AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Toni Morrison (1253)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Beloved

Un thème grave, une histoire non moins dramatique et une lecture dure.



Le flash back entremêle les souvenirs des uns et des autres, le vécu et l’imaginaire, l’oublié et le remémoré, la raison et la folie.

L’écriture sert l’idée, la phrase se soumet à l’oral, le récit à l’esprit.

S’il est parfois rien moins que facile à suivre, le cours de l’histoire emporte comme un flux qui noie, refoule et laisse sur le bord, puis reprend.

L’émotion étreint et désempare.



anne.vacquant.free.fr/av/
Commenter  J’apprécie          50
Beloved

Un rendez-vous totalement manqué.

Cette lecture m'a été particulièrement pénible. C'est le deuxième roman que je lis de Toni Morrison et je n'arrive pas à plonger dans son style que je trouve totalement décousu.

C'est très frustrant quand je vois à quel point elle est aimée et que je passe à côté à chaque fois.

Mais cette lecture a été subi d'un bout à l'autre.
Commenter  J’apprécie          40
Le chant de Salomon

Toni Morrison fait partie de mes écrivain.e.s préféré.e.s.

Et ce roman formidable ne me fera pas changer d’avis, bien au contraire.



Un roman riche de nombreux thèmes traités avec cette manière d’écrire extraordinaire de l’auteure, une écriture quasi-orale, faite souvent de dialogues assez crus, mais pleine d’images et d’une dose de magie, mais aussi d’humour mêlé de tragique.



Parmi ces thèmes, il y a bien sûr la condition des noirs marquée par la ségrégation en cette première moitié du vingtième siècle avant l’arrivée de Rosa Park, Martin Luther King, Malcom X et bien d’autres. Et aussi la condition des femmes et leur aliénation, et ce d’autant plus qu’elles sont des femmes de couleur.

Et l’extrême pauvreté des noirs dans le Sud des Etats-Unis.

Mais aussi, ces croyances magiques, souvent si poétiques.



Mais ce sont surtout deux thèmes principaux qui m’ont marqué et qui traversent ce roman.



D’abord la famille et notamment dans ce qu’elle peut avoir de dysfonctionnel. On connaît la célèbre phrase de Tolstoi (qui savait de quoi il parlait!) et qui commence Anna Karenine « Toutes les familles heureuses se ressemblent. Les familles malheureuses le sont chacune à leur façon ».

Ici, c’est la famille du jeune Malcom Mort, le troisième du nom, un nom porté aussi par son père et par son grand-père. Son grand-père qu’il n’a pas connu, et à qui l’on a donné ce nom suite au réponse hasardeuses qu’il a donné lorsqu’il a été affranchi.

Un famille dont le père, qui a réussi dans l’immobilier est un tyran domestique, qui méprise et bat sa femme Ruth, interdit presque tout à ces filles, Corinthiens Uns et Magdalena qu’on appelle Lena. Et le petit dernier, Malcom, que l’on surnomme Laitier (je ne vous dis pas pourquoi, ça ne manque pas d’humour), « couvé » par sa mère, et bien que ses rapports avec son père soient difficiles, va rapidement travailler avec ce dernier. Et puis il y a sa tante Pilate, sœur de son père avec lequel il est fâché (on découvrira pourquoi il lui en veut), dont la petite-fille, Agar, est follement amoureuse de Laitier. Le roman nous raconte, en faisant des allers-retours dans le temps, l’histoire difficile de toutes et de tous, une histoire pleine de rancœurs, du couple haine-amour si fréquent dans les familles.



