AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Toni Morrison (1263)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Récitatif

Émouvante, prenante, voilà les adjectifs qui me viennent pour définir la seule nouvelle de Toni Morrison.

Une belle lecture, forcément très rapide, enrichie par la postface très intéressante, une vraie analyse, de l'autrice britannique Zadie Smith.

On suit deux fillettes Twyla et Roberta, qui se rencontrent à l'orphelinat, et se recroisent ensuite à plusieurs reprises, à des années d'intervalle.

Leur pauvreté, l'abandon par leurs mères respectives et leur bon coeur les réunissent pour se soutenir face à l'épreuve que représente leur enfance.

Leurs vies évoluent en même temps que l'Histoire, leurs chemins se croisent, se séparent et se retrouvent parfois.

On les suit avec passion et un roman n'aurait pas été de trop.

C'est une très belle nouvelle, un appel à la paix, à l'amitié, à la tolérance et à l'antiracisme.
Commenter  J’apprécie          40
Beloved

L'écriture parfois confuse rappelle Faulkner et nous plonge au coeur de l'âme de femmes noires, au 19e siècle, qui se débattent avec la vie ... et la mort.



Une oeuvre forte et pesante, à l'image du passé qu'elles traînent comme des boulets aux pieds.
Commenter  J’apprécie          00
Home

C'est un livre coup de poing. Une centaine de pages seulement mais d'une intensité incroyable. Jamais larmoyant et toujours percutant.

La construction du roman est émaillée de flash back et d'élipses. Les événements historiques parsèment l'oeuvre mais aucune date n'est indiquée.

Le roman emprunte au conte de fées (sorcière, Hänsel et Gretel etc.) dans sa tradition la plus sombre.

Dans le contexte d'une très violente discrimination raciale, les personnages enchaînent des situations plus dures les unes que les autres.

Ce récit c'est aussi celui d'un cheminement lumineux symbolisé par le parcours de Frank à travers les États-Unis de Seattle à Atlanta, et du lien entre un frère et sa sœur, véritable lumière dans l'obscurité de ce texte. L'entraide tantôt de la communauté tantôt de parfaits inconnus donnent un peu d'espoir et d'humanité malgré le racisme dans sa violence la plus brute au coin de chaque page.

Les thèmes sont multiples, l'émancipation féminine, la guerre de Corée et surtout le racisme décliné sous toutes ses formes : les lynchages, l'immigration forcée, la pauvreté, l'exploitation par le travail ...
Commenter  J’apprécie          10
Récitatif

À huit ans, Twyla et Roberta sont placées dans un foyer pour enfants en difficultés. La directrice les place dans la même chambre. Pendant quelques mois, elles partagent tout, les jeux, les repas, les souvenirs de leurs vies avec mères. Elles deviennent, inséparables, comme des sœurs, au point qu’on parle d’elles comme étant « poivre et sel ». Cet indice nous informe sur le fait qu’elles ne sont pas de la même couleur, mais laquelle est blanche, laquelle est noire ?

Quelques mois plus tard, elles se retrouvent dans leurs familles. Elles se rencontreront des années plus tard, devenues adultes, et échangeront des souvenirs divergents sur un événement qui les hante, vécu dans ce foyer. Maggie a été moquée par les aînées du foyer. Toni Morrison nous dit seulement que Maggie « était vieille, couleur de sable, et elle travaillait à la cuisine« . Roberta accusera Twyla de l’avoir molestée, ce qu’elle n’a pas fait lui avouera-t-elle plus tard. Mais alors, pourquoi ce souvenir les hante ?



Dans cette remarquable nouvelle de moins de soixante pages, on ne saura pas qui est blanche et qui est noire, même en pratiquant une lecture attentive, puisque Toni Morrison a fait « l’expérience d’ôter tous les codes raciaux d’un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l’identité raciale est cruciale« . Au fil des rencontres des deux filles à divers moments de leur vie, on verra que d’autres catégories effacent ou se superposent à la catégorie raciale, comme « être pauvre, être une femme, être à la merci de l’État ou de la police, habiter dans un certain quartier, avoir des enfants, détester sa mère, vouloir le meilleur pour sa famille« .



