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Critiques de Sébastien Japrisot (497)
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Un long dimanche de fiançailles

Je viens de fermer ce livre. Je suis scotché à mon fauteuil. Quand je pense que c'est par hasard que je l'ai acheté, certes je connaissais ce titre et j'avais entendu parler du film mais je n'avais pas lu l'un, ni vu l'autre. J'avais apprécié Japrisot pour sa dame dans l'auto mais je n'imaginais pas à quel point ce bouquin était prenant.

Quelle intrigue et quel travail de recherches!

Quel amour de cette Mathilde pour son Manech, le Bleuet, un des cinq laissés attachés entre la tranchée française et l'allemande, condamnés à mort qu'ils sont, pour être tués par des balles ennemies!



Quelle écriture et quelle composition! Je n'ai jamais, auparavant, lu un livre écrit de cette façon mélangeant récit, retours en arrière, lettres et dialogues et de quelle façon. C'est une réussite.



Plus j'avançais dans cette lecture et plus l'histoire était prenante. En effet Japrisot dénonce cette guerre en appuyant fortement sur la vie dans ces tranchées, le désespoir et ces fichus ordres d'une hiérarchie, forcément dépassée même si certains y croient encore. Que dire du retour à la vie civile pour ceux qui ont réchappé au massacre, dans quel état ils de trouvent, le silence et l'oubli quand c'est possible.

Mathilde, elle, avance inexorablement aidée par quelques uns, sa famille, son père notamment et ses proches, Sylvain l'homme de confiance qui la porte au sens propre comme au figuré car Mathilde ne peut pas marcher depuis son accident quand elle était enfant. Elle se déplace en fauteuil roulant, sa trottinette comme elle dit. Mais aussi par ces femmes qui sont sur le même bateau qu'elle à la recherche de leur homme quand elle le peuvent ou résignées dans le cas contraire, mais qui seront solidaires de sa quête.

La plume sait se montrer douce quand les tournesols de Mathilde, qu'elle peint, embaument mais aussi amère quand le doute s'installe ou impitoyable lorsqu'il s'agit d'une rivale ou d'une ennemie.

Manech le fiancé c'est le ciel bleu, les souvenirs qui chantent, le M des MMM gravés dans l'arbre, le premier ou le dernier, c'est pareil, lui qui l'a faite nager et apprendre avec des flotteurs aux pieds, c'est surtout sa vie et l'espoir d'un bonheur à venir.

Certes le désespoir est là mais jamais, vraiment, Mathilde ne désespérera.



Japrisot signe, ici, un grand et beau livre, d'une grande tenue sur un épisode noir de notre histoire. L'écriture se montre adaptée en fonction de celui qui parle, écrit ou raconte. La langue est riche sans être prétentieuse ou hautaine, elle laisse le lecteur dans l'ambiance de l'époque. Chaque femme aimante est dépeinte avec les mots de son amour. Et il y en a eu des femmes qui ont cherché leurs hommes après cette guerre.


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Un long dimanche de fiançailles

Sébastien Japrisot, je connaissais de nom. L'auteur de "l'été meurtrier", ses liens avec le cinéma. Un auteur qui ne m'attirait pas plus que ça, jusqu'à ce que je lise Emmanuel Carrère parlant de lui dans une de ses chroniques. Alors j'ai voulu voir.

Et j'ai vu Mathilde (sans avoir vu le film) dans sa quête obstinée envers et contre tous, ou presque. A la recherche folle de la vérité sur son fiancé, soldat de la grande guerre. Mais plus que tout, je l'ai vécue, cette histoire.

J'ai vu un texte à la construction débridée dans ce long dimanche de fiançailles, comme si tout cela avait été écrit d'un jet, dans un souffle romanesque sans relecture. Et pourtant si juste.

J'ai vu une prose directe. Un auteur capable de commencer une ribambelle de phrases d'un portrait par « il » ou "elle", sans aucune gêne pour le lecteur : «Elle a de grands yeux verts ou gris, selon le temps, comme sa mère. Elle a un petit nez droit, de longs cheveux châtain clair. Pour la taille, elle tient de son père. Quand on la déplie, elle mesure cent soixante dix huit centimètres. Il paraît que c'est d'avoir passé beaucoup de temps couchée qui l'a faite ainsi. Elle a de très beaux seins. Elle est fière de ses seins, qui sont ronds, lourds, plus doux que la soie. Quand elle en caresse les bouts, elle a bientôt envie d'être aimée. Elle s'aime toute seule ». Une prose sans fioriture ni effet de manche, naturelle presque. Carrère parle de lui comme d'un auteur qui ne lisait pas trop, évoque un "cacou"  de Nice. Peut-être pas si littéraire que ça en effet. Mais sûrement convaincu de son talent, et par là-même impertinent envers les modes et les courants, insolent aussi dans son mode d'écriture, peut-être bien. A l'image de son héroïne.