Mais ce roman est aussi un magnifique roman initiatique, dans lequel Malcom dit Laitier va, dans sa recherche d’un hypothétique trésor, découvrir le vrai trésor qui est celui de ses racines, et pouvoir reconstituer avec émerveillement l’histoire de ses ancêtres et le mythe de Salomon. Et lui, l’enfant des villes venu du Michigan, découvrir des personnages hauts en couleurs (sans mauvais jeu de mots!) et tout un monde d’une grande pauvreté, ayant un rapport prodigieux avec la nature. Et puis toute cette histoire a parfois l’allure d’un conte avec la découverte par Malcom/Laitier d’une grande bâtisse délabrée, une sorte de château tenu par une vieille femme (plus que centenaire, dit-on!) aux allures de sorcière, avec la recherche d’une grotte qui devrait contenir un sac d’or, et ne renferme que des ossements, tout cela a une valeur symbolique, mythique.



Enfin, c’est un roman d’amour et de mort, la mort injuste du premier Malcom, mais surtout la mort comme perçue comme une délivrance, un aller sans retour vers un monde meilleur. Et comment l’amitié, l’amour sont si ambigus, et peuvent conduire dans leur folie à donner, à se donner,, la mort.



Et puis il y a la façon unique de raconter, de faire ressentir les lieux et les gens, la musicalité des phrases qui sont parsemées souvent de comptines, tel ce chant de Salomon que notre héros arrivera à décrypter et à comprendre qu’il évoque le mystère de ses origines.

Voilà, j’espère vous avoir donné l’envie de lire ce livre de la grande Toni Morrison, plus facile à lire que Beloved, mais tout aussi beau, je trouve. Enfin, à vous de vous faire une opinion.

Commenter  J’apprécie          278
Home

Lu en 2016. C'était le troisième roman de Toni Morrison que je lisais.

Je l'avais moins apprécié que Beloved et Délivrances. Rien à redire pourtant sur la plume, toujours aussi ciselée, introspective et envoûtante. Nous sommes au coeur des années 50, dans une Amérique ségrégationniste. Franck, ancien combattant enrôlé dans de nombreuses campagnes, dont la Corée, revient complètement brisé, cassé... Un récit sur le traumatisme, l'angoisse, le combat intérieur, la culpabilité, la reconstruction.
Commenter  J’apprécie          20
Home

Je n’ai pas accroché. 140 pages que j ai lu poussivement. J’ai trouvé le style correct mais la narration pompeuse avec des flashbacks et le seul rebondissement qui m’a tirée de mon ennui vers la page 100 est retombé. J attendais plus d un prix Nobel de littérature : déçue
Commenter  J’apprécie          20
Délivrances

Lu en 2016. C'était ma deuxième ou troisième lecture de l'auteure américaine.

Un roman choral où s'entremêlent les voix de six personnes. Un récit plutôt sombre qui parle des douleurs et des traumatismes comme une prison intérieure, de souvenirs plus ou moins refoulés, de cauchemars qui hantent à l'âge adulte, dont seule la délivrance (peu importe la forme ou l'expression) peut être résiliente...
Commenter  J’apprécie          30
Beloved

Lu en 2016. Un roman envoûtant du début jusqu'à la fin, entre imaginaire, ésotérisme et réalité historique, servi par une plume percutante et infiniment émouvante !

Une maison hantée de cauchemars et de fantômes abrite une mère et sa fille. L'intrigue est lancinante, les secrets lourds et les souvenirs effroyables. L'esprit reste prisonnier des souffrances qu'il renferme, des souvenirs refoulés entravant la parole, des mots ne pouvant raconter l'indicible.

Un récit qui raconte évidemment l'histoire d'un peuple martyr, privé de sa liberté, ainsi que la barbarie des hommes et son implacable férocité.

Commenter  J’apprécie          00
Sula

A vrai dire, de nombreux détails m'ont échappé dans ce roman probablement puissant mais difficile à lire, à mon avis.

Nel et Sula sont amies depuis l'enfance. Elles traversent l'adolescence avec brio; elles ont la peau noire mais se moquent de la discrimination.

Beaucoup plus tard, Nel s'est mariée avec Jude, elle a eu des enfants alors que Sula la rebelle a vécu en ville, et revient dans son village natal avec toujours la même détermination à rester libre.

