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Critiques de Sylvie Germain (767)
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Le Livre des nuits

Je ne m’attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d’un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.



Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.



Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.



J’ai aimé que la péniche du grand-père s’appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l’aplomb de Dieu.



J’ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.



J’ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu’il aura.



Mais quand il fait alliance avec un loup, j’ai trouvé l’homme reclus moins intéressant.



J’ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.



Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.



Une citation :



Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n’était plus à présent qu’un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l’amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C’ets pourquoi il n’avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)



L’image que je retiendrai :



Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-l..
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Petites scènes capitales

Lili/Barbara, enfant dont la mère s’est suicidée quand elle était très jeune et dont le père s’est remarié avec une femme mère de quatre enfants, dont deux jumelles de pères différents. Des tensions, des jalousies, des accidents, des drames bousculent les piètres ordonnancements de la vie. Des secrets sont dévoilés. Lily/Barbara traverse les années 50, mai 68, toujours avec distance. Son enfance fragilisée l’a rendue distante, prudente, extérieure.

Roman peu original mais néanmoins intéressant. Un peu décevant tout de même s’agissant de Sylvie Germain.

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Brèves de solitude

Il y a des autrices dont je n'aime pas la personnalité mais dont j'apprécie l'écriture et inversement celles que j'aime beaucoup mais dont je n'arrive pas à apprécier les livres. Sylvie Germain fait partie de cette dernière catégorie, j'ai donc toujours un peu de mal à ouvrir ses romans de peur d'être déçue.

Alors que le sujet de ses "Brèves de solitude" en lien avec la période de confinement due à la situation sanitaire de l'épidémie de Covid ne m'emballait pas plus que ça, j'ai été agréablement surprise.

Comme une sociologue elle fait des portraits de personnes qui se croisent d'abord dehors dans un parc et que l'on suit à l'intérieur suite au confinement.

Il n'y a pas de jugement mais des faits ce qui donne un intérêt documentaire à ce roman qui nous rappelle des souvenirs récents d'une crise bien vécue pour certains ou dramatiques pour d'autres.

Sans pudeur, Sylvie Germain évoque les ruptures amoureuses, les chiens alibis pour sortir, les applaudissements du soir ou encore la situation des personnes âgées et surtout de celles qui sont marginalisées.

Il y a un côté kaléidoscopique des propos inspirés par une période qui n'a pas touchée tout le monde de la même façon et Sylvie Germain a su l'observer.





Challenge Entre-deux 2023

Challenge Solidaire 2023

Challenge Plumes féminines 2023



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Éclats de sel

Après avoir passé une partie de sa vie en exil, Ludvík retourne à Prague, sa ville natale. Il y retrouve son maître de l’époque, mourant, et rencontre un tas de personnages bizarres… À la banque, à l’hôpital, dans un kiosque à journaux. Tous font référence au sel, mine de sel, gros sel, le sel des larmes, une rose de sel, le sel purificateur ou corrosif. Ludvík se questionne, ne comprend pas les autres, se sent décalé, mais son amie lui fait remarquer que c’est peut-être tout le contraire, peut-être ouvre-t-il les yeux et remarque son entourage et ses bizarreries. Probablement qu’il est enfin en harmonie avec le monde qui l’entoure. Son vieux maître meurt, une page se tourne, reste un nouveau monde à découvrir. Livre tout doux, très poétique.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Jours de colère

La petite polémique à propos du texte donné à l'épreuve de français du bac a montré à nouveau l'ampleur de l'échec du système scolaire, qui produit en masse des incultes et ne joue plus que très mal son rôle de réparation des différences culturelles – j'en profite pour louer les Lagarde et Michard, les maîtres de ma lointaine scolarité, grâce auxquels un enfant de milieu populaire pouvait découvrir la littérature et, ce qui est aussi important, son histoire. Le fameux texte de Sylvie Germain, honnie par certains lycéens, m'a donné envie de lire "Jours de colère", le roman d'où il est extrait.