Récitatif est l’unique nouvelle de Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993. Elle a été publiée en 1983 aux États-Unis et en France en 2019 dans la revue America. Dans cette édition, elle est enrichie de la postface de Zadie Smith qui nous fait l’explication de texte et mène l’enquête visant à résoudre l’énigme.

Récitatif est porté par la plume précise et poétique de Toni Morrison, dont on sait l’engagement en faveur de la question noire américaine. Que la nouvelle soit à la fois sociologique et littéraire est du grand art.
Lien : https://lecturesdereves.word..
Commenter  J’apprécie          60
Récitatif

Récitatif, la seule et unique nouvelle jamais écrite par la prix Nobel de littérature Toni Morrison, nous est vantée par le bandeau presse comme "un joyau" "brillant, drôle et cruel".

Ce court texte (59 pages) est conçu comme "l'expérience d'ôter tous les codes raciaux d'un récit concernant deux personnes de races différentes pour qui l'identité raciale est cruciale" (page 64).

Dommage pour moi, j’ai postulé dès le départ que la narratrice était noire, tout simplement parce que Toni Morrison l’est et parce que je pensais qu’il s’agissait d’un texte autobiographique. Ce n’est donc qu’en parcourant la postface que j’ai compris de quoi il retournait.
Commenter  J’apprécie          00
Récitatif

Tout d'abord, un grand merci à Babelio pour cette découverte.

Plus qu'une nouvelle, qu'une expérience, cette œuvre est un subtil tour de force !!!

L'histoire est celle de deux gamines de 8 ans, Twyla et Roberta, qui fréquentent durant quatre mois le même foyer. N'étant pas orphelines comme les autres pensionnaires, leur abandon respectif va les rapprocher et les rendre même inséparable durant ce séjour dans l'établissement.



Devenues femmes, elles vont se construire, évoluer, se marier... Et le destin va les faire se croiser à plusieurs reprises, plus ou moins brièvement et dans des situations différentes. Dans chacune de ces retrouvailles, elles évoqueront un évènement qui n'aura pourtant pas, à priori, laissé le même souvenir à chacune.



Mais la subtilité est ailleurs... Il faut savoir que l'une est noire et l'autre blanche. Ce n'est pas un problème en soi évidemment, mais Toni Morrison a fait en sorte que durant tout ce récit on ne sache pas laquelle est noir et laquelle est blanche. Ce qui devient un problème car, inconsciemment, le lecteur cherche à le définir. La voilà la subtilité. L'expérience peut même conduire le lecteur à remettre son jugement, sa vision et sa perception en question. L'expérience est admirablement bien menée car elle permet de se rendre compte que, en cherchant le moindre détail qui permettrait de trouver la réponse, nos déductions sont bourrées de préjugés. Cette nouvelle met, à la limite, mal à l'aise, en tout cas en ce qui me concerne, car j'ai toujours affirmé ne pas faire de différence en ce qui concerne, en tout cas, la couleur de peau et pourtant je me suis rendue compte que n'avais pas forcément les déductions qui vont dans ce sens en me posant les questions suivantes : Mary la mère de Twyla apparaît avec un pantalon vert qui fait ressortir son derrière, une veste en fourrure aux poches déchirées, n'est-ce pas l'indice que Twyla soit noire ? - La chevelure de Roberta était si énorme et tellement en pétard n'est ce pas un indice qui indique que ce soit elle qui soit noire ? - Et ainsi de suite...