Elles vivent alors une séparation brutale.

Je ne suis pas entrée dans cet univers sombre, décousu, ne me suis attachée à aucun des personnages. Pas certaine de revenir à Toni Morrison!
Commenter  J’apprécie          101
Jazz

Les États-Unis, années 20, le mouvement qui conduit les familles des campagnes vers les villes, on y arrive on n'en repart pas. Parce que c'est encore mieux que tout ce qu'on a entendu sur New-York, parce qu'on fuit son ancienne vie, le XIX, la mémoire de l'esclavage, la pauvreté, ne sont jamais loin.

On croit se libérer en ville et malgré tout quand un drame arrive, un meurtre, l'adultère, en grattant un peu l'histoire de chacun c'est l'histoire enfouie des familles qui ressurgit.

Des personnages toujours étonnants, profonds et complexes sous la plume du prix Nobel Toni Morrison.
Commenter  J’apprécie          20
Home

Je découvre Toni Morrison avec ce roman et... quel talent ! J'ai passé un très bon moment de lecture et je me suis beaucoup attachée à Frank ! En moins de 200p, c'est quand même un exploit. L'autrice va à l'essentiel pour offrir un sens très fort à sa thématique.

L'amour fraternel prend une place considérable dans ce roman.

Frank, est donc un ancien combattant en Corée, écorché par la vie, il va tout mettre en œuvre pour retrouver et sauver sa petite sœur.

J'ai adoré !



Commenter  J’apprécie          40
Récitatif

Récitatif de Toni Morrison

Twyla et Roberta se sont connues dans un foyer, l’une a sa mère malade, l’autre dansait toute la nuit. Elles partageaient la même chambre dans cet endroit où cohabitaient plus d’une centaine d’enfants, orphelins pour la plupart. Malgré les promesses elles ne se donnent pas de nouvelles une fois sortie. Twyla travaille comme serveuse et un matin à la fin de son service de nuit, elle l’a voit sur la banquette, chevelure énorme, mais elle aurait reconnu ses yeux n’importe où. Elle était avec des potes, fin de la rencontre. Bien plus tard, dans un supermarché nouvelle rencontre, les deux en couple une avec James, un gamin, l’autre avec un veuf, quatre enfants par alliance, une limousine l’attend dehors, riche sûrement, c’est le quartier des cadres d’IBM. Et cette fois ci c’est 12 ans plus tard, elles se souviennent de Mary, une vieille qui travaillait aux cuisines qui était tombée les grandes s’étaient moquées d’elle, on disait qu’elle n’avait pas de langue, elles n’ont pas gardé le même souvenir de l’histoire…

La seule nouvelle écrite par Morrison, et à noter une originalité, Twyla et Roberta, l’une est blanche l’autre est noire, on sait jamais laquelle est blanche, laquelle est noire.



Postface de Zadie Smith( aussi longue que la nouvelle de Morrison et par ailleurs auteure de Sourires de loup et Swing Time) qui décortique le texte en essayant, entre autres et sans succès, de détecter qui est la blanche et qui est la noire, ce qui aurait dû être facile puisqu’on est dans des années de tension raciale mais non, impossible, tout est cadenassé brillamment.

Beau texte, très nerveux, 50 pages impressionnantes.
Commenter  J’apprécie          140
Récitatif

Récitatif est la seule nouvelle écrite par Toni Morisson, écrivaine de haut vol, prix Nobel de Littérature, qui ne laissait, jamais mais au grand jamais, rien au hasard. 

Toni Morisson présente deux fillettes Twyla et Roberta, deux itinéraires de vie qui se rencontrent lors d'un séjour de quatre mois dans un foyer, et qui n'auront de cesse de se recroiser, au gré des événements politiques et sociaux, rencontres qu'elles mettront à profit pour éclaircir un traumatisme de leur passé commun.