C'est le récit d'un amour posthume, donc d'une folie. Il est ancré dans un hameau isolé au bord des forêts, quelque part au-dessus de l'Yonne, dans un temps imprécis, dont on comprend aux dernières pages qu'il s'agit de la fin du XIXe. Un bûcheron, un rustre âpre au gain et de cœur inflexible, surprend une scène de crime et s'éprend de la femme assassinée… S'ensuit un long enchaînement de vengeances à l'encontre du criminel et de sa descendance. À ce premier fil narratif, se mêle l'histoire d'une famille voisine, qui tombe elle aussi sous le coup de la colère de notre homme, devenu tout puissant dans le hameau. Cela ne peut que finir très mal. L'intrigue est assez simple et très efficace. On rêve de ce qu'aurait pu en tirer un Faulkner, ou un Michon, un Millet. Mais, sans s'évader totalement de la réalité, Sylvie Germain tire le récit vers la magie. C'est ainsi, par exemple, qu'une femme vouée à la Vierge par sa mère accouche d'un fils tous les 15 août, à des heures échelonnées dans la journée, engendrant donc 4 fils du Matin, un fils du Midi et 4 fils du Soir, nantis des caractères que ces heures présupposent. Comme on le voit, le récit est souvent gouverné par une métaphore, la projection d'une idée dans le monde réel, une allégorie faite événement.



La langue est à l'unisson, extrêmement fleurie, comme on le dit de la barbe de Charlemagne : c'est une effervescence incontrôlée d'images qui semblent arrachées aux manuels de catéchisme – des fleurs, des étoiles, des anges, etc. en avalanche. « Sa joie… avait… le goût et l'odeur d'un fruit mûr etc. ». Si le récit est voué à la Vierge, la langue, elle, est vouée à la Trinité ; tout y va par trois ; les épithètes et autres qualificatifs (« En suspens dans l'oubli, l'indifférence et la mélancolie. ») et même les phrases. L'histoire progresse lentement, par vagues, dans un long ressassement où chaque membre de phrase est deux fois reprise sous une autre forme avant une nouvelle avancée. J'ouvre les pages au hasard : « Jour de colère aujourd'hui. Jour de colère chaque jour de sa vie. Jour de colère pour toujours. le vieux Mauperthuis sentait son cœur battre de colère etc. » Impossible que Sylvie Germain ne se soit pas avisée de ce tic d'écriture qui gâche la lecture. En refermant le livre, le lecteur trouve lui aussi au Code Civil des beautés insoupçonnées. « Le style, disait Jude Stéfan, c'est l'effort contre soi-même ». Il est vrai que l'autrice était alors jeune : Jours de colère est son deuxième roman. Il faudrait aller voir dans la suite de son œuvre ; je délègue cette tâche à qui le voudra . Pour autant, je ne regrette pas ma lecture, pour l'intrigue, marquante.
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Magnus

Magnus, c’est le nom d’un ours en peluche marron dont l'une des oreilles en cuir porte une trace de brûlure et qui ne quitte pas son petit garçon de propriétaire . Mais c’est aussi le nom que prendra finalement ce petit garçon devenu adulte, au terme d’une longue quête identitaire.



Enfant rescapé de la guerre ( « à Hambourg à l’heure de Gomorrhe ») qui a perdu son identité, ses origines, à qui on a menti, il sera Franz-Georg, Franz Keller, Adam, Magnus, au fur et à mesure qu’il remonte le fil de son histoire : « homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d’incertitudes ».



Un livre déroutant dans sa construction : les courts chapitres sont des « fragments » de cette mémoire en miettes qui se reconstitue petit à petit . Ils sont entrecoupés de « notules » éclairant un point précis et de « séquences » , extraits de poèmes ,lieder, citations diverses qui entrent en résonance avec la quête de Marcus. S’ils ne m’ont pas tous parlé, ils ne gênent en rien la narration.

La dernière partie du livre est surprenante, passant dans un registre proche du conte ou du récit mystique, avec une fin ouverte que chacun interprétera à sa façon !



