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EAN : 9782846261531
274 pages
Au Diable Vauvert (10/01/2008)
3.44/5   53 notes
Résumé :

Ce roman est une comédie apocalyptique. Il raconte l'histoire de William Andy, loser ordinaire devenu prophète médiatique en proposant des solutions pour aborder la fin du monde sans se faire mal. Parviendra-t-il à contenir la catastrophe globale avec un show télé ?

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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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William Andy vend des journaux à la criée. Il s'ennuie. Le spectacle de quelques clodos/dingos/allumés se prenant pour des messies et/ou alertant sur l'apocalypse lui donne l'idée d'ajouter un peu de piment dans son morne boulot : il se met à commenter les nouvelles à sa façon. La fantaisie n'est pas du goût de son employeur, Will se fait virer. Mais qu'importe : il se recycle, et avec l'aide de sa compagne Lucy et de deux potes, il devient « un homme médiatique, plus que politique, omniprésent, omniscient » ♪♫ (je vous la fais courte, on connaît cette - excellente - chanson*). Will devient un Dieu vivant. A lui la gloire et le fric...

Premier tiers mollasson, limite ch!ant, puis jubilation. J'ai retrouvé le Julien Blanc-Gras que j'apprécie, qui me fait rire et cogiter, et le genre d'ouvrage que j'aime chez cet éditeur (Au Diable Vauvert). Joyeux mélange délirant, tendre, rentre-dedans, sage, ironique, philosophique, etc. pour parler de l'Homme, de la société (mal barrée), des médias, de la peoplerie, de l'écologie, des religions, et d'Apocalypse...
Certains propos sur l'espèce humaine m'ont fait penser à des ouvrages de Bernard Werber (avec exposés de vulgarisation scientifique), le ton m'a rappelé celui de Virginie Despentes (celui de JBG est un chouïa moins corrosif).

C'est pertinent, mignon et drôle.
Pour du plus tendre : lire 'In Utero', de cet auteur.
Pour du plus sérieux : 'Paradis avant liquidation'.
A découvrir aussi : 'Gringoland' et 'Touriste'.

* 'L'homme pressé', Noir Désir, 1996
♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=lU9KEkHC2yg
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William Andy est promis à une brillante carrière : après avoir passé plusieurs années comme serveur dans un fast-food et télévendeur, le voici promu vendeur de journaux à la criée. Hélas, l'environnement lui est peu profitable : à force d'entendre le prosélytisme religieux autour de lui, l'idée lui vient de commenter les nouvelles du jour en faisant miroiter une fin du monde imminente. La sanction est immédiate : grand succès auprès du public, renvoyé de son poste, pour être aussitôt embauché à la télévision.

Après quelques tribulations et un héritage tombé à point nommé, Andy fonde sa propre école destinée à préparer la population à vivre sereinement la fin du monde imminente. Son show télévisé offrant la parole à qui veut la prendre, et son idée de religion participative attire à lui tout ce que la planète compte de cinglés.

N'allez cependant pas croire que ce livre possède une structure claire : on passe de théories délirantes à des personnages qui ne le sont pas moins, le tout noyé dans un humour absurde et jubilatoire. Quitte à vivre l'apocalypse, autant que ça soit dans un fou rire général.
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Dans Comment devenir un dieu vivant, Julien Blanc-Gras nous présente sa version de l'Apocalypse si elle avait lieu maintenant (d'accord, plutôt il y a 15 ans). C'est l'histoire d'un type, William, américain moyen voire modeste, qui survit comme il peut en vendant des journaux dans la rue, alors que le monde glisse inexorablement vers sa fin. Il le sait, il a les gros titres de l'actualité tous les jours sous les yeux. Will est observateur. Et Will est entouré de prophètes plus ou moins religieux, plus ou moins honnêtes, qui tentent d'appâter le chaland pour mieux l'arnaquer ou de sauver avec conviction les âmes égarées des passants grâce à la foi. Ça lui donne quelques idées artistiques, dirons-nous ; et si au départ il s'agit surtout de booster ses ventes pour se faire un peu plus de blé avec un peu de mise en scène autour de l'actualité catastrophique, très vite William prend conscience de la nécessité d'aborder la question de la fin du monde, mais "sans se faire mal". L'anxiété ne changera pas grand chose, en effet. Notre vendeur de journaux rencontre avec sa performance de rue un succès inattendu qui en fait une figure médiatique importante, jusqu'à être lui-même propulsé au rang de prophète des temps modernes, puis - nous y voilà - à celui de Dieu vivant ; parce qu'il comble en effet le vide vertigineux de l'angoisse de l'Homme face à sa fin (ça, et parce qu'il conduit une réflexion toute nietzschéenne sur Dieu). Ce qu'il fait de ce statut nouvellement acquis, je vous laisserai le découvrir.

