ces fuyards,

ne serait-elle pas que toute larme répandue

sur le visage proche

dans l'invisible terre fit germer

un blé inépuisable ? »



.

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A la lumière d'hiver - Leçons - Chants d'en bas..

« Qui sommes-nous, qu’il faille ce fer dans le sang ? »





Le fer, l’hiver et la mort. Philippe Jaccottet a composé ces différents recueils de poèmes entre 1966 et 1976 comme différents points d’un parcours de deuil douloureux, achevé plus certainement dans l’échec que dans la sérénité. Pourtant, Philippe Jaccottet s’accroche longtemps à l’espoir d’une renaissance qui passerait d’abord par celle du défunt. Il se demande ainsi :





« Si c’était le « voile du Temps » qui se déchire,

La « cage du corps » qui se brise,

Si c’était l’ « autre naissance » ? »





Mais Philippe Jaccottet est un poète sans foi et ses illuminations ne le réchauffent pas longtemps. Les mots ne sont pas destitués de leur rôle bienfaisant lorsqu’ils contribuent à adoucir les traits de la réalité, mais ils ne valent rien de plus sitôt que l’innocence est abolie.





« Moi, je n’ai vu que cire qui perdait sa flamme,

Et pas la place entre ces lèvres sèches

Pour l’envol d’aucun oiseau. »





Philippe Jaccottet essaie d’appeler au secours les mythes historiques anciens et implore jusqu’aux momies égyptiennes pour croire à la continuité d’une existence que la mort n’achèverait pas brutalement, sans poésie, comme il le craint. Malgré des inspirations d’origine nietzschéennes et la volonté de surmonter son désespoir, le poète ne parvient pas à sortir de lui-même et de la douleur diffuse qui s’étend de ses fibres à son écriture.





« Bourrés de larmes, tous, le front contre ce mur,

Plutôt que son inconsistance,

N’est-ce pas la réalité de notre vie

Qu’on nous apprend ?



Instruits au fouet. »





Ce recueil contient la dépression d’un poète non seulement dégoûté de la vie mais aussi des gestes et des mots qu’elle implique. Il faudrait avoir connu ses actes de composition antérieurs pour les mettre en parallèle avec ces travaux de deuil peu ragoûtants –non pas parce qu’ils parviennent à transmettre leur douleur du poète au lecteur, mais parce qu’ils n’y parviennent justement pas, parce qu’ils confirment à quel point la mort est un événement insignifiant dont le survivant se fait un calvaire précoce et jalousement gardé. Heureusement, surgissent parfois des images et des engouements brutaux qui percent ce sac plein de lamentations pour nous tirer vers des perspectives cosmiques.
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De la poésie

C'est toujours avec un infini plaisir que je reviens vers l'oeuvre de Philippe Jaccottet, poète incontournable et qui demeure toujours aussi actuel.



En février 1988, dans le cadre d'une étude universitaire qu'il menait sur l'oeuvre de Philippe Jaccottet, Reynald André Chalard eut le privilège de rencontrer le poète dans sa demeure de Grignan. « de la poésie » est la retranscription de l'entretien qu'ils eurent à cette époque.



Le propos s'engage facilement. Dans un échange de questions-réponses, Philippe Jaccottet rend compte avec simplicité de son travail d'écriture, de sa méthode, de la fonction du langage, de ses rencontres.



En remontant le long cours de ses nombreux recueils, le poète décrit la part non intentionnelle de son écriture, cette part importante née du hasard, cette recherche d'un idéal de transparence dans lequel l'émotion a la part la plus belle. Pour maintenir cet équilibre, il faut selon lui savoir s'extraire de la pesanteur des mots, des certitudes, des croyances, pour laisser advenir ce dessaisissement de soi, l'instant possible de l'émotion, l'état d'une plénitude intérieure, d'une grâce.