Un livre prenant, attachant, que j’ai lu presque d’une traite, dont l’écriture inventive et poétique peut dérouter mais qui mérite vraiment qu’on s’y attarde. Les lycéens, qui lui ont attribué leur Goncourt en 2005, ont bon goût !
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La puissance des ombres

Sylvie Germain osculte la noirceur d'une âme, restée traumatisée et dont la violence, le désespoir ne s'exprime que des années après le drame.



Daphné et Hardien rassemblent chez eux quelques amis pour fêter les 20 ans de leur rencontre.

Ce sera une fête costumée et gaie. Chacun rivalisant d'ingéniosité pour trouver le costume qui sera le plus réussi.



Après plusieurs heures de discussions enflamées, de rires, de danses, la fête vire au drame. Un des convives chute du balcon et s'écrase 5 étages plus bas.

Personne n'a rien vu, personne ne comprend ce qui a pu se passer.

L'autopsie concluera à un accident.



Quelques mois plus tard, un des amis du défunt fait une chute mortelle dans les escaliers d'une rue très pentue,

Cette coïncidence est tout de même inquiétante. Même si rien ne laisse penser qu'il y ait un lien.



A cette étape du récit, le narrateur change et nous suivons Sylvain qui avait été engagé comme serveur pour la fête costumée.

Sylvain est inquiet. Il a appris les morts accidentelles des invités.

Le rythme du récit évolue et les tourments de Sylvain sont de plus en plus présents.

Sylvain est traumatisé par un drame survenu alors qu'il avait huit ans. Il porte sa culpabilité depuis lors.

Son esprit lui joue des tours et il perd parfois le contrôle de ses pensées.



La puissance des ombres ou la succession de drames comme un jeu de domino. Chacun faisant écho au précédent.

Comment sauver une âme en perdition qui prend le pouvoir sur le conscient

et la conscience ?



C'est maginifiquement écrit.







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Les échos du silence

Je reste un peu déçu par ce livre. Un peu dans le sillage de Christiane Singer ou Christine Rincé, Sylvie Germain nous amène à nous questionner sur la présence ou absence de Dieu. La question que l'on se pose souvent : pourquoi si Dieu existe, la souffrance, l'injustice, le malheur… sont-ils autant présents ? Elle étaie sa réflexion en puisant des exemples dans la Bible, dans « Le roi Lear », la pièce de Shakespeare… Je ne connais pas trop cette pièce, et ces comparaisons ne m'ont pas franchement aidé. Pour autant, au-delà de ces connaissances culturelles, il se dégage de ce questionnement quelques pistes de réflexion et d'éléments de réponse. Si Dieu ne se manifeste pas, c'est qu'il a peut-être laissé la gestion de sa Création aux hommes. Avec tout ce qui s'en suit. Mais à travers les « silences » de Dieu, en étant suffisamment attentif, on peut en percevoir quelques échos… Aux hommes d'être dignes de cet encombrant mais magnifique héritage. Moi qui ne croit pas vraiment à Dieu de cette manière biblique, je me retrouve pourtant très bien dans ce questionnement autour de l'agencement de cet univers, laissé à la gestion des hommes, mais ce me semble un tantinet réducteur. Il y manque d'autres sources, d'autres références pour mieux comprendre l'univers.

Il en reste un livre, pas toujours facile à lire, s'appuyant sur des références que l'on n'a pas toujours. De plus, l'écriture, très choisie et assez poétique ne facilite pas la compréhension du propos, qui sur le fond, me semble assez réducteur.
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Éclats de sel

Entre deux voyages en train (qui ouvrent et ferment cette histoire), Ludvik est confronté à des personnages étranges qui lui parlent de sel.

Un jeune homme profite de son parapluie pour se mettre à l’abri mais aussi la rose de sel qu’il porte ; un enfant donne du sel à des oiseaux dans la neige… Et puis, ses pensées reviennent toujours sur son professeur mourant.



Je ne suis entrée dans ce livre que vers le milieu, lors des vacances que s’offre Ludvik dans une pension de famille. Je m’y suis un peu ennuyé. Mais l’écriture est belle, poétique aussi.

