Citations de Toni Morrison (1104)
- « Est-ce que vous étiez à la guerre?
- J’y étais.
- Avez-vous tué quelqu’un?
- Obligé.
- Comment vous êtes-vous senti?
- Mal. Franchement mal.
- C’est bien. Que ça vous ai fait sentir mal. Je suis content.
- Comment ça?
- Cela signifie que vous n’êtes pas un menteur.
- Tu es profond, Thomas, dit Franck en souriant. Quel métier tu veux faire quand tu seras grand? »De la main gauche, Thomas tourna la pognée et ouvrit la porte. « Homme », répondit-il, puis il sortit.
Etant une minorité à la fois comme caste et comme classe, nous vivions sur l'ourlet de la vie en luttant contre notre faiblesse et en nous battant pour nous accrocher ou pour grimper sans aide dans les grands plis du vêtement. Mais nous avions appris comment nous y prendre avec notre existence périphérique - sans doute parce que c'était abstrait.
"_Comment oses-tu me traiter de feignant ?
L'art c'est du travail. Même si ça ressemble à un jeu."
"Ce ne sont pas vos parents qui vous ont rêvés: c'est vous. Je ne fais que vous inciter à poursuivre le rêve que vous avez commencé. Car rêver n'est pas irresponsable: c'est une activité humaine de premier ordre. Ce n'est pas du divertissement: c'est du travail. Quand Martin Luther King a dit : "Je fais un rêve.", il ne jouait pas, il était sérieux. Quand il l'a imaginé, visualisé, crée dans son propre esprit, ce rêve a commencé à exister, et nous aussi devons faire ce rêve, afin de lui donner le poids, l'étendue de la longévité qu'il mérite. Ne laissez personne, personne, vous persuadez que le monde est ainsi fait et que, par conséquent, c'est ainsi qu'il doit être."
- On n'a pas besoin d'être violents. On a besoin d'être malins.
Quand elle a vu ce pied noir avec sa plante rose crème, striée de boue,
Cee s'est mise à trembler,
j'ai essayé d'attirer son tremblement dans mes os,
parce que je pensais pouvoir y arriver.
page 12
Je peux oublier la raison pour laquelle le coeur de Baby Suggs s'est arrêté; oublier que nous avons tous été d'accord pour dire que c'était de la consomption, sans qu'il y en ait jamais eu le moindre signe.
p255
- Tu es profond, Thomas, dit Franck en souriant. Quel métier tu veux faire quand tu seras grand?"
De la main gauche, Thomas tourna la poignée et ouvrit la porte. " Homme", répondit-il, puis il sortit.
Ne compte que sur toi-même.Tu es libre.Rien ni personne n'est obligé de te secourir à part toi.Sème dans ton propre jardin.Tu es jeune,tu es une femme,ce qui implique de sérieuses restrictions dans les deux cas, mais tu es aussi une personne.Ne laisse pas Lenore ni un petit-ami insignifiant,et sûrement pas un médecin démoniaque,décider qui tu es.C'est ça l'esclavage.Quelque part au fond de toi,il y a cette personne libre dont je parle.Trouve-la et laisse-la faire du bien dans le monde.
Être femme ici c'est être une blessure ouverte qui ne peut guérir. Même si des cicatrices se forment, le pus est toujours tapi en dessous.
Je sais ils se sont disputés à propos de quelque chose et que le docteur Beau a dit qu'il ne voulait pas de pro-Rouges dans sa maison.
- De Peaux-Rouges ?
- Pro-Rouges, pas Peaux-Rouges. Moi, je n'y comprends rien. Ça doit être quelque chose de terrible je suppose.
-Ce que je dois faire, c’est mettre au lit et m’allonger. Je veux me concentrer sur quelque chose d’inoffensif en ce monde.
-De quel monde parles-tu donc? Il n’y a rien d’inoffensif sur cette terre.
-Que si. Le bleu. Ça ne fait de mal à personne. Le jaune non plus.
-Tu vas te mettre au lit pour penser a du jaune?
-J’aime bien le jaune.
-Et après? Quand t’en auras fini avec le bleu et le jaune, qu’est-ce que tu feras?
-Peux pas dire. C’est quelque chose qui peut pas être prévu.
Comment devient-on raciste, sexiste ? Puisque personne ne naît raciste et qu'il n'existe pas de prédisposition fœtale au sexisme, on apprend à fabriquer l'Autre non par des conférences ou par une instruction, mais par l'exemple. (Page 18)
- Sérieux, c'est un autre mot pour dire misérable. Je sais ce que c'est d'être sérieux. Mon père est sérieux. Mes soeurs sont sérieuses. Et il n'y a pas plus sérieux que ma mère. Elle est tellement sérieuse qu'elle en crève. [...]
Aucune créature n'était assez impie pour qu'ils veuillent l'anéantir. Tuer leur était facile, sous le coup de la colère, mais pas de façon délibérée, ce qui expliquait pourquoi ils ne pouvaient lyncher qui que ce soit. Agir ainsi eût été non seulement contre nature, mais indigne. La présence du mal était d'abord quelque chose qu'il fallait reconnaître avant de s'en occuper, de lui survivre, de ruser et enfin d'en triompher.
Page 129
Joli, se dit Franck. Un peu de Bible, ça marche à tous les coups et dans tous les endroits - sauf la zone de tir. "Jésus ! Jésus ! " Voilà ce qu'avait dit Mike. Ce qu'avait hurlé Stuff également. "Jésus, Dieu tout puissant, je suis foutu, Franck, Jésus, aidez-moi."
Arriver quelque part où l'on pouvait aimer tout ce que l'on voulait-ne pas avoir besoin d'autorisation pour désirer-, eh bien, ça c'était la liberté.
Le temps était si lumineux, plus lumineux qu’à son souvenir. Ayant absorbé tout le bleu du ciel, le soleil se prélassait dans un paradis blanc, menaçait Lotus, torturait son paysage, mais échouait, échouait, sans cesse échouait à le réduire au silence
Avant, Frank n’était pas courageux. Il avait simplement fait ce qu’on lui disait et ce qui était nécessaire. Il se sentait même nerveux après avoir tué. A présent, il était déchaîné, insensé, tirait en évitant les fragments épars des victimes. Il n’entendit pas clairement supplier, crier à l’aide, jusqu’à ce qu’un F-51 lâche son chargement sur le nid de l’ennemi. Dans le silence qui suivit l’explosion, les plaintes flottèrent comme les notes de violoncelle bon marché qui émanent des cages à bestiaux dans lesquelles les bovins flairent leur avenir baigné de sang. Désormais, Mike ayant disparu, Frank était courageux, quoique cela signifie.
Puisque vous tenez absolument à raconter mon histoire, quoi que vous pensiez et quoi que vous écriviez, sachez ceci: je l’ai vraiment oublié, l’enterrement. Je ne me souvenais que des chevaux. Ils étaient tellement beaux. Tellement brutaux. Et ils se sont dressés comme des hommes.