AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742745579
440 pages
Actes Sud (16/08/2003)
3.68/5   52 notes
Résumé :

Publié en 1860, à Amsterdam, le roman de Multatuli, en dénonçant l'oppression exercée sur les Javanais par l'administration néerlandaise, eut un retentissement énorme. On a d'ailleurs souvent comparé les réformes qu'imposa ce récit pamphlétaire à celles advenues aux Etats-Unis après la publication de La Case de l'oncle Tom, de Harriet Beecher-Stowe. Ecrit au temps de Flaubert, ce livre é... >Voir plus
Que lire après Max Havelaar ou les ventes de café de la compagnie commerciale des Pays-BasVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 52 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Je suis assez déconcertée par ce livre et éprouve bien des difficultés à émettre un jugement car il tire dans deux directions contradictoires sur le plan critique.
Je vais d'abord commencer par l'aspect négatif, à savoir, la forme.
Stylistiquement, on pourrait reprocher une foule de maladresses à ce livre, comme l'insertion d'un narrateur (Droogstoppel) qui est un bourgeois cupide mais bien pensant de la métropole qui s'engraisse sur le dos des colonies et que l'auteur dépeint avec la plus grande ironie en forgeant une caricature grasse qui se veut probablement comique mais qui ne l'est pas spécialement.
L'histoire, à proprement parler, ne débute qu'au chapitre 5 après cette sorte de long prologue pas vraiment captivant et surtout, complètement inutile.
Lorsque l'action véritable débute réellement et que l'on fait enfin connaissance avec Max Havelaar, fonctionnaire administrateur de la colonie des Indes Orientales Néerlandaises, c'est-à-dire de l'actuelle Indonésie, le texte est constellé de mots malais ou javanais qui obligent à se rendre aux notes en fin de volume, ce qui hache considérablement la lecture et n'est pas particulièrement agréable d'un simple point de vue littéraire, même si d'un point de vue documentaire, c'est très intéressant (NB: les notes et la traduction de Philippe Noble sont excellentes).
Enfin, l'auteur Multatuli (littéralement "j'ai beaucoup enduré", alias Edouard Douwes Dekker) nous plonge directement dans certains courriers administratifs, comme s'il était dans un tribunal en train de justifier chacun de ses dires, ce qui n'est pas sans présenter des lourdeurs certaines.
Le ressenti général n'est donc pas extrêmement positif, d'où mes 3 étoiles seulement.
Néanmoins, concernant le fond, c'est sans hésitation aucune que je m'élève à 5 étoiles, d'une part parce que les accusations que porte l'auteur sont tout à fait justifiées, portent le sceau du vécu, qu'elles sont destinées à éveiller l'opinion publique sur les conditions de vie des populations indigènes, notamment en raison des exactions des chefs indigènes eux-mêmes dont la couronne des Pays-Bas a besoin pour asseoir son autorité et vis-à-vis desquels elle n'ose pas sévir de peur de les voir retourner les populations contre l'occupation européenne.
On ne peut qu'être admiratif devant le courage de l'auteur à dénoncer un système entièrement corrompu (malheureusement, je crois que de nos jours, rien n'a vraiment changé, il suffit de creuser un peu la situation dans l'actuelle Guyane française pour s'en convaincre) et qui va finalement s'en prendre à lui plutôt qu'aux exactions qu'il dénonce, devant l'érudition et l'humanisme dont il fait preuve.
On comprend aisément, et l'on approuve que son nom littéraire Max Havelaar (ce livre est éminemment autobiographique) ait été choisi pour désigner un organisme de commerce équitable visant à protéger les producteurs locaux du joug de l'économie boursière qui impose les cours et assure les plus grands revenus aux intermédiaires plutôt qu'à ceux qui exécutent réellement le travail pénible.
Je conseille donc des deux mains ce vibrant plaidoyer résolument CONTRE l'administration coloniale et POUR les populations indigènes quant au fond, mais suis plus réservée quant à la forme.
Autre précision, le sous-titre "ou ventes de café par la compagnie commerciale des Pays-Bas" ne fait référence qu'à son faux narrateur négociant en café car on n'y apprend rien sur le négoce du café en Indonésie à l'époque, je pense qu'il y aurait eu également beaucoup à dire et à dénoncer sur ce point mais le livre ne traite pas de cela, sachez-le, je pensais en apprendre sur les filières et leurs exactions et ai donc fait chou blanc sur ce point.
Mais ce n'est là que mon avis, pas garanti équitable, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          671
C'est probablement le plus important livre néerlandais, le « Max Havelaar ». Publié en 1860, le livre présente une mise en accusation de la société néerlandaise par une histoire littéraire impressionnante. C'est une histoire captivante qui about à ce message célèbre de la littérature néerlandaise : « le javanais est opprimé ! ».