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L'inaperçu

Solange longe la berge, serrant sous son manteau un tapis de laine volé aux Galeries Clasquin. Un bref désir, une impulsion, un élan de folie possessive. Tremblante de son acte, hoquetante de peur, son attitude met en alerte l’homme déguisé en Père Noël qui la regarde du haut du quai. Mû par un sentiment d’urgence, craignant qu’elle se jette à l’eau, il descend les escaliers, la rejoint tout essoufflé. Dans sa tête tourne cette prière « Il ne faut pas qu’elle rie. » Embauché pour être pris en photo-souvenir avec les enfants de passage au centre commercial, il était sorti faire une pause d’où son accoutrement de Père-Noël. « Sa tenue guignolesque avec sa houppelande mal ajustée » pourrait en effet déclencher l’hilarité.

Après cette scène initiale qui sonnera la rencontre singulière de Pierre et de Solange, Sylvie Germain suit la femme chez ses beaux-parents, les Bérynx. La belle-mère est fade, prisonnière des convenances sociales alors que Charlam, le beau-père, se dresse en patriarche, tenant les cordons de la bourse familiale et désirant tout régenter, y compris le commerce de Solange veuve depuis un peu plus d’un an. Elle seule connaît les circonstances qui ont conduit à l’accident mortel de son mari, un accès de fureur contre sa femme pour un billet de loterie égaré.

Depuis, à chaque saison, sur le platane ayant stoppé net la voiture de Georges, un bouquet flamboyant pour le disparu atteste, peut-être, de l’existence d’une maîtresse… La révélation sur ces fleurs écarlates sera troublante.



Dans les livres de Sylvie Germain, c’est son amour des mots qui nous happe immédiatement. Sa plume, si admirable, fascine, étourdit, et il faut presque se forcer à y saisir les indices qui portent l’histoire. Je me laisserais facilement bercer par la musicalité de ses phrases, en oubliant d’être attentive au déroulé du roman ! Celui-ci tourne autour de la famille, environnement où se construit un individu. L’impact de l’enfance semble déterminer, avec plus ou moins de force, plus ou moins de blessures, le devenir des uns et des autres.

Au sein de cette famille Bérynx vient se greffer Pierre qui prend sa décision à pile ou face lorsque Sabine lui propose de venir travailler dans son commerce. Pierre, l’énigmatique, le solitaire sans aucune attache familiale, ne se dévoile pas et esquisse habilement les questions sur sa vie privée, son passé, ses désirs. Neuf ans plus tard, dans l’esprit de Charlam, le patriarche, il restera le « Braconnier », un intrigant qui « sentait la rue » et pour lequel il nourrit une profonde aversion.

Petit à petit, de son écriture envoûtante, Sylvie Germain déchiffre les êtres, leurs désirs cachés, leur frustration, leurs excès, leur mal-être, les marques de l’enfance dont on ne se dépouille pas si facilement.

Avec Pierre, alors qu’il semble vivre en lisière de la famille Bérynx, elle s’attache aux traces laissées après son départ subit. Des traces qui pourraient rester inaperçues mais qui se révèlent déterminantes, qui ont creusé des sillons plus ou moins profonds chez les uns et les autres pour ouvrir d’autres voies à leurs vies.



Dans ce roman, Pierre peut être l’inaperçu mais il faut saisir aussi les multiples visages que peut prendre l’inaperçu niché chez les autres personnages. Il peut être celui d’un secret, de sentiments précieusement masqués, d’une culpabilité, d’un traumatisme enfoui, refoulé. L’intérieur de chaque être se construit d’éléments disparates auxquels s’ajoutent, parfois, l’un des évènements honteux inscrits dans l’Histoire. On comprendra alors, le cœur serré, l’importance des premiers mots que Pierre a adressés à Sabine « Ne riez pas ! »

