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Hélène Heckmann (Éditeur scientifique)
EAN : 9782266095501
416 pages
Pocket (23/08/2000)
3.86/5   49 notes
Résumé :
Njeddo Dewal, mère de calamité
Aux premiers âges du peuple apparut une terrible sorcière, Njeddo Dewal, mère de toutes les calamités, suscitée par Dieu lui-même pour punir les Peuls de leurs péchés... Au fil de multiples aventures à la fois féériques et fantastiques, seul Bâgoumâwel, enfant miraculeux, pourra finalement triompher de la formidable puissance maléfique de Njeddo Dewal.

Kaïdara
Le voyage initiatique de trois compagnons, à tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a plusieurs années déjà, j'ai été introduit à la plume d'Amadou Hampâté Bâ. J'ai découvert un auteur agréable à lire, qui m'a fait découvrir tout un pan du continent africain. Son autobiographie permettait d'aborder la géographie de l'Afrique de l'Ouest (Mali, Burkina Faso, Sénégal), ses tribus, leurs us et coutumes, leurs légendes, etc. Quand j'ai entamé Contes initiatiques peuls - pas vraiment le genre à faire lire aux jeunes enfants -, c'était pour plonger dans la mythologie et les croyances des Peuls. J'en suis sorti plus ou moins satisfait.

D'abord, je m'attendais à plusieurs légendes mais, plutôt, j'ai eu droit à trois ou quatre assez longues histoires mettant chacune de l'avant un enfant, jeune homme prédestiné qui devra mettre fin au régime de terreur d'une divinité calamiteuse, Njeddo Dewal. Cette dernière, indomptable, ne bat en retraite que pour mieux revenir et répandre la misère sur le monde et l'humanité (qui, soit dit en passant, mérite de châtiment à cause de son comportement). Ainsi, elle revient d'une légende à l'autre. C'est comme si Hercules, Thésée, Jason, Persée et Ulysses avaient tous combattu le même Titan. J'aurai préféré un plus grand nombre de brèves histoires mettant en vedette plusieurs personnages différents, confronté à des défis variés.

Ensuite, les histoires me paraissaient redondantes. Même le style, répétitif. J'avais l'impression de longueur. Je me suis presque ennuyé, par moments. Au moins, à d'autres moments, j'étais amusé par ces aventures dont certaines me paraissaient anecdotiques, cocasses (je pense entre autres à ces animaux parlant qui aidaient le héros). C'est ce qui m'a encouragé à continuer.

Aussi, à la fin, on retrouve une cinquante de pages d'annexes qui fournissent un supplément d'explication à plusieurs éléments brièvement mentionnés dans les contes. Elles apportent une lumière sur des mythes, leurs origines, la multitude de symboles évoqués ou cachés dans le bouquin. C'est que, même s'il s'agit de contes, Hampâté Bâ présente un univers en apparence simple mais, au contraire, complexe. Un lecteur pressé pourrait passer à côté de plusieurs éléments fascinants.
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Suite de contes qui en forment un grand, qui voit l'initiation de deux héros, Bâ-Wâm'ndé puis son petit-fils Bâgoumâwel, dans le but de vaincre la mère de la calamité, Njeddo Dewal. On découvre que certains thèmes semblent universels : paradis perdus, les bonnes actions qui finissent toujours par être récompensée, la symbolique de certains chiffres, … le conte est également truffé de notes qui nous donnent des indications sur la symbolique des animaux, de certaines actions, mais aussi sur les us et coutumes des Peuls.

Un conte à lire sur plusieurs niveaux, et riche en informations.
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Ce conte s'ouvre sur le récit de mythes peuls de création du monde, de l'homme primordial et du paradis perdu, rappelant étrangement ceux de la Bible (Le dieu créateur Guéno est d'ailleurs tellement important que cette cosmogonie peule paraît un pré-monothéisme). Hampâté Bâ a vraisemblablement voulu que cette ressemblance soit évidente, que ses lecteurs comprennent qu'ils pourront trouver enseignements de sagesse autant que dans les mythes qu'ils connaissent. Davantage même ! Car l'étrangeté de ces versions alternatives renouvelle le regard d'un lecteur habitué (croyant ou athée) à interpréter les mythes bibliques avant de les avoir lus. L'auteur use ainsi d'un procédé appelé "décentrement", provoquer une nouvelle réflexion sur un objet très connu en partant d'un point de vue inhabituel. Procédé particulièrement utilisé dans les Voyages de Gulliver, Micromégas ou Les Lettres persanes... Les contes de fées ont de toute manière souvent cette propriété de désarmer les jugements préconçus et moraux, en cachant le sérieux du thème derrière le style enfantin et l'irréel.