J'ai lu le livre en néerlandais quelques fois et, par surprise, j'ai trouvé l'édition française dans ma bibliothèque locale. Soit en néerlandais, soit en français, le livre présente une histoire prenante de la lutte d'un fonctionnaire néerlandais contre sa propre administration coloniale.

Le livre présente une image claire du système colonial. On peut comprendre facilement pourquoi le système est injuste, pourquoi la population en souffre et pourquoi les Néerlandais n'interviennent pas et ne changent rien. En effet, les occupants néerlandais ont été malins : ils ont conservé le système traditionnel de l'autorité javanaise. Chaque département a été administré par un régent javanais, toujours un aristocrate, alors un homme d'une famille puissante et riche. le régent n'était pas vraiment un représentant de la population. Les occupants néerlandais ont simplement utilisé ce système d'administration existante par introduire des (assistants) résidents néerlandais dans chaque département. Chaque assistant résident a dû à son tour administrer et contrôler le régent javanais, comme « un frère aîné guide son frère plus jeune ». C'était un système malin, car les occupants néerlandais ne prenaient aucune responsabilité pour les problèmes parmi les Javanais et leurs propres autorités javanaises.

Le livre présente l'histoire de Max Havelaar, le nouvel assistant résident du département Lebak. Son prédécesseur a été trouvé mort. Max Havelaar est un fonctionnaire colonial néerlandais avec un défaut : il a une conscience. Il prend son serment de « protéger la population javanaise » très au sérieux. Malheureusement, la population javanaise dans son département souffre d'abus du régent javanais puissant. Beaucoup de gens ont fui en laissant leurs fermes inoccupées. Max Havelaar commence à la lutte contre son régent un peu naïvement. Après quelque temps il découvre que le problème véritable n'est pas seulement le régent javanais mais surtout l'administration coloniale néerlandaise qui n'a pas qu'un seul souhait : conserver la situation.

C'est difficile de comprendre la vraie importance de ce livre anticolonial. Après sa publication, tous les Néerlandais aux Pays-Bas étaient finalement au courant que « nous opprimons les Javanais ». Les autorités néerlandaises ont même amélioré quelques choses en Indonésie pour la population locale. le livre a aussi contribué à la formation d'un mouvement nationaliste indonésien au XIXe siècle et il a peut-être aussi inspiré autres mouvements nationalistes en Afrique et en Asie. (Bien que les Indonésiens aient dû attendre jusqu'à 1948 pour leur indépendance officielle après une petite guerre coloniale intense et envenimée de trois ans).

C'est un livre vraiment captivant et fort. C'est non seulement pas un livre historique qui fait partie de l'histoire des Pays-Bas mais également un livre qui vaut la peine.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
Commenter  J’apprécie          162
Roman quasi-autobiographique publié en 1860 - après moult péripéties - il est signé Edouard Douwes Dekker alias « Multatuli » qui signifie « J'ai beaucoup souffert ».

