AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Roberto Saviano (312)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Un livre choc, une claque. Les agissements, les comportements de la camorra, la mafia napolitaine. La guerre des clans, les meurtres, l'importation de contrefaçons, l'exploitation de la main-d'œuvre immigrée ou non, la "gestion" des déchets, le silence des habitants, etc.. Et puis, au milieu de tout ça, la justice italienne qui mène un combat qui semble perdu d'avance contre l'argent et le pouvoir.



Dans ce texte très personnel, l'auteur, lui-même napolitain, nous fait ressentir la colère qu'il a en lui. L'envie de parler, de dénoncer, parce que c'est la seule manière de se sentir vraiment homme. Malgré tous les risques que cela comporte. Un héros ?
Commenter  J’apprécie          70
Je suis toujours vivant

Je tiens Roberto Saviano en grande estime. J'ai le plus profond respect pour ses ouvrages et ses combats. Je rejoins la critique de JamiK pour cette BD... La question principale est: qu'est allé faire Roberto Saviano dans une BD sur sa vie?



Roberto Saviano a une excellente plume. On le sent dans la BD. D'ailleurs, elle est parfois un peu verbeuse, ce qui n'est jamais bon signe. Il se lie à Asaf Hanuka, qui est loin d'être un dessinateur de seconde zone. Il va multiplier les angles d'attaque, entre interviews, modification de la charte graphique, pleines pages, flashbacks, souvenirs d'enfance... de manière à tonifier un récit qui en a parfois bien besoin.



Qu'on ne s'y trompe pas... mes critiques sont destinées à l'objet BD, par à Saviano ou à Hanuka. Je pense que la BD n'était pas le bon médium pour parler de ces 15 ans de protection policière, des angoisses de se faire abattre ou empoisonner, des déménagements, des problèmes de mener une vie de couple, du fait de prévenir sa mère qu'il est vivant alors que les journaux l'annoncent exécuté, des procès ou des altercations avec la mafia qui met un contrat sur sa tête...



OK, il veut rajeunir son public, renouveler son auditoire, il se rappelle à la jeunesse qui n'était pas née il y a 15 ans et ne le connaît sans doute pas. Nous vivons à une époque où ce qui n'est pas vu n'est pas connu... Saviano a peur de tomber dans l'oubli, ce qui serait la plus belle victoire de Cosa Nostra, finalement. C'est sans doute la plrincipale utilité de cette BD à l'esthétique impeccable.
Commenter  J’apprécie          60
Le contraire de la mort

Roberto Saviano est célèbre plus pour le sort qui lui est promis que par ses écrits. Depuis Gomorra (2006) consacré à la Camorra, triomphe littéraire international, devenu film de Matteo Garrone puis série, Saviano vit à l'étranger sous protection, menacé par la pieuvre napolitaine. Deux nouvelles dans ce mince recueil. Seule la seconde, La bague, revient sur la mafia, narrant en vingt pages comment Vincenzo et Giuseppe, deux jeunes napolitains n'ont pu survivre. Leur crime, avoir tenté de résister à l'horreur ancestrale. Sobre, serrée, essentielle, l'écriture de Saviano installe très vite le décor. Et la honte de vivre là, en cette ville gangrenée où le simple fait de naître est une faute, où le premier souffle et la dernière quinte de toux ont la même valeur, la valeur de la faute. C'est bref, précis, la violence y est fulgurante j'oserai dire, hélas, efficace. Cette saloperie de société criminelle, bien loin du Parrain, se porte bien.



La première nouvelle, Le contraire de la mort est sous-titrée Retour de Kaboul. Maria n'a que dix-sept ans quand son amoureux s'engage dans l'armée. Et c'est l'Afghanistan. A priori seul ascenseur social envisageable pour un petit gars de Naples. Et puis les talibans, un camion, ou un char. Maria ne sait pas très bien et semble peiner à comprendre. Sans grandiloquence ni pathos Roberto Saviano cerne bien la jeune Maria, presque une enfant. Ces guerres récentes, un peu oubliées. Les morts de Bosnie, du Kosovo.