Le postface de Zadie Smith ne fait que confirmer mon sentiment :



P 64 - Avec RECITATIF, Morrison est explicite. Cette nouvelle extraordinaire que vous avez entre les mains a été spécifiquement conçu comme "l'expérience d'ôter tous les codes raciaux d'un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l'identité raciale est cruciale"



P 72 - Quand on lit RECITATIF avec des étudiants, arrive un moment où la classe devient mal à l'aise face à son vif désir de résoudre la question, peut-être parce que la plupart des tentatives pour y répondre tendent à en dire plus sur le lecteur que sur le personnage.



Tout laisse à penser que l'on est conditionné pour penser d'une certaine façon et que les préjugés ont la dent longue...
Commenter  J’apprécie          140
Paradis

Paradis – Toni Morrison – (Etats-Unis, 1998)



A qui s’aventurerait dans ce Paradis, de Toni Morrison, se rendrait vite compte que de Paradis, il n’y en a pas. L’intrigue se situe en 1976 au sein d’une petite ville américaine – Ruby – fondée par 9 familles noires qui tentent de préserver leur ville de tout ce qui pourrait contaminer sa pureté raciale et, en particulier, d’un groupe de femmes jugées immorales, installées à proximité de la ville dans « le couvent ». La fin est connue dès la première phrase: « Ils tuent la jeune Blanche d’abord ». Toute la question est de savoir pourquoi et comment la situation a pu dégénérer jusqu’à ce point de non-retour.

C’est un roman que j’ai trouvé difficile à lire et pas seulement en raison de la dureté de l’intrigue, mais également en raison du style littéraire. Mais il est des romans difficiles qui marquent un lecteur pour longtemps et ce Paradis est assurément l’un de ces romans.

Commenter  J’apprécie          50
Récitatif

Twyla et Roberta se lient d’amitié dans un foyer pour enfants, puis se perdent de vue. Des années plus tard, elles vont se recroiser quelques fois, dans des circonstances parfois malaisantes. Chacune a construit sa propre vie, mais ces rencontres vont leur permettre de confronter leurs souvenirs d’enfance communs, parfois bien éloignés de la réalité des faits…



⚪️⚫️L’histoire semble banale au premier abord, mais en réalité la complexité du récit vient de sa construction.

Twyla et Roberta. L’une est blanche, l’autre noire.

Mais nous n’en sauront pas plus…



⚪️⚫️Dans cette courte nouvelle (la seule qu’elle ait écrite), Toni Morrison nous propose « l’expérience d’ôter tous les codes raciaux d’un récit concernant deux personnages de races différentes pour qui l’identité racial est cruciale ».



⚪️⚫️L’exercice d’écriture est remarquable, l’expérience de lecture très intéressante. On se prend vite au jeu de chercher les petits indices dans le texte pour tenter de déceler qui entre Twyla et Roberta est la femme de couleur.



⚪️⚫️C’est finalement un récit court mais très bien construit, qui nous montre que la pauvreté et le mépris de l’autre n’ont pas toujours besoin d’être associés à une couleur de peau pour exister…



⚪️⚫️Mention spéciale à l’essai en postface de Zadie Smith, qui décortique le texte et nous propose son analyse personnelle de cette nouvelle remarquable.
Commenter  J’apprécie          00
Beloved

Bien que ce roman traite d’un sujet cher à mon cœur, et qu’il s’agisse d’un classique de la littérature du genre, je n’ai pas réussi à me laisser portée par lui.

L’histoire est parsemée d’éléments paranormaux, tirés de la science-fiction, ce qui de façon automatique m’a écartée des émotions que j’aurai pu ou voulu ressentir pour les personnages.

Cela mis de côté, le style de l’autrice m’a aussi déroutée à plusieurs moments. J’ai dû relire certains passages que je ne comprenais pas, et là encore, cela m’a éloignée du coup de cœur.

Il est possible qu’une relecture du roman pourrait me réconcilier avec celui-ci, l’effet de surprise étant passé. Je ne m’avoue pas vaincue et reste persuadée que Toni Morrison était une grande autrice dont il me reste beaucoup à découvrir.
Commenter  J’apprécie          70
L'oeil le plus bleu

L’histoire se passe dans une petite ville de l’Ohio. Pecola est une Breedlove, aussi laide que son père. Elle s’en persuade au point que sa plus fervente prière est d’avoir les yeux bleus. Ainsi elle pourra être jolie et considérée.



