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Marie-Pierre Bay (Traducteur)
EAN : 9782070405619
288 pages
Gallimard (20/04/1999)
4.07/5   51 notes
Résumé :
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Marie-Pierre Bay
Collection Folio (n° 3124), Gallimard
Parution : 23-10-1998

4ème de couverture :

Les nouvelles qui composent ce recueil se passent toutes en Pologne à diverses époques. Rééditées ici dans une nouvelle traduction pour certaines, encore inédites en français pour d'autres, elles comptent parmi les plus belles qu'Isaac Bashevis Singer ait jamais écrites.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Si ce matin vous n'avez pas trouvé vos chaussons au pied du lit, si vous avez renversé votre tasse de café ou si vous avez oublié votre livre sur votre table de chevet, c'est que - peut-être - vous avez été victime d'un dybbuk, un esprit malfaisant du folklore juif qui tourmente les vivants et les personnages de Singer. Mais dans ces contes, il existe des créatures bien plus dangereuses. Elles se nomment Lilith ou Asmodée et ces démons oeuvrent à écarter les Hommes du droit chemin. Comme on oublie bien vite les enseignements de la religion quand on est étourdi par le chant des sirènes du péché. Mais que les menteurs, les voleurs ou les libertins se méfient, l'auteur leur réserve un châtiment des plus cruels. Il y a ceux qui sont esclaves de leurs sens et ceux qui s'étouffent de métaphysique. A trop lire Spinoza ou Schopenhauer , ils oublient d'écouter leur cœur et risquent de s'en mordre les doigts.

L'auteur témoigne de la vie quotidienne au sein des shtetls, ces villages ou quartiers d'Europe de l'est peuplés de Juifs. La communauté possède ses écoles, sa synagogue, son tribunal mais aussi une maison destinée à accueillir les plus pauvres et les mendiants de passage. Le rabbin est là pour rappeler les principes de la religion et le respect des traditions à des ouailles parfois en proie au doute et aux passions. C'est un microcosme peuplé d'individus haut en couleur.

Isaac Bashevis Singer est un conteur plein de malice qui manie l'art du récit à la perfection. Les histoires sont parfaitement racontées et riches de sens. La lecture de ce recueil m'a offert un éclairage sur un monde disparu et sur un folklore et des traditions méconnus. L'auteur joue avec le surnaturel et le grotesque pour tyranniser des personnages dont les mésaventures nous offrent des leçons de morale explicites. J'avoue avoir été surpris par la noirceur et la religiosité de ces histoires. Heureusement, les situations cocasses, les personnages pittoresques et l'humour grinçant ne sont jamais loin.
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9 nouvelles dont quelques-unes s'apparentent plus à des contes, lorsque par exemple le narrateur se nomme Sammaël (un diable de la tradition juive) dans « Histoire de deux menteurs » ou « La destruction de Kresshev ». Toutes ces histoires se déroulent dans le Yiddish-land polonais entre le 19ème et le 20ème siècle, avant la Shoah et la destruction de ce monde. Quand ce n'est pas le diable qui manipule et se moque des travers et des passions de ces pauvres humains, ce sont des grands philosophes, Spinoza (voir la nouvelle qui donne son titre au recueil) ou Schopenhauer (L'ombre d'un berceau), qui influencent, questionnent les personnages et les bouleversent. le prix Nobel de littérature 1978, nous offre une lecture qui nous dit aussi l'universalité de cette culture disparue mais qui perdure par sa littérature. Des histoires d'amour pour le moins contrariées (p.178 « Pourquoi céder au désir si on est conscient de son aveuglement ? », des histoires de croyances et de foi d'où l'humour n'est pas absent (p.164 « Mon bon monsieur, que dites-vous donc ! Que Dieu vous pardonne ! - Il n'y a pas de Dieu ! - Alors, qu'y a-t-il ? - Des vers de terre ! - Âme infortunée ! Je vous plains (...) Mme Woychehovska s'en fut et raya de sa liste le nom du Dr Yaretzky. Peu après, elle eut une crise de hoquet qui dura assez longtemps », de sagesse parfois, toutes plongées dans ce folklore yiddish si riche et érudit (à la fin du bouquin on trouve un glossaire pour nous expliquer certaines de ces créatures et de ces traditions). Très plaisante lecture donc, où l'art du conteur excelle. Allez, salut.
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Lire Isaac Bashevis Singer, c'est assister à la résurrection d'un univers bouillonnant, populaire, mystique et coloré, mais définitivement perdu, et c'est extrêmement émouvant car Singer est un conteur hors pair et la vivacité de sa plume rend d'autant plus perceptible l'anéantissement dans la barbarie nazie de la communauté juive d'Europe de l'Est, engloutie avec son histoire, ses croyances, ses coutumes et sa présence toujours un peu espiègle au monde.
Ce recueil n'échappe pas à la règle en nous présentant quelques histoires dans lesquels dieux et démons sont omniprésents dans le coeur des hommes. J'ai particulièrement aimé la profondeur de la nouvelle "L'ombre d'un berceau" dans laquelle un médecin cynique et mécréant sombre dans un questionnement existentiel, ainsi que "Shiddah et Kuziba", suppots du diable tapis sous terre qui attendent avec impatience la disparition de ces satanés humains.
un magnifique moment de littérature, contre l'oubli.
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En deux mots ce livre est bien écrit mais trop décalé pour moi. Des histoires de diables, de possession m'ont troublée mais aussi ennuyée. Peut être un autre ouvrage de cet auteur.
Dans la galerie des « mitigés »
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L'univers juif si complexe, tordu et en conséquence si fascinant dépeint par Isaac Bashevis Singer, qui n'eût pas le prix Nobel pour rien.
Des nouvelles puissantes, assez longues permettant un développement certain. Certaines où le narrateur est un démon ou le démon himself et qui prennent alors un ton cynique qui plaira ou qui sera considéré comme détestable.
Sortir de la morale pour mieux la faire... Sortir de la morale pour sortir de l'enfer... Sortir de moral pour plus d'enfer...