80 pages, regroupées sous le vocable Scènes de la vie napolitaine, et c'est assez pour saisir le drame intime de Naples, de la Campanie, et accessoirement du monde entier. Je ne tresserai jamais trop les louanges de la concision. A l'heure où le moindre auteur nous gratifie de 500 pages parfois indigestes, où tout metteur en scène de cinéma croit déchoir en dessous de 140 minutes, ça me plairait, ça, l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          60
Je suis toujours vivant

Qu’est ce qu’une vie sous protection policière ? Comment faire entendre sa voix quand on est menacé de mort ? D’où vient la volonté de dénoncer les systèmes mafieux au péril de sa vie ? Autant de questions auxquelles cette bande dessinée apporte des réponses.

Le témoignage de Savianio est servi par un dessin de grande qualité, qui nous enferme dans le quotidien de l’auteur et joue habilement avec les couleurs pour imprimer un ton, une teinte, à chaque chapitre : la famille, les menaces, les symboles…

A lire car au-delà du combat contre la Pieuvre, c’est d’humanité et de justice dont il est question et en ces domaines, nous pouvons tous apporter notre pierre à l’édifice. Ce serait en tout cas une belle façon de rendre hommage à Roberto Saviano.
Commenter  J’apprécie          60
Le contraire de la mort

🥀 « Qui addestrano a considerare tutto ciò che accade come inevitabile. È qualcosa di diverso dall’antico fatalismo che fa accettare a braccia aperte e ginocchia piegate ogni cosa. L’addestramento quotidiano a prendere tutto come viene qui ti spinge a un’ attitudine persino più invasiva. Se è capitato, devi cercare di trarne un vantaggio e questa attitudine ti impedisce di capire. Capire come vanno le cose, come possono essere evitate, da dove vengono. » (p.16)



🥀 Saviano est un journaliste et romancier napolitain. Depuis 2013, année où il publie son roman intitulé Gomorra (relatant la réalité des activités de la mafia napolitaine appelée Camorra), il est menacé de mort et doit vivre sous protection policière. Cela ne l’arrête pourtant pas de continuer d’explorer les drames et les dommages causés par la Camorra et de les dénoncer dans des romans et publications.



🥀 Ce livre intitulé « Le contraire de la mort », réunit deux courtes mais ô combien percutantes nouvelles (en édition bilingue). Saviano y dénonce la violence des hommes, celle de la mafia en particulier, à travers l’amour et la mort, l’espoir et le temps, le deuil et la mémoire.



🥀 Il y a d’abord l’histoire de Maria, une jeune fille de dix-sept ans dont le petit ami est décédé en Afghanistan, après s’être enrôlé dans l’armée. A l’aube de sa vie, Maria erre dans la ville, toujours de noir vêtue, traînant pour seuls souvenirs tous les projets qu’elle n’accomplira jamais.



🥀Il y a ensuite « l’anello », histoire d’une amitié pulvérisée, de mauvais coup du sort, de traîtrise et de menaces, à travers les yeux d’un homme qui se souvient de son adolescence et de son premier amour et de la fameuse « bague » qu’il a glissé au doigt de sa fiancée pour dissuader les autres garçons de s’approcher d’elle.



🥀 Histoire d’un Sud qui crève de s’en sortir mais où l’argent sale se gagne plus facilement qu’en travaillant dignement, quel avenir pour ces jeunes ? Une vie de misère, de « fatica », de dure labeur pour essayer de s’en sortir honnêtement. Mais la mafia règne en maître sur la ville, et il est bien connu que la nuit, tous les chats sont gris. Les « vendette » ont lieu à la nuit tombée, dans l’ombre d’un jour couchant, où coupables et innocents se confondent. Ce qui compte, c’est la mort, le symbole de ce qu’elle représente, les messages qu’elle diffuse. « On est là ».



🥀 Un roman poignant et terriblement triste.
Commenter  J’apprécie          60
Piranhas

« Piranhas » est un roman dur, intense traduisant une certaine réalité des années presque 2020, avec de nouvelles générations nourries très tôt aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux, à Youtube, aux films de super héros et qui ne respectent plus aucun code ni hiérarchie traditionnelles.



Pressés de « réussir » selon les critères actuels d’argent et de pouvoir, ces gamins féroces éliminent impitoyablement leurs ainés dépassés et plongent la ville de Naples dans une spirale de violence et de chaos…



Outre son sujet brulant et son style précis, « Piranhas » se montre du reste plutôt ambigu et pourrait laisser à penser à une certaine fascination de Saviano pour son sujet, les « baby mafieux » dont il vante les exploits.



