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Citations de Sylvie Germain (1045)


Un homme tout seul
et seule aussi une mouche
dans la grande salle.

Issa
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Il suffit d'un tourbillon de vent dans une pièce vide à l'étage d'une maison en ruine, pour que soudain ces voix défuntes rassemblées comme un amas de feuilles mortes se missent à susurrer, et pour que l'instant se dilatât et éclatât, laissant advenir au bord extrême du présent une constellation d'instants passés.
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Le lecteur, si vraiment il s'engage dans sa lecture, devient un personnage lié au roman qu'il lit puisqu'il entre à son tour dans l'histoire et refait, à sa façon, tout le parcours du texte. Mais ce personnage échappe totalement au pouvoir, à la volonté, à l'imagination de l'auteur du livre dont il n'est pas une "création", mais un invité. Un drôle d'invité, anonyme, venu on ne sait d'où, qui arrive à l'improviste et sort quand ça lui chante de l'espace du livre, sans souci de ponctualité, de la moindre convenance, qui s'y attarde ou le traverse à toute allure, riant, bâillant d'ennui, râlant, applaudissant ou se moquant, selon son humeur, sa sensibilité, ses intérêts. Les grands romans grouillent ainsi d'hôtes anonymes qui fouillent dans les coins, dérobent par-ci par-là une poignée de mots, une ou deux idées, quelques images qu'ils utilisent ensuite dans leur vie.
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Les mots se désagrègent, les pensées s’émiettent, le temps vacille dans une parenthèse d’atemporalité.
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« D’un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d’incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ? P 13
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"Elle croyait en la vie, [...] elle aimait la vie, vaille que vaille. C'est la plus belle des croyances, en tout cas la plus salutaire."
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...la joie n’appartient pas à la durée, elle apparaît où et quand ça lui chante, comme la beauté, elle fulgure, se sauve, c’est un esprit follet, mais les petites échardes solaires qu’elle lance dans sa course se piquent dru dans la chair, ne se laissent pas oublier.
(...) rien ne pourra abolir cela qui a eu lieu : cet instant de splendeur jailli du fugace embrassement d’un arbre et du soleil. De la beauté se révélant à l’improviste, puis s’effaçant, de l’étreinte radiante de l’amour bientôt se desserrant, de la joie entrant en crue, puis refluant, quelque chose persiste par-delà la disparition. Tout ce qui excède en intensité, en présence, en saveur, laisse un reste.
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Le marcheur redescend la colline. Son ombre frêle, filiforme, file à ses côtés, poussée par un vent rude qui sent l'herbe mouillée, le feu de tourbe, et l'algue. Les grandes algues couleur d'airain, sans fin rouies dans l'océan, et qui flagellent les rocs au rythme des marées sous les huées des mouettes.
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« On entend
venir du futur
les voix des poètes morts



et même si
personne n’espère
comprendre ce qu’ils disent
nous les entendons tous
et sentons suppurer en nous
( comme la résine dans le tronc
des arbres blessés )
l’espoir oublié. » p 208
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Sylvie Germain
(Augustin et Mathurin au "Chemin des Dames")

On les enfourna par centaines au fond de tranchées fangeuses que la neige obstinée ne parvenait cependant jamais à blanchir.
Mais il n'y avait pas que la neige qui tombait en cet endroit , - il tombait de tout, des obus, des fusées, des avions parfois, des hommes à chaque instant, d'énormes mottes de terre, des débris de bois, des cailloux, des bouts de barbelés. On finissait même par s'attendre à voir tomber des morceaux de ciel, des nuages, le soleil, la lune et les étoiles, tant ce coin de terre semblait doué d'une force d'attraction extraordinaire. Un lieu de chute, vraiment. Ce fut en ce lieu, au fond d'une tranchée, à la lueur d'un obus, qu'ils fêtèrent leurs vingt ans.
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Sylvie Germain
Durant les heures de pause il demeurait auprès de se bêtes dont il aimait caresser les têtes lourdes et les yeux aux paupières soyeuses. Les globes énormes de leurs yeux qu'un rien effarouchait portaient sur lui un regard infiniment plus doux que celui de son père et le sourire de sa mère. Leurs yeux avaient la matité du métal et du verre dépoli, à la fois translucides et dénués de transparence. Son propre regard pouvait plonger et pénétrer très loin en eux, mais n'y pouvait rien distinguer ; il se perdait dans les dépôts de lumière ensablée, d'eau limoneuse et de vent enfumé qui s'y étaient amoncelés en vases brunes mordorées. Pour lui résidait là la face cachée du monde, la part de mystère de la vie confluant dans la mort, et le séjour de Dieu - un havre de beauté, de calme et de bonheur.
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C'est ça les gens des bas-côtés, ou plutôt des bas-fonds, ironise-t-il, à force d'être sans-abri, sans boulot, sans famille, ils finissent par devenir anonymes et sans âge.
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Stella

