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Critiques de Éric Vuillard (1121)
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L'ordre du jour

Eric Juillard se propose de soulever " les haillons hideux de l'histoire". Passionnant sujet que de se plonger dans les années 30 en se focalisant sur deux événements :

1- la réunion de 24 puissants patrons allemands ( les Krupp, Opel, Siemens etc ) convoqués par Hitler et Goering, qui aboutit à accepter de financer le parti nazi.

2- l'Anschluss ( annexion de l'Autriche par l'Allemagne ) le 12 mars 1938.



Dans les deux cas, le procédé est le même : scruter l'intime des acteurs de ces événements par des scènettes de coulisse à la fois grotesques et tragiques.

L'exercice de style est réussi, on se faufile par le petit trou de la serrure pour suivre ces inerties coupables, ces successions de lâcheté, ces bassesses et compromis . Eric Vuillard fait montre d'une réelle maestria pour agencer les faits, portée par une très belle plume, bien maniée, souvent lyrique.



Malgré ses indéniables qualités, je ne suis pas parvenue à me passionner pour ce passionnant sujet. Malgré la multiplications des anecdotes concernant les nombreux protagonistes, cela manque au final de "chair". Peut-être me suis-je laissée bercer par la beauté de l'écriture sans entrer en résonance avec ce qui était écrit, je suis restée à l'écume des phrases. Surtout si je compare au choc qu'a été la lecture de Ces Rêves qu'on piétine de Sébastien Spitzer, récit qui lui aussi visite ces années sombres de l'Europe.
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Une sortie honorable

« Une sortie honorable » : le titre est explicite, empreint de mépris envers le peuple assujetti. Comment sortir la tête haute de cette sale guerre embourbée en Indochine, « épicentre de quelque chose, une angoisse, un désir aphasique, silencieux, avare ». Ici les choses sont claires d'entrée, on se fout royalement des pertes humaines, surtout locales. Il s'agira avant tout de « relancer la guerre pour en finir et reconquérir l'Indochine pour la quitter». Il y aura bien en 1950 Mendès-France pour évoquer une sortie par la négociation de cette guerre trop onéreuse, idée vite balayée dans l'Assemblée par un vent d'indignation dans une analogie funeste, car « la capitulation, c'est toujours Munich ou Vichy, lieu commun de la rhétorique de tribune ».

C'est aussi et surtout à une galerie de portraits sans concession à laquelle on aura droit au long de ce court récit, un festival de piques mordantes envers les caciques du pouvoir de l'époque. Hommes politiques, militaires ou banquiers, de Maurice Viollette à De Lattre de Tassigny en passant par Henri Navarre et Marie Ferdinand de la Croix de Castries mais aussi Emile Minost, tous ne sont pas connus, mais tous seront épinglés par la verve ironique d'Éric Vuillard. Même s'il faut toutefois les nuancer : « si les militaires avaient bel et bien pratiqué la torture, le bombardement des civils, l'emprisonnement arbitraire, si les parlementaires avaient encouragé la guerre, adoptant à la tribune le ton des grandes heures, en revanche, les administrateurs de la banque n'avaient officiellement rien dit. » On apprendra sans réelle surprise à la toute fin qui touchera le jackpot.

Sans se perdre dans le détail historique, Eric Vuillard construit son récit en ciblant une éloquence avant tout persuasive et explicite, dans des chapitres courts aux allures de scénettes sans lien forcément apparent entre elles, même si le puzzle indochinois se révèlera au final avec maestria. Ses sources documentées et variées s'intéressent à des éléments factuels d'époque, mais aussi aux « éléments du langage » comme pour le titre, ou par exemple le lexique à connaître pour ce guide touristique de l'époque : « va chercher un pousse, va vite, va doucement, ...relève la capote, conduis-moi à la banque, chez un bijoutier,.... ». Des éléments de langage restitués dans son langage à lui, acerbe et corrosif, précis. Ça étrille et ça dézingue, les mots y sont comme des coups de poignard dans la cuirasse de la IVème République. Mais il y a aussi le rire (jaune) qui peut surgir à l'improviste chez le lecteur. De Lattre de Tassigny invité à « Meet the Press », émission politique de la NBC, ou encore Henri Navarre tourmenté d'avoir mal appris « ses leçons à l'école de guerre », en révisant son Jomini après une cuisante défaite...



Le Goncourt avait consacré « L'ordre du jour », récit sur l'Anschluss. Ici le lecteur reconnaîtra la manière singulière d'Eric Vuillard dans ce nouveau récit historique aux mots punchy et corrosifs, au ton caustique et ironique, au phrasé virtuose et à la construction éloquente. À la différence que cette sortie honorable a été organisée près de chez nous, il y a moins d'un siècle.
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L'ordre du jour

Le Goncourt, quand même, c'est un peu fort...

C'est très moyen, c'est pas les Bienveillantes, ni Au revoir là haut, et de très loin.