J'ai aussi vu un charme fou se dégager de ce récit. Comme d'un type qu'on écoute, parce que c'est lui qui parle, et pas un autre.

Du coup, j'ai déjà envie de le revoir, Sébastien Japrisot.
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Un long dimanche de fiançailles

Amoureuse inconditionnelle du film tiré de ce livre, je me devais de l'avoir en ma possession.



J'ai été assez surprise par certains détails qui diffèrent dans les deux versions. Certains détails qui auraient été facilement adaptables au cinéma. Rien de bien méchant néanmoins.



Ce livre qui retrace une belle histoire d'amour après les affres de la Première Guerre mondiale est un petit bijou rempli d'émotions, d'humour et d'une écriture magnifique. J'ai adoré suivre les différents personnages, retracer peu à peu avec Mathilde, leurs histoires, leurs douleurs. C'est une sorte d'enquête améliorée où l'amour a une place centrale pour chacun des personnages sans jamais néanmoins tomber dans un pathos dégoulinant.



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Un long dimanche de fiançailles

1917. cinq soldats condamnés à mort sont envoyés dans le no man 's land pour leur mise à mort.

Mathilde la jeune fiancée paralysée de l'un d'eux ne croit pas en la version officielle et remue ciel et terre pour retrouver Jean l'amour de sa vie.

Japrisot dénonce avec force la bétise de la guerre, à travers un épisode peu glorieux de l'armée française.Mais c'est aussi le roman d'une femme éperdument amoureuse prète à toute les audaces pour connaitre la vérité, d'une vitalité et d'un optimisme à tout épreuve. Japrisot évite tout sensiblerie, nous offrant une multitude de personnages qui donne encore plus d'épaisseur au récit.Un roman poignant, ou le bruit des canons étouffe le cri des hommes.

Prix Interallié en 1991, Jean-Pierre Jeunet a réalisé une adaptation assez honnête, même si l'émotion du roman est bien plus forte.
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Un long dimanche de fiançailles

Parce que j’avais vu le film Un long dimanche de fiançailles, j’étais réticente à lire le livre. J’avais tort, le roman vaut aussi par une merveilleuse écriture et des personnages hauts en couleur, parfaitement dépeints.



Manech, dix-neuf ans, n’en peut plus de cette guerre au fond des tranchées. Il allume alors une cigarette et lève le bras, un tir venu d’en face lui arrache la main. L’armée n’est pas dupe et le condamne à mort. Mais, cruauté supplémentaire, au lieu d’être fusillé, il est jeté avec quatre autres camarades, mains liées dans le dos, dans le no man’s land entre les deux tranchées.



Quand Mathilde apprend le décès de son fiancé, officiellement mort à l’ennemi, elle n’a de cesse de comprendre.

L’intrigue est complexe, des objets se promènent, des bottes allemandes, un gant rouge. Difficile de s’y retrouver entre les témoignages des uns et des autres, mais Mathilde lit et relit ses notes, les lettres qu’elle a reçues et comprend. Le puzzle se reconstitue à la fin, ouf ! Et de toute façon, ça ne m’a pas empêchée de tourner les pages avec avidité.



Le suspense concerne la recherche de Mathilde et la narration façon puzzle tient l’émotion à distance.



Les personnages sont tellement nombreux qu’il m’est arrivé de ne plus savoir qui était qui ; pas pour les personnages principaux, bien sûr, mais pour les témoins (qui n’avaient vu qu’une partie du drame) ou pour la famille des témoins (qui ne savait que par ouïe dire).


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Un long dimanche de fiançailles

N'ayant pas vu le film, je n'avais aucun a priori sur le roman.



Ce fut une lecture très touchante et surprenante révélant un aspect peu glorieux de la première guerre mondiale.

Ils étaient cinq soldats français, les bras liés dans le dos, désarmés, à être conduits dans le no man's land, pour s'être automutilés.

L'un d'eux, Le Bleuet n'a pas 20 ans et une fiancée Mathilde qui va remuer ciel et terre pour connaître la vérité. Découvrir s'il a pu s'en sortir, qui a donné cet ordre, ce qu'il s'est passé. La vérité à tout prix.

On suit l'enquête obstinée de Mathilde découvrant la vie de ces soldats et de leur entourage. Mathilde est une héroïne attachante, pleine d'espoir, bouleversante, au caractère fort, qui va reconstruire avec une minutie d'horloger le parcours de son amour "Jean".



Lecture inoubliable tant par la manière incroyable dont le récit est construit que par l'histoire en elle même.
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La passion des femmes

Rien que le titre de cette oeuvre de Sébastien Japrisot de 1986 mérite déjà 5 étoiles.

Comme beaucoup d'entre vous, je présume, j'ai passé des heures mémorables à lire des histoires et voir des films inspirés par Jean-Baptiste Rossi, de son vrai nom, né à Marseille en 1931 et mort à Vichy en 2003.