Du reste, le personnage principal du roman, se montre un personnage froid et calculateur idolâtrant Machiavel et non un gamin irresponsable abreuvé de jeux vidéo…ce qui ne cadre pas tout à fait me semble-t-il avec le fond du sujet : la violence incontrôlable de ces enfants mafieux.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
Commenter  J’apprécie          60
Baiser féroce

D'une plume plus assurée que dans Piranhas, Roberto Saviano, après l'ascension fulgurante, dépeint cette fois le déclin. Semblables à des héros tragiques contemporains, Nicolas et sa paranza doivent maîtriser leur hybris sous peine de voir leur pouvoir décroître et les trahisons éclore... L'argent et l'ambition règnent en maître, à Naples plus qu'ailleurs (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/07/09/baiser-feroce-roberto-saviano/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Ce livre a déjà une dizaine d’années mais n’a rien perdu de sa force . Le film et la série traduisaient dans le langage du romanesque et de l’émotion ce constat glaçant sur la noire puissance de la Camorra . Cet essai a le mérite de dévoiler l’envergure mondiale de son influence à partir d’enquêtes personnelles, des rapports de l’antimafia et des témoignages de repentis. Et surtout de démontrer de manière implacable la parfaite adéquation du monde des « parrains » avec celui du capitalisme financier mondialisé (au nom de la célèbre devise de Mandeville « les vices privés font la vertu publique » ) . Ces hommes qui par leurs trafics donnent du travail dans leurs provinces abandonnées mais dans leur frénésie d’accumulation (dont ils ne profitent pas trop occupés à fuir police et rivaux ) en pourrissent, le sol de déchets, et l’esprit de violence sont une parfaite mise en abyme de ce système qui détruit pour les actionnaires le seul monde que nous ayons.
Commenter  J’apprécie          60
Baiser féroce

Dans une parfaite continuité narrative avec le précédent roman de Salviano (Piranhas), les protagonistes de Baiser féroce sont toujours les mêmes, juste grandis de quelques mois et encore assoiffés de pouvoir.



Les ruelles dangereuses de Forcella sont le théâtre d’un récit sanglant, le réalisme est poussé à l’extrême par l’utilisation d’une écriture pénétrante et d’un langage cru et glaçant. Il y a peut-être un peu de l’héritage de Giovanni Verga dans la manière de décrire les scènes du quotidien de cette jeunesse violente et abandonnée. Des gars qui, pour voir leur talent reconnu, préfèrent agir illégalement, la vente de cocaïne devient le moyen le plus rapide de gagner une place au soleil.



Les protagonistes se heurtent, s’unissent pour rompre ces alliances après, s’entretuent, ne font confiance à personne et, lorsqu’ils le font, ils se trompent, un tourbillon qui les plonge au cœur de l’enfer.



Dans Baiser féroce, Saviano s’interroge particulièrement sur le rôle des parents des jeunes criminels, et des mères en particulier. Le livre décrit des femmes qui n’acceptent pas la vie hors la loi de leurs enfants et cherchent de l’aide se tournant vers l’État, mais aussi des mères qui, au contraire, éduquent leur progéniture au besoin d’un succès à obtenir coûte que coûte et à la recherche de l’argent facile.



Le roman est, comme toutes les œuvres de Roberto Salviano, dur et frappe fort grâce à son authenticité, même s’il s’agit d’une fiction ce qui est décrit est bien le quotidien pour une partie de napolitains. Si l’un des buts de cet ouvrage est de faire connaître pour comprendre, d’esquisser cette société de jeunes qui vivent leur vie en brûlant tout à leur passage, la mission est brillamment accomplie.