Un livre qui m'aura donné plus de fil à retordre au niveau du style qu'au niveau du propos. Mais il est assez clair que l'auteur n'avait pas vocation à créer un chef d'oeuvre littéraire. Marqué par son expérience en tant que fonctionnaire dans l'administration coloniale néerlandaise, son but est militant et son ambition est d'informer et briser l'omerta sur les exactions commises envers le peuple javanais. Certains côtés du personnage peuvent agacer mais on ne peut que reconnaître le courage dont a fait preuve l'auteur pour avoir jeté ce pavé dans la mare.

J'ai trouvé le parti pris de l'auteur pour construire son récit plutôt intéressant. Deux histoires se déroulent en parallèle. La première – fictionnelle – commence à Amsterdam et relate comment le jeune Stern, employé pour l'insupportable courtier en café Droogstoppel en vient à écrire la seconde histoire. Bien réelle celle-là et constituant la partie autobiographique de Multatuli. Ce procédé permet de nous donner une vision globale en amont et en aval du système colonial néerlandais. En amont avec le caricatural Droogstoppel (signifiant « chaume sec ») pour lequel les adjectifs péjoratifs se bousculent au portillon. Personnage prétexte à lui tout seul pour mettre en avant les arguments de l'époque (économiques, théologiques, etc…) justifiant une telle situation. En aval avec le héros du roman - avatar de l'auteur - dont l'objectif est d'exposer les mécanismes de l'oppression de la population javanaise et d'en dresser le constat.

Le style souffre néanmoins de quelques lourdeurs qui rendent la lecture parfois ardue et fatigante : phrases longues et alambiquées et surtout beaucoup de digressions. Aucune n'est hors sujet mais elles ne facilitent pas la lecture de la chronologie des évènements. Tout ne pêche pas cependant. La narration est extrêmement vivante et bon nombre de passages enflammés pourrait être lus à voix haute. Tout s'enchaîne et c'est ce qui m'a aidé à aller au-delà des aspects négatifs.

En somme, une lecture enrichissante mais aussi une lecture marathon me concernant.
Commenter  J’apprécie          130
Faisant partie de la bibliothèque idéale d'Hermann Hesse, Max Havelaar, ou les Ventes de café de la compagnie commerciale des Pays-Bas, est un roman néerlandais rédigé par Eduard Douwes Dekker, dit Multatuli et publié en 1860 à Amsterdam. Ce livre pas assez connu à mon sens en France est un classique de la littérature néerlandaise. L'histoire de ce roman, dont le héros s'appelle Max Havelaar, se situe dans une ancienne colonie des Pays-Bas à savoir les Indes néerlandaises. Max Havelaar est donc un administrateur hollandais qui est envoyé à Java pour assister le chef de district. Sur place notre héros découvre un système régi par la corruption et la soumission des Javanais qui sont volés à la fois par les petits chefs locaux et les membres de l'administration hollandaise. J'arrête ici mon résumé pour ne pas en dire trop. Ainsi, ce pamphlet qui dénonce le rôle qu'a tenu le gouvernement hollandais dans l'exploitation du peuple javanais a fait à l'époque l'effet d'une bombe aux Pays-Bas. le gouvernement hollandais mis sous pression, par un mouvement d'opinion progressiste, a dû mener afin d'améliorer le sort de la population locale une politique que l'on nomme aujourd'hui d'éthique. Comme le dit la présentation de l'éditeur (Actes Sud), les réformes qui ont été menées par le gouvernement hollandais à la suite de ce roman sont comparables à « celles advenues aux États-Unis après la publication de la Case de l'oncle Tom ». Aussi, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'aujourd'hui Max Havelaar soit devenu en quelque sorte le symbole pour le commerce équitable. le style lui est résolument sarcastique et il peut en rebuter certains, mais moi j'ai vraiment apprécié…
Commenter  J’apprécie          100
La petite pièce de théâtre : Barbertje moet hangen (Barbarella doit être pendu ? Je ne connais pas le titre en français)
Le livre "Max Havelaar" est généralement précédé par la petite pièce de théâtre de une page concernant Babarella, une femme qui aurait été tuée par son mari. Il faut qu'il y ait un coupable, alors même si au milieu de la pièce Babarella surgit, vivante et en bonne santé, et qu'elle dit au juge que son mari l'a toujours bien soignée. le juge ne supporte pas cela, ne veut pas l'entendre, et trouvera un moyen de dire que le mari est tout de même coupable (pour avoir dit qu'il l'a bien soignée, ce qu'il interprète comme vanité) et par conséquent le mari doit être pendu.
C'est épouvantable dans la justesse de la psychologie et très beau.
En néerlandais, 'Barbarella doit être pendue" est devenu une expression pour exprimer qu'il faut qu'il y ait un coupable, mais le nom du mari et de la femme ont été inversés, car dans la pièce c'est bien le mari qui est inculpé.