En fait, ça ressemble à Hhhh, en moins idiot (cela n'engage que moi, hein)...Cette nouvelle idée de faire la leçon à ceux qui auraient dû empêcher le grand méchant loup d'agir...Mais alors bien au chaud en 2018, dans une gentille démocratie et par des gars qui n'ont absolument aucune idée de ce que c'est que la guerre, les bombardements, les tranchées, la crise de 29, la révolution russe, les SS, la Gestapo, Auschwitz, le totalitarisme au jour le jour, la terreur et la faim, toutes ces joyeusetés du début du XXème siècle, qui ont fait...euh, allez, 50 millions de morts...Moi non plus, je n'en sais rien. Heureusement. Mais on peut quand même se faire une idée de ce que c'est que de résister à la terreur quand on constate la difficulté qu'on a, à l'heure actuelle, où l'on ne risque ni la mort ni la torture ni les camps, à soutenir, je ne sais pas, un ou une collègue harcelé.e contre n'importe quel petit chef. Courage fuyons. Le silence est souvent effarant. Donc bon. On reste calme, les mecs. J'ai vu une caméra cachée sur du harcèlement de rue. Un acteur insultait et cherchait à attraper une actrice. Elle criait et se rebellait. C'était en pleine rue. Aujourd'hui, en France. Personne ne s'est arrêté, sauf deux filles, qui sont intervenues. Donc du calme, les mecs, Vuillard, Binet et compagnie...Je voudrais bien vous voir face à des SS avec la casquette à tête de mort et le permis de tuer.

Excusez-moi de cette petite mise au point.

Il s'agit donc dans ce "récit" de reprendre des dates clés d'avant guerre, pour montrer avec quelle facilité les grands de ce monde ont cédé devant les nazis. Combien ils ont été lâches, cyniques, diaboliques. Je suis entièrement Vuillard sur les pages tout à fait pertinentes qui concernent les grands industriels. Je n'ai jamais compris comment il était possible qu'on puisse encore de nos jours voir inscrit partout Opel, Siemens, IG Farben et Hugo Boss, qu'il a oublié, sachant qu'ils se sont servi des nazis pour s'enrichir, servi de la chair humaine des déportés d'Auschwitz, Buchenwald, Ravensbrück, Dachau etc...pour continuer à produire pendant la guerre. Et à faire de l'argent dans le sang de ces pires qu'esclaves. Toutes ces entreprises, s'il y avait une justice, auraient dû disparaître, ou tout au moins leurs dirigeants être pendus à Nuremberg, leurs noms être changés, le tout nationalisé. Vuillard traite ce thème au début et à la fin de son récit, comme un péché originel jamais condamné.

Par contre, le milieu du "récit", les histoires de lord Hallifax, de l'Anschluss, de Münich...En cent pages, ça me paraît un peu rapide. Tout le monde est des crétins qui s'écrasent devant Hitler alors qu'ils auraient pu l'écraser. OK, comment, pourquoi ? Parce que tout le monde est des crétins lâches et aveugles. Qui ? Le chancelier d'Autriche, Chamberlain, Daladier. C'est un peu facile, il me semble. Et si je veux juger, je préférerais un livre d'histoire. Là, on rejoint Binet. Je ne vois pas l'intérêt de ce genre de récit détaché du contexte historique. C'est un non-sens complet. On peut sans doute les accuser, car nous savons la fin de l'histoire. Mais eux, ils ne connaissent que leur propre passé récent : la sale guerre, les tranchées. Ils ne veulent pas y retourner. Ce sont les mêmes hommes que vingt ans avant. Et pourtant ils y retourneront, et c'est comme ça qu'on a des hommes qui ont fait Verdun et qui sont morts à Auschwitz. Ca a existé.

Ce genre de récit ne m'apporte rien que l'idée que décidément, les hommes ont la mémoire courte, la langue bien pendue, et que l'histoire est la matière la plus essentielle à l'école.
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L'ordre du jour

Je ne m'aventurais pas à émettre une nouvelle critique du livre d'Eric Vuillard. D'autres lecteurs ont écrit d'excellents commentaires qui reflètent très bien le contenu de ce livre. La seule opinion que j'émettrais c'est l'effroi que je ressentais au fur et à mesure que je tournais les pages. Eric Vuillard a le don de nous intégrer à son récit et de le rendre tellement vivant que nous voyons les personnages évoluer sous nos yeux. Ce récit glace le sang. Ce n'est pas une fiction, c'est l'Histoire!

L'Histoire se répète et je ne me fais aucune illusion sur le monde d'aujourd'hui.
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Tristesse de la terre

D'abord intriguée par l'interview qu'Eric Vuillard avait eu avec François Busnel dans La Grande Librairie, j'ai eu quand même beaucoup de mal à rentrer dans ce livre.

De par mes études, mais pas seulement, je m'étais intéressée au sort des Indiens d'Amérique, alors le voir du point de vue de Buffalo Bill - devenu aussi emblématique pour les Etats-Unis et leur identité que Ronald McDonald - pourquoi pas !



