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EAN : 9782362290565
158 pages
Editions Bruno Doucey (31/10/2013)
4.18/5   17 notes
Résumé :
En pleine figure, La balle mortelle. On a dit : au coeur - à sa mère. René Maublanc. Cla, cla, cla, cla, cla... Ton bruit sinistre, mitrailleuse, Squelette comptant ses doigts sur ses dents. Julien Vocance. Dans un trou du sol, la nuit, En face d'une armée immense, Deux hommes. Julien Vocance.
Ce livre me pousse à bousculer d’emblée une idée reçue : non, l’art du haïku ne fut pas découvert en France après la destruction d’Hiroshima. Au début du XXe siècle, ... >Voir plus
Que lire après En pleine figure : Haïkus de la guerre de 14-18Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
En pleine figure, titre bien choisi, extrait d'un des haïkus du recueil, et qui suggère bien l'impression que laisse cette lecture : on se prend une claque. Loin des manuels d'histoire, des documentaires, des romans même réalistes. Là se sont des textes courts, percutants, écrits sur le vif, sur le terrain. Et quel terrain ! Les tranchées de 14-18 ! En quelques lignes, quelques syllabes ces haïkus suggèrent toute l'horreur et toute l'absurdité de la guerre. Les auteurs sont des inconnus, même s'ils ont pour la plupart publié ici ou là, parfois avant la guerre, parfois après (car tous, sauf un, ont survécu). Ils sont plus oubliés que totalement inconnus : Maurice Betz est le traducteur de Thomas Mann, de Nietzsche et de Rainer Maria Rilke, Jean Breton s'appelle en fait Célestin Bouglé et a orienté la carrière de Claude Levi-Strauss, Marc Adolphe Guégan, surnommé le poète de l'île d'Yeu, tout comme René Maublant, a vulgarisé en France les haïkus, Julien Vocance est le seul qui a publié des recueils de poésie (que l'on retrouve intégralement dans cet ouvrage) avant même la fin de la guerre. Ils jouent avec les codes de la poésie, tant ceux du haïku que ceux de la poésie occidentale, et le résultat, ce sont de fascinants instantanés de la vie au front. Quelle excellente idée que l'édition de ce recueil, presque cent ans après la guerre de 14 !
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On trouve dans ce recueil beaucoup de poèmes torturés emplis de canons, d'obus, de shrapnells, de mitraille ; des poèmes épouvantés où les morts innombrables sont évoqués par les corbeaux, par les ruines, par l'immobilité.
La forme du haïku restitue parfaitement cette urgence de dire avant de mourir.
Mais brillent dans le sang et la boue des poèmes pacifistes sur l'inanité de la guerre, et aussi de petites lueurs de vie dans l'oiseau qui chante, l'arbre qui fleurit, l'aurore qui nait.
Puissant.

Challenge Poévie
LC thématique de février 2022 : ''Les petits livres”
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Une anthologie qui nous remet les pieds sur terre.

La figure du soldat de la première guerre mondiale me paraît lointaine, temporellement mais aussi culturellement dans un sens : je ne suis pas amatrice de ce thème d'une part, d'autre part, les figures de Poilus que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures prenaient les traits de pauvres quidam.
Mais là, il s'agit de passionnés de littérature, d'instituteurs, d'agrégés de philosophie, de poètes - mon univers. Oui, dans les tranchées se battaient aussi des hommes aux penchants artistes et intellectuels. Bien sûr, je n'ai pas oublié Cendrars ni Apollinaire, mais je ne sais pourquoi, dans ma tête, ils faisaient figure d'exception, or nous rencontrons ici 16 auteurs, présentés dans de courtes notices biographiques. Je n'en connaissais aucun. Certains ont pourtant une place dans l'histoire littéraire. Par exemple, Maurice Betz a été le traducteur de Thomas Mann, de Nietzsche et de son ami Rainer Maria Rilke ; René Maublanc est le vulgarisateur du haïku en France, Julien Vocance en est le précurseur.

La préface et la postface permettent une mise en perspective de ces écrits, l'appropriation du genre du haïku (importé du Japon par Paul-Louis Couchoud autour de 1904) tant dans le style que dans la thématique. Autant sa forme brève se prête aux conditions précaires des soldats pendant la guerre, autant la tradition est loin de cette thématique porteuse de mort.

Chacun des auteurs se joue des codes des poésies japonaise et occidentale. Certains mélangent allègrement les deux, produisant un format original aux effets parfois déstabilisants.
Surtout, la brièveté produit des instantanés de la vie au front, des soldats et des civils, des combats, des morts, des blessés, des estropiés, hommes et paysages, ainsi que de l'après.

J'ai particulièrement apprécié les poèmes de Marc-Adolphe Guégan, empreint d'humour et d'ironie. Les recueils de Julien Vocance, « Cent visions de guerre », paru en 1916, et « Fantômes d'hier et d'aujourd'hui », paru en 1917, qui sont reproduits intégralement, me paraissent tout à fait essentiels, le deuxième étant, à mon sens plus abouti sur le plan de la forme (jeu important sur les sonorités, règles du haïku davantage appliquées, ensemble de haïkus se faisant écho comme s'il s'agissait des strophes d'un même poème), et de ce fait plus intense.

