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Citations de T. C. Boyle (160)


J'aime ma femme, mais nos relations, plutôt harmonieuses au cours des années, avaient toujours eu quelque chose de - euh...comment dire ? - de prévisible, un quotidien convenu qui parfois me pesait un peu et faisait me sentir comme un meuble qu'on n'a pas déplacé depuis une éternité. Une table basse peut-être, en érable, avec quelque motif biseauté dont le seul objectif semble être de retenir la poussière. C'est pourquoi - et je ne cherche pas d'excuse, mais juste à établir les faits - j'avais, cette nuit-là, enfilé mon jean noir et mon pull à col roulé, récupéré ma cagoule de ski dans le placard et grimpé derrière la cabane de Lily Baron jusqu'au premier étage où une petite plateforme sur le toit de la véranda me permettait d'avoir une vue plongeant chez elle.
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Il reconnut sa façon de glisser son épaule sous elle, vit une rondeur puis sa taille qui se creusait et sa hanche qui se dressait fièrement. Il avait toujours aimé ses hanches. Et ses jambes. Ma forme de ses genoux. Sa façon de marcher comme si elle s'apprêtait à offrir un cadeau très spécial destiné à quelqu'un qu'elle n'avait pas encore découvert.
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Je n’avais pas vraiment faim – mon ventre fait des siennes quand je suis tendue –, mais je me forçai à manger des crêpes, des muffins à la myrtille, des toasts de pain au levain : on aurait dit que je faisais le plein de glucides avant de courir un marathon. Je ne crois pas avoir été capable d’apprécier le goût de la nourriture. Et le café : je dus boire une tasse entière, gorgée après gorgée, sans en être consciente, une habitude à laquelle je devrais couper court, car, si j’étais sélectionnée (et je le serais, j’en étais certaine, ou, du moins je voulais m’en convaincre), je devrais entraîner mon corps à faire sans. Contrairement à mon habitude, je n’avais pas apporté de livre et je n’ouvris pas le journal du jour, qui traînait pourtant sur le comptoir. Je me concentrais sur la nourriture : porter la fourchette à la bouche, mastiquer, déglutir, actes répétitifs, interrompus seulement pour couper les crêpes en carrés correspondant à une bouchée, et pour lever la tasse aux lèvres.
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C'était un air de Californie, un air où, à parts égales, on trouvait la candeur et l’émerveillement, un air qui deux fois sur trois annonçait qu'on allait bientôt vous demander un petit service ou quelque argent à emprunter.
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Robert sentait comme sa mère, l'odeur de la maison humide et triste dans laquelle il avait grandi, pantoufles et menthol, le vieux chien et la moisissure sous l'évier de la cuisine et le parfum épicé et édulcoré de la lotion après-rasage dont il s'aspergeait tout le temps. (p.88)
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C’était bien l’île, l’île qui la détruisait, elle le savait depuis le début, et elle aurait pu le dire tout fort, le hurler, elle aurait pu dire n’importe quoi, jurer et tempêter, pensant Voici ce à quoi ressemble la mort, ce poids, cet écrasement.
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Le chien était couché sur le tapis devant le canapé, à quelques centimètres de ses bottes. Des dreadlocks ! Un chien à dreadlocks. Ça, c’était cool. Il pensa à Bob Marley et à Jimmy Cliff, il pensa à son campement dans les bois dont personne ne connaissait l’existence, il pensa à la ganja, à l’opium, à ses semis de pavot dans deux cent vingt-sept pots en plastique noir pour les mettre à l’abri des rongeurs.
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Cela se passait plusieurs mois avant, vers l’époque où il était allé sur l’île avec les ratons laveurs : il avait demandé à Wilson de faire les premiers pas, et ce gars était le contact que Wilson lui avait fourni. Everson Stiles, ex-pasteur d’une église évangélique où l’on était persuadé qu’il fallait accueillir le serpent dans la maison de Dieu. Une fois par an, il organisait donc un rassemblement de crotales au cours duquel les paroissiens venaient au temple munis de sacs en toile plein de reptiles et se roulaient au milieu d’eux, baragouinant et demandant au Seigneur de les épargner de tout mal. Or, apparemment, le Seigneur les avait abandonnés car certains d’entre eux avaient été piqués, dont une petite fille de dix ans, mortellement. Il s’était suivi un procès dont l’issue avait été défavorable à l’église, ce qui marqua la fin de cette pratique et de l’église en même temps.