"J'ai toujours le sentiment que ce n'est pas tout à fait moi qui écris comme un écrivain à sa table, mais que c'est ma vie, les jours de ma vie qui écrivent." En plus de la recherche d'un idéal esthétique, les événements de la vie, les moments les plus difficiles comme les plus heureux, ont une vraie influence dans l'écriture de Philippe Jaccottet.



Ce qui marque l'écriture du poète romand, c'est ce point de rencontre inaltérable entre l'intime et l'universel, entre l'inconnu et un rationalisme simple, qui renonce à tout expliquer, à tout répertorier.



La poésie de Philippe Jaccottet a cette double acception : l'harmonie dans l'ordre du réel que nous procure l'expérience de la vue d'un paysage, une promenade en forêt, le parfum d'une fleur,…) et une expression particulière du langage. La poésie est chez Jaccottet cette possibilité de faire remonter l'émotion à la conscience, de mettre cette expérience, cette émotion en mots, en langage.



Au gré de l'échange, Philippe Jaccottet évoque l'influence dans son écriture des haïkus japonais, des lectures de Platon, de Rilke, de ses rencontres, de ses amitiés avec Francis Ponge, Yves Bonnefoy, Giuseppe Ungaretti, ...



"De la poésie" est la rencontre de deux hommes qui avaient beaucoup à partager, à se dire. Un échange teinté d'érudition mais aussi de plaisir à évoquer toute la beauté subtile et généreuse de l'oeuvre de Philippe Jaccottet.



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Ce peu de bruits



Ce recueil de ce grand poète qui vient de nous quitter, date de 2008, année où Philippe Jaccottet avait déjà 83 ans.



Il est beaucoup marqué par la deuil, par la mort des proches, famille et amis, par la vieillesse et les douleurs de l’âge, toutes choses qui parlent d’autant plus que l’on est entré, c’est mon cas, dans ce territoire des «seniors » (une appellation pas plus belle en définitive que celle de vieux).



Et pourtant, ces textes admirables ne sont ni sinistres, ni déprimants.



Ils sont pleins d’une sérénité quasi mystique, d’une grande douceur, et de la merveilleuse beauté musicale d’un texte qui mêle, comme souvent chez ce poète, prose et vers libres.



Le chapitre Notes du ravin est tout bonnement sublime. Et il y a tant d’autres belles pages, celles par exemple consacrées à Kafka.
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A la lumière d'hiver - Leçons - Chants d'en bas..

Philippe Jaccottet, né le 30 juin 1925, est un écrivain, poète, critique littéraire et traducteur. Il a traduit Thomas Mann, Rilke, Goethe.... La traduction est une parie importante de son œuvre. Comme Zweig, il a besoin de connaître le travail d'autres poètes pour se construire lui-même.



Dans ce recueil, Jaccottet semble très affecté par la vieillesse et la mort. Ses poèmes sont des interrogations sur la fin de la vie, la déchéance du corps et de l'esprit. Il s'interroge aussi sur le deuil et la lumière qui revient après. Sa poésie est empreinte à la fois de simplicité et de mystère, parfois imperméable parce qu'il joue avec les mots. Il les détourne de leur sens premier, les choisit avec minutie comme l'horloger le fait de son travail. Par exemple, Il n'utilise pas, dans ses poèmes, le mot "mort" :



"Plus aucun souffle.



Comme quand le vent du matin

a eu raison

de la dernière bougie.



Il y a en nous un si profond silence

qu'une comète

en route vers la nuit des filles de nos filles

nous l'entendrions."



Pour lui, les mots ne peuvent refléter une émotion, un ressenti. Ils mettent même en difficulté le poète dans son travail d'écriture.



"J'aurai beau répéter "sang" du haut en bas de la page, elle n'en sera pas tachée, ni moi blessé"



Ses mots sont sculptés, parfois hors du terreau de leur propre sens, parfois au scalpel de la douleur et leur palette de couleurs est sombre. Pas un sourire ne s'esquisse. Pourtant on sent chez lui un besoin de légèreté, pour cela il fait souvent appel à la nature, les oiseaux sont souvent nommés. Est ce leur poids si léger qui rendent les paroles de Jaccottet moins souffreteuses ?