Dans Récitatif, Toni Morisson met au défi ses propres lecteurs et leurs préjugés, préjugés sur la couleur de peau et le déterminisme social. De Twyla et de Roberta, on ne connaît que leurs différences de couleur de peau et de mère, puis de leurs itinéraires de vie et de leurs convictions politiques. Avec subtilité, Toni Morisson distille quelques détails suffisamment précis pour qu'on comprenne les enjeux de l'évolution sociétale (la fin d'une ségrégation scolaire, les séparatismes sociaux) mais imprécis pour déterminer l'appartenance à tel ou tel groupe ethnique (et là, le grand art de Toni Morisson est de laisser actionner les représentations de chacun, moi la première qui suis tombée dans le panneau des désignations... quand Toni Morisson assure l'identité de ses deux héroïnes non plus par leur couleur de peau mais par leurs liens familiaux, leurs lieux de vie, leur personnalité...un peu comme un CV anonyme qui permet de s'intéresser avant tout à l'être intérieur sans connaissance de son adresse, de son visage etc). Et ce traitement est génial parce qu'il permet de revisiter la notion d'identité, qu'il universalise son propos et qu'il lie le fond et la forme : il biaise le physique et les stigmatisations souvent ancrées pour s'atteler surtout au comportement, à l'intrinsèque de la personne, ce qui l'a façonnée, ce qui la façonne.



Récitatif offre aussi une revisite d'un conflit scolaire, celui de décloisonner les quartiers et d'assurer une plus large mixité des esprits, des visages, d'une société. Cette nouvelle riche aborde aussi le déclassement social et les jeux de pouvoir entre dominants et dominés, sur l'humain comme sur l'économie : édifiant. 

Un seul bémol : une fin ouverte et frustrante, qui manque de corps par rapport au reste et relègue l'ultime secret aux calendes grecques.

Une lecture passionnante, accompagnée d'une étude éclairante et documentée de Zadie Smith. À lire absolument et à étudier pour sa richesse littéraire.

Commenter  J’apprécie          70
Beloved

Ce que je retiens pour l’instant des romans de Toni Morrison, c’est la souffrance. J’ai du mal à savoir quoi dire sur ce roman ; je ne l’ai pas trouvé difficile, mais dur, je ne l’ai pas trouvé obscur, mais lent, je ne l’ai pas trouvé tout simplement. J’ai une sensation de vague, même des jours après avoir terminé la lecture – il est profond et plein de douleurs, rempli de fantômes qui se répètent et hantent les esprits et les cœurs, de souvenirs qu’on aurait préféré oublier probablement, mais ce serait laisser aux lîmbes ceux qui auraient pu vivre s’il n’y avait pas eu la misère et la condition noire (esclavage, racisme, pauvreté). L’écriture … en réalité je ne saurais pas dire si l’écriture m’a émue ou laissée tomber. Ce n’est pas le vide que je ressens habituellement lorsque j’ai lu une œuvre qui m’a tellement émue qu’elle a pompé toute émotion en moi pour s’en abreuver. Tout ce que j’arrive à dire de Beloved, c’est que cette œuvre existe et je m’en sens tellement détachée que je ne trouve rien à en dire de positif ou négatif.
Commenter  J’apprécie          40
Home

Dans une langue concise, poétique et implacable, dévidant son propos avec subtilité, Toni Morrison démontre une fois de plus la liberté de création dont peut jouir un bon écrivain.



La trame narrative menée par une double temporalité et une double voix, impose un rythme poisseux, immersif, où les mots s’imprègnent créant une atmosphère étouffante, parfois dérangeante dans ce court récit aux allures de conte.

La romancière choisit avec soin les mots pour capturer les images obsédantes de ses personnages confrontant le lecteur à une sorte de détresse paralysante emplie de désarroi, de rage et de honte.



Avec une économie de mots particulièrement remarquée, , la célèbre »romancière de l’Amérique » ,voix singulière de la communauté afro-américaine, aborde et rappelle plusieurs des thèmes qui lui sont chers comme la ségrégation raciale, la discrimination, et la maltraitance.