L'incarnation maléfique Njeddo Dewal est d'abord annoncée comme une conséquence inévitable de toute création (un déchet maléfique inévitable, l'homme imparfait engendrant bien et mal). Mais c'est aussi un démon créé par Guéno pour punir l'ingratitude des hommes, une « calamité » qui rappelle le dieu punisseur du Déluge ou de Sodome et Gomorrhe. Hampâté Bâ laisse malicieusement exister, à la manière de la Bible, différentes versions de l'histoire. C'est l'une des grandes richesses de la Bible, d'avoir intégré plusieurs mythes d'origines culturelles différentes, concurrents qui se chevauchent et laissent cours à d'infinies interprétations. Ces contradictions internes forcent au dialogue et rendent non-pertinente toute lecture littérale des écritures, car elle entre forcément en contradiction avec un autre passage...

Njeddo Dewal, symbole du mal dans le monde, attire les hommes peuls par ses filles magnifiques et leur suce le sang. Cela peut symboliser l'homme faible qui cède à la tentation et en perd son âme (et le mal grandit dans le monde parce que les hommes y succombent de plus en plus). Symboliquement, Njeddo Dewal fait mourir les femmes (les femmes de bien seraient ainsi délaissées par les hommes attirés par les femmes fausses, ou n'ont plus de choix que devenir objets de tentation). le mal serait donc ce qui provoque la destruction des vertus : que représente donc la tentation dans nos sociétés ? publicité, ambition, réputation, image, pouvoir... À l'opposé de ces hommes, Bâ-Wâm'ndé est un homme de bien, un sage qui agit toujours avec générosité, compassion. Il ne méprise ni les handicapés, ni les plus insignifiants des animaux (à l'instar du personnage d'Hammadi dans Kaïdara qui donne sa montagne d'or à un vieux clochard acariâtre). C'est ainsi qu'il s'attire l'aide de tous et provoque la réussite de sa quête. S'il dispose d'objets magiques, ce n'est pas un don, c'est parce qu'il fait du bien. Chaque être de la nature lui rend service parce qu'au contraire des hommes punis pour ingratitude, lui attire la gratitude de la nature entière (n'est-ce pas la logique de la sagesse chrétienne : aimer son seigneur Dieu, qu'est-ce d'autre sinon aimer l'entière création de celui-ci, donc aimer son prochain et toute la nature ?).

Dans la seconde partie, Bâgoumâwel l'enfant-génie est pourvu de tous les pouvoirs magiques et il est annoncé qu'il vaincra le mal. le suspens est donc nul : l'enjeu du récit est ailleurs. Cependant, Bâgoumâwel malgré toute sa magie ne peut détourner ses oncles de leurs tentations, de leurs ambitions de luxe, de réussite, de supériorité... La puissance ne suffit pas pour vaincre le mal. Ses pièges dans lesquels tombe tour à tour chaque frère sont l'occasion d'une leçon que l'auditeur doit comprendre pour ne pas être ridicule comme les frères. de même, le mal renaît toujours, malgré l'évidence des contradictions, malgré l'évidence de sa faiblesse... C'est le don total de sa personne qui permet à Bâgoumâwel d'éradiquer la sorcière. Un enseignement qui peut être pris à différents niveaux : un héros qui se sacrifie pour sauver le monde (le super-héros) ; une bonne personne est une personne qui donne de sa personne pour le bien des autres (aime ton prochain) ; l'abandon de soi, de son orgueil, est la seule voie pour éradiquer tout vice (le vrai sens du mot Jihad, particulièrement chez les soufis, objectif inatteignable bien entendu).