Accueillie chez la famille de Frieda et Claudia car son père a mis le feu à la maison, elle devient copine avec les deux filles de 9 et 10 ans. Elles partagent les jeux et le sentiment d’être à part dans un monde où tout ce qui est beau est blanc, blond, avec des yeux clairs. Les noirs semblent être disqualifiés d’office.



Le roman se déroule avec des points de vues différents et des flashbacks qui nous permettent de mieux connaître la galerie des personnages et de cerner comment on en est arrivés là, à cette page 11 qui révèle d’emblée que Pecola attend le bébé de son père.



J’ai aimé ce que j’ai lu de Toni Morrison sans que ce soient des lectures très marquantes (Beloved, Home, Sula), je suis donc franchement étonnée de voir que c’est avec son premier roman que je suis le plus séduite. C’est une histoire d’une grande qualité, aussi bien dans la construction, avec les points de vues croisés et les évènements qui convergent tous vers la grossesse de Pecola, que dans ce que ça dit de la société américaine.



On est au nord des Etats-Unis dans les années 40, les noirs sont donc bien plus acceptés que dans le Sud mais on ne peut pas encore parler d’égalité (le peut-on d’ailleurs aujourd’hui ?). Chacun fait comme il peut, avec le travail qu’il trouve, l’affection qu’il n’a pas reçue, les espoirs déçus. Les personnages sont tous intéressants, de la maman de Pecola qui s’est fait avoir en beauté par son prétendant aux prostituées avec qui la jeune fille aime aller discuter sans véritablement comprendre en quoi consiste le métier, en passant évidemment par les jeunes filles qui apportent tout ce qu’il faut de naïveté et de pertinence à la fois.



Être noir dans un monde de blancs, avec la couche intermédiaire des métisses, voilà le thème principal exploité à la perfection par Toni Morrison. Son écriture est impressionnante, avec une mise en bouche expérimentale intrigante que vous découvrirez lorsque l’occasion se présentera. J’ai dévoré ce roman en regrettant que cela se termine trop rapidement, non pas que l’histoire méritait plus de pages, l’écrivaine a livré un texte parfait. Mais c’était tellement bien que j’aurais volontiers prolongé le plaisir.



Assurément le meilleur de Toni Morrison que j’ai lu à ce jour.
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
Commenter  J’apprécie          20
Un don

Magnifique.

Toni Morisson explore la liberté et surtout la privation de liberté sous toutes ses formes.

Nous sommes en Virginie à la fin du 17ème siècle, alors que les colonies nord-américaines appartiennent toujours à la couronne britannique.

La liberté ou plutôt la non liberté, qui peut revêtir tant de forme et s'écrire par tant d'histoires.

Celle de Rebekka jeune européenne de 16 ans, qui a traversé l'Atlantique, envoyée par son père trop heureux de toucher quelque argent pour se débarrasser d'une fille, pour aller épouser Jacob Vaark un colon néerlandais prêt à payer pour épouser n'importe quelle jeune fille pourvu qu'elle soit vierge et en bonne santé.

Celle de Lina une indienne ou encore celle de Sorrow une jeune métisse, toutes deux capturées et vendues comme esclave.

Celle de Florens une fillette de 8 ans que sa mère une captive africaine réduite à l'esclavage a offerte à Jacob Vaark le créancier de son maître espérant ainsi la remettre à un homme meilleur et la sauver d'un homme brutal.

Florens qui va rencontrer tout le mal qui gangrène les premières années de ces colonies et notamment tous ces Européens fraîchement arrivés avec leurs croyances religieuses extrêmes allant même jusqu'à accuser les femmes de sorcellerie.