La littérature est pour elle un véritable outil d’engagement politique. C’est son devoir de mémoire, pour ne pas oublier!



Le retour au pays du héros revenu de la guerre de Corée devient une traversée du pays, mais elle est avant tout une traversée humaine, de guérison, et de reconstruction où des questions essentielles se posent: Où est-on véritablement chez soi?

Sommes-nous condamnés à devenir ce que la société a voulu faire de nous?



Réussite éclatante, ce court roman ancré dans la réalité et dans les petites mécaniques de l’existence, concis et maîtrisé permet une traversée intime des fracas d’une période de l’histoire américaine.





Commenter  J’apprécie          450
L'origine des autres

« L’origine des autres » Toni Morrison (90p)

Six brèves conférences données en 2016 par Toni Morrison dans une université américaine. A partir de l’histoire plus spécifique des USA et du racisme endémique qui y sévit, TM s’interroge sur ce qui rend cet «autre», le noir, si indispensable au blanc pour qu’il se sente «normal». Elle montre que pour se sentir intégrés, les nouveaux migrants venus d’Europe dès la fin du XIXème siècle (juifs, catholiques, européens du Sud ou de l’Est…) ont eu besoin de s’identifier au racisme ambiant constitutif de l’esclavagisme. C’est la désignation de cet autre dans sa supposée inhumanité qui créée pour ces nouveaux venus ce sentiment d’appartenance et d’intégration. («La nécessité de faire de l’esclave une espèce étrangère semble une tentative désespérée pour confirmer que l’on est soi-même normal» et «Le danger de compatir avec l’étranger, c’est la possibilité de devenir un étranger.») Les descriptions de situations d’abominations dans le sort réservé aux esclaves d’origine africaine, y compris aux affranchis, puis aux afro-américains encore aujourd’hui, sont explicites. Les exemples qu’elle tire de la littérature (de «La Case de l’oncle Tom», à Hemingway) montrent aussi combien le paternalisme prétendument moins violent est l’autre face de la même médaille de mépris à vision d’exploitation. Cette perception finit par modeler une vision du monde par des noirs américains, au point que certains d’entre eux créeront des villes «noires» qui devaient se prémunir contre «l’impureté blanche». Dans le dernier texte, Toni Morrison m’a mis en appétit curieux de «Le Regard du roi», un roman allégorique de l’écrivain guinéen Camara Laye qui inverse les postures, avec un blanc déchu qui se perd (ou se trouve en perdant ses préjugés ?) dans un royaume africain.









Commenter  J’apprécie          40
Beloved

En résumé : 1873 Etats Unies. Belved est un roman historique mâtiné de fantastique horrifique, qui retrace le parcours d’esclaves, d’affranchis et de fugitifs.



En détail :



Ce récit est extrêmement dur dans ses thématiques, qui sont nombreuses même si l’esclavage est prédominant. Tous les narrateurs sont esclaves ou anciens esclaves et sont confrontés à l’injustice et à la cruauté de leur condition. La survie côtoie de près la folie. Celle de connaître l'exact prix de sa vie en dollars, celle de savoir que ses enfants ne seront pas les siens. Ne pas s’attacher, ne vivre que de petits amours, n’avoir que de petites joies, des plaisirs cachés car toujours éphémères. Quand Sethe, esclave fugitive, préfère tuer son enfant plutôt que de le voir retomber dans les griffes des esclavagistes venus la reprendre, elle montre ainsi à tous l’issu de ce système inhumain.



Cet acte questionne sur la valeur de la vie, si une vie d'esclave vaut mieux que pas de vie du tout. Les personnages se posent tout le long la question de leurs limites, à chaque nouveau palier dans l'inhumanité, est-ce qu'ils doivent, peuvent endurer cela, il y aura-t-il encore pire ?