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Il fut immobilisé sur place, par la colère. Il eut du mal à s'empêcher de hurler et ne comprit que trop la façon insidieuse dont le système fonctionnait, malgré le bois verni et le grain de l'histoire : passe le week-end en taule, innocent ou pas, et tu es condamné au look prison - compromission et culpabilité. Tu es sale, abattu et si tu n'es pas coupable des forfaits qui te sont reprochés, tu es coupable tout de même, d'être accusé, d'être apathique, désespéré, crasseux, aliéné. Il se promit de ne jamais oublier cette leçon, jamais.
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Elle n’avait jamais eu aussi soif de sa vie. N’avait jamais su ce que c’était, n’avait pas vraiment compris en lisant dans les magazines que les Bédouins tombaient parfois de leur chameau, que leur chameau mourait parfois sous eux ou que, lorsque les G.I.s pourchassaient la rumeur des Panzer de Rommel dans les dunes d’Afrique du Nord, l’eau n’était jamais qu’un mirage. Elle avait toujours vécu dans une maison avec un robinet, dans un endroit où l’herbe était verte, où la rosée tapissait l’herbe le matin, où on pouvait prendre un Coca dans n’importe quel snack-bar ou à un distributeur au garage du coin. Quand elle avait soif, elle buvait. C’était simple comme bonjour.
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Le commissaire était stupéfait. Cet enfant - cette choses - était blessé, bossu, sale, il puait la porcherie, il était aussi sauvage et égaré que la première créature dressée debout que Dieu avait créée à Son image, cet home, Adam, à qui avait été donné de régner sur les animaux et de les nommer à son tour. Sauf que ce n'était pas un homme, mais un animal, précisément, une espèce de singe, le genre de bête abâtardie à quoi devait songer Linné quand il avait rangé hommes et primates dans la même famille. Et si le moindre doute subsistait, il était vite levé par la présence de l'étron rond et luisant fraîchement déposé sur le plancher de bois brut.
Le feu crépitait. Un murmure parcourut la foule amassée aux fenêtres. "Dieu tout-puissant s'exclama Constans-Saint-Estève, le souffle coupé. Puis il se tourna vers le teinturier et lui adressa la seule question qui lui vint à l'esprit : "Cette chose est-elle dangereuse ?"
Vidal, embarrassé de montrer au commissaire un logis dans un tel désordre, haussa les épaules. "Ce n'est qu'un enfant, citoyen commissaire, un pauvre enfant abandonné, un être de chair et de sang tout comme vous et moi. Mais il n'a pas d'éducation. Il ne sait pas ce qu'est la bouillie, ou un bol, ou un verre, une cuillère, il ne sait pas s'en servir..."
[...] "Est-ce qu'il parle ?"
- Rien que des cris et des geignements. Il est peut-être... Je crois qu'il est sourd-muet."
Recouvrant ses esprits, le commissaire traversa la pièce et resta un moment devant l'enfant, en murmurant d'une voix douce et prudente. Sa curiosité scientifique avait repris le dessus - quelle aubaine ! Oui, un prodige en vérité. "Bonjour, dit-il enfin en pliant les genoux pour mettre son visage blanc dans le champ de vision du garçon, je suis Jean-Jacques Constans-Saint-Estève, commissaire de Saint-Sernin. Et toi, qui es-tu donc ? Comment t'appelles-tu ?"
L'enfant le traversa du regard comme s'il n'était pas là.
"As-tu un nom ?"
Rien.
"Me comprends-tu ? Comprends-tu le français ? Ou une autre langue ?" A en juger par la complexion de sa peau, l'enfant était peut-être d'origine basque, espagnole ou italienne. Le commissaire essaya de le saluer dans ces diverses langues, puis, en désespoir de cause, il frappa dans ses mains aussi fort qu'il put, sous le nez de l'enfant. Qui n'eut pas la moindre réaction. le commissaire lança un regard à Vidal et aux visages perchés à la fenêtre la plus proche comme des bourgeons sur une branche, et il déclara : "Sourd-muet".
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Elle savait qu'il ne fallait rine garder, que rien ne falait la peine qu'on s'y accroche, qu'en fin de compte, tout cela n'était rien.
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He wasn't materialistic, not really, and he never bought anything on impulse, but when he did make a major purchase he felt good about it, good about himself, the future of the country and the state of the world. That was the American way. Buy something. Feel good.
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The world was full of bad news. Why contribute more ?
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(...) it was a deep aching guttural moan that made something catch in his throat, an expression of the most primitive and elemental experience we know : pain.