La lecture des 100 premières pages a été laborieuse car je le lisais comme un roman, or Tristesse de la terre, malgré ce que ce titre poétique suggère tient plus de l'essai que du roman. Et, l'écriture de l'auteur n'est pas toujours très digeste non plus. Souvent j'avais l'impression de lire Nelson Monfort… Un style qui convient difficilement à la lecture. Pourtant, c'est dans les 60 dernières pages que le livre tient toute sa force.

L'auteur nous montre bien sûr le cynisme dont les Américains ont fait preuve vis-à-vis de ce peuple qui avait aidé leurs ancêtres à survivre sur cette terre qu'ils ne connaissaient pas. Eric Vuillard prend surtout comme exemple le tragique épisode de Wounded Knee qui contient à lui seul dans ces deux pauvres mots une grande partie de ce qu'a été ce génocide toujours pas reconnu par le gouvernement américain à ce jour.



Enfin, ce n'est pas réellement le sujet. le Wild West Show ! Un spectacle folklorique qui est certes tombé aux oubliettes depuis bien longtemps mais qui illustre parfaitement un certain nombres des fondements de la société américaine : le spectacle ! le spectacle et tout son rapport ambiguë au réel qu'il remanie et finit par imposé comme vrai à coup de tours de passe-passe plus impressionnant pour un public en attente de sensations.



Une fois passé la partie un peu pénible de ce court récit, un seul sentiment s'impose une fois le livre fermé : l’écœurement. Se dire que ce décor en carton pâte qui a servi des fables pseudo-historiques (limite révisionnistes) ait pu ériger en héros quelqu'un que l'on considérerait aujourd'hui comme un raté… C'est tout simplement hallucinant. Comme quoi le paraître a un pouvoir bien plus grand qu'on ne l'imaginerait, et sur du long terme en plus. Heureusement, les livres aident à lutter contre ce reformatage de la mémoire.

Eric Vuillard n'apporte certes rien de nouveau à tout le travail fait par les historiens ou des Amérindiens qui se font gardiens de leur très fragile passé, mais il a le mérite d'amener le public (plus ou moins averti) à se poser des questions sur notre propre rapport au spectacle.

Et j'imagine que pour ceux qui ne sont pas familiers de cette partie de l'histoire américaine, Tristesse de la terre leur fera découvrir l'envers du décor. Et pas seulement du Wild West Show.
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Tristesse de la terre

Des Cow-boys, des Indiens et des bisons – pas morts – sous le toit d’un grand chapiteau. Il parcourt la France entière, de Marseille à Nancy. Il vient de Londres, de Vienne ou de Florence. Le Wild West Show en tournée mondiale. Les hommes se précipitent pour voir ces sauvages indiens, des plumes sur la tête. Les enfants se cachent derrière les gradins pour regarder les cow-boys tirer sur les Indiens et violer les Indiennes. Un parc à thème itinérant, le grand cirque où les éléphants et autres tigres sont remplacés par des chevaux et des bisons – sages, et les fouets par des Winchester. Au sommet du show, la rencontre entre Buffalo Bill et Sitting Bull.



Sous le chapiteau, de la poussière. Des sabots des chevaux et des bisons, sur le parterre de terre aménagé en l’occasion de cette festivité, la poussière se soulève et s’envole. Le rythme sourd des sabots qui cognent la terre comme ma tempe. Quelle est triste cette terre, cette poussière d’antan, où des gouttes de sang s’y trouve mêler, du sang d’hommes, du sang de bêtes. Une odeur de poudre et de sueur embaume le chapiteau, comme les grandes plaines de l’Ouest sauvage. Les yeux piquent, par la fumée des carabines, par les incendies des terres, par les camps d’indiens brûlés.



Soleil. Au petit matin, la brume lève le voile sur les collines rougeoyantes. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers d’indiens morts. Au sol, des dizaines, des centaines, des milliers de bisons couchés, abattus plus par jeu que par nécessité. C’est la tristesse de la terre. Mais the show must go on… Sur cet air frais qui transperce les poumons de sa lame d’acier, je tente de respirer sur ce spectacle bouillonnant pour l’époque, affligeant avec le recul de maintenant. Le chapiteau se démonte en une nuit, la poussière est balayée d’un coup de vent, cap sur d’autres horizons. Retour à Cody, Wyoming.



Avec une très belle écriture, teintée d’une ambiance froide et mélancolique, cette « Tristesse de la Terre » se trouve être un parfait complément d’une autre lecture très ancienne mais inoubliable, « à la grâce de Marseille » de James Welch.
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L'ordre du jour

Une approche originale, mais personnelle de journées historiques. Il faut lire L’ordre du jour pour comprendre les mécanismes mis en œuvre qui ont conduit à une seconde Guerre mondiale.