Mais Florens est éprise de liberté et lorsqu'âgée de 16 ans, c'est d'un homme dont elle s'éprend, l'espoir d'une autre vite est aussi fort que la désillusion qui l'attend.

Et Florens comprendra que la liberté n'est qu'un mot qui n'a pas de sens dans ces colonies qui elles-mêmes ne sont pas libres mais vivent sous le joug des anglais.

Commenter  J’apprécie          140
Récitatif

59 pages de quasi génie, une nouvelle dont le lecteur est, à son corps défendant, partie prenante. Ou comment Toni Morrison joue avec nos stéréotypes raciaux et nous oblige à les regarder en face, sans jamais juger.



On retrouve ici son style si reconnaissable, un mélange de précision, de dépouillement et de poésie dans l'économie des mots.

Toni Morrison écrit pour la communauté et la culture afro-américaine. Elle leur a dédié toute son œuvre.



Récitatif est sa seule nouvelle.



Et c'est une lecture qui réussit à être très dérangeante avec presque rien.



C'est l'histoire de Twyla et Roberta, qui passent 4 mois ensemble, à l âge de 8 ans, dans une institution publique. L'une parce que sa mère danse toute la nuit. L'autre parce que sa mère est malade. Des pères il ne sera jamais question.



Pendant ces 4 mois, les deux fillettes créent une sorte de symbiose, celle qui est propre aux enfants, qui ne posent pas de questions et n'ont pas encore d'a priori.



Seulement voilà.

On apprend dès la 2e page qu'une des filles est noire.

Et que l'autre est blanche.

Mais on ne saura jamais qui est qui.

Et aux États Unis, dans les années 60 puis 70, quand Twyla et Roberta se recroiseront, devenues femmes, l'identité raciale est déterminante.



Il est impossible pour le lecteur, aussi fort qu'il essaie, de ne pas essayer de résoudre cette énigme.

Et l'auteure distille des indices. Des informations sur les mères des fillettes, sur les hommes qu'elles rencontreront ensuite, les quartiers dans lesquels elles vivent, leur position dans les émeutes raciales de 1970.



Les déductions que nous faisons en lisant en disent probablement plus sur nous que sur les personnages.



Qu'est ce qu'on considère comme caractéristique de l'une ou de l'autre des communautés ? Pourquoi voulons nous à tout prix savoir qui est qui?

Quelles sont les représentations si profondément ancrée dans nos pensées qui viennent parasiter la lecture?



En 59 pages donc, une démonstration impitoyable des stéréotypes. Vous ne pouvez pas y échapper et c'est seulement une fois la lecture terminée que vous le réalisez, avec un certain malaise.



A lire pour sortir des cases. Il y a encore du travail.
Lien : https://www.instagram.com/tu..
Commenter  J’apprécie          10
Beloved

J’avais vraiment envie d’aimer ce roman, sincèrement.

Mais je crois que je l’ai lu à la mauvaise période, dans une phase où je n’avais pas réellement envie de le lire. De ce fait, voilà la conséquence : je suis passée complètement à côté.



Cela n’est bien sûr que mon ressenti personnel. Il mérite sûrement d’être lu, peut-être que vous l’adorerez - il a d’ailleurs de bien belles critiques sur son profil babelio !

De mon côté, la lecture fut laborieuse. Le sujet m’intéressait pourtant beaucoup, mais je pense que l’écriture n’a pas aidé, pour être tout à fait honnête. Je pense avoir été un peu perdue par le style ; je n’ai pas réussi à l'apprécier, à tout comprendre, et par conséquent à accrocher et rentrer dans le récit.



Je suis déçue de ne pas avoir davantage aimé, car les thématiques du récit sont pourtant extrêmement fortes, intéressantes et importantes.

Je ne l’ai sûrement pas lu au bon moment.

À retenter dans quelques années, peut-être…

Commenter  J’apprécie          171
Beloved

Un peu frustré d'en avoir trop appris à la lecture de la 4e de couverture, j'ai quand même été pris par ce personnage, par cette histoire et son parti pris autour des esprits qui occupent les maisons.