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La puissance des ombres

Une soirée déguisée entre amis, quelque part dans Paris. L'ambiance est joyeuse, débridée, simplement agréable. Et voilà le drame : un des convives a basculé par-dessus le balcon. Fin de partie, un mort sur le trottoir. « Ils sont là debout, pathétiques avec leurs mines défaites, leurs tenues dépareillées, leurs maquillages mal nettoyés, leurs bras ballants. » (p. 30) Quelques mois plus tard, un autre convive meurt en dévalant un escalier parisien. La stupéfaction ne retombe pas. Ce sont des drames trop proches pour être anodins. Retour arrière, des années plus tôt : une petite fille a été massacrée, et son frère porte le poids d'une culpabilité écrasante. « C'est de lui-même qu'il est orphelin, de son innocence qu'il est en deuil, et celui est sans rémission. » (p. 106) Dans une douleur qui peut rendre fou, l'homme n'a pas oublié.



Je ne m'attendais pas à trouver Sylvie Germain dans le genre noir du thriller, mais c'est un exercice réussi ! Avec subtilité, elle écrit un personnage tourmenté qui n'est pas un monstre, qui n'est pas une victime : il n'est que ce que la solitude a fait de lui. « Peut-on sculpter l'ombre d'une personne ? » (p. 55) J'ai dévoré ce court roman où la Mort est une passante sans-gêne, dans des villes immenses et aveugles où se croiser revient surtout à s'éviter.
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La pleurante des rues de Prague

Livre d'une tristesse poétique qui a un certain charme.

La beauté du texte est gâchée par des répétitions beaucoup trop présentes, ce qui rend la lecture lourde et peu agréable.

Pour les connaisseurs, on reconnait la beauté de la ville malgré un décor lugubre, mais cela permet de l'apprécier d'une autre manière.
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Petites scènes capitales

Je dois l'avouer, le premier tiers de ce roman m'a semblé long et ennuyeux. La jeune Lili, enfant unique, n'a pas connu sa mère, et son père refait sa vie avec une autre femme. Cette dernière débarque dans sa vie avec ses quatre enfants.



Lili se retrouve alors un peu noyée au sein de cette fratrie, et bien sûr elle n'est plus la chouchoute. Pour autant, elle n'est pas malheureuse; comme dans toutes les familles elle a de bons moments et de moins bons.



L'histoire bascule au moment où se produit le premier accident sérieux - que je ne dévoilerai pas ici. Il sera suivi d'autres événements et drames qui vont influencer la vie de Lili. Par ailleurs, petit à petit, on va découvrir quelques secrets de famille. Le thème du livre, tel qu'indiqué dans le titre, est de montrer l'impact que peuvent avoir sur une vie des événements très courts. Sans que l'intéressé(e) ne puisse en analyser facilement sur le champ les tenants et aboutissants: le temps long est essentiel à ce processus.



Mais ce n'est pas pour autant une énième variation simpliste sur le destin. D'autres thèmes sont abordés, comme par exemple la place de la religion, le rôle de l'art, l'amour, le renoncement... J'ai fini par me passionner pour cette histoire, j'ai partagé les sentiments de Lili. Au début quelques tournures de style m'ont semblé un peu trop pompeuses, trop appuyées, et puis ensuite, l'écriture fluide et imagée de l'auteure a gagné. Certaines phrases nécessitent d'être lues lentement, voire relues, pour en apprécier la puissance.
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Tobie des marais

Un garçon, issu d’une famille frappée par d’horribles deuils, rencontre une fille qui semble frappée d’une horrible malédiction.

(Et ne lisez surtout pas la quatrième de couverture, elle raconte toute l’intrigue jusqu’au dernier chapitre.)

C’est une lecture mitigée.

Ce n’est pas qu’elle n’écrive pas bien, Sylvie Germain, quoiqu’au début j’ai été rebutée par une impression de préciosité, d’écriture ampoulée - tout ce que je n’aime pas. Mais ensuite l’impression se dissipe et j’ai apprécié de belles descriptions poétiques. Elle inclut beaucoup de références : Bible (l’intrigue suit celle du "Livre de Tobie"), poésie, musique, peinture.