C’est un livre engageant que je conseille sans hésiter après avoir lu Piranhas.
Lien : https://blog.lhorizonetlinfi..
Commenter  J’apprécie          60
Piranhas

Trouver un qualificatif pour situer ce texte est compliqué. Nous sommes dans une fiction romanesque qui prend sa source dans une réalité peu connue. Ce livre serait passé inaperçu ou presque s'il n'avait été écrit par l'auteur de Gomorra, Roberto Saviano qui, depuis, vit sous protection policière. L'enquête a été adapté au cinéma et a eu un succès considérable à l'international. Ici, nous sommes à Naples, aujourd'hui, chez les ados ou pré-ados pour certains. Le microcosme dont il est question n'est pas une peinture sociale destinée à faire pleurer dans les chaumières. Les gamins sont issus de classe moyenne, dont les parents travaillent, avec quelques difficultés certes, mais ne vivent pas dans des bidonvilles, sont scolarisés. Il y a néanmoins un terreau favorable à l'éclosion d'une criminalité ultra-violente : les trafics en tous genres fleurissent, la police est dépassée et quelques familles tiennent la rue, tradition napolitaine, argent vite gagné, vite dépensé, le tout sous les yeux envieux d'enfants nourris aux jeux vidéos et autres séries US. La frontière entre la virtualité et la réalité n'existe plus quand vous pouvez accéder au même rang que ceux que vous admirez, que vous pouvez servir, dans un premier temps, éliminer ensuite pour prendre leur place. C'est un jeu, hymne à la satisfaction immédiate des besoins les plus primaires, quel qu'en soit le prix. Tu t'affirmes en éliminant celui qui t'empêche de te faire plaisir, deviens le chef.

Aucune projection dans l'avenir n'est autorisée, celui-ci n'existe pas, vivre le présent, comme tous les ados, est le leitmotiv, seuls les moyens changent.

L'effarante réalité qui est décrite ici a-t-elle un équivalent ailleurs ?

Je ne sais pas.

Quand vous irez à Naples, pensez à eux.

Commenter  J’apprécie          60
Piranhas

Nous sommes à Forcella, quartier populaire de Naples,





Avec Roberto Saviano nous suivons la formation d'un gang d'enfants, qui nous entraîne au plus sombre de l'âme humaine.



Roberto Saviano sait de quoi il parle quand il dépeint les rouages de la Camorra, les guerres de gangs, les trafics de drogue, d'armes et autres escroqueries : en 2006, il publie Gomorra, un essai sur la Camorra , puis en 2013 Extra pure : voyage dans l’économie de la cocaïne , et est depuis placé sous protection policière.



De "protection" justement il y est beaucoup question dans Piranhas, quand les bandes s'entre-tuent pour prendre le contrôle du centre de Naples.

On y suit donc la naissance d'une nouvelle bande organisée, une paranza ,dont la particularité est l'âge particulièrement jeune de ses membres, et l'absence de liens familiaux de la plupart avec la mafia.



Une "camorra 2.0", où l'on apprend à se servir d'armes sur internet et dans les jeux vidéos avant de s'entraîner sur des cibles choisies au hasard, où l'on cite Machiavel ou une série américaine, tout en se servant des réseaux sociaux comme d'une nouvelle arme ou en s'inspirant de DAESH .



Le culte de l'argent, la domination, la violence, comme seuls moyens d'exister. Terroriser pour être reconnu.



Si l'auteur s'est inspiré de faits hélas réels, le côté romancé renforce le poids de ce texte, on entre dans la tête de ces jeunes, on arrive à comprendre leurs motivations, et c'est d'autant plus glaçant.
Lien : https://lecture-spectacle.bl..
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

"Je suis né en terre de camorra, l'endroit d'Europe qui compte le plus de morts par assassinat, là où la violence est la plus étroitement liée aux affaires et où rien n'a de valeur s'il ne génère pas de pouvoir".



Une lecture passionnante et inquiétante. Roberto Saviano est écrivain et journaliste, né de Naples, et met en lumière l'histoire, les codes, le mode de fonctionnement et les business de la Camorra dans sa région natale. Un monde impitoyable où la morale est piétinée sur l'autel des affaires : trafics d'armes, de tanks, assassinats de femmes, d'enfants, de prêtres, d'hommes politiques, deal, racket, enfouissement de déchets toxiques, contrefaçons, entreprises de BTP mafieuses... en toute impunité.



Roberto Saviano décrit avec précision toutes ces activités de la Camorra, démontre sa toute puissance, laisse deviner sa richesse, pointe du doigt la duplicité des pouvoirs publics ainsi que le fatalisme des habitants pour qui la Camorra est la principale source de revenus, et qui vont jusqu'à créer des émeutes lorsqu'un parrain est arrêté afin d'éviter les représailles.



