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EAN : 9782070120345
136 pages
Gallimard (28/02/2008)
4.21/5   19 notes
Résumé :
«(Ce peu de bruits qui parviennent encore jusqu'au coeur, coeur de presque fantôme.

Ce peu de pas risqués encore vers le monde dont on dirait qu'il s'éloigne, quand c'est plutôt le coeur qui le fait, de mauvais gré.

Pas de plainte là-dessus toutefois, rien qui couvrirait les ultimes rumeurs ; pas une seule larme qui brouillerait la vue du ciel de plus en plus lointain.

Paroles mal maîtrisées, mal agencées, paroles répé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Ce recueil de ce grand poète qui vient de nous quitter, date de 2008, année où Philippe Jaccottet avait déjà 83 ans.

Il est beaucoup marqué par la deuil, par la mort des proches, famille et amis, par la vieillesse et les douleurs de l'âge, toutes choses qui parlent d'autant plus que l'on est entré, c'est mon cas, dans ce territoire des «seniors » (une appellation pas plus belle en définitive que celle de vieux).

Et pourtant, ces textes admirables ne sont ni sinistres, ni déprimants.

Ils sont pleins d'une sérénité quasi mystique, d'une grande douceur, et de la merveilleuse beauté musicale d'un texte qui mêle, comme souvent chez ce poète, prose et vers libres.

Le chapitre Notes du ravin est tout bonnement sublime. Et il y a tant d'autres belles pages, celles par exemple consacrées à Kafka.
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Grâce et subtilité tracent le parcours de ce très beau recueil de notes en prose de Philippe Jaccottet.
Le premier des textes de cet ouvrage (il en compte quatre), "Obituaire" est l'évocation émouvante de quelques amis chers (parmi eux Louis-René des Forêts, André du Bouchet et Pierre Leyris) disparus en quelques années; suit "Notes du ravin", suite d'impressions sur des balades dans les beaux paysages de la Drôme (Méliandre, le Mont Angèle,...) et des régions proches ; Dans "Ce peu de bruits", comme dans "Mais... quelques pages encore lues", l'auteur partage de magnifiques passages de ses nombreuses lectures : Saigyô, Senancour, Keats, Hölderlin, Leopardi, Rilke, Handke, Kafka... Au travers d'eux et de ce qu'il suggèrent, jusque dans les rêves que fait l'auteur, plusieurs thèmes se rejoignent dans une interrogation sur la vacuité de la vie, le doute, la souffrance qui précèdent la mort, l'angoisse, la difficulté d'aborder ces questions, d'exprimer tout à fait les sentiments qu'elles nous inspirent. Dans ces aveux, se révèle une inquiétude mais aussi une tentative d'atteindre, de retenir au plus près, de restituer toujours la part énigmatique de confiance et de beauté que la vie nous offre malgré tout.
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N°303 – Juin 2008

CE PEU DE BRUITSPhilippe JACCOTTET - Editions Gallimard.

Ce titre au pluriel n'est peut-être pas autre chose qu'une prise de conscience de la vanité des choses de cette vie, la certitude que, qui que nous soyons, nous ne sommes rien au regard du monde, de sa permanence et de sa durée. Nous faisons ici-bas un bout de chemin, si peu de choses, avec si peu de bruit et de si peu d'importance, même le chuintement des mots, des gestes et des couleurs...
Quand on perçoit le bout du chemin et qu'on a l'intuition de cette fin que nous redoutons tous sans vouloir se l'avouer, qu'il n'y a peut-être plus rien à dire, et chaque mot se résume peut-être à un murmure, alors on cherche ailleurs, dans les visages et les livres des autres,comme on use d'une boussole, ce qu'on ne peut plus dire, ce qu'on n'a peut-être pas oser faire? Je salue quand même la culture autant que l'humilité de l'auteur!

Philippe Jaccotet parle d'un monde qui s'en va, de ce « coeur presque fantôme » ou « plutôt du coeur [qui s'éloigne] de mauvais gré ». Je choisis d'y voir un fatalisme mal assuré, un amour de la vie contrarié et rien, pas même les paroles « mal maîtrisées, mal agencées... répétitives » ne pourraient valablement accompagner le voyageur devenu « une ombre de ruisseau ». Tout ce qu'on a pu vivre de vrai et de fort durant cette existence est insignifiant au regard « du mystère de la pérennité du monde avec cet espoir insensé de l'existence d'un autre monde, un au-delà incertain et hypothétique ». Son écriture est dénuée d'artifice, comme si ses mots, eux non plus, ne voulaient pas faire de bruit, les couleurs s'estompent peu à peu, comme la vie, il confie à l'écriture son intuition de n'avoir été qu'un quidam, un moment rapide de l'espace-temps jusqu'à l'infini mais à l'intérieur d'une vie d'homme lisse et sans histoire. Il parle simplement d'une chose simple, mais que pourtant, pour des raisons obscures et inavouées nous rejetons tous, la mort ou plus précisément le passage de la vie à la mort. Elle est inévitable et nous fait peur [Victor Hugo parlait du « noir verrou de la porte humaine »] d'autant que ce passage s'effectue le plus souvent dans la plus extrême solitude. L'homme, ce rien, face à lui-même, à ce qu'il a été, a conscience de ce qu'il laisse derrière lui [« Combien il est difficile d'arriver à renoncer à ce monde »] parce que dans le monde occidental la mort reste tabou. Il parle de « ce fond noir au dessus et au-dessous, du même vide » sur lequel poussent le désespoir, le regret violent de cette vie qui s'en va, le néant qui s'approche, qui attire comme un aimant, une impression de « fête qui s'achève », avec pour seul bagage la force des mots.

