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EAN : 9782812939020
384 pages
Editions De Borée (21/09/2023)
4.32/5   11 notes
Résumé :
À l'approche du Débarquement allié en Normandie, Armand, à la tête du groupe communiste Front National, et Pierre, chef de Libération-Nord, se mobilisent.
Les deux groupes de Résistance sont mis à contribution pour saboter le noeud ferroviaire de Voves car un train allemand y est stationné, en attente de rejoindre les côtes normandes. Le fougueux Armand meurt dans d'étranges circonstances quelques semaines plus tard. Accident ? Vengeance ? Tout porte à croir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Avec son écriture précise, détaillée, Roger Judenne m'a plongé dans la vie quotidienne d'un bourg d'Eure-et-Loir, quelques semaines avant la Libération.
Si les personnages croisés au cours de ma lecture sont nombreux, si je me suis un peu perdu dans les nombreux prénoms, c'est l'huissier de justice de Voves, Armand Tacheau, qui tente, tout au long du récit, de voler la vedette aux autres comme Michel, Bertil, Pierre…
Dans Cinq nuits avant l'arrivée des Américains, Roger Judenne met tout de suite en place la rivalité réelle entre deux mouvements de résistance à l'occupation allemande : Libération-Nord, plutôt socialiste, dirigé par Pierre, et le Front national dont le meneur est justement Armand. À la lecture de ce nom, Front national, il ne faut pas se tromper. Rien à voir avec le parti d'extrême-droite ripoliné aujourd'hui en Rassemblement national. le Front national de la Seconde guerre mondiale a été créé par le Parti communiste et regroupe militants et sympathisants voulant combattre le nazisme depuis qu'Hitler a rompu le pacte germano-soviétique, en 1941. Roger Judenne le rappelle très bien dans sa note B, en fin d'ouvrage.
Avec talent et à-propos, l'auteur fait vivre des personnages réels et importants comme le Commandant Sinclair qu'il révèle être Maurice Clavel, dans la note A. Celle qui pédale beaucoup, attire les regards par sa beauté et sa chevelure blonde, Silvia, n'est autre que Silvia Monfort, pseudonyme de Simonne Favre-Bertin, une grande actrice et romancière.
Dès le début, c'est un parachutage d'armes et de munitions qui me plonge dans l'activité de ces résistants qui sont paysans, commerçants, enseignants et même huissier. Leur activité, la préparation de ce qui est essentiel dans leur lutte contre l'occupant, est très intéressante.
Bien sûr, il y a l'Eure-et-Loir, département que je ne connais pas du tout Voves, et je suis certain que pour un lecteur de cette région, les lieux cités prennent une tout autre résonance. Par contre, je retrouve bien le rôle essentiel que jouaient, le long des voies ferrées, les garde-barrières comme Paul et Paulette. Il y a, bien sûr, le marché noir et les collabos qui ne sont pas oubliés et Roger Judenne montre que ces derniers s'en tirent assez bien à la Libération.
Cette vie quotidienne, ces soucis au jour le jour, le travail des paysans dont les récoltes sont réquisitionnées par l'occupant et qui ne refusent pas de donner un coup de main à la résistance, tout cela est bien montré au cours de ce roman pimenté par les aventures de Simone, plutôt collabo, l'épouse d'Armand, avec le jeune Bertil, associé à l'étude. Il avait remplacé Armand, mobilisé en 1939, prisonnier envoyé au stalag, libéré en 1943 à cause de la tuberculose, revenu à Voves où il crée la première équipe de résistants avec le Front national.
Tout cela et bien d'autres anecdotes, beaucoup d'autres détails du quotidien, n'empêchent pas l'auteur de rappeler l'existence du camp de Voves dont une fameuse évasion, le 19 février 1944 inspira John Sturges pour son film « La Grande Évasion ». Surtout, l'auteur permet de suivre pas à pas l'approche des Américains depuis le débarquement en Normandie puis ces fameux bombardements qui, s'ils affaiblissent l'occupant, frappent aussi les civils. Cela me rappelle, tout près de chez moi, le bombardement de Saint-Vallier (Drôme), le 16 août 1944, par l'aviation américaine. Cela causa près de cent morts et de nombreux blessés alors que la RN 7 et la voie ferrée qui étaient visées, restaient intactes…
Cinq nuits avant l'arrivée des Américains m'a permis de vivre des temps bien difficiles dont notre pays n'est pas sorti indemne et qu'il ne faudrait pas oublier.
Je remercie Babelio et les Éditions De Borée/Territoires d'écriture pour la lecture romancée de cette page d'histoire.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Juin 1944, un petit village d'Eur-et-Loire : Voves.
Comme toute la France les habitants sont sous le joug de l'occupant.
La vie continue, l'entretien des fermes, les moissons, la recherche de l'approvisionnement. La vie est dure pour tout le monde. Mais sous couvert, quelques hommes, femmes résistent et préparent à leur manière le débarquement des alliés.
Pierre du groupe Libération-Nord, Armand communiste du Front National doivent unir leurs groupes. L'union fait la force. Mais les caractères de chacun s'affrontent, ils n'ont pas tous la même manière d'agir. Les ordres viennent de Londres, et l'organisation des F.F.I se met en place.
A travers ce roman, l'auteur nous raconte une chronique douce-amer de cette époque. L'Histoire est là qui avance à grands pas, les temps sont rudes, mais la vie doit continuer. Chacun survit à sa manière.
C'est à la fois une histoire de combat et d'action mais aussi une chronique d'un petit village comme tant d'autres en France à cette époque.
J'ai aimé suivre chaque personnage, chacun à ses zones d'ombre, les caractères s'affrontent ou se trouvent. Il faut penser au quotidien, à la protection de ceux qui vous sont chers.
La brutalité de l'occupant, les bombardements, la suspicion sont là et tout le monde se méfie.
Nous sommes immergés dans ces quelques jours qui précèdent le débarquement et l'avancée des troupes alliées. Chacun a son rôle à jouer.
Un roman qui se lit bien, le style est direct, carré. Aussi bien dans les descriptions du village, de ses environs que de la psychologie des personnages principaux.
Un bon moment de lecture.
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Pierre laboure ses terres, quand il est rejoint par un agent de liaison. La jeune femme lui indique son nom de guerre (Silvia) et l'informe qu'un parachutage d'armes est programmé dans ses champs. le nombre de containers prévus affole le chef du réseau de Résistance Libération-Nord. Il comprend qu'il va devoir associer, à l'opération, le groupe communiste Front national. Or, Pierre se méfie de leur chef, Armand Tacheau. Il le trouve imprudent et fougueux. Bien que dévoué à la cause, il fait preuve d'impatience et ne respecte pas toujours les ordres de Londres. Prisonnier de guerre, il a été libéré début 1943 et, depuis, éprouve un fort besoin de reconnaissance.