En haut de la liste figurent "L'été meurtrier" et sa version filmée avec une inoubliable Isabelle Adjani.



Cet ouvrage-ci de Japrisot je me le suis commandé séduit par le titre et en hommage à un de mes grands favoris.



Le livre démarre à 20h15 et se termine à 21h10. Entre ces deux moments, 8 récits nous sont contés de femmes qui ont traversé la vie de l'homme qui est en train de mourir sur une plage abandonnée d'un coup de fusil en pleine poitrine. En somme, un recueil original de nouvelles liées entre elles sur quelque 411 pages.



Le premier récit porte comme titre le prénom de l'héroïne "Emma". Une jeune dessinatrice de publicité qui épouse à 18 ans bêtement son chef, un quarantenaire déplaisant. En route pour la côte en voyage de noces, leur véhicule, une ambulance d'avant-guerre aménagée et peinte en "jaune artistique", surnommée "nid d'amour", est détournée par un bel évadé de prison, Vincent, avec Emma à bord.

La course contre la montre de ce couple insolite pour échapper à la police se lit comme un conte noir haletant pour finir dans le drame.

Un Japrisot du genre "La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil".



Dans les 2ème et 3ème conte nous faisons la connaissance de Bélinda et Zozo. Bélinda, Georgette de son vrai nom, a été trouvé comme bébé dans une cabane de plage à côté de sa mère morte.

Un début difficile pour un parcours problématique, comme la star du bordel "La Reine de Coeur", où elle a le malheur de tomber folle amoureuse du séduisant Tony, Antoine de son vrai nom. Un amour qui finit plutôt mal...

Zozo, en fait Zusanne, est la noire de service au lupanar de Bélinda, car "il y a plus de bordels en Charente que de filles au Sénégal". La pauvre doit ainsi appliquer tous les jours une mixture au brou de noix pour avoir l'allure exotique souhaitée. Son sort dramatique c'est le bellâtre Francis.



4) Caroline, 25 ans, veuve depuis 4 ans est directrice d'école et enseignante, surnommée "Gambettes" par ses élèves. Rentrant des courses, elle trouve l'évadé de la citadelle chez elle et bientôt sa maison encerclée par les forces de l'ordre sous la conduite du capitaine Malignaud, surnommé Malignoble par l'évadé, qui se fait appeler Eddy maintenant.

Caroline + Zozo + Eddy + Malignoble et ses hommes + la moitié du bled en spectateurs + un coup de feu.....



La numéro 5 "Frou-Frou", de son vrai nom Germaine, est une actrice de cinéma qui se considère "nulle" comme actrice, mais a reçu 2 oscars : un pour "Lips" et un pour "Legs". Une carrière de rêves après avoir tourné en France 4 ou 5 bouche-programmes en noir et blanc, de vrais barbituriques. Pour se reposer, elle fait une croisière sur un yacht privé et lorsque son "Pandora" accoste au bout d'une presqu'île entre Oléron et Royan, voilà que surgit tout à coup de la mer un bel homme. Vous l'avez deviné, il s'agit bel et bien de notre fameux évadé, qui se nomme Fred, de Frédéric, pour l'occasion...

Dans cette histoire l'auteur se moque du monde du cinéma et d'Hollywood, et je dois dire que j'ai été fort surpris de découvrir que Sébastien Japrisot avait un tel sens de la dérision et d'humour.



Yoko, de père japonais, directeur du port de Yokohama, et de mère chilienne, une chanteuse de Talcahuano, part en Australie pour apprendre la langue anglaise et ensuite en France, où elle rencontre l'inévitable Fred-Eddy-Tony-Vincent...



Chers amis, il va bientôt être 21h10 et je vous laisse avec les 2 dernières dames, Toledo et Marie-Martine, parce que le blessé sur la plage de Saint-Julien de l'Océan souffre et me fait trop pitié.

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Les Mal partis

J ai découvert ce roman à 16 ans, et je l'avais adoré. Il m était resté totalement gravé dans le cœur et dans l âme.



En lisant un roman qui m a déçue mais dont le thème est similaire, j ai eu envie de le relire. L auteur l a écrit a 17 ans, si bien que rien ne m a paru malsain malgré les faits. L amour, le vrai, n a pas d âge ni de raison...



Denis a 14 ans, et étudie dans un collège très catholique, pendant la guerre. C est un adolescent turbulent, révolté mais gentil. Il a beaucoup de copains et ensemble, ils s amusent à rendre chèvre les surveillants. Un jour, alors qu il se rend à l hôpital pour soigner les malades en guise de retenue, il croise le regard d une religieuse, sœur Clothilde, de 26 ans. Elle a de grands yeux bleus, des traits lisses, un voile blanc couvre ses cheveux courts et bouclés. Denis se dit qu on ne peut pas être religieuse quand on a un si beau visage... Et elle devient une obsession. Il lui parle, veut la revoir, et cet amour n est pas à sens unique et malgré ses réticences, ses vœux et son âge, Sœur Clothilde cède...



