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EAN : 9782221099339
192 pages
Robert Laffont (20/10/2008)
3.8/5   5 notes
Résumé :
La cinquantaine de textes inédits réunis ici ont été écrits pour la plupart entre 1973 et la mort de Primo Levi, en 1987. Le recueil qu'ils composent peut être lu comme un nouveau volet de la passionnante autobiographie intellectuelle de l'auteur de Si c'est un homme.

Citoyen engagé et observateur avisé de la société italienne contemporaine, critique littéraire et grand lecteur, scientifique de formation et écrivain de profession, Primo Levi était tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Difficile de parler de cette succession d'articles et lettres écrits par Primo Levi entre 1975 et 1987. Il faudrait les commenter les uns après les autres. de ce ton "scientifique", simple et précis que j'affectionne particulièrement, presque froid il égrène ses "ressentis" et ses idées sur des sujets divers (livres lus, films, écriture, politique, faits de sociétés), même si la guerre, la déportation, Auschwitz prédominent. Cette lecture m'a permis d'approcher un peu plus sa pensée. de façon, bien sûr, toujours lointaine. Si j'avais dit à Primo Levi que j'approchais sa pensée, il m'aurait regardée avec un air entendu et sûrement moqueur. Car ce qui transparait souvent fugacement dans l'écriture de Primo Levi (dans tous ses livres) c'est une moquerie contenue, discrète et parfois teintée d'amertume que j'apprécie. Une moquerie bienveillante à l'égard des autres, réaliste et d'une ironie douce vis-vis de lui-même, jamais cruelle ni sarcastique. Et il y a Primo Levi l'inquiet, l'angoissé, le vigilant, l'homme citoyen qui livre ses réflexions sur la montée du révisionnisme, sur le terrorisme, sur Israël (j'étais curieuse de connaître la vision de Levi sur Israël, sur des textes écrits fin des années 60 et avant 87 - qu'écrirait-il aujourd'hui ?).
Mais chez lui, l'angoisse et l'inquiétude semblent toujours tempérées par sa pensée "scientifique", rationnelle et posée. C'est comme un optimisme désenchanté et muet qui sourde de certaines lignes. Et puis, il y a Primo Levi aimant la science-fiction, les livres d'aventures, la technique, la problématique du langage. Il s'adresse dans des articles ou des lettres ouvertes à des amis ou des connaissances qu'il apprécie et respecte, il leur parle de leur travail (souvent un livre) avec concision et sur un ton souvent fraternel. Les brumes de l'Italie du Nord teintées des rayons du soleil baignent l'écriture de Primo Levi.
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Cet homme multiple se dévoile encore dans ces textes divers.
A lire pour encore mieux le comprendre et surtout comprendre : " l'impossible guérison des camps "
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De nombreux Italiens, sinon tous, savaient que l'Allemagne d'Hitler menait sa guerre avec des méthodes qui trahissaient une totale absence de scrupules. La revue Signal, et derrière elle toute la presse fasciste, donnait du combattant national-socialiste une image idéalisée et héroïque : beau, athlétique, magnifiquement armé, fier, noble, chevaleresque ; mais ceux qui l'avaient vu à l'œuvre (à commencer par les soldats italiens de retour des fronts russe et balkanique) savaient de quelle dureté il avait été capable. Et pourtant, la façon dont l'appareil militaire allemand réagit, en Italie, à l'armistice de Badoglio, le 8 septembre, étonna et prit de court tous les Italiens.
On s'attendait à des représailles sanglantes contre la "trahison" italienne, et les représailles eurent bien lieu ; mais on ne s'attendait pas à la détermination foudroyante avec laquelle les nazis recoururent à la déportation en masse de tous ceux qu'ils jugeaient hostiles ou potentiellement dangereux. En l'espace de quelques jours, voire de quelques heures, les forces italiennes avaient été désarmées aussi bien sur le territoire métropolitain que dans les zones d'occupation et entassées dans des trains en direction du nord. On constata sans tarder et les longs mois de l'occupation allemande du Nord de l'Italie le confirmèrent, que le train, ce symbole de progrès et de civilisation du XIXe siècle, était devenu dans les mains des nazis un instrument raffiné de persécutions, d'humiliations et de mort.
Partisans, adversaires politiques avérés ou présumés, juifs, ouvriers grévistes, hommes et femmes, pauvres gens surpris chez eux ou dans la rue par une rafle ; pour tous, les sinistres convois de wagons de marchandises scellés de l'extérieur, aux fenêtres (quand il y en avait) obstrues par des grillages en fil de fer barbelés, ont constitué le premier chapitre de ce nouveau calvaire, la déportation. Et ce n'est pas un hasard si ce voyage, vers un destin inconnu, parqués comme des marchandises de pacotille sur quelques mètres carrés, sans air, et souvent sans nourriture ni eau, s'est gravé en lettres indélébiles dans la mémoire de tous les anciens déportés.
Pour tous, le voyage a été une révélation dramatique : un trajet les conduisant de leur maison et de leur patrie au néant ; de la civilisation à la barbarie. La façon même dont il était organisé et mené prouvait clairement, y compris aux plus optimistes, qu'il n'y avait pas de place pour l'humanité dans l'univers nazi.