Ce n'est pas le silence, juste quelques paroles chuchotées, mots écrits dans l'intimité de la nuit peut-être, de l'inspiration assurément, destinés à lui seul mais néanmoins partagés. C'est qu'il est question d'une idée obsédante du trépas. de cela on ne parle pas d'ordinaire, même pour soi ou alors à demi mots parce que, même si elle est inévitable, qu'elle porte la marque de la condition humaine, on la redoute même si on s'en défend. C'est d'abord la mort d'amis dont la disparition laisse sans voix, parce que la maladie torture la fin de vie et que l'épreuve ajoute à l'épreuve, mais que le poète parvient quand même à évoquer à la force des mots, la mort de sa chatte même « une petite âme aux chaussons de fourrure, peu de chose, mais quand même », animal familier de l'écrivain situé comme lui entre deux mondes, pas tout à fait de l'un, jamais vraiment de l'autre. Leur silence se complète et se comprennent dans cet équilibre chaque instant remis en question. La mort, qui qu'elle frappe, révolte toujours parce qu'elle est la fin de quelque chose que nous connaissons et le commencement hypothétique d'autre chose, avec cette immense interrogation d'un autre monde dont certains affirment qu'il est une réalité forte et intraduisible et que d'autres nient non moins farouchement. Devant cette simple mais terrible interrogation, il y a l'homme et l'écrivain qui n'a pour la combattre que l'arme de ses mots, défense dérisoire et combat perdu d'avance mais un combat juste, légitime et honorable qui tire son importante nécessité du le seul fait qu'il est désespéré.

L'auteur se rattache à la beauté des choses, de la terre si souvent chantée, de la nature, des choses belles faites pour l'homme, au chuchotement de l'inspiration, cette voix venue on ne sait d'où et qui vous frappe ou plutôt qui se manifeste à vous dans le silence ou l'immatérialité de l'instant. Il en naît parfois un chef-d'oeuvre ou parfois rien d'autre que du vent mais un vent qui vient d'un ailleurs insoupçonné et qui s'impose par sa seule force sa seule existence, s'installe et s'offre à tous comme le cadeau définitif et irréel de la vie « poème comme un reflet qui ne s'éteindra pas fatalement avec nous ».

Cette écriture a cette fluidité simple qu'il puise sûrement dans la transparence de cette nature qui s'offre à ses yeux . A l'inverse de la prose qui est souvent précise, le poème lui reste sur le seuil des choses en ce qu'il offre au lecteur attentif un supplément d'inspiration pour lequel il prolonge pour lui et peut-être à son seul usage l'instant d'émotion de l'auteur, se l'approprie, le poursuit et le prolonge;







© Hervé GAUTIER – juin 2008.
http://monsite.orange.fr/lafeuillevolante.rvg 

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Jour de janvier, ouvre un peu plus grands les yeux,
fais durer ton regard encore un peu
et que le rose colore tes joues
ainsi qu'à l'amoureuse.

Ouvre ta porte un peu plus grande, jour,
afin que nous puissions au moins rêver que nous passons.

Jour, prends pitié.
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La dernière sonate pour piano de Schubert m'étant revenue hier soir, par surprise, une fois de plus, je me suis dit simplement : « Voilà.» Voilà ce qui tient inexplicablement debout, contre les pires tempêtes, contre l'aspiration du vide ; voilà ce qui mérite, définitivement, d'être aimé : la tendre colonne de feu qui vous conduit, même dans le désert qui semble n'avoir ni limites, ni fin.
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Ce peu de bruits qui parviennent encore jusqu’au cœur, cœur de presque fantôme.

Ce peu de pas risqués encore vers le monde dont on dirait qu’il s’éloigne, quand c’est plutôt le cœur qui le fait, de mauvais gré.

Pas de plainte là-dessus toutefois, rien qui couvrirait les ultimes rumeurs ; pas une seule larme qui brouillerait la vue du ciel de plus en plus lointain.

Paroles mal maîtrisées, mal agencées, paroles répétitives, pour accompagner encore le voyageur comme une ombre de ruisseau.
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La dernière sonate pour piano de Schubert m'étant revenue hier soir, par surprise, une fois de plus, je me suis dit simplement : "Voilà" voilà ce qui tient inexplicablement debout, contre les pires tempête, contre l'aspiration du vide ; voilà ce qui mérite, définitivement, d'être aimé : la tendre colonne de feu qui vous conduit, même dans le désert qui semble n'avoir ni limites, ni fins. p 31
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Il faut désembuer, désencombrer, par pure amitié, au mieux : par amour. Cela se peut encore, quelquefois. À défaut de rien comprendre, et de pouvoir plus.

p.53
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