Le livre (presque autobiographique) : Max Havelaar
Certains disent qu'il faut lire les classiques. Ils disent qu'il faut alors s'attendre à de longs passages ennueyux, mais qu'on obtient tellement de beauté en retour que cela en vaut la peine. D'un point de vue stylistique également, on apprendrait beaucoup sur la bonne construction d'un roman en lisant les classiques.


Je ne pense pas qu'il faut lire les classiques. Tout ce qu'on peut trouver d'intéressant là-dedans peut également être trouvé chez les grands écrivains d'aujourd'hui - et sans qu'on s'ennuie.


Mais en plus d'être un livre ancien, au lieu d'être un vrai roman, ce livre est un récit quasi autobiographique et pamphlétaire. C'est un mélange de non-fiction et récit. Rédigé en 1859. On ne peut pas s'attendre à un style qui soit comfortable pour les lecteurs de romans actuels...


J'ai lu le livre deux fois, une fois quand j'étais jeune (j'étais dans les nues parce que je comprenais que je venais d'avoir lu de la "vraie" littérature, même si je l'avais trouvée difficile par moments et que je la trouvais un tantinet étrange (ennuyeuse ?), cette "vraie littérature" ;)) et une seconde fois maintenant. Mais cette fois, et peut-être parce que je connais déjà trop bien l'histoire de ce classique, je ne l'ai plus terminé.
Même si je n'ai pas terminé ce livre, je donne néanmoins quatre étoiles et demi.
D'abord pour la psychologie. Aussi bien dans la pièce de théâtre qui précède Max Havelaar, que dans le récit lui-même, Multatuli fait preuve d'une très grande compréhension de la psychologie humaine - et la désapprouve.
C'était aussi clairement un chef-d'oeuvre en son temps. Les Hollandais ont pris conscience de l'origine de leur façon de vivre luxueuse et du fait que d'autres mouraient de faim à cause de celle-ci. le livre a déclenché beaucoup de réformes dans la gestion des colonies néerlandaises, voire internationales, et a engendré une prise de conscience de la population néerlandaise.
De plus, d'un point de vue stylistique, c'est un beau livre.
Il peut être utilisé dans l'enseignement, pour raconter l'histoire des colonies (malheureusement les mêmes maux existent encore aujoud'hui car non, non, rien n'a changé), en faisant lire des extraits. Si on ne va pas à l'école mais on veut en savoir plus, on peut trouver des informations en ligne.
Par contre, le livre est à recommander à celleux qui s'intéressent au sujet. Egalement à celleux qui veulent vraiment profiter du beau style et de la structure du livre, et qui sont prêts à s'ennuyer un peu (et / ou peuvent lire rapidement). Car malgré les longueurs et le fait que c'est aussi un texte de non-ficiton, cela reste un chef-d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Du style ? Il avait du style, pour noyer ses pensées dans ces " j'ai l' honneur", dans ces "hautes bienveillances" et ces "respectueuses prises en considération" qui font les délices du petit monde où il se mouvait. Quand il écrivait, le lecteur se sentait parcouru d'un frisson qui lui faisait sentir que des nuages traversaient vraiment le ciel pour accompagner l'orage, et qu'il n'entendait pas, comme à la scène, le froissement d'une feuille de tôle. Lorsqu'il faisait jaillir des étincelles de ses idées, on éprouvait la chaleur de la flamme, à moins d'avoir une âme de gratte-papier, d'être gouverneur général, ou l'auteur de ce répugnant rapport évoquant une "paix paisible". Et de quoi tout cela lui a-t-il servi ?
Si donc je veux être entendu - et compris, surtout !- il me faut écrire autrement qu'il ne l'a fait. Mais comment ?
Vous le voyez, lecteur, je cherche encore la réponse à ce comment ? - et c'est pourquoi mon livre ressemble à un manteau d'arlequin. Ou plutôt à une carte d'échantillons : faites votre choix. Je vous donnerai plus loin du jaune, du bleu, du rouge, selon vos souhaits.
Commenter  J’apprécie          50
Lorsque Havelaar, en revanche, répéta les serments en tenant un doigt levé, il y avait sur son visage, dans sa voix et dans son attitude quelque chose qui semblait dire : "Mais cela va de soi, je n'ai nul besoin d'en appeler à Dieu Tout-Puissant pour le faire" ; et un connaisseur de la nature humaine eût accordé plus de crédit à sa nonchalance et à son indifférence de surface qu'à l'officielle solennité du résident. N'est-il pas absurde, en effet, de penser que l'homme appelé à dire le droit, I'homme entre les mains de qui l'on remet l'heur et malheur de milliers d'êtres humains, pourrait s'estimer lié par I'articulation de quelques sons, s'il ne se sentait poussé par l'élan de son cœur à l'accomplissement de sa mission ?
Nous pensons, quant à nous, que Havelaar aurait protégé les pauvres et les opprimés n'importe où dans le monde, eût-il promis le contraire au "Dieu Tout-Puissant".
Commenter  J’apprécie          20
Il était une fois un homme qui taillait des pierres dans le rocher. Son labeur était très dur, et il peinait beaucoup, mais son salaire était maigre et il n'était pas satisfait. Il soupirait parce que son labeur était dur. Et il s'écriait : "Ah, si seulement j'étais riche pour pouvoir reposer sur un baleh-baleh au klambu de soie rouge."
Or voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit : "Qu'il vous advienne ce que vous avez dit."
Aussitôt dit, aussitôt fait : il était riche. Et il reposait sur un baleh-baleh, et son klambu était en soie rouge.