Voilà une très chouette uchronie, qui n'est pas sans rappeler quelques maîtres américains ; Thompson et Brautigam m'ont effleuré plusieurs fois l'esprit alors que je lisais les mots de notre ami Julien ; il y a une légère coloration Sucre de Pastèque dans la narration, et une atmosphère qui rejoint assez celle de Las Vegas Parano... le tout avec un ton qui n'est pas sans filiation avec Kerouac, je crois. C'est complètement barré, le récit est en roue libre totale, et à l'image de la littérature de la contre-culture, ça séduira ou rebutera probablement très vite. Personnellement, je me suis rapidement prise au jeu. Je relèverai deux écueils, à tempérer : premièrement, le livre risque de partiellement mal vieillir. Il n'est en effet pas avard en références, culturelles et historiques, mais surtout très souvent inhérentes à leur cadre contemporain. Ça peut avoir son charme ; il faut aimer plonger dans une époque, et avoir la volonté de s'y immerger pleinement, quitte à tomber dans l'archéologie digitale. Même pour un lecteur actuel, certaines mentions risquent de ne pas évoquer grand chose ; Gaspard Royant, par exemple. On ne doit être qu'une poignée à savoir qui c'est (un artiste français au talent indécent, qui illumine la scène rock européenne indépendante depuis plus de quinze ans) ; cela dit, lire ce nom a été une fort agréable surprise. Très intattendue ; d'autant plus appréciée. Voilà qui nous dépayse des Orwell et autres Huxley (quoique, j'ai le vague souvenir d'une allusion à "The Doors of perception", tout indiqué quand on adopte le style 60's de la contre-culture américaine). Deuxièmement, le chapitrage est assez haché, la structure du livre en est un peu cousue de fils blancs : le roman aurait peut-être gagné à établir des transitions moins abruptes. Pour l'immersion en tout cas, je pense que ça aurait joué en sa faveur ; cela dit, c'est aussi un parti pris qui ajoute à la sensation d'urgence et de frénésie qui demeure au coeur de la diégèse. Assez vite en effet, la satire sociétale, qui est constante dans le roman, laisse émerger l'enjeu diégétique, attendu dès qu'il s'agit de récits d'anticipation : comment sauver le monde ? Et comment vit-on l'annonce de la fin imminente de l'humanité ? de là, l'auteur se laisse porter par ses rêveries et divagations intellectuelles, qu'il organise en un tout cohérent quoiqu'un peu bordélique : on croisera la fausse bonne idée du transhumanisme, l'urgence écologique, les divergences d'opinion face à la procréation, l'ombre de la mégalomanie sans borne qui plane sur les célébrités, l'ivresse du pouvoir, la glauque ambition scientifique de l'immortalité, la stupidité du capitalisme, le désespoir, le suicide, le meurtre, les inégalités sociales, les guerres d'ego à côté de la plaque, la lâche solution de la conquête spatiale, les conséquences de la foi, miraculeuses comme dramatiques, et plus encore. Il y a comme un air - en avance - de Black Mirror, en plus déjanté. Finalement, le portrait de l'humanité au pied du mur que dresse Julien est absurde, cynique, grotesque mais aussi emprunt d'espoir. En un mot : criant de réalisme. On est épuisants et exaspérants. On fait n'importe quoi ; on est aussi capable de la beauté la plus pure, de la grâce la plus