( (...) c'était... un grogrement profond, guttural et douloureuxqui dans l'instant lui noua la gorge tant il disait le plus élémentaire et primitif de l'expérience humaine : la souffrance.)
traduction de Robert Pépin
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Mais en fin de compte, sa mère promit de lui envoyer de l’argent, qu’à son tour, elle promit de rembourser. Elle était une ratée, toutes deux le savaient, une paumée qui avait perdu un enfant et son mari, qui travaillait à mi-temps comme serveuse, un boulot tellement indigne d’elle ; tous les jours, elle perdait des neurones à la pelle et s’accrochait à la maison comme si cela pouvait la racheter de toutes les forces liguées contre elle, à commencer par la montée des eaux et les termites qui avaient migré depuis la lointaine Asie pour saper le peu qui restait.
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Allez, un petit whisky?
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Je crois que nous ressentions tous la même chose, nous le ressentions en tant qu'équipe, nous devinions que l'atmosphère changeait, littéralement. Sous serre, l'air dense, vif et vert, était très différent de l'air raréfié du désert qui nous entourait. Dès l'instant où nous y avons pénétré, il emplit nos narines. Il sentait la moisissure, les spores, la terre humide, la photosynthèse, les fourmis, les termites et les microbes dans le sol tout à leur œuvre destructrice sous les bananiers et les palmiers qui s'élançaient vers notre ciel restreint fait de milliers de panneaux de verre scellés, accablés de soleil. Cet air, on en avait le goût sur la langue. Il entrait et sortait de vos pores comme si votre corps n'avait été qu'un gros poumon. Et, en fond sonore, toujours, le redoutable grondement des ventilateurs et des souffleries de la technosphère qui rendaient tout cela possible, notre respirateur artificiel aux inspirations aussi brusques que ses expirations étaient lisses, jour et nuit, régulier comme un cœur. Voilà comment c'était à l'intérieur, voilà ce qui vous frappait – qui m'a frappée, en tout cas, moi – au cours de ces premiers instants de la mise en étanchéité. (p. 128)
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Recette du Chameau farci de TC Boyle (water music):

POUR 400 PERSONNES –

Ingrédients : 500 dattes
200 œufs de pluvier
20 carpes de 20 livres
4 outardes, plumées et vidées
2 moutons
1 gros chameau
Condiments divers

Préparation :

Creuser une tranchée. Faire un feu d’enfer pour obtenir de la braise sur un mètre de profondeur. Faire durcir les œufs à part. Écailler les carpes et les farcir avec les dattes et les œufs durs épluchés. Assaisonner les outardes et les farcir avec les carpes farcies. Farcir les moutons avec les outardes farcies, puis farcir le chameau avec les moutons farcis. Flamber le chameau. L’envelopper de feuilles de palmiers doums et l’enterrer dans la fosse. Laisser cuire pendant deux jours.
Servir avec du riz.
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Trapu, la cinquantaine, il avait les cheveux blancs et la peau de la couleur et de la texture d'un ballon d'entraînement.
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