Le premier livre de Toni Morrisson que j'ai lu était Home. Je n'en avais pas gardé un grand souvenir et cela m'avait un peu déçu. Puis Tar Baby m'avait impressionné par son style (et déjà ses esprits rodant un peu partout). En lisant Beloved, j'ai eu l'impression que le style ne prenait plus le dessus, mais était vraiment au service de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          30
Beloved

J’ai d’abord eu du mal à démarrer ce roman : une histoire vraie très dure, la présence de l’irrationnel (fantôme d’un bébé mort), les nombreux retours en arrière, j’étais perdue… et soudain, happée par le destin de cette jeune esclave qui s’est enfuie enceinte avec ses trois enfants, et qui, après quelques semaines d’apaisement, se voit rattrapée et décide de tuer sa fille pour qu’elle échappe à ce qu’elle a vécu. Terrible : infanticide, humiliations physiques et psychiques subies par les esclaves, racisme, culpabilité… Difficile de faire plus sombre, mais ce roman indispensable témoigne de la condition des esclaves à la fin du XIXe siècle (d’ailleurs inspiré d’un fait divers de 1856). Magistral !
Commenter  J’apprécie          100
Sula

Excellente porte d'entrée à Toni Morrison. Dense, puissant, et sans traîner en longueur(s) ou à accumuler plein de mots pour ne rien dire. Et avec ce style...

Enfin, allez lire la critique de OverTheMoonWithBooks, c'est celle que j'aurais aimé écrire.



Commenter  J’apprécie          70
Beloved

Beloved la mal aimée n'aura que deux étoiles -deux soleils noirs- due à ce sombre sentiment, un sombre sentiment indéfinissable venant de cet inconvénient de ne pas être née, du fait d'être avortée par la mère, par la génitrice, par la créatrice, par l'autrice, d'être avortée alors qu'"elle rampe déjà", Beloved, et ce pour d'obscures raisons ...

L'histoire de Beloved c'est l'histoire de l'être aimé(e) en mal d'amour, qui, de fantasme, devient fantôme, avant que le fantasme ne s'incarne, en chair et en os, par la magie (démoniaque) du sang et du lait mêlés ensemble.
Commenter  J’apprécie          200
Délivrances

Première lecture de cette auteure. J'ai été assez surprise par le style et par la structure du roman (récit choral). J'ai apprécié la plongée dans une Amérique que je ne connais pas personnellement, l'analyse de la condition des afro-américains (loin d'être simpliste et nuancée), l'ambiance instaurée par la romancière. J'ai par contre été moins convaincue par l'accumulation des questions de société abordées. Et parfois frustrée que certains personnages ne soient pas plus développés. Ce qui m'a le plus marquée et qui pour moi fait toute la valeur du livre est la fin à laquelle je ne m'attendais pas. La narratrice clôt par une réflexion quasi philosophique sur la condition humaine, la capacité à sublimer la réalité crue et bien souvent cruelle.
Commenter  J’apprécie          30
Sula



Ah, le pouvoir fécond du roman qui me fait vivre « d'autres vies que la mienne » , pour reprendre le titre de ce beau livre d'Emmanuel Carrère.

Ici, c'est un peu de la vie des noirs dans la première moitié du 20ème siècle, dans un État du centre des États-Unis, l'Ohio, et plus particulièrement des femmes noires, qui nous est donné. C'est-à-dire le double malheur d'être noire, et femme, dans un pays où même si l'esclavage a été aboli il y a quelques années, une ségrégation sévère est présente,

Et comme c'est la grande Toni Morrison (c'est le quatrième livre que je lis d’elle) qui nous conte cette histoire, c'est d'une exceptionnelle justesse et d'une beauté qui suscite l'admiration.



Le cadre, c'est un quartier de Medallion, une petite ville de l'Ohio, laissé aux noirs par la communauté blanche, et dénommé ironiquement le Fond, alors qu'il s'agit de collines difficiles à cultiver, et que la vallée fertile est réservée aux blancs.