Un style d'écriture cru, fluide, parfois drôle, qui laisse deviner la frustration liée au sentiment d'impuissance de Roberto Saviano. Un plaidoyer de 460 pages qui a valu à son auteur d'être placé sous escorte policière, car menacé par la Camorra. Un cri du coeur qui donne au lecteur l'impression que, dans la région de Naples, la Camorra est partout. Qu'elle ne dérange pas le pouvoir car elle EST le pouvoir.

Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Gomorra permet à Roberto Saviano de décrire les mécanismes et les activités de la camorra basée dans la région de Naples. Ainsi il passe en revue les activités de contrefaçon et les point s de vente de ces produits dans toute l'Europe, la vente de drogue, la « gestion » et le « traitement » des déchets ménagers et toxique. La camorra dans ses activités appliquent un libéralisme forcené et même si les activités sont illégales, cela bénéficie à la population et à l'économie.



Car bien peu de personnes s'opposent à la présence de la camorra. Un prêtre fait un appel au refus des activités et il finit tué d'une dizaine de balles. Un élu local refuse que les marchés publics soient trafiqués et il finit avec deux balles dans la tête, le corps jeté dans un puits qui sera détruit à la grenade pour ne laisser aucune trace.

Les enquêtes judiciaires sont fréquentes, permettent la confiscation de biens immobiliers, l'incarcération de certains membres de la camorra mais celle-ci est toujours présente.



Gomorra, au-delà d'être un document exhaustif sur la camorra, est un moyen pour Saviano de dénoncer cette « organisation ». Car il est né sur ces terres, il aurait pu devenir l'un d'entre eux. Mais il refuse que des jeunes de 15 ans soient tués par des balles perdues lors de règlements de compte, mais il refuse la destruction de sa région par le béton et par les déchets. Ce qui lui vaudra d'être condamné à mort en Italie et de devoir vivre en exil.
Commenter  J’apprécie          60
Le combat continue

Ce n’est pas sans me rappeler de l’histoire de Giovanni Falcone, ce juge italien figure de la lutte antimafia et assassiné en 1992, que je me suis lancée dans la lecture de ce roman-témoignage de Roberto Saviano.



Cet homme de trente-deux ans vit depuis six ans sous protection policière. Et pour cause, en 2006 paraît Gomorra, récit dans lequel il dénonce ouvertement les activités de la Camorra, Mafia napolitaine. Menacé de mort, accusé par Silvio Berlusconi de donner une « mauvaise image de l’Italie », cet écrivain engagé est le symbole d’une lutte quotidienne où, à force d’engagement, de recherche et d’écriture, il trouve la force de combattre une des plus puissantes entreprises mondiales, la Mafia.



Le combat continue est un recueil de différents sujets liés à la Mafia, abordé par l’auteur dans son émission télévisée Vieni via con me, diffusée sur RaiTre à la fin de l’année 2010. Une émission qui contre toute attente a battu tous les records d’audience de la chaîne. C’est dire que les italiens sont touchés dans leur âme par les agissements de la Mafia, par les corruptions, les injustices.

Roberto Saviano nous dit son engagement pour une Italie unie et fière, à un moment de l’histoire où la Lega Nord (la Ligue du Nord) souhaite une scission entre l’Italie du Nord et du Sud. Ce qui prouve aussi que le problème majeur qui permet à la Mafia de croître sans réel souci est le détachement de certains : ça ne nous regarde pas, c’est loin de nous, on ne pourra jamais les arrêter, etc. Autant de phrases intolérables pour un homme qui vit pour ce combat. Grâce à ses discours, sortes de témoignages, il nous met face à la réalité : la présence de la Mafia (l’exemple de la ‘Ndrangheta) au Nord de l’Italie et notamment à Milan ; la gestion catastrophique des déchets dans la région de Naples ; les élections achetées ; la reconnaissance des criminels mafieux dans la mort (enterrement à l’église et honneurs), etc. Mais il met aussi en lumière la force de quelques irréductibles inconnus à lutter contre les Mafias.



Ce que je retiens de ces différents récits, c’est l’urgence de ne plus considérer la Mafia comme impossible à vaincre. Selon l’auteur, c’est en pensant ainsi que rien n’est faisable puisqu’on part perdant d’avance. Il rappelle le combat de Giovanni Falcone, isolé durant toute son action et dont la reconnaissance n’est venue qu’une fois mort.