Voves est un village d'Eure-et-Loir, occupé par les Allemands. La garnison est importante, car la commune est « un noeud ferroviaire, au carrefour des lignes desservant Paris, Chartres, Orléans, Vendôme, Tours et, au-delà, l'ouest de la France. » (p. 69) de plus, à la sortie de Voves, un camp de transit est installé. Aussi, alors que le Débarquement approche, la Résistance locale est chargée de saboter les rails. Il est demandé aux différentes organisations de s'unir et de devenir une seule entité. Hélas, malgré la cause commune, les jalousies s'éveillent et les divergences au sujet des actions à mener menacent la cohésion du groupe. Entre prudence et volonté de forcer à faire fuir les Allemands, au plus vite, les esprits s'échauffent. Mais les personnes haut placées de la Résistance veillent à protéger la population des risques de représailles.

Cinq nuits avant l'arrivée des Américains est une plongée au coeur de la Résistance, au moment de la création des FFI. J'ai aimé côtoyer des personnalités différentes, car cela montre que chaque décision était lourde de conséquences. Certains supportaient mal de rester inactifs, de devoir attendre l'autorisation du Général de Gaulle pour agir ; d'autres comprenaient que l'attente était nécessaire. Malgré les dissensions et les querelles, tous visaient le même objectif : libérer la France. Avec courage, ils bravaient le risque de fusillade. Hélas, l'envie de briller était, parfois, trop forte…

Ce roman montre aussi de quelle manière les villageois tentaient de survivre aux restrictions et aux exactions. Quand certains aidaient, ponctuellement, la Résistance, d'autres profitaient de la guerre pour assurer leur avenir. le récit mêle les actes héroïques à la vie quotidienne. J'ai, également, aimé connaître la vie des personnages en marge de leur combat. L'un, en particulier, me faisait ressentir des sentiments opposés. Selon la situation, il m'énervait ou me touchait. Enfin, j'ai apprécié le rappel des faits historiques au sujet de personnes célèbres, pour leurs actes pendant la guerre, ainsi que celui des opérations de terreur commises par les Allemands, comme à Tulle et à Oradur-sur-glane.