Ce roman m avait fait tellement pleurer, adolescente, de par sa fin. Aujourd'hui je le referme avec nostalgie, mais heureuse de l avoir relu.



La plume de Japrisot dans ce roman est simple, repetitive, dynamique, rythmée, adolescente.



Rien ne m a choquée, car tous les actes des amants est filtré par le prisme de l amour. Peu importe l âge, peu importe sa vocation... Ils sont pris dans ce tourbillon de folie, dans cette découverte de l amour et du désir qui fait qu on souhaite qu ils puissent vivre leur histoire. On se prend au jeu, on comprend. La candeur, la naïveté de l auteur donne un vent de fraîcheur à ces pages que j ai tournées avec avidité.



J ai été écœurée par la bêtise humaine, par la méchanceté des opposants, par l incompréhension et l impossible dialogue entre les deux parties.



On sent dans l'écriture un énervement contre la religion, contre les règles et les valeurs qui ne tolèrent aucune souplesse, aucune folie, aucun changement.



J ai aimé ce livre, et des années plus tard, je l aime autant.



Une perle !
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Piège pour Cendrillon

Il était une fois trois petites filles, Mi, Do et La.

Elles ont une marraine, une vieille dame riche. On appelle cette marraine, marraine Midola.

La meurt, Mi devient Michèle et Do, Dominique.

Marraine Midola est la grand-mère de Mi, apparemment et Do, la cousine de Mi mais est-ce vraiment vrai? C'est peut-être le contraire, qui sait.

Et puis quand la marraine meurt qui va hériter? Mi a grand train, Do lui colle aux basques et profite des bontés de sa cousine jusqu'au drame.

Le drame c'est un incendie dans la villa du Cap Cadet.

L'une des fille meurt et l'autre est grièvement brulée à tel point qu'il est impossible de savoir qui est morte et qui survit. Plus d'empreinte, rien.

De plus la survivante est amnésique. Une amnésie passagère dit le médecin.

Jeanne, la bonne Jeanne, la femme de confiance de marraine est là.

Elle aide la survivante a se souvenir, elle lui donne même une identité mais est-ce la bonne ?

Magicien de chez magicien, Japrisot, nous mène par le bout du nez. Qui est qui, comment est le testament, qui hérite et qui est deshéritée? Pourquoi l'incendie, criminel ou pas?

Bref du grand, du bon roman, du bon thriller à tel point que l'on finit par se demander si l'auteur sait qui est qui? Qui est décédée et qui est sauvée, amnésique. Et puis la gouvernante dans tout ça, pour qui roule t-elle ? Pour elle ? Ce qui est sûr c'est qu'elle est championne du monde du dos rond.

On l'aura compris j'ai été épaté par ce bouquin, qui a été lu en deux temps, trois mouvements. Mais gare, il faut parfois revenir et relire sinon le cerveau est troublé et je me sui demandé où cela me menait, mais bon, il ne fallait pas chercher mais lire, lire oui et ne pas chercher.

A la fin je me demande toujours si je n'ai pas rêvé et mon idée, car j'en ai une, est la bonne et, non, je ne la révélerait pas ici.

Elle est certainement pas la bonne.

Il y a un goût de reviens-y dans cette histoire.

C'est bien écrit et les personnages et leurs caractères sont emballés dans du papier doré.

On y rencontre aussi quelques profiteurs mais bon, c'est ambiant.

Du luxe!
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L'été meurtrier

"Souviens-toi, ça parlait de la Picardie

Et des roses qu'on trouve là-bas"....



Le rythme lancinant de la ritournelle d'un orgue de Barbarie, porteur de mort, sera le fil conducteur de ce thriller psychologique excellent,tout en atmosphère oppressante, moite et délétère.



Chaque partie du livre, à la manière d'une comparution en justice, donne la parole aux différents protagonistes du drame qui se jouera.



Le personnage esssentiel reste pour moi inséparable de l'image d'Isabelle Adjani, vénéneuse et enfantine, sensuelle et naïve, dans la chaleur de l'été, cette "Elle"du roman, dont le principal narrateur tombe éperdument amoureux.



A ses risques et périls car elle va l'entraîner dans une danse macabre, au son des "Roses de Picardie",où désir de vengeance, haine et quête d'identité vont se mêler. L'auteur maîtrise parfaitement le suspens et nous distille petit à petit des indices jusqu'à la révélation finale, plutôt inattendue.



Mais le charme indéniable, la force envoûtante de ce livre dépasse le cadre d'une énigme à résoudre. C'est "Elle" qui nous fascine, tout à tour femme fatale et enfant désarmée et désarmante, prise dans les filets d'un terrible secret, qui, une fois révėlé , créera chez cet être fragile une folie obsessionnelle dont elle ne se remettra jamais.