(...) et si elle comprend la qualification d'auxiliaire de justice, de l'armée ou de l'enseignement, celle d'auxiliaire de vie la choque, elle se sent sournoisement humiliée, comme si cette fonction soulignait le fait qu'on l'aide à construire une forme décomposée du verbe vivre. (...) Elle est un verbe en voie de désagrégation. (p. 72)
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Il éprouvait pour les livres une immense curiosité et les aimait tout autant pour leur poids dans ses mains, pour l'odeur doucereuse et le grain de papier, pour l'écriture imprimée noir sur blanc, que pour les illustrations qui venaient renforcer les mots. Et très vite il se prit à rêver à travers les livres et les images.
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Gavril était un grand marcheur et lecteur. Il déambulait dans la ville comme dans un livre, il la feuilletait dans tous les sens. Il considérait en effet les villes à l’égal de livres débrochés, aux pages éparses mais gravitant autour d’un axe invisible lentement dessiné par l’Histoire au fil des siècles. Certaines pages étaient sans intérêt, car non ou mal écrites, d’autres bruissaient de mémoire. Il disait qu’une ville, ça s’arpente et ça se lit, que marcher c’est lire, avec tout son corps, tous ses sens, et que lire c’est marcher, dans sa tête, dans le temps, jusqu’aux confins de soi, jusqu’aux lisières du monde.
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J'ai suivi le cortège jusqu'au cimetière, aux côtés d'Antonin. Quand on a descendu la boîte dans la fosse, j'ai été prise d'un malaise et j'ai cherché une main à laquelle me retenir. Mais j'étais placée au mauvais flanc du manchot et j'ai attrapé un bout de manche ballant au vent. Telle était la façon dont le destin me serrait la main.
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Quand on s'éloigne trop de la réalité, celle-ci se rappelle à votre conscience avec brusquerie et sécheresse, telle une claque à la volée.
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Dès les premiers jours de printemps, lorsque l'odeur de l'humus, de bois mouillé et d'eau stagnante s'exhale à nouveau, les crapauds émergent de dessous les vieilles souches où ils ont dormi tout l'hiver, et regagnent par bonds les eaux de leur naissance. Les belles eaux glauques des marais, moirées de vase, festonnées de roseaux à panache violâtres, de joncs, d'iris et de myosotis, enguirlandées d'algues et de rameaux de lenticules, et brodées de renoncules blanches, de sagittaires, de nymphéas. Les eaux profondes des marais, _ profondes comme des rêves hantés de fleurs et de plantes onduleuses, d'yeux ronds et fixes scrutant les ombres aqueuses, et de mâchoires, de langues aigües, véloces, toujours à l'affût d'une proie à happer, à croquer, déchiqueter. Les eaux de rêves anciens, sombres et verdâtres, sillonnées de traits et de bulles irisées d'or, de pourpre ou de bleu vif, et qui mêlent le chaud au froid, comme des fièvres. Des eaux mortes qui grouillent d'une vie multiple et violente. Des eaux au ras desquelles veillent les yeux des grenouilles et des crapauds, globuleux et splendides.
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Pour tout vivant, avoir un corps familier, bienveillant, contre soi, est rassurant.
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« Les fils d’Ephraïm n’avaient en commun avec lui que leur nom. Il avait tranché trop violemment tout lien de parenté avec eux avant leur naissance pour qu’ils puissent le considérer comme leur aïeul. » (p. 93 & 94)
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Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

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