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Citations de Sylvie Germain (1045)


Et chaque soir, assise auprès du lit de son petit-fils, elle invitait l'enfant à l'accompagner dans les méandres de sa mémoire peuplée de visages et de noms pleins d'éclats et d'échos fabuleux. Et l'enfant s'endormait dans ces plis de mémoire doux et soyeux comme une eau morte emplie de vase et de soleil. Une femme toujours apparaissait dans son sommeil, à la fois mère et soeur, douée d'un sourire délicieux qui le faisait sourire à son tour en dormant.
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La liberté se doit d’être attentive, avisée, sinon elle risque vite de se faire saboter, ou carrément bouffer par quelques prédateurs. Ne pas s’exposer sous tous les angles, ne pas trop révéler de sa vie, sa famille, son histoire.
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Dieu mendie sa demeure dans l'esprit des hommes. Mais parce qu'il mendie comme les plus pauvres parmi les pauvres, sans faire spectacle, sans haranguer et encore moins invectiver, rares sont ceux qui le perçoivent ainsi enfoui dans un obscur recoin de leur être.
Or c'est pourtant du fond de ce sombre réduit qu'irradie la lumière, et sourd le chant de fin silence.
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L'écrivain plus encore que dans le besoin des mots, est dans le désir d'eux. Il aime à les faire bruissser - en silence. Il les fait bruire en noir et blanc, comme ces cortèges d'oiseaux partant en migration, que l'on aperçoit, haut dans le ciel, traçant à vive allure des lignes mouvantes et bruissantes, parfois stridentes ; la vue et l'ouïe se confondent, l'oeil entend, l'oreille voit. Là est l'un des paradoxes de l'écrivain : envoyer immobilement les mots en migration, leur donner muettement une sonorité.
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Et de même aime-t-elle les hiboux, les effraies, les chevêches, parce que leurs faces plates ne sont qu’immenses yeux aussi fixes que lumineux. Le jour ils gardent leurs paupières closes, se tiennent impassibles et rigides dans quelque discret trou de muraille ou dans l’ombre des branchages. Mais ils ne dorment pas ; ils aiguisent leur vue sous leurs paupières, ils filent leur propre lumière à l’insu de tous, en cercles de soie orangée autour de leurs prunelles noires. Et à la nuit tombée, ils rouvrent leurs yeux, alliage de lune rousse et de soleil radieux. Alors, comme soulevés par cette clarté superbe montée du fond de leur être, ils gonflent leurs plumes, ils déploient leurs ailes, et prennent en silence leur vol. Des yeux ailés, armés d’un bec et de serres acérés.
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Peut-être est-ce une chance, malgré tout, de peser peu en ce monde, d'y passer en légèreté sans se faire remarquer ni désirer, on s'expose ainsi à moins de déboires, moins de blessures, on file discrètement son chemin, un chemin plat, certes, mais paisible.
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Les mots de sa langue d’autrefois se mettent à bouger au fond de sa gorge, à balbutier en sourdine, mais ils s’y nouent en une boule grumeleuse. Un caillot de vocables dont la beauté est obscurcie, craquelée.
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Un bestiaire sonore enchante sa petite enfance. Son père et elle habitent près d’une ménagerie, sa chambre donne du côté de la grande volière.
(...) Ils lui apprennent beaucoup, ces oiseaux invisibles qui à toute heure interpellent le ciel, les arbres et le vent de derrière leurs grillages, qui transmuent en nébuleuses de clameurs leurs envols interdits. Elle serait incapable de dire ce qu’ils lui apportent, elle sait juste que c’est important.
La voix du commencement, d’une attente indéfinie infusée de mélancolie, de patience et d’émois oscillant entre chagrin et ravissement. Voix de sa solitude avec son père.
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« J’avais le chic pour me lier d’amitié avec des voix, des sourires et des larmes de femmes défuntes. Comme quoi la mort n’empêche rien. Enfin, pas tout. » (p. 154)
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Car il y a des larmes qui, aussi anciennes soient-elles, n'en finissent jamais de diffuser une sensation de brûlure, de reperler à fleur de peau. La peau du coeur.
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Mon arbre généalogique est un bonzaï tout ébranché, cul-de-jatte côté racines.
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Marcher, c'est lire avec tout son corps, tous ses sens, et lire, c'est marcher, dans sa tête, dans le temps, jusqu'aux confins de soi, jusqu'aux lisières du monde.
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Quand la violence et la haine entrent en rut, tout visage devient obscène, même celui d'un enfant. Je comprenais mieux Dámaso qui avait eu la révélation du Dieu de miséricorde dans l'œil d'un lapin captif. Dieu, parfois, est à court d'humains pour se manifester.
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La feuille et la peau se confondent à force d'être en miroir, d'être ces surfaces poreuses, lisses, qu'un rien écorche ou brûle, et où affleurent par fragments des ombres et des dépôts montés du fond du corps, de la pensée, du langage.
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L’amour, ce mot n’en finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité, ne cessent de lui échapper, depuis l’enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu’elle croit l’approcher au plus près, au plus brûlant. L’amour, un mot hagard. P 169
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Elle était là, si pleinement et étrangement là, dressée dans sa majesté de mendiante, dans son silence bruissant d'un long et ténu chuchotement de larmes, dans son infinie douceur de pleurante. Elle était là, tout à fait invisible et tout à fait présente, géante immatérielle au coeur très nu et miséricordieux.
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Il faut s'attendre au pire, qui n'est jamais atteint, ne s'avoue jamais repu et sans cesse récidive. Et c'est pourquoi il faut indéfiniment se remettre à l'écoute du silence de Dieu, envers et malgré tout.
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Il taillait aussi de petites péniches dans des écorces et des branches ramassées sur le berges, y plantait un grand mât où il nouait un mouchoir, et larguait ensuite ses bateaux au fil de l'eau, chargeant leurs cales vides du poids de tous ses rêves.
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Je crois que nous avons beaucoup d'yeux, plein, plein d'yeux. Et tous ces yeux se rouvrent la nuit. Les rêves, ce sont nos yeux de la nuit.

p.199
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Guillaume

Sa passion pour les langues mortes ne la détourne pas des vivantes, surtout de celles en train de s'inventer. Elle fait feu de tout vocable et trouve de l'intérêt dans chaque système d'expression, des écritures hiéroglyphiques et cunéiformes aux graffiti, tags et pochoirs. Elle voudrait avoir plusieurs vies, moins pour apprendre toutes les langues existantes que pour tenter de ressusciter celles qui se sont éteintes et de revivifier les survivantes en voie de disparition, dont le nombre lui donne le vertige. Il envie la souplesse de sa fille qui se meut avec aisance dans tous les temps, des plus anciens jusqu'au présent. Elle est une multi-contemporaine, alors que lui est un in-contemporain, en retard sur son temps; pire, en discorde avec lui. Il est encore assez jeune pourtant, il n'a qu'une petite quarantaine et en apparence il fonctionne plutôt bien dans la société où il vit et travaille, mais il s'y sent mal. Il n'aime pas son époque, sa perpétuelle agitation, et surtout l'usage outrancier qui y est fait de la technologie . Il a d'autant plus d'aversion pour celle-ci qu'il la maîtrise mal, il a décroché depuis longtemps et n'essaie même pas de rattraper son retard tant cet apprentissage l'assomme. (p. 25)
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Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

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