"Je serai le juge et je serai le jury

dit Fury, le rusé compère.

J'instruirai seul toute l'affaire

et je vous condamnerait à mort."



Cette citation d"Alice au pays des merveilles ", mise en exergue par l'auteur, résume en effet parfaitement l'intrigue...
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Un long dimanche de fiançailles



Quel beau titre, mystérieux, poétique, envoûtant... Une invite à un texte prenant. Et il l'a été.



L'atmosphère du roman est au départ assez sombre: recherches angoissées de maris, de fiancés, disparus à la fin de la première guerre mondiale.



Mathilde fait partie de ces femmes en quête de vérité . Son amour, Manech, surnommé " Le bleuet" par ses camarades soldats, elle n'en a plus eu de nouvelles depuis deux ans déjà . Et elle refuse l'annonce officielle selon laquelle Manech aurait été fusillé, pour s'être auto- mutilé avec d'autres. Elle ne croit pas à sa mort. Elle reprend espoir, en dépit de tout ,avec l'énergie folle de ses vingt ans, et malgré son handicap ( elle est en fauteuil roulant). Et le texte, tout comme elle, reprend son souffle et nous emmène dans différentes régions de France, où aidée par ses amis, elle mènera l'enquête, poursuivra obstinément son rêve: retrouver Manech, coûte que coûte ...



Y parviendra-t-elle? Je vous laisse le découvrir...Voila un livre qui restitue bien l'ambiance très particulière de cette fin de guerre, époque de souffrances, de cicatrices mal refermées. D'oubli trop rapide de l'enfer des tranchées par certains, méprisant les poilus . Cela m'a fait penser à " Au revoir là-haut'".



Un livre très touchant, rythmé par le caractère bien trempé de Mathilde, son désir de réhabiliter celui qu'elle aime, de le rejoindre, par-delà mensonges et obstacles, de faire la lumière sur l'énigme de " Bingo crépuscule"...



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La dame dans l'auto avec des lunettes et un..

La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil de Sébastien Japrisot est il vraiment un roman policier ? La dernière page tournée je n'en suis pas si sûre ! Une jeune femme , Dany Longo, ravissante mais handicapée depuis son jeune âge par une myopie du feu de Dieu , un peu naïve mais pas autant que cela est l'héroïne de ce roman original. Vu son handicap visuel vous pensez bien que ses lunettes elle ne les quitte jamais! Un vendredi soir, veille d'un grand WE de 14 Juillet, le patron de l'agence de publicité où elle travaille ,Mr Caravaille, lui demande de l'aider à mettre au propre un dossier qu'il doit aller présenter à Genève. Comptant sur l'amitié qui a uni longtemps Dany et son épouse Anita , il la convainc . Le lendemain, travail achevé, elle les dépose à Orly et là sur un coup de tête, au lieu de rentrer et de mettre la splendide Thunderbird blanche au garage, elle décide de partir voir la mer. Direction le sud de la France . Tout irait bien si elle ne se faisait pas agresser dans les toilettes d'une station service, si elle arrivait à savoir comment elle s'est retrouvée avec sa main gauche en capilotade, elle est gauchère, pourquoi plusieurs personnes lui assurent qu'elle est déjà passée là le matin même . Le cauchemar commence , il n'est pas prêt de s'arrêter , de rencontre en rencontre le brouillard s'épaissit elle croit devenir folle mais il vous faudra comme moi attendre le dernier chapitre pour enfin comprendre les tenants et aboutissants de cette diabolique aventure !

Un roman atypique, une narration surprenante mais qui vous agrippe au passage et ne vous laisse pas d'autre choix que d'avancer dans votre lecture. Belle découverte.
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L'été meurtrier

J’avais envie de chaleur, eh bien j’ai été servie ! Sous la chaleur caniculaire de l’été 1976, dans les Alpes de Haute-Provence, un drame se prépare. Ce drame couve depuis des années.

Je vais dire plutôt qu’une vengeance se prépare. Une vengeance machiavélique, qui ne sera pas sans conséquence sur l’esprit de ceux qui en sont les protagonistes.



« L’été meurtrier » est le seul roman de Japrisot que je n’avais pas lu. J’avais oublié combien j’aimais cet auteur, combien il entortille dans ses filets ses victimes que nous sommes, nous les lecteurs.

Il nous enserre, nous ensorcèle, pour semer en nous le soupçon et les pires pensées.

J’adore !



Et puis j’avais en tête Isabelle Adjani et Alain Souchon, Suzanne Flon aussi …

Je n’ai jamais vu le film, mais je savais qu’il existait, donc je suis allée voir la distribution. Et maintenant, j’ai une folle envie de le regarder, de détester Adjani sous ses airs de jeune fille capricieuse voulant le monde à ses pieds mais ô combien mal dans sa peau et malheureuse, d’Alain Souchon gentil, un peu benêt (quoique…), de Suzanne Flon fine psychologue. J’ai envie de m’énerver et de trépigner, de transpirer sous le soleil de plomb, d’être engluée dans cette ambiance à la fois crispante et pathétique.