Avec des mots simples, des histoires émouvantes et percutantes, Roberto Saviano nous ouvre les yeux. Nous, français, pour qui la Mafia nous semble une chose lointaine, presque exotique, et pourtant plus proche de nous qu’on voudrait bien nous le faire croire.

A la fin du livre, un entretien inédit ; Autoportrait d’un boss ; avec Maurizio Prestieri, un repenti, ancien boss camorriste. Un texte excellent et exceptionnel qui clôt parfaitement cet ouvrage.



A tous, je conseille cette lecture.
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

A mi-chemin entre l’enquête et le témoignage, Gomorra, juste mélange entre la ville de Gomorrhe et la Camorra, nous plonge dans les banlieues nord de Naples où la misère et la pauvreté ont eu raison des scrupules de ses habitants : jeunes et vieux, hommes et femmes, tout le monde participe à l’expansion de la pieuvre que représente le clan : traficants d’armes, dealers de quartier, gros industriels ou même simples "sous-marins", toutes les classes sociales et tous les métiers sont représentés à la Camorra. La guerre gronde entre les clans et la violence règne en maître dans le "système". L’un des plus grands réseaux international du crime organisé a trouvé son QG et l’expression "oeil pour oeil, dent pour dent" n’a jamais été aussi vraie.



De l’histoire de ce grand styliste italien qui vend son savoir-faire aux chinois, en passant par la guerre du quartier de Secondigliano, de ce témoignage de Mariano qui voue un véritable culte à Mikhaïl Kalachnikov ou encore de ces enfants qui s’entraînent à devenir camorristes en se faisant tirer dessus à travers un gilet pare-balle, tous les crimes de la mafia, sont passés au crible : Roberto Saviano n’épargne pas le lecteur. Les meurtres sont commandités par dizaines et les règlements de compte n’en finissent plus d’empoisonner la vie des napolitains. Mais c’est comme ça. Et l’auteur nous montre bien comment se régit la loi implacable des parrains. Des nombreux films qu’on a tous pu voir sur le sujet comme Scarface, rien n’est exagéré : trafics en tous genres, règlements de compte, blanchiment d’argent, tous ces crimes sévissent bel et bien de nos jours.





Témoin privilégié d’une Naples rongée par la corruption et la terreur, Roberto Saviano a mené une investigation dangeureuse au coeur du système. Originaire de la ville, l’auteur connait certains acteurs de la mafia. D’ailleurs, tous les napolitains connaissent au moins un affilié. S’appuyant sur les enquêtes menées par la DDA (Direzione distrettuale antimafia) et par les procureurs, les témoignages des repentis et bien sûr ceux des napolitains, Roberto Saviano a joué au détective. Le résultat de son travail est très dense et la lecture de son livre ne laisse pas indemne. Les détails sont décrits avec une froideur déconcertante et c’est peut-être ça finalement qui donne tant de force au roman. Seule l’écriture m’a dérangée : j’ai trouvé le style inégal. L’auteur navigue entre le style direct et indirect, entre le roman et l’article journalistique, entre le récit et l’énumération. Et je trouve ça bien dommage car cela a nui à la fluidité du récit.



Suite à la publication de son livre, Roberto Saviano est obligé de vivre sous protection rapprochée. Son oeuvre a mis au jour l’un des réseaux mafieux internationaux les plus puissants. L’adaptation cinématographique de Gamorra très bien réalisée par Matteo Garrone a reçu un immense succès à sa sortie en salle en 2008. L’extrait présenté ci-dessous correspond au début du film.
Lien : http://livresacentalheure-al..
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

J’avais grandement apprécié la libre adaptation par Matteo Garrone de "Gomorra", et je pense qu’elle est une des causes de ma petite déception après la lecture de l’œuvre phare de Roberto Saviano. Pourtant, les deux premiers chapitres sont réussis. On est tout de suite au cœur de l’action par une entrée dans le port de Naples puis la découverte des activités économiques de la filière textile à travers deux personnages, Xian et Pasquale. Mais la suite s’enlise dans une fastueuse énumération des différents clans napolitains qui, même si elle rend compte des pratiques violentes et animales de ces intégristes du capitalisme, reste trop proche d’un rapport judiciaire vide de toute construction narrative. Roberto Saviano a tout de même réalisé une œuvre dense, écrite à la manière d’un journal, mettant à jour un travail d’enquête et de réflexions sur la situation tragique de Naples et de la Campanie. C’est le cri d’un homme qui ne veut pas baisser les yeux devant tant d’horreurs et de bestialités, un homme qui aime sa ville et n’en peut plus de voir sa lente mais sûre destruction quotidienne.
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Voici un livre d'une espèce rare. Je m'attendais à une sorte de reportage à l'américaine, avec des noms, des faits, des anecdotes frappantes. Et de fait, on y trouve des noms, des faits, des histoires frappantes, toutes vraies. Mais Gomorra est plus que cela. C'est un livre de combat, une tentative à bouts de nerfs de faire de la parole une matière, une arme, capable de frapper l'ennemi pour le tuer.