Texte écrit en 1983 pour un numéro spécial sur la Résistance et la Déportation
Notizie della Regione Piemonte
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Les vieilles photos sont cruelles, elle remuent des sédiments, suscitent des regrets inutiles. Je les conserve toutefois pour des raisons que je m'explique mal, par pur narcissisme peut-être, ou dans la vague idée qu'elles pourront intéresser quelqu'un, qu'elles se transformeront en témoignage des mœurs d'un temps. J'ai réexaminé celles du Campiello* 1963 avec des sentiments mêlés, à la fois tristes et gais, mais aussi avec la sensation précise qu'elles dépeignent ce qu'on a coutume de qualifier de virage professionnel.
J'avais écrit et publié mon premier livre, Si c'est un homme, en 1947, et puis plus rien pendant quatorze ans : je n'éprouvais pas le besoin d'écrire et il me semble que personne n'avait besoin de mes écrits. J'exerçais le métier de chimiste dans une usine ; mon travail quotidien était fatiguant mais rarement ennuyeux. Il était concret et me donnait de l'assurance. Il me causait aussi des inquiétudes, cependant c'était mon travail, le métier que j'avais choisi et auquel mes études m'avaient préparé, il m'avait fait grandir, il m'avait instruit, avait conditionné ma façon de vivre et de voir le monde, peut-être aussi mon langage ; il me nourrissait, et l'idée de l'abandonner pour me consacrer à l'écriture ne me paraissait pas envisageable. J'y pensais parfois, dans les mauvais jours qu'on rencontre dans tous les métiers, mais sans grand sérieux, comme l'on rêve aux archipels : ce n'était pas un désir mais une rêverie, les Turinois ne quittent pas la certitude pour l'incertitude, les vieilles routes pour les nouvelles.
Extrait de l'article "Ce fut une renaissance" écrit en 1982
* Campiello, - prix littéraire Italien, Primo Levi l'obtiendra en 1963 pour son livre "La trêve"
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Etant juif et donc évincé de l'armée et de l'université , je me suis uni , vers le huit septembre , à un groupe de partisans . Nous croisions le chemin d'un grand nombre de militaires italiens qui venaient de France et de toute l'Italie , certains pour rentrer chez eux , d'autres à la recherche d'armes , d'autres encore en quête d'un chef .

Tous ces anciens militaires , avec lesquels nous parlions , n'avaient qu'un seul message à délivrer : il ne fallait plus faire la guerre aux cotés des allemands , car ils avaient vu ce que ceux-ci avaient commis ; ils avaient été sur le front en Grèce , en Yougoslavie , en Russie et ils déclaraient : " Ce n'est pas une guerre , ce ne sont pas des alliés , ce ne sont pas des soldats , ce ne sont pas des hommes . " la solidarité qui nous a liés est née de cette évidence très humaine , celle de cette humanité pure et simple qui , malgré ses nombreux défauts, survit chez les italiens . Il convient , à mon avis , de ne pas négliger ce premier élément au moment d'expliquer l'apport des internés militaires .

le second est le suivant : bien que capturé en tant que partisan , j'ai affirmé bêtement , inconsciemment si vous préférez , que j'étais juif , et j'ai échoué dans le camp d'Auschwitz .
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Nous n'avons jamais été nombreux / nous étions quelques centaines , sur plusieurs milliers - trop - de déportés , lorsque nous avons rapporté en Italie et exposé à la stupéfaction de nos familles ( quand nous en avions encore une ) le numéro bleuâtre d'Auschwitz , tatoué sur notre bras gauche . Ce que racontait radio Londres correspondait donc à la vérité , ce qu'avait écrit Aragon était littéralement vrai : " marqué comme un bétail , et comme un bétail à la boucherie " .
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En passant au crible la traduction italienne de la Petite Cosmogonie portative, Calvino avait relevé un certain nombre de problèmes que Queneau lui-même n'était plus en mesure de résoudre. Interpellé plusieurs décennies après la rédaction de son livre, il avait répondu : "Excusez-moi, je ne me rappelle plus ce que je voulais dire !". Nous avons travaillé, Calvino et moi (en réalité, nous étions trois, car il y avait aussi un chat : un chaton sur la table, sur le manuscrit de Solmi, qui nous aidait comme il le pouvait, et tentait de temps à autre de tourner les pages à l'aide de sa petite patte), avec bonheur, avec amusement devrais-je dire à la montagne, à Rhême-Notre-Dame. C'était un jeu, mais un grand jeu, un jeu magnifique, ce jeu même dans lequel Calvino excellait : tirer tout le parti possible du mot, en fait un instrument de pénétration.

Extrait de : Calvino, Queneau et les sciences - 1986
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