Un témoignage original et précieux, tant pour l'histoire que pour la littérature.
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Jusqu'à présent, la première guerre mondiale était restée pour moi une notion d'histoire un peu lointaine et floue. Je suis une empathique, et, pour moi, les documentaires ou articles faisant le décompte des morts, des bombes et des villes détruites, malheureusement, ne me donnaient que des notions numéraires et donc abstraites pour la sensible à l'humain que je suis. J'en ai éprouvé longtemps une honte tenace face à l'utilité du devoir de mémoire dont j'ai cependant toujours bien eu conscience.

Comment décrire la peur, vertige profond ? Comment conter la perte de soi et de son humanité ? Comment évoquer l'absurdité de la mort, le choc ressentit, provoquant une froide anesthésie des émotions ou une envie de rire irrépressible quand les nerfs lâchent ? Comment parler des hurlements inhumains poussés tels des vagissements de nourrissons dans la nuit par les survivants ?

Ces haïkus, bien qu'écrits par des Haijins français, sont pénétrés de cette mise en valeur de l'ineffable. Au-delà des chiffres, des calibres, des potentiels de destructions, ces haïkus collectés par Dominique Chipot disent plus la guerre que tous les rapports rationnels. A chaque haïku lut, c'est un morceau du vécu de la guerre qui est évoqué ; qui est suggéré à notre cerveau reptilien, cet infime morceau de notre moi profond qui, par l'entremise des neurones miroirs forme un patchwork de nos expériences vécues pour émettre une sensation-émotion approchant au mieux le vécu de l'autre.

le travail de mémoire, dans cette logique-là, est donc une survivance du vécu et de l'expérience dans le temps et l'espace. Mémoire de l'horreur, de la perte et des limites de l'humanité en place d'une mémoire contrite d'une faute protéiforme et devenant abstraite avec le passage du temps, qu'évoquent, malheureusement, si pauvrement nos livres d'histoire.
Lien : http://unlivresurmeslevres.b..
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Emouvants, poignants, réalistes, percutants, sensibles,
Sincérité, courage, peur :
Tous ces mots me viennent à l'esprit à la lecture de ce recueil.

Il est impossible d'être indifférent aux souffrances exprimées dans ces petites phrases, même si on n'a pas la fibre poétique.
Peut-on espérer que chaque poème, - cri poussé du fond de cette horreur - ait apporté un peu de soulagement à son auteur ?

Le choix de l'éditeur est remarquable et la mise en lumière des ces auteurs tombés dans l'oubli a valeur de réhabilitation et c'est à saluer…
Les informations bibliographiques apportées par l'éditeur sont également importantes dans la mise en lumière des ces « oubliés »

Haïkus, ou plutôt petits textes courts, poétiques ou chaque auteur nous fait exploser « en pleine figure » l'horreur de la guerre et démontre, si cela est encore nécessaire, que ce conflit fut une immense boucherie et une machine à broyer les hommes.
J'aimerais citer chaque poème, chacun a mes yeux représente une vie, un drame, et démontre l'absurdité de cette guerre, je me contenterai de citer ce texte de René Maublanc :
En pleine figure / la balle mortelle / On a dit : au coeur –à sa mère.

Je remercie les éditions Doucey, que j'ai l'occasion d'apprécier en particulier pour leurs éditions des thématiques du Printemps des poètes, de m'avoir fait parvenir ce recueil et j'invite chacun à découvrir ces « Haïkus de la guerre de 14-18 »
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critiques presse (1)
Culturebox
24 juin 2014
Dans son anthologie intitulée « En pleine figure » (Ed. Bruno Doucey), Dominique Chipot a rassemblé ces poèmes de 17 pieds écrits par des soldats français. En trois lignes et peu de mots, ils racontent toute l’horreur de la guerre et la souffrance des hommes.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
A coup de poing, à coup de pied,
J'ai voulu tuer mon passé.
C'est lui qui me prend à la gorge.

Julien Vocance
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Deux levées de terre,
Deux réseaux de fil de fer :
Deux civilisations.

Julien Vocance
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L'obus en éclats
Fait jaillir du bouquet d'arbres
Un cercle d'oiseaux

Georges Sabiron
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Sur sa couche funéraire
Pour toujours endormi,
Je regarde mon ennemi
Et je reconnais un frère.
(Albert de Neuville)
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Reportage

Le moribond criait : Maman !
De l'arrière, le journaliste
A entendu : Vive la France !

Marc-Adolphe Guégan
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Video de Dominique Chipot (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Chipot
Corinne Atlan, Dominique Chipot, Patrick Honnoré et Delphine Roux interviewés par Patricia Martin pour leurs livres sur le Japon et sa culture lors de la 22ème Fête du Livre à AUTUN en 2019.
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