L’Anschluss désigne l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie dans l’indifférence internationale. À l’ordre du jour retrace les quelques jours avant et après le 13 mars 1938.

Céder à un dictateur c’est peut-être sauver la paix à court terme, mais à long terme, c’est courir à la catastrophe. Les scènes entre le chancelier Schuschnigg et Hitler montrent que le Führer était insensible à tout raisonnement, il n’y avait que deux solutions : se battre, à ses risques et périls, ou alors plier, ce qui est plus facile et aussi plus acceptable, du moins à court terme. Les angoisses de Schuschnigg sont parfaitement dépeintes, le mécanisme est en route et rien ne peut plus l’arrêter.

Il y eut plus de 1700 suicides en une semaine avant l’Anschluss et la presse n’était évidemment pas encouragée à en parler. Ces gens savaient, avaient compris, et les autres non ?

Éric Vuillard est très convaincant, mais j’aurais aimé une bibliographie ou des sources.


Lien : https://dequoilire.com/lordr..
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La guerre des pauvres

« La guerre des pauvres » est un ouvrage court mais caniculaire eu égard à son substrat et à sa sonorité particulièrement actuelle, ouvrant une brèche définitive pour une insurrection collective. C’est au moyen d’une plume d’ordinaire audacieuse et palpitante qu’Éric Vuillard offre une turbulence littéraire qui s’adosse à une archéologie contestataire précise. Sa puissance évocatrice et sa scénographie des mots unique irriguent alors un conte historique à la forme pamphlétaire qui appelle à la vindicte populaire et participe à un certain acquittement des oubliés, des masses laborieuses. Si la personne de Thomas Müntzer n’inaugure pas historiquement l’émancipation de ces classes, il se fait tout de même le complice d’une convergence des luttes essentielle -encore aujourd’hui indispensable- par le biais d’une authentique passion dont l’apanage exclusif parvient à fédérer la foule quand même l’issue, défaitiste, ne constitue pas un élément primordial. Ce livre, précis et mitraillé, accomplit le fait de capturer l’essence d’une histoire héroïque - et non relevant du martyre, figure désacralisée par l’auteur - qui désigne le langage et la littérature comme de véritables instruments de mutinerie. Ce texte, aux chapitres affûtés, est alors un véritable ressac qui vient scruter une contemporanéité, aux confins d’une haine croissante terrifiante.
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14 Juillet

Écrire ce qui n'a jamais été dit, faire rentrer dans la grande histoire les petites gens, redonner la parole à ceux à qui on l'a confisquée en leur donnant ...des porte-parole, écrire l'histoire sans créer des premiers rôles, comme Michelet, écrire l'Histoire en campant la frêle silhouette d'un Rousseau qui n'est pas Jean-Jacques, d'un Falaise, d'un Sagault, d'un Rossignol avec la même attention, le même respect, la même émotion qu'on a mise à restituer le coup de gueule formidable de Mirabeau, les bégaiements audacieux de Des moulins.



Voilà le pari -le Paris?- d'Éric Vuillard. Pari(s) réussi!



Ce 14 JUILLET ne ressemble pas à une page de manuel: c'est le poème d'un Rimbaud des barrières, la chanson d'une ribaude du port au Bled, c'est une courte épopée d'un jour dont le peuple de Paris, dont Paris est le héros.



En le lisant, j'ai retrouvé l'enthousiasme, l'émotion, la ferveur éprouvés autrefois, à Vincennes, quand, de tous les petits groupes qui se pressaient autour des comédiens du Soleil, partait , après un passionnant recit, en léger décalage, la même phrase saluée par nos acclamations successives: "Et c'est comme ça qu'on a pris la Bastille!''



J'en ai toujours la chair de poule, quand j'y pense. Et le livre de Vuillard m'a fait le même effet: comme si on m'avait rendu, enfin, après une longue confiscation, un peu de notre mémoire collective, un peu de notre solidarité - un morceau d'espérance.



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L'ordre du jour

L'ordre du jour présente la face cachée de l'Anschluss en une foule d'anecdotes tragi-comiques sur l'annexion de l'Autriche par les Nazis en 1938.



Beaucoup de thèmes sont abordés : le soutien de l'industrie, la diplomatie, les réactions de la population, les tractations entre Hitler et le régime en place, les modalités pratiques... Je me suis souvent surprise à sourire devant les absurdités et les situations cocasses, et le livre serait très drôle s'il ne racontait pas le prélude de la seconde guerre mondiale.



Dommage qu'il soit si court, j'aurais volontiers enchainé sur l'ordre du jour d'après.
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L'ordre du jour

OVNI

Dans le genre inclassable, je pense qu'on ne fait pas mieux. C'est un essai, un roman historique, fiction, non-fiction. Mais non pas du tout, mais un peu de tout à la fois.

Eris Vuillard nous emmène à la découverte de l'Anschluss, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne qui eut lieu du 11 au 13 mars 1938.