Or le roi du pays vint à passer, des cavaliers précédant sa voiture. Et derrière la voiture il y avait d'autres cavaliers, et l'on tenait le payong d'or au-dessus de la tête du roi. Et lorsque l'homme riche vit cela, il fut chagriné qu'on ne tînt pas de payong d'or au-dessus de sa tête. Il n'était pas satisfait. Il soupirait, et s'écriait : "Je voudrais être roi."
Et voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit : "Qu'il vous advienne ce que vous avez dit."
Aussitôt dit, aussitôt fait : il était roi. Et devant sa voiture galopaient de nombreux cavaliers, et d'autres venaient derrière sa voiture, et au-dessus de sa tête on tenait le payong d'or.

Et le soleil brillait de ses rayons brûlants et roussissait la terre, et le brin d'herbe se desséchait. Et le roi se plaignait que le soleil lui brûlait le visage, et était plus puissant que lui. Et il n'était pas satisfait. Il soupirait, et s'écriait : "Je voudrais être le soleil."
Et voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit : "Qu'il vous advienne ce que vous avez dit."
Aussitôt dit, aussitôt fait : il était le soleil. Et il envoyait ses rayons vers le haut et vers le bas, vers la droite et vers la gauche, et de toutes parts. Et il roussissait le brin d'herbe à la surface de la terre, et le visage des princes qui y vivaient.

Et un nuage s'interposa entre la terre et lui, et il repoussa les rayons du soleil. Et il fut courroucé de voir qu'on résistait à sa puissance, et se plaignit que ce nuage était plus puissant que lui. Et il n'était pas satisfait. Il voulait être le nuage, qui était si puissant.
Et voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit : "Qu'il vous advienne ce que vous avez dit."
Et il devint nuage et se plaça entre le soleil et la terre et arrêta les rayons, en sorte que l'herbe verdit. Et le nuage pleuvait à grosses gouttes à la surface de la terre, et faisait s'enfler les rivières et des banjirs emportaient les troupeaux.
Et il dévastait les campagne par la masse de ses eaux.