cristalline. Comment devenir un dieu vivant est un conte uchronique apocalyptique excessif aux allures caricaturales, qui est pourtant d'une grande justesse. Qui s'attache à ne pas juger l'humanité. Julien n'est en effet ni pour la laisser crever, ni pour affirmer sa toute puissance. Il romance ses observations, assez chirurgicales. Il y a des passages vraiment fins, où l'on sent la grande culture et la grande expérience empirique du monde et des gens du voyageur invétéré et passionné qu'est l'auteur ; c'est presque, à cet égard, de la vulgarisation anthropologique et sociologique. J'ai trouvé la fin assez jolie, poétique même ; elle sera sûrement insatisfaisante pour une partie des lecteurs. Tout dépend de votre goût pour la métaphysique. Bref, rien de nouveau sous le soleil, mais une exécution authentique qui malgré quelques approximations littéraires vaut clairement le détour !
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C'est un gros délire ce livre, mais au final pas tant que ça... la fin est très belle. Et puis tout ce qu'il y avant la fin est juste poilant. Il y a certes pas mal de déjà vu (un savant mélange de plein de trucs déjà vus en fait), mais c'est tellement bien écrit qu'on a l'impression que c'est nouveau et que c'est à peine exagéré (parce que quand même, des fois, il exagère ^^).
J'adore sa façon d'écrire, ça se lit tout seul sans être simpliste et ça fait paf dans les neurones, et puis il y a toujours un petit détail qui tue. le passage sur les morses, par exemple, m'a fait pleurer de rire...
En conclusion : trop trop bon !
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Rapide, délirant, politiquement incorrect et humoristique comme du Chuck Palahniuk qui se prendrait pour Douglas Coupland. Complètement délirant !!!
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le morse évolue dans un milieu tantôt nourricier, tantôt hostile. Ses comportements sont parfois illisibles. Je me souviens d’un documentaire vertigineux sur l’attitude de la bête lors de sa migration annuelle. La colonie se réunit sur un petit îlot rocheux pour prendre un peu de repos, car la route est longue. Tout est bien, le calme règne. Pas d’ours à l’horizon. Un morse hardi entreprend d’escalader de sa démarche grotesque le petit monticule chapeautant l’îlot. Poussés par l’instinct grégaire ou le besoin de faire les intéressants devant les filles, les autres le suivent. Arrivé au sommet (au bout d’une heure pour quelques dizaines de mètres de randonnée), le premier morse descend la pente de l’autre versant en faisant rouler sa grosse carcasse à la manière de Laura Ingalls dans le générique de La Petite Maison dans la prairie. C’est drôle, mais seulement pendant dix secondes. Car au bout de la pente se trouve une falaise. Pas très haute, environ sept ou huit mètres. Suffisant pour se faire très mal. Notre ami le morse s’écrase en bas comme un vieux flan, suivi par tous ses camarades qui n’ont rien de mieux à foutre que de rouler vers un précipice. Après quelques heures, on se retrouve donc avec un bon tas de morses mortellement blessés, poussant des cris terrifiants, et incapables de remuer leurs quintaux de patapoufs. C’est désespérant. Car le morse, par son allure débonnaire, a su attirer notre sympathie.