Le texte écrit que l'on a extrait de traditions orales (et dont on a posé par écrit une version une seule) est amputé de la partie collective, ou dialogique, propre à la tradition du conte. Rituels introduisant le récit, questions, précisions, rectifications, versions alternatives, accompagnement musical, danses, réactions... (on peut voir cela par exemple dans la transcription ethnologique de Deux soirées de contes Saamaka) La leçon morale à tirer n'est pas fixés, imposée. Elle est le résultat d'une discussion, un peu à la manière d'un dialogue de Platon. Les notes culturelles proposées par Hampâté Bâ remplacent tant que possible cet aspect en invitant le lecteur à mettre en perspective les significations du conte dans le cadre de la compréhension d'une culture, de la quête de sagesse et d'un dialogue des cultures. C'est pourquoi il affirme que le conte est un instrument d'éducation à tout âge. Chacun y trouve des choses différentes selon ce qu'il y cherche, les symboles qui font écho en lui et les discussions qu'il aura. Contes et mythes sont objets culturels et identitaires non dans la rigidité de leurs détails mais dans l'expérience humaine de voyage et de discussion qu'ils proposent.
Les notes culturelles de l'auteur remplacent tant que possible le caractère dialogique du conte oral (comme s'il répondait à des questions, en cours de récitation).
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Le livre est en réalité composé de deux contes, Njeddo Dewal, mère de la calamité et de Kaïdara. le premier conte est de loin le plus long. Il commence par raconter la vie idyllique que menaient les Peuls aux royaume mythique de Heli et Yoyo. Mais leur comportement leur a valu la punition du Dieu Guéno, qui a créé Njeddo Dewal, par laquelle toutes sortes de calamités se sont abattues sur le pays. Mais deux hommes, Bâ-Wâm'ndé, et surtout plus tard son petit fils, Bâgoumâwel, vont venir à bout de la méchante sorcière.

Le deuxième conte, Kaïdara, raconte le voyage initiatique de trois compagnons, dans un étrange pays souterrain, dans lequel ils rencontrent des animaux étranges, vivent des événements inexpliqués, jusqu'à leur rencontre avec le dieu Kaïdara, qui leur offre un trésor d'or, trésor qui va faire le malheur de deux d'entre eux. le troisième n'aura de cesse que de découvrir le sens mystérieux des événements qu'ils ont vécus.

Il ne s'agit pas de contes pour enfants, mais comme dit dans le titre, de conte initiatiques, c'est à dire de textes qui transmettent un enseignement, un savoir, qu'il faut mériter, par une série d'épreuves, textes dont le sent est dissimulé en partie sous des symboles, compréhensible pour les initiés seulement.

Amadou Hampâté Bâ nous explique ces symboles et ces significations cachées dans un riche appareille de notes, pour nous les rendre accessibles. Au-delà d'histoires merveilleuses, il tente de nous expliquer la culture, le monde spirituel peul. Monde complexe, d'une grande richesse. le lecture demande donc une certaine concentration, un effort par moments, surtout dans le deuxième conte. Mais l'effort en vaut la peine, nous pouvons entrapercevoir toute une vision du monde, différente de la nôtre. Et le plaisir du récit jamais absent
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Superbe livre qui nous embarque au coeur de la mythologie, des contes et légendes Peuls. Cet auteur malien est à suivre, sa plume promet poésie et initiation ainsi que de l'humour fin. le livre se lit très aisément, on est tout de suite plongé dans les intrigues de ces nouvelles, qui propose aussi une belle découverte culturelle avec l'ingéniosité d'Amadou Hampâté Bâ qui nous entraîne entre le principe du bien et le principe du mal, il n'y a aucune linéarité dans les nouvelles et c'est ce qui m'a plu. Il y a « une abondance de folles péripéties, de combats fantastiques, de voyages périlleux, de réussites ; d'échecs et d'aventures sans cesse renouvelés jusqu'à l'heureux dénouement final » pour reprendre les mots de l'introduction qui illustrent parfaitement ma pensée.
Toute la richesse du folklore africain est présente, et si vous me suivez depuis longtemps vous savez à quel point je suis un grand fan de folklores et traditions du monde, je n'ai pas été déçu un seul instant de ma lecture, c'est une véritable bonne découverte en tout point. Pas loin du coup de coeur.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Hélas ! A peine en était-il sorti qu'il tomba sur un village de porcs-épics où, justement, siégeait un conseil du trône. Un conseil peu ordinaire, à vrai dire: c'était plutôt un tribunal. Chose étrange, l'accusé était le roi lui-même.