La plupart des personnages sont attachants, l’autrice prend le temps de les camper, mais elle leur veut du mal : que des morts violentes, dont elle n’omet aucun détail, même le plus trash. On a tout le catalogue : décapitation, immolation, explosion, rien ne nous est épargné - jusqu’à l’étouffement avec une cerise.

J’aurais apprécié davantage ce roman s’il n’avait pas été inutilement gore.

Challenge Solidaire 2023

Challenge Départements (Indre)
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Songes du temps

Recueil de textes de Sylvie Germain, écrits entre 1997 et 2002.



« Penser, vivre, être présent au monde, c'est essayer d'écouter, voir ce qui monte du fond des temps, se laisser troubler par des songes venus d'ailleurs, d'infiniment plus loin que soi, et cependant nous concernant au plus intime. » (p. 11) En s'attardant sur les dates répétitives du calendrier répétitives et les éléments immuables des saisons, l'autrice invite à refaire mémoire des choses passées et à comprendre, mieux et différemment, les enseignements d'hier. Parce que la foi se vit dans l'instant, le maintenant. « La fête de Pâques ne commémore pas seulement un événement extraordinaire surgi il y a quelque deux millénaires, elle inscrit cet instant dans le vif du présent. » (p. 62) Sylvie Germain évoque le temps de l'Avent, Noël, la Pentecôte ou encore les vendanges et l'hiver. Sa philosophie théologique est très érudite et nourrie de mythes et de culture littéraire, mais elle reste accessible à qui veut écouter les douces répétitions du temps. Ainsi, l'incessant ressassement du rosaire n'est pas monotone ou mécanique, il est une façon de s'ancrer dans le présent, de s'ouvrir pleinement à la Parole. « À travers les mains qui égrènent et les lèvres qui récitent, c'est le corps entier qui participe à la prière. Le corps mis en état de veille active, tout à la fois il cueille et se recueille. » (p. 100)



Sylvie Germain m'émeut profondément avec ses romans et elle nourrit ma réflexion spirituelle et mon chemin de foi avec ses textes philosophiques. Je vous conseille le très beau Mourir un peu que je relis régulièrement.
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Opéra muet

C'est un livre trouvé au fin fond de la bibliothèque municipale de Rouen - de sa réserve, plutôt. ce livre date de 1989 et je trouve que l'on a tendance à trop se réfugier dans l'immédiateté, et à ne pas assez retourner dans le passé, pour lire ou relire des livres qui datent des décennies antérieures. L'on retrouve ainsi des faits oubliés, ou devenus impossibles. Ainsi, Gabriel, qui n'a pas de médecin traitant, trouve un rendez-vous médical dans la journée, sans difficulté, et ce médecin, découvrant son état mental, lui donne un arrêt maladie de quinze jours - pour qu'il puisse changer d'air, se remettre.



Dans un registre plus léger, Gabriel est photographe "à l'ancienne", puisque le numérique n'existe pas. Aussi, les retouches photos quand une erreur est faite "sur place" est nettement plus compliquée à corriger - quand ce n'est pas totalement impossible. Rude vie que celle de ce photographe qui va de cérémonie en cérémonie, de maternité en maternité, pour immortaliser ces moments de bonheur et tenter de les vendre après.



Et Gabriel dans tout cela ? Il vit seul, il rêve seul, il se souvient et son monde se désagrège au fur et à mesure que le mur en face de lui est démoli. Il fera même une incursion dans le chantier, comme tant de jeunes le font. Pour constater l'ampleur de la démolition, ou l'ampleur de sa démolition, de ce qu'il pourrait construire - ou reconstruire - s'il quittait enfin ce terrain trop connu. Je reconnais d'ailleurs que le dénouement m'a semblé un peu hermétique, et c'est peut-être ce qui m'a empêché d'aimer pleinement cette lecture.
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Brèves de solitude