Cinq nuits avant l'arrivée des Américains est un roman captivant sur l'organisation de la Résistance, en 1944.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Ce roman retrace les actions des Résistants de Voves, petit village de la Beauce, pendant les jours qui ont précédé et suivi le Débarquement.

Un excellent moment de lecture avec cette fiction historique richement documentée.

Une écriture agréable, légère et ferme à la fois, quasi visuelle. Des chapitres relativement courts, sans fioritures inutiles, avec juste ce qu'il faut des descriptions. Des personnages bien construits et étudiés. Que demander de mieux ?

Dès le départ, on sent une atmosphère lourde et tendue, empreinte de crainte, qui pèse sur les épaules. Mais on ressent aussi l'espoir d'une délivrance.
On découvre petit à petit les personnages, leur caractère. J'ai plongé dans leur histoire, au coeur de notre Histoire. J'ai vécu avec eux leurs « parcours » de résistants, leurs actions, la confiance, mais aussi la méfiance, les mésententes ou la jalousie de certains.

Là, je pense à Armand, le chef du groupe « Front National ». Huissier de métier, résistant sincère et convaincu, mais qui a un gros besoin de reconnaissance. Il aime commander, être le chef, et pas recevoir des ordres. Sans doute est-il impacté par ses problèmes de couple, avec sa femme la « charmante » Simone.

Pierre est le chef du groupe Libération Nord. Résistant tout aussi convaincu, mais plus mesuré et plus prudent. Il a bien conscience de la nécessité de cohésion entre les différents groupes.

A la fiction, l'auteur mêle des lieux, faits et personnes réelles. Comme Voves, noeud ferroviaire, Silvia Montfort, la grande évasion du camp de Voves ou le massacre d'Oradour-sur-Glane. Cela ajoute une note supplémentaire de réalisme à cette histoire qui n'en manque pas.

Je ne dirai pas que c'est un roman d'action, mais plutôt d'un roman « d'atmosphère » qui met en valeur les Résistants, mais également ceux qui, sans en faire partie, ont joué un rôle essentiel. Et aussi les conséquences de leurs actes sur la population.

C'est une fiction tranche d'Histoire qui nous montre les difficultés rencontrées par ces hommes et femmes courageux, la nécessité que chaque action soit minutieusement préparée.

C'est peut-être un peu délicat de dire ça, mais j'ai adoré suivre ces personnages qui m'ont totalement immergée dans leur présent. Les pages ont défilé sans que je m'en aperçoive vraiment. C'est une plongée dans une période sombre, mais toutefois porteuse d'espoir par les actions de ces personnes. Qu'aurions-nous fait à leur place ?
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Service presse Masse Critique Babelio.

Quand égo et résistance se mélangent. Un roman « de terroir » sur fond d'engagement nationaliste.


Pierre Picard est en train de cultiver son champ quand apparaît la belle Silvia, la compagne du commandant Sinclair, chargé par le haut commandement de la Résistance d'unifier les nombreuses factions d'Eure-et-Loir. Silvia parcourt sur son vélo le département de long en large pour faire le lien entre les différents groupes afin d'unifier leurs actions.

Si Silvia est devant Pierre ce jour-là, c'est pour organiser un parachutage d'armes sur la commune, que Pierre va diriger, en tant que dirigeant du groupe Libé-Nord. Il s'agira ensuite de répartir les pièces entre les différents groupes de la région en prévision de missions de sabotage. En effet, Voves est un point stratégique pour les convois ferroviaires des Allemands qui d'ici peu devront aller ravitailler le front normand.

Pour organiser la réception des containers, Pierre va devoir associer Armand Tacheau à l'opération, ce qui ne le réjouit pas trop. Armand, chef du groupe Front national, huissier de la commune, est aussi imprévisible que Pierre est réfléchi. Armand bouillonne, ne pense qu'à aller frapper l'ennemi. Armand a un tempérament fougueux. Il est impatient, impulsif, irréfléchi. Il ne tient pas en place, s'emporte vite, a du mal à réfléchir sur le long terme. Il est jaloux et colérique. Il se considère en concurrence avec les autres poches de résistants. Il veut briller et attirer l'attention des hauts dirigeants. Pierre est donc très prudent, et s'efforce de contenir Armand.