L'audience se tenait sur la place publique où, tous les sept ans, avait lieu une grande foire. Toute la population avait été conviée à la séance. Le roi amarré comme un fagot de bois et transporté comme un vulgaire cadavre d'animal, fut placé au milieu du cercle qui s'était formé afin d'y subir un interrogatoire préliminaire.

Quel crime le roi avait-il donc commis pour être ainsi maltraité et déféré honteusement devant le tribunal de son peuple ? Il avait ordonné, un jour où il était de mauvaise humeur, de tuer tous les singes qui peuplaient son royaume, car, disait-il, c'étaient des étrangers indésirables, des parasites qui suçaient le pays et en appauvrissaient les natifs.
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On dit qu'un chef, ou un roi, n'a pas à s'abaisser à mentir puisque de toute façon, quoi qu'il fasse, il ne court aucun risque. L'Afrique comprend qu'un chef abuse, non qu'il mente.
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Le grand oiseau des plaines qui d’habitude se déplace sur deux pattes assez longues et fortes apparaît, en sixième symbole, avec une seule patte et battant d’une aile pointue. En nocturne, il symbolise le monde temporel qui s’offre comme une proie facile à ceux qui le convoitent. Mais hélas, en se jetant dessus, au lieu de le capturer les chasseurs se heurtent tête contre tête et se renversent à terre. Ainsi ceux qui cherchent les honneurs et les profits immédiats sont-ils toujours amenés à se disputer, puis à se battre, enfin à se terrasser mutuellement, pour tomber ensemble dans la disgrâce, sinon la mort. Les houppes de plumes fines qui ornent les joues de l’outarde mâle sont des parures éphémères ; elles ne durent pas plus que les rougeoiements dorés répandus sur la nature par le soleil couchant avant le crépuscule.
« Certes, Hammadi, ce monde est comme un oiseau qui n’a qu’un pied et qui bat de l’aile. Tout homme qui l’aperçoit croit pouvoir s’en saisir, mais l’oiseau bizarre se faufilera toujours entre les pieds du chasseur et ira le narguer un peu plus loin, tout en semblant lui dire : « Viens… cette fois-ci tu m’auras sûrement ! »
« Comme la mort ne peut épuiser l’âme, un seul chef ne finira pas les jours de l’Éternité. Si courts ou si longs qu’ils soient, il faut bien remplir ses jours et partir sans regrets de cette terre qui, tout en roulant sur elle-même, roule ceux qui veulent la dominer.
« En diurne, l’outarde vit en groupes d’un mâle et de trois ou quatre femelles. Cette troupe symbolise la famille polygame.
- Pourquoi quatre femmes ? questionna Hammadi.
- Notre ancêtre Bouytôring a dit à son fils Hellêré : « Tu épouseras quatre femmes ou quatre en une seule : une bonne femme, une belle femme, une mère de famille, une femme d’amour.
« « La première constituera le trésor inestimable de ton foyer ; la seconde sera une parure que tu exhiberas pour vexer tes rivaux ; la troisième deviendra un champ fertile bien gardé où tu enfouiras tes semences ; et, ma foi, le coeur ayant des raisons qu’ignore la règle naturelle, tu épouseras une quatrième femme parce que tu l’aimes et que l’amour ne se commande pas : il domine et s’impose.
« « Mais, Ô mon fils ! Si en une femme unique tu trouves les quatre, alors tu devras, comme le seigneur à la grosse tête, le lion roi de la jungle, te limiter à une seule épouse. Sinon, apprête-toi à subir dix fois dix plus une indispositions, lesquelles feront de toi un homme qui pourra s’allonger sur sa couche mais point pour dormir la nuit ni siester le jour. » (p. 316)
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(Le cercle du bienfait et de la gratitude, p. 64)
Après un certain temps, il déboucha inopinément sur une crapaudière. Les anoures, qui se rendaient à une foire, sautaient de tous côtés. Découvrant la présence de Bâ Wâm’ndé, ils s’écrièrent :