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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le DrNahum Fischelson marchait de long en large dans sa mansarde de la rue du marché à Varsovie. Il était petit, bossu, la barbe grisonnante et le crâne presque chauve à l'exception de quelques touffes de cheveux qui lui restaient sur la nuque. Il avait le nez crochu et de grands yeux noirs papillotant comme ceux d'un oiseau. Le Dr Fischelson portait une veste noire qui tombait jusqu'aux genoux, un col raide et une large cravate. Il arpentait la pièce à pas lents, de la porte au vasistas et vice-versa. Pour pouvoir regarder dehors, il fallait grimper quelques marches. Une chandelle brûlait sur la table dans son chandelier de cuivre et une foule d'insectes bourdonnaient autour de la flamme. De temps à autre, l'une de ces créatures s'en approchait trop et se consumait en une seconde directement sur la mèche. A chaque fois, le docteur faisait la grimace. Son visage ridé se crispait et il se mordait les lèvres sous sa moustache ébouriffée. Au bout d'un moment, il tira son mouchoir de sa poche et l'agita en direction des moucherons. "Allez-vous-en, bande d'imbéciles, gronda-t-il. Au lieu de vous réchauffer, vous ne réussirez qu'à vous brûler !"
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« Attendez un peu, disait-elle, il me reviendra. Cette créature n’en voulait pas, elle n’en avait qu’après son argent. Elle va tout lui manger et le laisser sans rien. » « Et vous reprendriez un misérable pareil ? » demandaient les gens. À quoi elle répondait : « Qu’il revienne d’abord. Je lui laverai les pieds et boirai l’eau de la cuvette après. » Il lui restait une vieille malle qu’elle remplissait peu à peu de linge et de vêtements, comme une fiancée qui prépare son trousseau. « Ce sera ma dot, prête pour son retour, se vantait-elle. Je l’épouserai une deuxième fois. » Aujourd’hui, on appellerait ça de l’amour. Nous, nous disions qu’elle était complètement folle.
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La mort était inévitable. Elle rôdait partout, dans le lit d’une femme en couches, dans le berceau d’un enfant, elle suivait toute vie comme une ombre. Ceux qui sont familiers de la mort sentent l’odeur du suaire jusque dans les draps d’un bébé.
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Il se déshabilla dans le salon, ne gardant sur lui que son caleçon. Il voyait son corps à moitié nu dans le miroir : la poitrine couverte de poils blancs, le gros ventre, les jambes excessivement courtes et les ongles des doigts de pied tout jaunes. Dieu soit loué, nous ne nous promenons pas nus, réfléchit-il. Aucun animal n’est aussi laid que sapiens…
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-Maïs ils ressemblent à quoi, les hommes ? Mère, dis-le moi.
-Tu veux savoir ce qu’ils sont ? La lie de la création. La grande erreur de Dieu.
-Comment Dieu tout-puissant a-t-il pu commettre une erreur ? voulut savoir Kuziba.
-C’est un secret, mon enfant, répondit Shiddah. Car lorsque Dieu créa le dernier des mondes. la terre, sa passion pour Lilith, notre maîtresse, était plus forte que tout. Un instant seulement, son regard s’égara et c’est alors qu’il créa l’homme, horrible mélange de chair, d’amour, de crotte et de désir. L’homme ! ajout a-t-elle en crachant encore. Il a la peau blanche, mais ses entrailles sont rouges. Il hurle comme s’il était fort, mais en réalité, il est faible et tremble pour un rien. Si on lui jette une pierre, il se brise. Si on le pique du bout d’une fourche, il saigne. A la chaleur, il fond. Au froid, il gèle. Il a dans la poitrine un soufflet qu’il doit actionner sans cesse. Au côté gauche, il possède une petite poche qui doit palpiter et battre sans arrêt. Il se nourrit de quelque chose de moisi qui pousse dans la boue ou le sable. Il doit en avaler tout le temps, puis le faire ressortir de son corps. Il est à la merci d’un millier d’accidents, c’est pourquoi il est si méchant et en proie à des colères terribles.
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