Le vent se lève !...
Il faut tenter de vivre!
C'est l'épigraphe de ce livre emprunté au poème de
Paul Valéry «
le cimetière marin »
La strophe s'achève ainsi :
« L'air immense ouvre et referme mon livre Envolez-vous, pages tout éblouies ! »
Ces deux vers pourraient en être l'excipit !
Sandrine Brossard a longtemps vécu une vie subreptice faite de petites arnaques : annonces passées dans la presse pour appâter le mâle « gogo », offres de locations imaginaires, émissions de chèques sans provision, substitution d'identité pour échapper à la justice, vivant la peur au ventre parce que la prison, elle y a déjà goûté plus jeune, à Loos, pendant six mois …
Cela se passe dans les années 80 (pourtant ces escroqueries sont toujours d'actualité, peut-être un peu plus sophistiquées dans leur montage aujourd'hui à cause des connections informatiques et des relais d'informations par les médias, quoique … !)
Elle est amie avec le narrateur, lui-même familier de son frère Théo. Il suit, tantôt de près, tantôt de loin, son parcours chaotique.
Elle va rencontrer dans une de ces boites belges interlopes frontalières de la France un riche commerçant qui va lui permette de quitter cet endroit sordide, elle devient ainsi une femme entretenue. Après avoir pris des cours de stylisme, elle ouvre plusieurs boutiques sur la Côte d'Azur, mais ce n'est pas le succès, et Albert Stilmant, celui qui a quitté femme, enfants et pays, pour elle, va se ruiner.
Finalement elle percera en s'expatriant en Afrique, créatrice d'une ligne de vêtements et d'accessoires.
C'est l'histoire d'une mue que raconte
Eric Faye, celle d'une petite fille qui a vu sa vie brisée par l'attitude d'un mère compulsive, et peu aimante , méchante, puis d' une jeune fille attirée par l'argent , la vie facile, souhaitant ressembler à son idole
Sylvie Vartan, d' une femme perdant pied, accroc à l'alcool et aux amphétamines , d' une femme plus mature et ayant acquis une certaine sérénité, affranchie des contraintes passées, libérée après toutes les expériences éprouvantes vécues.
Elle fut aussi une lectrice de « l'
Eloge de la fuite » d'
Henri Laborit, livre qui lui révéla sans doute une part de vérité.
C'est une femme qui nous est familière, parce qu'elle ressemble, à s'y méprendre à celles qui font la une des journaux quand ils relatent leurs méfaits, celles photographiées dans les magazine de mode qui mettent en exergue leur réussite , celles, plus ordinaires, que l'on croise tous les jours …