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EAN : 9782246709510
191 pages
Grasset (02/09/2009)
3.31/5   8 notes
Résumé :
Silvio est le gardien d'un camping au bord de la mer, en Camargue, à la morte-saison. Ce rêveur éveillé vit avec ses souvenirs, l'hôtel de la Bélugue où sa mère célibataire l'éduqua entre les transats et les disques de jazz. Silvio est surtout hanté par une question : qui est son père ? Et comment pourrait-il le retrouver ? Ainsi commence une enquête sentimentale absurde et obstinée, une filature du côté des pensionnaires de la Bélugue, des sentiments abandonnés, de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
N°427– Mai 2010
L'AMOUR EST UN FLEUVE DE SIBÉRIEJean-Pierre Milovanoff -Grasset.

Qu'est ce qui pose question à un homme, Silvio, qui est le fils d'une mère célibataire, dont «  le regard suggère l'étreinte et l'amour flou comme une absinthe », et qui n'a jamais connu son père? le fait qu'elle ait tenu seule et pendant longtemps un café-hôtel au bord de la méditerranée et qu'elle ait été entourée d'hommes et de clients rajoute au mystère. Ce petit garçon féru de baby-foot et de blues a grandi, il est devenu le gardien du camping municipal et se souvient que, avant que l'hôtel ne soit démoli pour laisser la place à un port de plaisance, il était heureux avec cette femme comme on l'est, en principe, au cours de son enfance!

Était-ce ce pauvre play-boy un peu camé de Johnnie Wood qui cachait son vrai nom français de Jonas Dubois sous des accoutrements ringards, des voitures excentriques, des airs de guitariste, un accent de l'Alabama, une voix de canard en caoutchouc? Un véritable mensonge, un minable chanteur, riche cependant, déguisé en mauvaise bête de scène... Il finit par disparaître en laissant au garçon un vélo moteur et le goût des disques de blues!
Était-ce ce yachtman approximatif, taiseux, mystificateur, un peu pochard, un peu artiste aussi, qui attendait la marée et un gouvernail neuf pour appareiller mais pour qui la mer était toujours désespérément basse et la manoeuvre remise à plus tard? Il finit par s'installer dans le lit et dans la vie de sa mère. Il n'était à l'origine qu'un skipper, convoyeur du bateau des autres, à l'occasion vantard animateur de croisières pour riches désoeuvrés (« Un mensonge libre de droit n'est-il pas le plus court chemin vers la vérité?»),
Et puis il y a ce Milianoff que ce garçon interpelle « On se connaît depuis longtemps, Vous fréquentiez le café-hôtel de la Bélugue. Ma mère vous réservait toujours sa meilleure chambre ». C'est peut-être lui aussi, cet improbable géniteur, ou un confident à qui cet ancien petit garçon confie cette impossible mission de recherche en paternité?

En tout cas, c'est le début d'un retour vers le passé, mélancolique comme le blues qu'il affectionne et que le lecteur partage, pour cet homme qui rêve l'hiver entre les bungalows vides et la côte venteuse, à cette enfance évanouie, envolée. Il n'est qu'une ombre, qu'un quidam sans importance, mais il se perd dans ses souvenirs, ceux qu'on enjolive évidemment... Et puis il y a ce qui reste, peu de choses en réalité, pas mal de fantasmes, des occasions manquées, des regrets et des remords, des fausses vérités, tout cela tressé en phrases sobres, spontanées, simples... Elles évoquent la vie, la folie, le bonheur, la souffrance, les chagrins, l'amour, la mort, la futilité de l'existence... c'est à dire ce qui est le parcours de tout homme ici-bas, avec des moments plus ou moins forts cependant!

Cette quête de filiation, c'est sans compter avec les coups de foudre, les rencontres amoureuses sans lendemain, l'envie soudaine de changer de vie pour une passade ou une passion, le hasard qui est souvent malicieux et parfois pernicieux, les occasions qu'il ne faut pas laisser passer... C'est faire abstraction de cette volonté de voir partout ce géniteur, de l'imaginer grand, beau, intelligent alors qu'il n'est peut-être que le premier venu, un simple amant de passage, vite envolé. C'est le refus de voir la réalité, le quotidien vide de sens et d'horizon, c'est délibérément prendre le parti de l'imagination qui barbouille tout de bleu, qui repeint le monde aux couleurs qu'on aurait soi-même choisies, c'est la volonté de croire à tout cela, même si on sait que ce n'est pas vrai!

J'ai bien aimé les accents mélancoliques de ce texte au style fluide et parfois envoûtant, agréablement poétique en tout cas. Je l'ai lu presque d'un trait, en goûtant toute l'émotion qui s'en dégage et qui ne peut pas ne pas captiver le lecteur attentif.


Hervé GAUTIER – Mai 2010.http://hervegautier.e-monsite.com

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J'ai une tendresse toute particulière pour les livres de Jean-Pierre Milovanoff et pour son talent à raconter de vraies histoires dans lesquelles la nostalgie et le regret sont des constantes incontournables. Il sait, comme à nul autre pareil, laisser courir les mots sur le papier où leur beauté se suffit presque à elle-même, pour le plaisir égoïste du lecteur.
A chaque nouvelle parution, de cet auteur, je me réjouis car je sais que je serai comblée émotionnellement et intellectuellement.
Pari tenu avec "L'amour est un fleuve de Sibérie" ! Mais d'où sort-il tous ces détails qui donnent à l'ensemble une ambiance si palpable et frissonnante?
J'aimerais me permettre une dernière remarque au sujet du style, de cette façon si magnifique qu'a Jean Pierre Milovanoff d'assembler les mots, d'aligner les phrases, d'emboiter les paragraphes et d'enchainer les chapitres. Sa langue est belle et porteuse de tellement de sensibilité, qu'à chaque fois, je ne peux m'empêcher de lire quelques passages, pour moi toute seule, à haute voix, rien que pour le plaisir de les entendre sonner.
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