Bien entendu, il ne nous la raconte pas selon les films d'époque, ni selon ce que l'on peut lire dans les livres d'histoire.

Il nous raconte la petite histoire, celle du secret des cabinets ministériels, des négociations, celle de la poudre aux yeux jetée à l'Europe d'avant-guerre. Il nous raconte l'envers du décor d'une Histoire que nous connaissons tous sans peut-être l'avoir approfondie. Celle des enjeux économiques aussi.

Ca se lit comme un roman, très rapidement (d'ailleurs c'est très court 150 pages format poche et en grands caractères) et c'est très intéressant. Donc si vous ne l'avez pas encore lu, foncez !

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Une sortie honorable



Curieusement, malgré très certainement un art consommé de la distorsion des faits, avec un manque criant d'objectivité ( ce n'est vraiment que ma perception) , je reviens vers les livres d'E.Vuillard , vers la littérature, la vraie, qui peut transformer le réel en récit imaginaire.

Depuis son dernier livre sur le nazisme "L'ordre du jour"(Goncourt2017), je ne vois plus les Mercedes du même oeil d'ailleurs.

Cette fois, c'est en Indochine qu'il nous emmène. C'est d'abord dans les années 30, vers Saïgon dans une exploitation d'hévéas appartenant à Michelin qu'il pose le décor et décrit l'enfer que vivent les coolies. Trente ans plus tard, c'est à l'Assemblée nationale que continue le drame à venir. S'y déchirent à belles dents et belles apostrophes E.Herriot, Mendés-France et quelques grandes gueules de l'hémicycle.

Faut-il dire la "vérité" aux français sur le chaos en cours au Tonkin,la débandade, sur DiênBiên Phu?

On peut transposer ces épisodes sur pas mal d'évènements bien plus proches dans le temps, Kaboul, le Mali. E. vuillard ne s'attendrit pas ni ne moralise, il se contente d'imaginer le réel, il suffit de 200p pour cela.

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L'ordre du jour

"L'ordre du jour" ou comment se réconcilier avec les Prix Goncourt, c'est l'effet que m'a fait la lecture du récit d'Eric Vuillard. D'abord réticente à le lire, me disant que les récits sur la Second Guerre mondiale mais qu'à force il y en a un peu marre, je ne regrette en rien de m'être finalement décidée à me lancer et à dévorer cet ouvrage que je ne peux que vous recommander. Ici, les mots apparaissent entre les lignes, il n'est pas question de replonger dans l'horreur des camps de concentration mais de suivre ces vingt quatre hommes, banquiers ou industriels qui ont donné des dessous de table en cette réunion du 20 février 1933 au régime nazi. Ils savaient tous, faisant semblant de l'ignorer, ce qu'ils étaient en train de financer mais ils l'ont fait quand même, et ce, en toute liberté de conscience, sans avoir aucun remords, et d'ailleurs, ils étaient loin d'être les seuls alors pourquoi culpabiliser, sachant qu'ils agissant au nom du Führer ? cependant, après, il y a bien eu les morts et ceux-là, on ne peux pas les oublier. Sont-ils coupables ? Bien sûr que oui même si ils le sont d'une manière indirecte. Eric Vuilard, sans prendre de mots trop durs, dénonce afin de ne pas oublier car ce sont ces mêmes industries qui font aujourd'hui la renommée de pays entier, ces mêmes voitures que nous utilisons, ces même électroménager. Cela veut-il dire que nous cautionnons ce que les créateurs ont fait pour autant ? Ce sera à chacun de se poser la question mais pour ma part, je pense que oui.



Retour sur l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne (Anschluss) en mars 1938, ce que nous apprenons à travers nos livres d'Histoire mais nous oublions souvent que cela n'est pas un simple fait historique mais qu'en ce 12 mars, ce fut une histoire, simplement celle-ci était différente des autres et allait marquer nos esprits à jamais !



Un ouvrage poignant sur lequel je ne vais pas trop m'alanguir, de peur de vous donner à lire une 255 ème critique avec des mots que vous aurez probablement déjà lus, d'autant plus qu'après une telle lecture, je dois vous avouer que les mots me manquent. Je crois qu'après avoir lu cet ouvrage, tout est dit : il n'y a plus rien à ajouter si ce n'est de le lire et de le faire découvrir !
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L'ordre du jour

L'ordre du jour est une plongée fascinante dans les années 1930 en Europe, et spécialement une immersion au coeur même des rencontres décisives entre dirigeants de l'époque, à l'approche de la grande déflagration qui emportera tout.