Quel été !

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Un long dimanche de fiançailles

Classe de seconde 7 au lycée, mon professeur de français, connaissant mon amour des livres et des bonnes histoires, pose le volume au titre énigmatique devant moi. C'est son propre exemplaire. Il me dit juste de le lire, que ça va me plaire. C'était un vendredi. Lundi matin, je le lui ramène en le remerciant. De son prêt mais surtout de son esprit de partage.



Car c'était effectivement une belle et grande histoire que ce Long dimanche de fiançailles. Une histoire où l'Histoire commet des ravages et déchiquète entre ses mâchoires d'acier la chair humaine et les fragiles sentiments.

1917, la grande Guerre, cinq hommes dont un presque gamin sont condamnés à mort et envoyés dans le no man's land entre les fronts pour y mourir. Le Bleuet, c'est Jean, l'amoureux de Mathilde.

Celle-ci, vingt ans et un courage inexorable, remuera ciel et terre pour connaître la vérité et savoir ce qu'il est advenu de son fiancé.



Le roman de Sébastien Japrisot est une ode à l'amour et à la persévérance. Hommage également à l'espérance au-delà de tout et contre tout (voire tous). C'est aussi la démonstration magistrale des horreurs de la guerre. Le personnage de Mathilde est éblouissant par la détermination dont elle fait preuve. A quinze ans comme maintenant, je ne puis que m'incliner devant la force de cet amour.



Pari risqué de l'auteur car son récit aurait pu tomber dans des excès de sensiblerie. Mais la plume de Monsieur Japrisot ne dévie jamais de l'équilibre requis. Du grand art qui, par-delà les années qui me séparent de cette lecture, continue de m'émerveiller.
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Un long dimanche de fiançailles

C’est un roman que j’ai récupéré… (sauvez in extremis de la poubelle). Le titre me rappelait quelque chose… et puis en consultant la quatrième couverture et appréciant les livres historiques, je me suis précipité sur cette lecture !



Il a fallu s’accrocher pour lire ce livre. C’est un peu fouillis au départ, beaucoup de lettres, de personnages, d’infos, d’intox…

Et puis, Mathilde est amoureuse certes, mais un brin capricieuse quand même.



Je n’ai pas vu le film… c’est un avantage tout m’a surprise, touchée et indignée.

Et puis, lorsqu’on se cramponne à l’histoire, tout devient clair et bouleversant.



Un bon moment de lecture tout de même. Un récit rempli d’injustice, d’espoir et d’amour…



Bonne lecture !
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Un long dimanche de fiançailles

Sébastien Japrisot a écrit-là un de ces livres rares et tellement beaux!

Nous suivons Mathilde, dans la recherche de celui qu'elle aime et qu' elle pense encore en vie, après cette guerre atroce.

Mathilde peut-elle se leurrer?

Le film de Jean-Pierre Jeunet, que j'ai vu ensuite, m' a fait revivre les pages de Japrisot en m'enchantant encore.

Sébastien Japrisot n'est plus.... Mais quelques livres de lui me restent à lire.
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La dame dans l'auto avec des lunettes et un..

Dès le départ je me suis dit que cette dame là, si propre dans sa belle robe blanche en mousseline, avait tout ce qu'il fallait pour s'attirer des ennuis. Forcément, après avoir accompagné son patron, Monsieur Caravaille, et son épouse, Anita, une de ses amies, à Orly pour le vol vers Genève, au lieu de ramener la limousine décapotable Thunderbird, blanche comme convenu à Auteuil, pourquoi partir vers le sud voir la mer.

Certes c'est tentant, mais pas vraiment raisonnable, d'autant que le chemin est long et, peut être, semé d'embûches, à fortiori lorsque les arrêts sont susceptibles d'apporter des ennuis plutôt désagréables à faire douter de soi même et de la réalité allant avec.

Un cauchemar...



Saprisot est un maître dans ce genre de situation emberlificotée et n'a pas son pareil (ou presque) pour emmener le lecteur avec lui et, ici, cette jeune femme également. Même que, quelquefois, je me suis posé la question de savoir s'il savait ce qu'il faisait et comment allait-il s'en sortir.

Mais bon, en pro qu'il est, tout s'est expliqué, mais ouf, dur, dur pour les nerfs.



Il est difficile d'en dire plus sans dévoiler ce qu'il ne faut pas. Mais c'est une histoire qui prend, rondement menée, assez originale et comme c'est bien écrit et pas trop long pour ne pas s'enferrer, le livre se lit facilement et avec plaisir.

Faire un bout de chemin avec la dame dans sa belle auto vaut, assurément, le coup (pour moi c'est certain).




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Un long dimanche de fiançailles

Souvenir de lecture.



Ma belle Mathilde puisque te v'là...