« Que t’arrive-t-il, homme au mouton ? Où t’en vas-tu comme cela? Est-ce la trame de tes jours qui a touché à sa fin ? Sinon il ne te viendrait jamais à l’idée d’aller à Wéli-wéli, et surtout d’emprunter le chemin qui passe chez nous. Tu vas payer de ta vie ton audace et ton étourderie. »
Une jeune femelle crapaud s’approcha de Bâ Wâm’ndé en sautillant.
« Ne me reconnais-tu pas ? lui dit-elle. Un jour tu m’as fait crédit d’un bienfait. C’est à mon tour de te le payer.
- Je ne me souviens plus de t’avoir rencontrée, fit Bâ Wâm’ndé.
- Il est habituel que l’auteur d’un bienfait oublie sa bonne action et cela est admissible, répliqua la jeune crapaude. Ce qui est condamnable et inqualifiable, c’est que le bénéficiaire de ce bienfait l’oublie. Tel n’est pas mon cas.
« Un jour où la chaleur était écrasante, mourant de soif, je fus mise au supplice. J’aperçus en effet, posé à l’ombre d’un arbre, un canari rempli d’eau fraîche. Pleine d’espoir, je m’en approchai pour m’y désaltérer, mais l’ouverture était trop haute et trop étroite pour moi. Chacun de mes bonds pour l’atteindre se terminait par une glissade. Je dégringolais, roulais et me renversais sur le dos à ne plus voir que le ciel.
« C’est alors que survint un gros gamin, sans doute le fils du propriétaire du canari. Il me trouvait épuisée, gisant à terre, presque morte. Je haletais comme un chien altéré. Le gros gamin se saisit de mes pattes, les attacha avec une corde et serra si fort que mes oreilles en bourdonnèrent. Il souleva la corde à laquelle je me trouvais suspendue la tête en bas, et se mit à courir en me balançant. Et, croyez-moi, ce balancement n’avait rien d’un bercement à faire s’endormir un bébé, c’était plutôt des secousses à faire vomir ses entrailles ! Mon ventre s’emplit d’air à en éclater, mes pieds entravés enflèrent. Le gamin se plaisait fort à me voir dans cet état misérable.
« C’est alors, Bâ Wâm’ndé, que tu intervins et me délivras. Tu me détachas et réprimandas le gamin, lui interdisant de récidiver. Je ne me souviens plus de ce que tu lui as donné pour mon rachat, mais je sais que tu lui as donné quelque chose. Ce que je ne puis oublier, c’est l’action que tu as accomplie en ma faveur et qui m’a empêchée de périr. »
La maman de la jeune crapaude sortit des rangs et, chain-caha, s’approcha de Bâ Wâm’ndé. Elle vomit entre ses pieds une pierre blanche arrondie de la grosseur d’un oiseau mange-mil.
« Ô bienfaiteur des bêtes et des bestioles, compatissant même pour les têtards des eaux fétides et des mares bourbeuses ! Dit-elle. Les animaux terrestres et aquatiques, les bêtes des cités et des forêts te sont reconnaissants et tous les oiseaux des champs gazouillent tes louanges dans les branches des arbres de la haute brousse !
« Ôbâ Wâm’ndé ! Prends cette pierre et range-là dans ton sac, elle te servira à quelque chose dans un jour difficile vers lequel tu t’avances sans t’en douter, car aller à Wéli-wéli, c’est aller à la mort ! »
Bâ Wâm’ndé rangea la pierre dans son sac.
« L’adage veut, dit-il, que celui qui est reconnaissant est autant de mérite, sinon davantage, que celui qui a fait le bien, car l’ingratitude est le propre de l’homme.
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Instruis-moi, O toi qui est de l'or enveloppé dans un vieux chiffon et jeté sur des ordures entassés dans la rue, pour mieux cacher ta qualité de grand maître et tes vertus de connaissance. Je suis prêt à te donner la moitié de ma fortune et partager avec toi mon royaume. Et si cela ne suffisait pas, c'est bien volontiers que je deviendrais ton esclave pour delier les lanières de tes sandales.
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Vidéo de Amadou Hampâté Bâ
Amadou HAMPÂTÉ BÂ – La tradition orale africaine (DOCUMENTAIRE, 1969) Un documentaire d’Ange Casta diffusé sur la 1ère chaîne, le 7 septembre 1969, dans l’émission « Un certain regard ».
>Coutumes, savoir-vivre, folklore>Folklore>Littérature populaire orale (601)
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