Avec une écriture fine, précise et d'une qualité exceptionnelle, Eric Vuillard nous fait vivre des moments d'anthologie. D'abord la réunion du 20 février 1933 où 24 grands capitaines d'industrie allemands, patrons des Krupp, Opel, Siemens, IG Farben, Telefunken, Bayer, Agfa, BASF, Allianz et j'en passe, vont apporter sans barguigner leur contribution au financement du régime du nouveau chancelier Hitler...Et puis il y a la figure du Chancelier autrichien Schuschnigg, rencontrant Hitler le 12 février 1938 au Berghof, le fameux nid d'aigle du Fuhrer. L'occasion pour l'auteur de nous immerger dans l'atmosphère d'intimidation moite mise en place pour faire plier l'Autriche tout en assurant une communication de sauveur bienveillant à l'attention des diplomaties européennes. Derrière les grands enjeux pour l'avenir de l'Europe et du monde se dévoilent aussi des personnages, souvent médiocres, falots, calculateurs pour leur petite personne, qui pourraient laisser un instant penser qu'ils vont oser dire non, se rebeller, et puis non...les petites lâchetés, les politesses petites bourgeoises et les compromissions prennent le dessus. D'ailleurs, Schuschnigg est-il une victime complètement innocente ? L'auteur nous rappelle que sa politique à la tête de l'Autriche est bien dans la continuité très autoritaire de celle du chancelier Dolfuss, assassiné en 1934 par des sympathisants nazis autrichiens. Alors il finira par plier devant la pression hitlérienne pour installer le nazi Seyss-Inquart à la tête du pays, histoire de faciliter l'Anschluss. Nous croisons également le francophile et amateur de tennis Ribbentrop, rusé aussi, qui le temps d'un dîner londonien mystifie ce brave et si intègre Chamberlain, lui-même qui se retrouvera avec Daladier quelques mois plus tard à Munich, roulé par Hitler dans ce fameux fiasco...Ce même Chamberlain qui dit-on, louerait un appartement en ville à Ribbentrop...Car finalement, tout ce petit monde politico-diplomatique se connaît bien, parfois s'entend pour traiter des affaires privées. Les gentils ont leurs petits secrets plus ou moins avouables, qui sortiront après la guerre...Quant aux nazis qui croient mener le jeu à la fin des années 30, imaginent-ils qu'ils seront contraints d'entendre lire leurs propres paroles de ce temps-là par les juges de Nuremberg ? C'est un peu l'arroseur arrosé...le système Goebbels et sa communication propagandiste si fournie qu'elle sera exploitée à fond par les libérateurs pour les placer devant les évidences et leur cynisme sans limite. Avec en prime, cette pépite : l'annexion de l'Autriche et l'entrée dans Vienne prit du retard, en raison d'une panne de carburant qui immobilisa lamentablement les blindés allemands en chemin...



Voici un récit captivant, court et dense, qui nous consterne souvent avec l'auteur, et met en lumière les travers, les faiblesses des hommes de ce temps, un manque d'esprit de responsabilité, une cupidité aussi des élites et des entrepreneurs...car les affaires continuent, et grassement, pour alimenter le régime nazi et se fournir sans vergogne en main d'oeuvre à bas coûts, directement dans les camps de concentration. Eric Vuillard nous immerge dans ces rencontres au sommet, tout en s'élevant pour commenter ces scènes et les pensées et stratégies de ces personnalités, avec un ton teinté d'humour caustique, réaliste et fataliste sur la nature humaine. Par un jeu de flash-back entre ces années 30 et l'après-guerre, immédiat avec le procès de Nuremberg, ou un peu plus lointain pour nous rappeler toutes les reconversions très réussies en Europe et en Amérique de certains collaborateurs économiques, il suscite en nous l'interrogation sur la bien grande tolérance qui a longtemps permis à plus d'un acteur impliqué de ce temps de s'en sortir très avantageusement...sans oublier les anonymes, notamment ces jeunes femmes viennoises qui accueillirent avec la fièvre de midinettes l'arrivée triomphale des soldats allemands dans la ville : quels souvenirs et jugements avaient-elles en tête une fois devenues grands-mères, mangeant leur yaourt en maison de retraite ?



Un regard à la fois ironique, amusé, mais aussi sans illusion sur la nature des hommes. Avec lucidité, Vuillard, selon l'idée d'un éternel retour, s'inquiète de manière à peine voilée sur les risques de nouvelles barbaries pour l'avenir.



Un récit magistral et savoureux qui a dû demander un formidable travail de recherches documentaires à l'auteur. Excellent !
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L'ordre du jour

Un roman historique sur la préparation de la seconde guerre mondiale en Allemagne.

Selon l'expression consacrée, "nous n'avons fait qu'obéir aux ordres et servir notre état". Et voilà le résultat: une guerre mondiale avec des millions de victimes dont plusieurs dans des camps de concentration. Ceux qui ont obéi à Hitler sont-ils connus du grand public, ont-ils demandé pardon pour leurs fautes et payé leur compte, si cela est encore possible ?

Vuillard pense que non. En journaliste il sait utiliser les faits, rien que les faits et se propose de raconter l'histoire en donnant le nom des coupables. Ils le sont à plusieurs degrés.

Au premier rang les militaires, les gradés, ceux-là ont été jugés à Nuremberg.