Véritable labyrinthe de personnages, de situations et de solitude! On tourne les pages de ce livre comme si on détaillait chaque couche de peinture sur un tableau. Sylvie Germain semble mener ici une étude de la société contemporaine où les hommes n'ont que l'espace en commun, au fond, ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes broyés par la solitude. le confinement en période de crise sanitaire n'a fait que confirmer et accentuer cette sensation de solitude. En effet, Brèves de solitude commence dans un parc où plusieurs personnages trimbalent chacun son lot de solitude. Des monologues intérieurs de chaque personnage résonnent d'une manière concise et dense à la fois. Des gestes des uns et des autres sont interprétés selon le regard que chacun lance à autrui. Puis vient le confinement, on retrouve les mêmes personnages, égarés dans leur univers comme si cette sensation de se sentir prisonnier n'était pas loin d'eux...

J'ai aimé le livre, aimé cette architecture que Sylvie Germain a su construire entre ces personnages dont l'intérêt diffère à tout point de vue, mais il y a comme un fil qui les attache tous à un même sort... la tragédie de la vie...
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Jours de colère

Un homme tombant amoureux d’une morte, une grosse femme qui met au monde que des garçons, tous nés un quinze août… dans ce village du Morvan, une famille se déchire… Jalousie, frustration, colère : jusqu’où ira la folie de l’homme ?

Un style d’écriture un peu difficile mais qui donne des images plein la tête (trop peut-être). Beaucoup de longueur mais bizarrement cela contribue à l’atmosphère féérique et mystérieuse de ce pays de forêt, d’hommes frustres baignés dans le milieu des contres, des légendes et du culte de Marie.
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Magnus

Sylvie Germain est une écrivaine française née en 1954.

Magnus, paru en 2005, reçoit le prix Goncourt des Lycéens.



Franz-Georg, un garçon de 5 ans vivant en Allemagne au début de la Seconde Grande Mondiale a complètement perdu la mémoire. Ses parents lui expliquent qu’il a réchappé de peu d’une grande fièvre. Magnus, son ours en peluche, sent un peu le roussi mais il ne veut jamais le quitter malgré la volonté de sa mère de s’en défaire.



Lorsque sa famille fuit l’arrivée des alliés il finit par comprendre que son père est recherché pour crime de guerre. Sa mère, qui apprend le décès de son père, commence à dépérir et confie son fils à son frère qui vit en Angleterre. Le passé de son père lui pèse énormément jusqu’à ce qu’il découvre que son passé n’est pas celui qu’il croit, qu’il n’est pas celui qu’il croit. Va commencer pour lui une quête d’identité semée de douleurs et de belles rencontres.



L’auteur nous décrit avec une plume habile et fluide tout le poids de l’Histoire qui a pu peser sur les épaules des enfants nés juste avant la Guerre. La difficulté de vivre avec le passé parfois lourd de leurs parents, la perte d’identité des enfants qui n’ont parfois aucun souvenir de leurs parents et qui ne savent pas qui ils sont réellement. Malgré un sujet qui peut être dur, nous ne pouvons plus lâcher l’histoire du moment où nous l’avons commencé et notre attachement au héros devient très fort. Les apartés historiques disséminées tout le long du livre sont très précieuses pour bien appréhender le contexte historique et enrichissent beaucoup l’histoire.

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La pleurante des rues de Prague

Dans La Pleurante des rues de Prague, Sylvie Germain répertorie les apparitions d'une sorte de fantôme, de vision censée représenter toute la tristesse de Prague (ou du monde ?). J'ai eu bien du mal à trouver un intérêt à cette lecture. Si le récit est poétique, il n'est pas vraiment prenant, manquant quelque peu de trame, et ne pose pas non plus réellement des questions, n'éveille pas de reflexions sur la vie et la mort. Les quelques retours sur l'histoire tchèque m'ont semblés, bien qu'intéressants, trop peu développés, objet d'une réflexion pas aboutie enrobée de jolies phrases - il faut au moins reconnaitre ça. Peut-être suis-je trop jeune pour réellement comprendre l'enjeu d'une telle lecture, mais celle-ci m'a résolument semblé être un engagement, un message ratés.
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