En tout cas, je suis heureuse de m'être accrochée à ces textes. Ma première lecture, c'est vrai, manquait d'enthousiasme. J'ai même failli abandonner. Mais j'aime (je l'ai déjà signalé dans d'autres billets) quand un poète se laisse apprivoiser. Dis, Philippe, tu veux bien être mon ami ?
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Et, néanmoins

Philippe Jaccottet fait partie de ces quelques poètes auprès de qui j'aime toujours revenir. La lecture du recueil " Et, néanmoins " me confirme l'attachement particulier que j'ai pour son oeuvre poétique.



La réalité des choses, celle d'un paysage, d'une saison, d'un tableau, d'un poème passe toujours par la perception que nous en avons, par l'expérience que nous en faisons. de fait, la réalité n'est en soi jamais absolue. Nos convictions, même les plus ancrées, sont soumises à notre sensibilité, à notre culture, à notre histoire personnelle. Ce que nous pensons être la vérité est en fait soumis à des aléas, à des circonstances, à l'incertitude aussi...

Le travail du poète est fait de cette incertitude, de cette fluctuation de la pensée qui nourrit un rapport intime aux choses. Où chercher, où trouver la vérité dans l'écriture ? C'est ce que met en lumière Philippe Jaccottet dans " Et, néanmoins ".



De courts chapitres, des textes en prose pour interroger le lien entre l'impératif de dire, d'écrire et la part de réserve, de doute qui l'accompagne, qui est aussi sa condition.

Des violettes, un martin-pêcheur, un rouge-gorge, les couleurs du jour finissant, les liserons d'un champ, un rossignol,… Des " Choses sans nécessité, sans prix, sans pouvoir "* pour dire l'incertitude, l'évanescence de l'instant, sa préciosité aussi, qui rend l'acte d'écrire plus nécessaire encore.



" Il y a là de ces vues qui vous font changer d'espace, par l'étroit interstice entre le jour et la nuit, entre l'hiver et printemps ; là, dans l'intervalle, par un simple effet de lumière, on vous offre la représentation (mais sans rien de théâtral) d'un rapprochement entre les choses et les pensées ; les choses sont encore les choses, l'herbe encore l'herbe, mais quelque chose miroite derrière, ou dessous, ou dedans. Cela se passe loin de tout bruit, et à l'abri de l'ombre. En ce moment, et ce lieu-ci, l'ombre n'est plus synonyme de complot, de menace ; au contraire. Elle a pris la forme d'une servante qui vous invite à entrer.

[…] Ce à quoi l'irréelle servante entrevue nous convie, c'est à la nuit « plus aimable que l'aube », à la nuit sans menace et sans opacité. "**



Dans l'écriture de Philippe Jaccottet, le paradoxe est partout saisissant, du temps qui est tenu comme à distance mais qui sert de puissant révélateur à une écriture subtile et pleine de pudeur. L'écriture à l'épreuve d'une sensibilité en quête de soi, touchée par les conditions de son existence. C'est une modestie qui éclaire toute la poésie de Jaccottet.



" Ce que l'enfance a pu vous donner, il y a si longtemps qu'on s'en souvient à peine, ce que l'amour permet quelquefois : que le regard voie plus loin que les haies, les murs, les montagnes, la lumière présente, mieux qu'aucun souvenir, l'offre encore aux vieillards recrus afin qu'ils soient encore un peu vivants. "***





(*) Extrait de " Aux liserons des champs " - p.76

(**) et (***) extraits de " Couleurs, là-bas ". pp,66-67

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Observations et autres notes anciennes (194..