Et il tomba sur un rocher, qui ne céda pas. Et il cascadait en larges torrents, mais le rocher ne cédait pas. Et il fut courroucé parce que le rocher ne voulait pas céder, et parce que la puissance de ses torrents était vaine. Et il n'était pas satisfait. Il s'écria : "Ce rocher a reçu une puissance supérieure à la mienne. Je voudrais être ce rocher."
Et voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit :"Qu'il vous advienne comme vous avez dit."
Et il devint rocher, et il ne bougeait pas quand le soleil brillait, ni quand il pleuvait.

Or voici qu'arriva un homme avec une pique, et un ciseau pointu, et un lourd marteau, qui taillait des pierres dans le rocher. Et le rocher dit : "Qu'est-ce donc, cet homme est plus puissant que moi, et il taille des pierres dans mon sein ?" Et il n'était pas satisfait. Il s'écria : "Je suis plus faible que celui-là. Je voudrais être cet homme."
Et voici qu'un ange descendit du ciel, qui lui dit : "Qu'il vous advienne ce que vous avez dit."

Et il fut tailleur de pierre.
Et il taillait des pierres dans le rocher, au prix d'un dur labeur, et il peinait beaucoup pour un maigre salaire, et il était satisfait
Commenter  J’apprécie          50
Le contrôleur Verbrugge pénétra dans le bureau de Havelaar. Celui-ci demanda d'un ton cassant :
- De quoi est mort M. Slotering ?
- Je l'ignore.
- A-t-il été empoisonné ?
- Je ne sais pas, mais...
- Soyez clair, Verbrugge !
- Mais il cherchait à réprimer les abus, comme vous, monsieur Havelaar, et... et...
- Eh bien ? Continuez !
- Je suis persuadé qu'il... aurait été empoisonné s'il était resté ici plus longtemps.
- Écrivez ce que vous venez de dire !
[...]
- Autre chose. Est-il vrai, ou non, que la population de Lebak est pressurée et exploitée ?
Verbrugge ne répondit pas.
- Répondez, Verbrugge !
- Je n'ose pas.
- Écrivez-le, que vous n'osez pas !
[...]
- Bon ! Encore un mot : vous n'osez pas répondre à ma dernière question, mais vous m'avez dit récemment, quand nous parlions d'empoisonnement, que que vous étiez le seul soutien de vos deux sœurs qui vivent à Batavia, n'est-ce pas ? Devrais-je y voir l'origine de vos craintes, la raison de ce que j'ai toujours appelé votre goût des " demi-mesures " ?
- Oui !
- Notez-le.
Commenter  J’apprécie          140
Oui, je serai lu !

Quand j’aurai atteint ce but, je serai satisfait. Car je ne me suis pas soucié de bien écrire… j’ai seulement voulu écrire de manière à être entendu. Et de même qu’un homme qui crie « au voleur ! » s’inquiète peu du style de son discours improvisé au public, de même je suis tout à fait indifférent au jugement que l’on portera sur la façon dont j’ai crié, moi aussi, « au voleur ! ».

« Un livre fait de bric et de broc… sans progression…recherche de l’effet… style déplorable… inexpérience de l’auteur…aucun talent… aucune méthode... »

Soit, soit… j’en conviens ! MAIS… LE JAVANAIS EST OPPRIMÉ !

Car l’ESPRIT de mon ouvrage, lui, est irréfutable.
Commenter  J’apprécie          140

Video de Multatuli (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Multatuli
La vie de E. Douwes Dekker en diaporama de photos, cartes et dessins. Le commentaire est en langue néerlandaise.
autres livres classés : littérature néerlandaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (131) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11123 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..