(suite sur le blog)
Lien : http://lependu.blogspot.com/..
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Ce n'est pas un roman policier et pourtant Gomorra en a la puissance narrative et la noirceur effrayante. Dès la première page, le lecteur prend sa première claque avec la chute de corps depuis un conteneur. Cet accident vite effacé semble banal dans ce port de Naples où transite aussi des nombreuses marchandises illicites. C'est le début d'une longue série de constats précis et documentés sur le fonctionnement de la mafia italienne et de son poids économique. Une telle accumulation produit vertige et écoeurement auprès du lecteur. De la mode à l'immobilier en passant par le traitement des déchets, rien n'échappe à la voracité financière cette mafia. Il n'est pas étonnant que son auteur se soit attiré les foudres de la Camorra avec une tel document à charge...



La seule lueur d'espoir vient de Don Peppino Diana, un prètre, qui s'oppose par le verbe et l'écrit non seulement à leurs trafics mais aussi à la philosophie de cette camorra qui banalise et encourage les délits, les assassinats et la loi du silence. Il ne se contente pas d'homélies ou de condamnations lors des enterrements, Don Peppino publie aussi une tribune dans un journal. Malgré le respect que la mafia peut avoir pour la religion, elle fera assassiner ce prêtre devenu trop dangereux... J'ai été très sensible à cette belle ode à la résistance par les mots qui mériterait d'être reprise dans beaucoup d'autres domaines.
Commenter  J’apprécie          60
Gomorra : Dans l'empire de la Camorra

Flippant au possible quand on conclut que les chefs mafieux sont prêts à empoisonner leurs propres terres, à vivre cachés sous des villas de luxe sans en profiter, juste pour posséder le pouvoir suprême qui fait que l’on baisse les yeux à leur passage. Et les plus jeunes sont prêts à vivre et à mourir vite pour leur ressembler. La mise en coupe de l’Italie du sud est terrible, mais le pouvoir économique s’étend bien au-delà et est paradoxalement l’un des piliers de l’économie mondiale, malgré sa nuisance. Et les ramifications de cette camorra sont partout. Dans sa préface, écrite dix ans après le livre, l’auteur partage cette solitude de l’écrivain, qui ne peut plus vivre sans protection policière, et qui ne reverra sans doute jamais plus Naples.
Commenter  J’apprécie          50
Piranhas

Je n'avais jamais lu Roberto Saviano, probablement parce que la couverture presse de cette intellectuel italien est suffisamment bonne en France pour que je n'éprouve pas le besoin de lire ses fictions.



De fait j'ai eu tort car en plus d'être bien écrit et entraînant, ce récit d'une bande de gamins motivés par l'un d'entre eux à entrer dans le système mafieux de Naples est d'une lucidité implacable. Mu par un désir de liberté, la trajectoire du jeune Nicolas explique parfaitement le verrouillage qui s'opère dès le début.

J'y ai aussi trouvé une certaine forme de leçon sociale très actuelle (l'homme est un loup pour l'homme) et aussi étonnamment personnelle quand on se sent parfois assujetti aux pressions extérieures. Cette lecture ravive tout à la fois le sentiment de révolte, la conscience politique et l'envie d'échapper au réel.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Roberto Saviano (2302)Voir plus

Quiz Voir plus

Tintin : 24 Albums - 24 Questions

Dans Tintin au Pays des Soviets, comment Tintin s’évade-t-il de sa cellule de prison ?

En prenant le garde par surprise
En scaphandre
Milou vole les clefs
Il ne d’évade pas, on le libère

24 questions
402 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd belge , bd aventure , tintinCréer un quiz sur cet auteur

{* *}