Sacrée Mathilde qui ne s'en laisse pas compter et qui veut comprendre ce qui est arrivé à son bleuet, son Manech, l'amour de sa vie. Elle remuera ciel et terre pour savoir. Cette sale guerre qui lui a enlevé son homme. Celui qui lui a appris à marcher, à nager, car Mathilde est blessée dans son corps, mais son âme est vivante et appartient à Manech.

« Alors en attendant, elle s'adosse bien droite dans sa trotinette, elle croise les mains sur ses genoux, elle le regarde. Oui elle le regarde, elle le regarde, la vie est longue et peut porter encore beaucoup plus sur son dos. Elle le regarde. »



Tant de beauté dans cet amour et tant de souffrance et d'horreur dans cette grande guerre.

« ...sur les champs de bataille dévastés ne pousse que le chiendent de l'hypocrisie ou la pauvre fleur de la dérision, si nous n'avions pas eu le coeur de nous moquer de nos misères, nous n'aurions pu survivre - car la dérision, en toutes choses, est l'ultime défi au malheur... »
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La dame dans l'auto avec des lunettes et un..

Je voudrais vous parler de la dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai tout de suite pensé en la voyant sortir de l'aéroport d'Orly qu'elle était du genre à s'attirer des ennuis. Elle avait l'air un peu gauche, presque maladroite, tout en ayant du style dans son allure, dans cette robe en mousseline blanche qui lui allait à ravir, dans sa façon de marcher. J'ai tout de suite repéré ses lunettes épaisses, des lunettes noires. Pour moi, à ce moment-là de cette rencontre, elle n'était encore que la dame avec des lunettes...

Elle regardait autour d'elle sans arrêt, comme si elle trahissait déjà un geste apeuré, un geste de fuite. En même temps, il y avait ce sourire à sa bouche, comme un air de printemps, comme un vin épris de soleil qu'on s'apprête à déguster, comme une vile gourmandise qu'on s'apprête à commettre.

Elle ressemblait à un mensonge qui commence, recommence et pour cela je la trouvais incroyablement belle.

Je l'ai suivie jusqu'au parking d'Orly. Je savais que je faisais une bêtise en la suivant, mais c'était comme un désir irrésistible, addictif... Je ne pouvais pas m'en empêcher. Elle s'est immobilisée devant une voiture, un modèle ancien, décapotable, une Thunderbird, elle a sorti de son sac à main un jeu de clés et elle a pris place à bord, au volant de la magnifique coupée. Ce n'était pas sa voiture, c'était celle de son patron Monsieur Caravaille qu'elle avait accompagné lui et son épouse Anita au vol de Genève. La veille au soir elle était venue travailler chez eux, taper à la machine un important dossier qu'il avait emporté avec lui, lui patron d'une grande agence de publicité... Il lui avait dit que ce serait plus commode qu'elle ramène la voiture chez eux à Auteuil... Vous devez vous demander comment je sais tout cela, hein !

Sous mes yeux étonnés, elle est alors devenue la dame dans l'auto avec des lunettes. Je l'ai suivie à bord de ma vieille 2 CV jaune. J'ai gardé mes distances pour être le plus discret possible.

Lorsqu'elle a pris la route du sud et non celle d'Auteuil, je me suis dit qu'elle rêvait de voir pour la première fois la mer. Mais je ne savais pas encore qu'elle en garderait un souvenir impérissable...

Je continuais de tenir mes distances, mais je vous jure que j'aurais pris tous les risques pour la voir ôter ses lunettes noires et me fondre dans ses yeux... Je savais que l'approcher était dangereux, pour moi, pour elle...

Et puis, faisant escale à une station-service un peu avant Châlons-sur-Saône où elle s'était arrêtée pour faire le plein d'essence, les choses ont commencé à prendre une drôle d'allure. Et à Cassis, elle est devenue la femme dans l'auto avec des lunettes et un fusil. Mais entre-temps, il s'était déjà passé bien des événements...

Peut-être s'est-elle cru devenir folle alors ? Il y avait de quoi, après tout.

Si j'avais pu m'approcher un peu plus près d'elle, j'aurais peut-être senti son coeur tressaillir sous le fin tissu de sa robe blanche, j'aurais deviné sous ses lunettes épaisses un sanglot qu'elle tentait tant bien que mal de contenir, je l'aurais entendu de temps en temps murmurer comme à elle-même « Maman-Sup, que dois-je faire maintenant ? »

Elle avait le chic pour s'attirer les ennuis, faire des rencontres improbables...

Je voyais bien que rien n'était prévisible dans ce qu'il lui arrivait.

J'aurais voulu l'aider, mais je n'étais qu'un simple lecteur prisonnier de mon sort de lecteur, condamné à être saisi d'angoisse sans rien pouvoir faire pour elle. Je lui en voulais presque d'être ailleurs, si loin sur cette route de Cassis, si loin de moi où je ne pouvais lui venir en aide.