Je ne peux cacher que c'est un ouvrage que l'on tiendra rarement en main par hasard - "et néanmoins" (autre de ses recueils), j'en ai trouvé la lecture agréable et facile, à travers des paragraphes souvent brefs de notes. Je pourrais qualifier cet ouvrage de "notes en vue de..." : en ces années-là, Philippe Jaccottet cherche sa voix, une "voix juste" et s'interroge sur sa propre façon de vivre, d'être au monde, puisque, confie-il, la voix juste existe dans une "vie juste" ; il n'a pas d'art pour le mensonge, et n'a jamais su tirer un poème de ce qui dans sa vie était mensonger.



Ces paragraphes nous entraînent dans le cheminement de ses pensées, ou plutôt interrogations, sur ce que serait un art poétique qui parvienne à appréhender, dans le silence, la détente, une forme d'"accueillance", la réalité des choses, et pour les dire, de trouver les mots les plus justes, qui frappent au coeur. Il s'agit aussi bien de notes sur des choses vues, de courts paragraphes poétiques laissant se déployer un paysage, de réflexions, autour de son projet poétique, parfois de récits de rêves...



Il se crée une harmonie autour de cette réflexion poétique, que l'auteur mentionne la salle V des antiquités orientales du Louvre (Mésopotamie) et une mystérieuse feuille d'or, mais aussi des liens avec Rimbaud et les civilisations primitives, qu'il évoque son siècle perdu juste après la Seconde Guerre Mondiale et ses décombres, ou encore qu'il relate une promenade désenchantée dans le Cimetière des chiens d'Asnières-sur-Seine. Chemin faisant, il parle aussi des poèmes qu'il traduit de l'allemand, notamment de ceux d'Hölderlin.



La vie immédiate est toujours palpitante dans ses pages, mais fragile, en ce que le temps, la mort, ne sont jamais loin. L'homme est passablement désabusé, solitaire, mais toujours il tend l'oreille vers les murmures des choses simples, parfois de toutes petites choses, parfois de grandes et vastes choses.



La poésie est ici davantage le sujet, la cible, que la forme ; toutefois, au détour de chaque paragraphe une phrase magnifique, concise, parfaite de sens, se lève et nous dit "arrête-toi un peu, lis-moi, copie-moi, pense-moi, et surtout assieds-toi et considère ta vie." Ce recueil est un outil redoutable pour oublier tous les mots superflus, pour aller à l'essentiel, là où l'image et les mots ne font plus qu'un et incarnent l'appel dans la nuit, tout près du matin, qui souvent le réveille et le fait frissonner. Cet appel nous touche, il est pour nous aussi.
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Poésie 1946-1967

Quelle belle découverte poétique ! Grâce à un autre Babelionaute qui m'a envoyé ce recueil.



Il y avait longtemps que je n'avais plus eu tant de plaisir à lire un style poétique que je ne connaissais pas.



Courrez, volez, vous qui aimez des vers sans prétention, sans paillettes, épurés, sans roublardise, foncez.



J'ai beaucoup aimé.
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A la lumière d'hiver - Leçons - Chants d'en bas..

Philippe Jaccottet a l'art et la manière d'écrire des instants, des émotions, des sensations, avec peu de mots, l'écho se fait grandiose.

Teintée de nostalgie, de fragilité, ou encore de fugacité, c'est une poésie sensible, presque impalpable comme une barbe à papa de nuage, comme un arc-en-ciel qui se dissout dans le crépuscule.

C'est à la fois reposant et à la fois angoissant car on prend conscience que l'éternité n'est qu'un mot dans le dictionnaire et que nous sommes si peu face la beauté du monde.



"Tu es assis devant le métier haut dressé de cette harpe.

Même invisible, je t'ai reconnu,

tisserand des ruisseaux surnaturels."



"Songe à ce que serait pour ton ouïe,

toi qui est à l'écoute de la nuit,

une très lente neige

de cristal."



Les mots de Philippe Jaccottet : une Poésie de l’éphémère voilà comment je la ressens.

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