A cela s'ajoute un élément fantastique, la maison de Sethe est maudite, hantée par le bébé décédé, que l'on continue d'entendre monter les escaliers, déplacer et briser des objets. Les habitants se sont habitués à cette situation, mais l'arrivée d'une jeune fille à l'attitude étrange va finir de faire basculer le récit dans le fantastique. Sans passé ni souvenir, elle va pourtant évoquer des choses qu'elle ne devrait pas connaître et qui vont peu à peu révéler son identité.



Le récit est dur à la compréhension dans ces premières pages. Il faut en effet prendre le coup de cette narration décousue, qui part dans le passé pour revenir au présent au détour d’une phrase. Les narrateurs changent, se répondent, interpellent tour à tour, comme s’ils ne voulaient pas livrer leur récit. Une histoire trop lourde, trop cruelle, dont ils ne veulent pas se souvenir et encore moins raconter tant elle blesse.



De la même autrice : Home

Dans le même genre : Bakhita, de Véronique Olmi
Commenter  J’apprécie          10
Beloved

"Elle ne put pas croire que Halle sut ce qu'elle ignorait ; que Halle, qui n'avait jamais respiré une bouffée d'air libre, sût qu'il n'y avait rien de meilleur au monde."



Une fois n'est pas coutume, j'ai dû lire la quatrième de couv' pour bien comprendre ce que j'avais sous les yeux. Ce n'est absolument pas un roman facile. Il demande d'entrer dans les limbes de personnages qui ne savent plus vraiment où ils en sont. La différence entre la liberté et la propriété n'est pas aussi nette que l'on peut le croire. Il ne s'agit pas de décréter quelqu'un de libre pour qu'il se sente responsable pleinement de sa vie. Il ne suffit pas d'être du bon côté des Etats-Unis pour enlever toutes peurs et asseoir toutes les certitudes d'un être conscient. Il y a d'un côté les corps et les âmes. Dans ce roman, les deux ne se rejoignent pas toujours. C'est ce que l'autrice tente d'expliquer, en tout cas c'est ce que j'ai cru comprendre à travers ces lignes.



Il y a dans chaque page des âmes en lambeaux qui ne savent même plus si elles souhaitent être recousues. Cet état d'errance est glaçant.



Une lecture pas facile car le sujet est dur mais pas que ! La narration est corsée. Il demande au lecteur de savoir quand il s'agit du passé ou du présent. C'est périlleux. Plus d'une fois je me suis sentie complètement larguée.



Nous suivons Sethe et sa fille qui accueillent un nouveau venu à la maison. C'est une ancienne connaissance de Sethe. Il découvre une habitation hantée. Les deux locataires se sont faites aux mouvements intempestifs. Quel fantôme hante ces lieux et pourquoi ?



Les révélations de ce roman racontent une part de l'histoire sombre des Etats-Unis. Elles s'attachent à mettre en lumière les traumatismes crus des anciens esclaves. Je me souviens d'un passage puissant où un des personnages comparent son existence à celle d'un coq - les émotions sont parfaitement imagées.



C'est un classique, à lire au moins une fois dans sa vie.



/!\ N'oublions pas que Beloved fait partie des livres menacés d'être interdit aux US. N'oublions pas que les livres et la lecture doivent TOUJOURS être protégés. /!\



Commenter  J’apprécie          20
Beloved

C’est un fait divers qui fut le terreau de ce livre, un terreau imbibé de sang, de sueur, de larme très certainement et empreint d’une mémoire qui nous dépasse.



Avec Beloved, Toni Morrison nous parle de cette période ambivalente de l’histoire américaine où petit à petit les esclaves sont affranchis. Leurs corps, marqués, sont libres, mais leurs esprits restent bel et bien entravés par leur passer et c’est de cela que l’autrice nous parle.



Tout juste évadé, Sethe commet l’irréparable en tuant sa fille, pour elle, la mort vos mieux qu’une vie d’esclave. Elle sera dès lors hantée par cette enfant qui, dans un premier temps, prendra la forme d’un esprit turbulent pour ensuite, apparaître sur le seuil de sa maison sous les traits d’une jeune fille du nom de Beloved. Et tel l’enfant prodigue, elle sera accueillie les bras ouverts sans aucune demande d’explication.