Au second rang, les grands oubliés, les financeurs, les grands coordonateurs et les fabriquants que sont les grandes entreprises allemandes.

Au rang suivant, Vuillard n'oublie pas les dirigeants de l'époque qui ont laissé faire: Chamberlain (le logeur de Ribbentrop), Churchill, Lebrun, Daladier...



Ce livre a pour point de départ la réunion où assistent les plus grands industriels d'Allemagne avec, à l'ordre du jour, la demande d'Hitler de financer l'effort de guerre. Ces entreprises sont encore là: Basf, Bayer, Afga, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telfunken, Daimler…

Malgré le style, trop emphatique à mon goût, j'ai goûté beaucoup d'anecdotes sur l'invasion de l'Autriche mais je demeure interloqué sur l'absence des responsabilités, et encore maintenant, de ces grands patrons dans la montée du nazisme.

Le livre n'a pas créé de polémiques. Ni en France, ni Outre-Rhin, bizarre.
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L'ordre du jour

Dans « L'ordre du jour », Eric Vuillard nous montre comment « les plus petites catastrophes s'annoncent souvent à petit pas ». Il nous livre une vision de la montée du nazisme, nous rappelant les complicités et compromissions des industriels allemands Krupp, Opel, Siemens, Allianz, Bayer, … (des noms qui, encore aujourd'hui, résonnent avec toute la force qu'évoquent la prospérité et la longévité) qui ont financé les campagnes nazies pour les législatives, ainsi que la surprenante faiblesse et passivité des dirigeants français et anglais face à la montée en puissance du dictateur allemand.



Le récit commence en février 1933, quand vingt-quatre dirigeants des plus importantes entreprises allemandes ont rendez-vous au Reichstag à l'invitation d'Herman Goering pour y rencontrer Adolf Hitler. Au terme de leur visite, séduits par le discours de Goering, ils financeront généreusement le parti nazi.



Quelques pages plus tard, l'auteur nous conduit au Berghof, la résidence bavaroise d'Hitler, dans le secret d'un tête-à-tête invraisemblable entre le dirigeant nazi et le tourmenté chancelier autrichien Schuschnigg. Hitler voulait convaincre Schuschnigg de laisser son pays aux mains des nazis avec toutes les apparences de la légalité.



Plus tard on partira à Londres, où, en présence de Churchill, Chamberlain reçoit à déjeuner l'ex-ambassadeur Ribbentrop ; nous sommes le 12 mars 1938, le jour même, l'Anschluss est en marche, les troupes allemandes pénètrent en Autriche afin de réaliser l'annexion du territoire autrichien au sein d'une Grande Allemagne. le chancelier autrichien est contraint à la capitulation. Hitler est accueilli triomphalement à Vienne.



Le grotesque et le tragique sont sans cesse présents dans ce récit au fil duquel Vuillard choisit des scènes véridiques et souvent méconnues comme la panne des « panzers », réputés infaillibles, à peine la frontière autrichienne franchie.



L'idée du livre est de juger aujourd'hui avec notre connaissance de l'Histoire mais on est loin de l'approche historique factuelle qui se cantonne au rapport circonstancié des faits déroulés dans leur chronologie. Eric Vuillard nous offre là un condensé des faits qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale avec une grande clarté, un vocabulaire riche et un style très agréable. Sa sobriété d'écriture a un impact très fort sur le lecteur et fait ressortir la dimension tragique des évènements et leurs effrayantes conséquences historiques.

Eric Vuillard a l'art de se faufiler dans les coulisses de l'histoire afin de faire entrevoir à son lecteur l'envers du décor de récits historiques souvent répétés avec plus ou moins de vérité.



Plus tard, après la guerre, les grandes fortunes de l'économie allemande, soutiens du nazisme, ne quitteront pas pour autant la direction de leur entreprise. Ces groupes sont toujours là parmi nous et détiennent des fortunes immenses : « ils sont nos voitures, nos machines à laver, nos produits d'entretien, nos radios, nos assurances, nos piles etc… ». Les temps ont changé, mais certainement pas les puissances d'argent qui dictent toujours les choix politiques des gouvernants de ce monde dans leurs seuls intérêts.



Ce Goncourt est original par le thème choisi, ce n'est ni une fiction, ni vraiment un récit historique, mais il est certainement un des meilleurs Goncourt de ces dernières années.

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L'ordre du jour

Et l'Allemagne envahit l'Autriche...ou plus précisément, l'Autriche invita l'Allemagne à passer ses frontières...



Quelques personnages tristement célèbres dansent sur la partition politique du nazisme: voici le bal tragi-comique que nous offre Eric Vuillard, avec ce ton si particulier, amusant et ironique, pincé et vitriolé, nous faisant revisiter l'Histoire avec son aisance littéraire.