L'histoire, c'est celle de deux jeunes filles de ce quartier, Nel et Sula, toutes deux enfants uniques, et toutes deux « avec le rêve d'une autre vie », qui se rencontrent à l'âge de 12 ans. .. «avec l'aisance et l'agrément d'amies de longue date ».

Et pourtant, Nel Wright, est élevée seule par une mère très rigoureuse alors que Sula Peace vit dans une maison débordante de gens, dirigée par Eva, une grand-mère fantasque et cruelle, avec une mère, Hannah, plus préoccupée d'aventures masculines que de sa fille.

Et pourtant l'une, Nel, a un caractère pondéré et réfléchi alors que Sula, dont le nom de Peace est à l'opposé de son caractère, est une fille inquiète, excessive et provocatrice.

Mais elles vont tout partager, le pire et le meilleur, puis tout cela se brisera sans retour.



L'auteure nous fait vivre l'évolution de la relation entre ces deux filles adolescentes, puis adultes, celle de leur famille et de leur quartier.

Nel qui deviendra une femme mariée, à la vie plutôt ranquille et Sula, avide de liberté qui quittera le Fond pour y revenir 10 ans après, et y semer le désordre, jusqu'à finir par être détestée de tous et surtout de toutes, y compris de Nel, dont le mari Jude, d'abord séduit par Sula puis rejeté par elle comme un Kleenex après usage, abandonnera Nel et ses enfants.



C'est un monde de pauvreté et de souffrance, mais aussi d'une entraide sans limites.

C'est plein d'amour et de haine, de folie et de drames terribles, d'une sexualité crue.

Mais aussi de religiosité mêlée à des croyances magiques, telle cette invasion de rouges-gorges qui annonce le retour de Sula.



J'ai eu le sentiment d'y vivre, de le sentir, de le comprendre, ce quartier du Fond, et de ressentir les espoirs et les échecs de Sula et de Nel.



Un très beau roman de cette écrivaine magnifique et engagée, et pas loin du niveau de Beloved, son chef-d'oeuvre.

Commenter  J’apprécie          309
Sula



C’est une très belle histoire d‘amitié entre deux fillettes noires.

Mais difficilement difficilement compréhensible. J’ai eu du mal à distinguer certains personnages les uns des autres, par exemple Plum est le dernier né d’Eva et quand il partira à la guerre en Europe, il deviendra Shadrack. Car Toni Morrison présente les choses sans les expliquer si bien que le récit est parfois difficilement supportable.



Dans un coin de l'Idaho en 1920, une communauté noire survit comme elle peut sur les hauteurs dans un village appelé Médallion, où la terre est peu fertile. Les temps sont encore plus durs pour les femmes souvent abandonnées dès qu’un enfant s’annonce.

L’auteur centre son récit sur une famille, celle d’Eva, laquelle semble s’être couchée en travers d’une voie de chemin de fer pour monnayer sa jambe coupée. Avec cet argent, elle s’est acheté une grande maison où elle accueille toutes sortes de gens, outre sa famille : sa fille Hanna, sa petite fille Sula. Sula est amie avec Nel. qui est née d’une putain.

La personnalité de Sula, et ce qui me semble être de la méchanceté, envers sa mère et sa grand-mère m’échappe. Mais comment juger une situation dans un pays, une époque si éloignés de moi.



J’avais lu lors de sa parution en 1987 Beloved et il me semble avoir aimé. Et j'ai apprécié Délivrance. Mais je pense laisser passer un long moment avant d’essayer un autre Morrison.





Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Toni Morrison Voir plus

Quiz Voir plus

Beloved de Toni Morrison

De quoi s'inspire ce roman ?

D'un fait divers
De rien
De la vie de l'auteur

7 questions
76 lecteurs ont répondu
Thème : Beloved de Toni MorrisonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}