J'en voulais presque à Sébastien Japrisot d'avoir fait surgir de son imaginaire ce personnage féminin à la fois si attachant et si insaisissable, de m'avoir faire croire que cette dame avec des lunettes était si vraie dans cette histoire ahurissante, incroyable, savamment construite, que je n'avais pas pu lâcher dès lors que j'avais commencé à en lire les premières pages...

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Piège pour Cendrillon

Sébastien Japrisot réalise un travail d’orfèvre. Ses romans fonctionnent avec la précision d’un mécanisme d’horlogerie qui entraîne le scénario vers son dénouement inéluctable. Mais les pièces du dispositif (des éléments anodins de contexte, des phrases sibyllines prononcées …) ne sont pas si apparentes et leur fonction échappe le plus souvent au lecteur, sauf une fois la lecture du livre terminée. Encore faut-il que le lecteur – comme dans mon cas – effectue un salutaire travail de recherche des indices passés inaperçus pour vérifier certaines hypothèses, lorsque la vérité (une vérité ?) finit par être suggérée. Bref, les romans de Japrisot sont complexes, cérébraux, troublants, autorisent plusieurs lectures, sont truffés de chausse-trappes et de miroirs déformants, et celui-ci comporte encore plus de pièges que les autres.

Piège pour Cendrillon démarre comme une comptine : « il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. »

Ces trois petites filles ont été élevées par leur marraine Midola, en réalité une richissime industrielle italienne, la Raffermi, qui a fait fortune dans la chaussure. Arrive le jour où la Raffermi décède et c’est sa nièce Mi (Micky ou Michèle Isola), la seule des trois filles faisant réellement partie de la famille, qui doit hériter de son immense fortune.

Mi se réveille à l’hôpital, telle une momie entourée de bandelettes, totalement amnésique. Elle vient d’échapper à un incendie. Son ami d’enfance Do (Domenica Loï) n’a pas eu cette chance car elle n’a pas pu être sauvée. A grand renfort de chirurgie esthétique et de greffes de peau, Mi va pouvoir retrouver un visage tout neuf et des mains. A son réveil, Mi est prise en charge par Jeanne Murneau, l’assistante de la Raffermi, qui va l’aider à retrouver ses souvenirs et son passé. Mais Mi va se rendre compte rapidement que certaines choses ne collent pas. Jeanne Murneau lui dit-elle toute la vérité ? Certains indices vont faire penser à Mi qu’elle est peut-être Do…

Sébastien Japrisot se joue des codes du polar et aime brouiller les pistes. Il reprend ici les rôles traditionnels inhérents à tout bon polar et distribue toutes les cartes… à la même personne ! Même Agatha Christie, coutumière de la falsification des rôles, n’était pas allée aussi loin. La couleur est annoncée sur la quatrième de couverture : la narratrice assume les quatre rôles à la fois (« Je suis l’enquêteur, je suis le témoin, je suis la victime, je suis l’assassin ; je suis les quatre ensemble, mais qui suis-je ? ») Ceci fonctionne car l’identité de la narratrice reste incertaine, pour elle-même comme pour le lecteur.

Deux grandes thèses s’affrontent. L’incendie est criminel et il y a une victime : un meurtre a bien été commis. Mais la victime visée était-elle Mi ou Do ? En quête de son identité réelle, ne faisant aucune confiance à Jeanne, la jeune femme poursuit ses investigations (enquêtrice), fouille son passé (témoin), comprend qu’elle est manipulée (victime) et qu’elle est peut-être complice et coupable d’un meurtre (assassin). Les personnages secondaires qui apparaissent successivement, témoignent et contribuent à la résolution de l’enquête, mais leurs récits contradictoires favorisent l’une ou l’autre des hypothèses, ajoutant à la confusion de la narratrice (et du lecteur).

Sébastien Japrisot construit son récit en sept parties : J’aurai assassiné, j’assassinai, j’aurais assassiné, j’assassinerai, j’ai assassiné, j’assassine, j’avais assassiné. Cette conjugaison obsessionnelle guide le récit sans le guinder. Sébastien Japrisot déroule son roman sur plusieurs époques (avant et après le meurtre) et change de narratrice en alternant les points de vue de Mi et de Do. Jusqu’au bout, l’identité de la nouvelle Mi restera incertaine, y compris pour elle.

Le lecteur peut en première lecture choisir de rester dans cette indécision, ce qui est quand-même un peu frustrant, avouons-le. Mais il peut également prendre en compte la toute dernière phrase du roman (page 220), qui renvoie à un petit détail (page 183) et à un énorme indice (page 200) qui n’ayant pas été placés là au hasard par Sébastien Japrisot, donnent à mon avis, par recoupement, l’ultime clé du roman. Un véritable tour de force !
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Sébastien Japrisot

Sébastien Japrisot est le pseudonyme et l'anagramme de :

Jean-Baptiste Risso
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