L'Autriche, son petit dictateur chancelier, son président potiche, son déni de démocratie: une gourmandise pour l'appétit d'ogre d'Hitler, qui tient néanmoins à faire les choses dans les règles pour ne pas effrayer la communauté internationale qui somnole. L'affaire est rondement menée: jeux de chaises musicales de postes politiques, mise aux pas des récalcitrants, flonflons et embouteillages aux frontières, voyage touristique du Führer. C'est la fête! le Blitzkrieg du 12 mars 1938.



S'invitent dans le décor du temps des digressions pour un peintre par-ci, un musicien par-là, un joueur de tennis, un dîner anglais et une recette de tarte au shion...



"Lorsque l'humour incline à tant de noirceur, il dit la vérité".



Un petit livre jubilatoire qui se clôt néanmoins sur la face hideuse des événements et l'hommage aux innombrables victimes. Une pédagogie à creuser pour distiller les faits historiques.

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L'ordre du jour

"Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet [...]"

Qui sont donc ces vingt-quatre messieurs bien mis et visiblement importants ?

Et pourquoi se rassemblent-ils ?



Le début est assez mystérieux et j'aime beaucoup l'atmosphère qui règne dans les premières pages : cette réunion pourrait avoir tant de buts différents et ces hommes pourraient avoir tant de fonctions diverses.

Tout cela est bien intrigant et accroche d'emblée le lecteur, puis l'auteur nous révèle la raison de la présence de toutes ces personnes et nous entrons dans le vif du sujet : ces hommes sont des capitaines d'industrie, des hommes riches et puissants.

Nous sommes au Reichstag, le 20 février 1933, et c'est Hermann Goering qui les a convoqués.

C'est la rencontre de deux pouvoirs : l'économique et le politique.



Éric Vuillard nous montre les coulisses de l'Anschluss, et met en lumière la collusion entre les intérêts politiques et les intérêts financiers.

Les nazis ont besoin des industriels autant que ces derniers ont besoin d'eux ; à partir de ce constat, tout devient possible et cette convergence permet d'avaler bien des couleuvres.

C'est tellement confortable de ne pas se poser trop de questions quand du profit est en ligne de mire...



Plus largement, l'auteur dénonce d'une façon très ironique tous ceux qui par lâcheté ont fermé les yeux et les oreilles et, pire, ceux qui par intérêt ont collaboré.

Il fait rapidement le tour de la question (l'ouvrage est court) et la démonstration est brillante, implacable.

À la fin, la boucle est bouclée et ces messieurs si chics du début paraissent nettement moins beaux !



J'ai trouvé ce livre glaçant parce qu'Éric Vuillard y expose tout froidement, sans rien enlever ni rien enjoliver.

Le message est très fort parce qu'il apparaît clair que si les faits dénoncés se sont déroulés dans l'Allemagne nazie, le phénomène est, hélas, universel.

Partout, de tous temps, l'appât du gain fait commettre bien des crimes, et la corruption est une arme redoutablement efficace.



La dignité et l'éthique ne sont pas à l'ordre du jour dans ces pages, seul compte le profit, qui justifie que l'on fasse taire sa conscience et que l'on accepte toutes les compromissions.

Ainsi va la nature humaine.
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L'ordre du jour

Sauf exception ( Echenoz par exemple...) je suis un peu sceptique quand des écrivains se lancent dans des récits historiques. On ne voit pas forcément la nécessité par rapport à un vrai livre d'histoire. Je pense par exemple à HHHH de Laurent Binet.

Et dans le cas présent, le fait que le livre soit aussi encensé me le rendrait encore plus suspect, je dois le confesser.

J'ai pourtant trouvé ce petit livre absolument remarquable. L'Anschluss raconté avec une froideur, une ironie mordante. Le sens des détails, le sens aussi des portraits qui sont vraiment remarquables. Certaines scènes resteront, je l'espère, gravées en moi, telle ce déjeuner incroyable où Ribbentrop se joue des Anglais tandis que l'Allemagne envahit l'Autriche.

La volonté de faire réfléchir le lecteur, la violence des attaques contre les industriels par exemple, mais aussi, surtout, les qualités littéraires remarquables du livre, tout cela m'a énormément séduit.

Sans oublier last but not least, les qualités du livre lui-même et de son édition par Acte Sud avec une couverture saisissante, une mise en page élégante...Un bel objet et un livre d'une très grande force. Un livre qui m'a particulièrement frappé.
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Tristesse de la terre

Un petit peu déçue car j'ai trouvé que l'auteur déroulait trop facilement, que les idées étaient belles et en plus il roulait sur du velours avec moi et cela m'a agacé. J'ai toujours du mal avec le noir et le blanc. Alors quand de surcroit on me caresse dans le sens du poil de bout en bout sans jamais m'amener à me questionner sur mes idées, je surnage et ne plonge pas. L'écriture est belle, le tempo bien mené et l'idée des photos dans le livre bien venue, mais c'était trop unilatéral. Il me reste une acquisition de connaissances toujours nécessaire et éclairante sur le wild west show.
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