Mais voilà, le débarquement finit par avoir lieu, et les résistants sont mis à profit pour ralentir les troupes ennemies. Tous les résistants, avec ou sans leur égo. Au risque que certains prennent des initiatives personnelles…

Le problème d'Armand n'est pas identitaire, mais un problème d'égo et un besoin insatisfait de reconnaissance. C'est cela que veut Armand, la reconnaissance totale de ses pairs. C'est cela qui le pousse à se positionner en rival, à vouloir à tout prix prendre le dessus. Il a besoin de tout contrôler. D'autant que sa vie personnelle, elle, part à vau-l'eau. Cela ne donne pas une image valorisante de lui. Au contraire, il craint l'humiliation et les railleries. Alors, il se venge comme il peut, pour essayer de sauver la face et le peu de fierté qui lui reste.

Il y a un gros travail de documentation. Les personnages sont très réalistes et on se prend vite d'affection pour eux, ou de pitié ou de dégoût pour d'autres. On est vraiment plongés dans l'époque. Nous sommes intégrés à la vie de ce village, nous sommes aux côtés des villageois et des paysans. Nous partageons leur appréhension des choses, leurs considérations face à l'occupation, l'engagement de certains, leur peur face aux exactions de l'ennemi en déroute.

Il y a un certains nombre de passages qui me parlent, étant normande et ne vivant pas très loin des plages du débarquement. Mes aïeux ont vécu la guerre de front. Ils ont connu le manque, la peur, la débrouille, le travail obligatoire. Alors bien sûr le sujet me touche.

Une précision : le Front national évoqué ici est un mouvement de la Résistance intérieure française, créé par le parti communiste français pour combattre aussi le nazisme suite à la rupture du pacte germano-soviétique par Hitler en 1941. Rien à voir avec les le Pen et compagnie dont le parti a été créé en 1972, hein…
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
7 juillet 1944 : Les combats sont loin d’être terminés en Normandie. Certaines poches allemandes s’opposent fortement aux attaques des Alliés et des maquisards. Pour poursuivre la libération de l’intérieur des terres, pour couper ces forteresses SS de tout ravitaillement et les isoler davantage chaque jour mais aussi pour ne perdre ni leur temps, ni leurs troupes, les Américains encerclent mais contournent ces villes qu’ils espèrent vaincre par des bombardements massifs et le manque d’approvisionnement. Des milliers de tonnes de bombes sont déversées sur Falaise, Le Havre, Cherbourg et quelques autres villes situées plus au sud.
(page 269)
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Quand la ligne a été construite, avant la guerre de 70, le tracé a coupé une multitude de champs, si bien que les paysans étaient obligés de passer constamment d’un côté à l’autre pour cultiver leurs terres. Impossible de franchir les rails avec un cheval et un tombereau, surtout quand il faut escalader un talus abrupt. Un passage voûté large d’un mètre cinquante aménagé sous la voie a été construit par la compagnie. Ce tunnel évite au paysan un long détour. À cette époque, aucun véhicule à moteur n’existait. La largeur du passage a été calculée pour le passage d’un homme et son cheval.
(page 298)
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Paul est employé par la compagnie pour entretenir et surveiller la ligne de la sortie du dépôt de Voves jusqu’à Rouvray. Quatre kilomètres. De quoi l’occuper à l’année. Il coupe l’herbe, dégage les caniveaux d’évacuation d’eau, fauche les talus, nettoie le chemin de service, veille à ce que les broussailles et les ronces ne masquent pas la signalisation, indique la moindre défaillance. Le couple n’est pas beaucoup payé mais le logement est gratuit.
(page 105)
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- Partout, il se dit qu’un débarquement allié se prépare. Les Allemands renforcent leurs défenses sur les côtes de Flandre et les grandes plages belges. C’est là qu’ils pensent que le débarquement aura lieu. À mon avis, c’est maintenant une question de mois. Sûr, c’est pour cette année.
(page 124)
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La nuit est clame et le terrain assez sec. La lune, en croissant descendant, diffuse une pénombre idéale pour ce genre de mission, à mi-chemin entre la clarté vive des nuits de pleine lune et l’obscurité totale. Quelques nuages passent lentement. Bref, des conditions favorables pour un parachutage.
(page 17)
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