Mais enfin pourquoi ? Les scientifiques ne se l’expliquent pas. Le morse est-il mu par un instinct de sacrifice utile à la globalité de l’espèce (comme le lemming) ou bien est-il particulièrement con (comme la poule) ? Mystère.
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Je me suis enfoncé dans le canapé pour prendre du recul par rapport à l’écran. On pouvait modéliser l’état du discours télévisé dans cette équation calamiteuse :
Premièrement, on vous explique que l’Autre est très dangereux.
Deuxièmement, on vous explique qu’il est interdit de critiquer l’Autre.
Coincé entre les discours sécuritaires et le politiquement correct (ce petit puritanisme sémantique insidieux qui fait du mal à la pensée et du bien à personne), le pauvre téléspectateur se recroqueville dans son inhibition. Vainqueurs : la peur et la culpabilité, deux attitudes paralysantes comme mode de lecture de la réalité. Et l’inertie, dans un monde qui va très vite, c’est la chute.
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Dans les années 1950, le Pr Leary s'emmerde en enseignant la psychologie à Harvard. Lors d'un voyage au Mexique, en bon lecteur d'Aldous Huxley, il tâte du champignon hallucinogène. Explosion cérébrale, illumination.
Peu après, il goûte au LSD, qui est alors un médicament légal utilisé en psychiatrie. Nouvelle claque. Il crée un séminaire d'étude sur le produit et commence à militer sérieusement pour que tout le monde se défonce la tête. Il distribue des acides à ses étudiants, c'est le début du grand n'importe quoi. L'époque est favorable. Une génération s'envole dans une mystique de la libération mentale. Le psychédélisme, par définition, se veut révélateur de l'âme.
Pendant quelques années, tout est possible. On va sur la Lune alors on peut bien partir en Inde. On baise sans se poser de questions, on danse dans la boue, la bande-son est fabuleuse. Vive la paix, vive l'amour. Le monde va changer.
L'euphorie est de courte durée. Le mouvement hippie s'enfonce dans la toxicomanie, quelques génies restent scotchés là-haut. Les bad trips de la Manson Family et d'Altamont achèvent les golden sixties, ces années qui engendreront une vraie nostalgie chez ceux qui ne les ont pas vécues.
(p. 175-176)
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[Bombay]
Je n'ai pas vu de culs-de-jatte accrochés au mollet des passants pour grappiller une roupie. On les avait chassés loin, très loin. Je suis allé me promener à une centaine de kilomètres du coeur de la ville, là où les gens n'ont pas de chaussures et dorment sous des bouts de tôle et de carton. Deux femmes se battaient pour le contrôle d'une bouteille de plastique vide. Des gamins exultaient, ils avaient réussi à capturer un rat, de la bouffe. Ils vivaient dans leur merde, littéralement. C'est le scorbut qui a la plus belle espérance de vie dans le quartier. On sait tous à quoi ressemble la pauvreté, on a vu des reportages. Mais la misère, la vraie, c'est d'abord une odeur, et la télé ne la transmet pas. J'ai demandé à un vieux comment il faisait pour supporter la douleur de cette existence. Il m'a répondu que cette vie-là avait moins d'importance que la suivante dans le cycle de ses réincarnations. Il ne s'inquiétait donc pas, son karma ne pouvait que s'améliorer. J'ai hoché la tête, je trouvais ça à la fois absurde et lumineux.
J'ai levé les yeux au ciel, j'ai vu le plus gros panneau du monde, 300 m2 minimum. Une photo avec des jeunes Indiens. Beaux, bien habillés, branchés. Une pub pour un show télé. Le slogan : 'Regardez-les gaspiller leurs millions.' Je me suis frotté les yeux : c'était réel. Au point de réveiller ma capacité d'écoeurement. Quelqu'un, après mûre réflexion, avait délibérément choisi d'afficher ce message-là à cet endroit-là. Ce niveau de cynisme, Goebbels aurait applaudi.
(p. 236-237)
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- Vous portez un T-shirt « La vie, c'est pas grave ». Ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire ça. Porte ta croix et cesse de gémir. On n'a plus trop le temps de s'adonner à la mélancolie ou à l'apathie. Désormais, on sera peut-être malheureux, mais vivants.
- La provocation pour la provocation, ça sert à quoi dans le fond ?
- Vous êtes journaliste, vous savez mieux que moi qu'on ne peut pas se faire entendre sans hurler. On est obligés d'être excessifs dans la forme pour faire passer un propos finalement mesuré et raisonnable, je crois.
- Votre concept me semble un peu flou. Rassurez-moi : vous êtes bien de gauche, hein ?
- Si tu veux. Mais poser la question dans ces termes de nos jours, c'est un peu sénile, non ?
- Et vous n'avez jamais l'impression d'être contradictoires ?
- Peut-être. Et alors ? « La marque d'une intelligence de premier plan est qu'elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. On devrait par exemple pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir et cependant être décidé à les changer. »
- C'est quoi ces conneries ?
- C'est Fitzgerald. Francis Scott. Il a quelques phrases sensées à son actif.
- Un mot pour conclure ?
- Moufle.
(p. 84)
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