Teinté de surnaturel, le récit est également fragmenté par les réminiscences des personnages, on est donc ballotté dans un présent qu’on a du mal à appréhender et un passé qui surgit sans cesse et sans prévenir.



Ce fut donc une lecture qui n’a pas été de tout repos, j’ai souvent eu l’impression de ne pas tout saisir et la frustration à pointer le bout de son nez à plusieurs reprises, mais j’avais à cœur d’aller jusqu’au bout de cette histoire.



Ce roman mérite qu’on s’y accroche, pour l’histoire qu’il raconte, mais aussi pour ses personnages que l’on rencontre véritablement, après un long chemin semé d’embûches, c'est vrai, mais je vous promets qu’on finit par recoller tous les morceaux de leurs esprits morcelés.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          20
Beloved

La parution récente de cette nouvelle traduction de Beloved aux éditions Bourgois par Jakuta Alikavazovic m’a donné envie de me plonger dans ce roman. Toni Morisson, Nobel de littérature 1993, a obtenu le prix Pulitzer en 1988 pour Beloved, qui est considéré comme l'une des meilleures oeuvres de fiction américaine. Son histoire est inspirée d'un personnage et de faits réels.



Nous sommes en 1873, à Cincinnati dans l'Ohio, juste après la guerre de Sécession. Sethe vit au 124 Bluestone Road, une maison située en zone libre qu’elle avait rejoint avec ses enfants il y a dix-huit ans, alors qu’elle était fugitive. De cette famille il ne reste plus que Sethe, sa fille Denver et le fantôme de sa fille ainée assassinée, Beloved.



Toni Morisson écrit un roman très exigent pour son lecteur. Elle procède par ellipse narrative éclairant par touches successives le drame central du roman: la mort de Beloved. Pour cela, elle rassemble les souvenirs succincts de divers personnages, à des époques différentes, laissant le lecteur face à un récit éclaté.


L’écriture est laborieuse, mais ce n’est pas fortuit. Toni Morisson fait sans aucun doute souffrir son lecteur pour mieux faire passer son message: décrire la réalité cruelle de l’esclavagisme et la difficile réappropriation de sa liberté suite à l’abolition. Quand on est nié dans son humanité, toujours pourchassé par ses anciens maitres blancs ou encore persécuté, le traumatisme perdure, comme une plaie ouverte. On peut être amené à commettre l’irréparable, un sacrifice ultime, comme un acte d’amour désespéré…



Beloved est un grand roman, une expérience de lecture inoubliable, un plaidoyer universel et sans complaisance contre la cruauté et pour la dignité humaine. Bravo à Jakuta Alikavazovic pour cette magnifique traduction toute en finesse.
Commenter  J’apprécie          110
Un don

(Avis complet sur le blogue)

Il n’est pas question de savoir si j’ai aimé ou non Un don, d’ailleurs il m’est impossible de le dire. Les mots de Chloe Wofford (nom de naissance de l’écrivaine) se placent au-dessus d’une simple appréciation, ils bousculent et apportent une lumière, de la nuance sur nos croyances et nos théories.

Puissant. Violent. Poétique. L’écrivaine sait équilibrer son texte pour le rendre lumineux malgré la dureté des destins et de certaines scènes. Elle fait appel à l’intellect, afin de libérer, d’éloigner les émotions primaires de chacune, chacun. Un don qu’elle nous offre.
Lien : https://dusoirenete.wordpres..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Toni Morrison Voir plus

Quiz Voir plus

Beloved de Toni Morrison

De quoi s'inspire ce roman ?

D'un fait divers
De rien
De la vie de l'auteur

7 questions
75 lecteurs ont répondu
Thème : Beloved de Toni MorrisonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}