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EAN : 9782070408405
269 pages
Gallimard (26/05/1999)
3.76/5   152 notes
Résumé :
Laura, une lycéenne de 17 ans, est trouvée morte dans le jardin d'Enric Jovilar, un vieil anarchiste. D'abord soupçonné par la police, Enric est vite relâché car son alibi est de taille: sa belote hebdomadaire au bar Le Thermomètre. Regrettant la compagnie de Laura qui venait souvent - sans autre ambiguïté - profiter du jardin, Enric décide de mener son enquête. Rendu sourd-muet par une balle qui lui a traversé le crâne alors qu'il fuyait la guerre d'Espagne, Enric ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Enric retraité de la SNCF a  la particularité, et non des moindres,
d'être sourd comme un pot et muet comme une carpe...postale.
Sa principale activité est  désormais la culture de tubercules
et plus particulièrement, tiens donc la patate,
plus spécialement la Belle de Fontenay...
Bon, voilà, il y en a une dans la fleur de l'âge, 17 ans,
une jeune connaissance  retrouvée morte près de son potager.
il va  mener  à l'aide d'une boite de gaufrettes
et de son flair de vieil anar espagnol sa propre enquête
qui le conduit dans les coulisses du lycée et du Mickey bar qu'elle fréquentait...
J'ai passé un bon moment avec cet  enquêteur pas banal
un  vieil anar très bavard qui griffonne à la pelle
des missives et des missiles...
J'aime toujours autant le  style et l' humour noir de Jean Bernard Pouy
La Belle de Fontenay , je l'ai épluché...en sifflotant.
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Certains écoutent leur horoscope le matin pour savoir comment affronter la journée. Enric Jovillar, lui, lit les maximes des six gaufrettes qu'il avale avec son bol de café. Il faut dire que l'écrit a une importance particulière pour lui, qui est devenu sourd à huit ans.

Notre homme est déboussolé depuis qu'un lycéenne a été retrouvée morte dans le réservoir d'eau de son petit jardin ouvrier.
« Retraité espagnol, célibataire et sourd-muet [...] trois bonnes raisons pour faire [de lui] un sadique de base assoiffé de sang de jeune vierge. »
Un peu vieux mais pas ramollo du ciboulot ni des biscotos, lui l'anar' qui a survécu à la guerre d'Espagne et à mai 68 !
Sourd-muet, peut-être, mais pas aveugle !
Puisque les cognes ne sont pas fichus de résoudre cette affaire, Jovillar décide de mener l'enquête à sa manière, en hommage à cette jeune fille sympa qui lui prêtait des livres et venait souvent bouquiner dans son jardinet...

Après trois abandons consécutifs de romans, j'ai retrouvé le plaisir de lire grâce à ce polar. C'est le quatrième ouvrage de Jean-Bernard Pouy que je découvre, et même si j'oublie assez vite ses intrigues, je me régale toujours à la lecture. L'intérêt ne réside ni dans le suspense ni dans les rebondissements, il y en a peu, mais dans l'originalité, l'humour, les détails, les personnages, leur franc-parler, leurs relations. Notre Jovillar a beau être muet, ses échanges (par écrit) avec les autres sont vifs et jubilatoires.
Proche d'auteurs comme Pennac et Jonquet, Pouy est aussi très doué pour les coups de griffe et le poil à gratter - ici les enseignants et les ex soixante-huitards en prennent plein le museau.

Bonnes résolutions pour 2017 :
• aller enfin dire à l'auteur au salon de Mauves en Noir qu'il est génial (j'ai trois mois pour retravailler cette formulation niaise)
• ne pas me laisser décourager, comme les années précédentes, par un grand gaillard qui prétend avoir peur de lui, alors qu'il a au moins autant d'humour et de sens de la repartie - d'ailleurs j'adorerais assister à un petit échange entre ces deux-là... 😉
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Mention spéciale pour "La Belle de Fontenay" !
C'est un polar de Jean-Bernard Pouy qui me donne la patate non pas en raison de l'intrigue mais pour les lieux où se déroule cette enquête suite au meurtre d'une lycéenne.
Ce sont les lieux de ma jeunesse, ma banlieue, mon quartier, les lycées des copains et copines que je fréquentais. Je suis donc très attachée à ce livre puisque je vis toujours à Vitry-sur-Seine qui jouxte Ivry-sur-Seine. D'ailleurs, Jean-Bernard Pouy a nommé Itry (un mixte des deux villes) la commune où Enric Jovillar, le narrateur sourd-muet anarchiste sexagenaire à la retraite, cultive son jardin ouvrier. Il y fait pousser des pommes de terre, les belles de Fontenay. C'est là qu'il se fait coffrer par les flics à l'aube. Il faut dire qu'ils ont retrouvé dans son réservoir à eau de pluie le cadavre de Laura une lycéenne qu'il aimait bien parce qu'elle lui parlait de ses lectures.
Son lycée c'est Romain Rolland à la limite des deux communes, renommé Jules Romains d'Itry.
Enric va être libéré parce qu'il a un alibi. le commissaire Gaillet va diriger l'enquête mais Enric ne va pas lâcher l'affaire en souvenir de Laura, munit de questionnaires et magnétophone pour recueillir des informations. Son passé d'anarchiste va remonter et le rebelle ne va pas se laisser faire.
L'originalité de la narration d'un sourd-muet c'est qu'il ne peut communiquer que par écrit et qu'il décrit les scènes sans le son ce qui donne une ambiance hors du commun pour un policier. Ce que j'ai adoré aussi ce sont ses gaufrettes du matin qui lui donnent la petite phrase du jour.
Cerise sur le gâteau (ou la gaufrette), Jean-Bernard Pouy m'a dédicacé son livre au premier festival du roman noir et social de Vitry-sur-Seine qui s'est tenu en décembre 2019. Vivement le prochain !


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Pouy Jean-Bernard – "La belle de Fontenay" – Gallimard, 1992, rééd dans la collection Folio/policier (ISBN 978-2-07-040840-5)

Ce n'est pas du meilleur Pouy, car il tente ici de construire un vrai roman policier pas trop fantaisiste, mais en accumulant un peu trop d'invraisemblances majeures. En effet, l'enquêteur n'est autre qu'un brave retraité de banlieue, anarchiste espagnol devenu sourd à la suite d'un coup de fusil reçu pendant la Guerre d'Espagne à l'âge de neuf ans, ce qui lui fait donc plus de la soixantaine à l'époque du récit. Bien évidemment, il se heurte aux flics qu'il ne supporte pas, et ne peut compter sur une aide de ce côté, alors qu'il enquête sur le meurtre d'une lycéenne dont on retrouve le cadavre dans son jardin dit "ouvrier". Mener une enquête en milieu lycéen tout en étant sourd relève tout de même d'un véritable tour de force, mais notre héros y parviendra en nouant de bonnes relations avec les élèves, certains enseignants et certaines secrétaires.

L'intérêt principal du roman réside - à mes yeux - dans cette mise en scène d'un lycée de banlieue offrant principalement des filières dites "technologiques", avec en élément complémentaire une comparaison avec l'autre lycée du coin, réduit quant à lui aux filières dites "professionnelles". L'auteur montre à plusieurs reprises la différence entre les deux publics lycéens, fréquentés pourtant tous deux par ce qu'il est convenu d'appeler "des jeunes de banlieue".
L'autre aspect faisant l'objet d'une analyse fouillée réside dans les relations charnelles (on ne peut guère parler de relations amoureuses) pratiquées par les lycéennes, la plupart se limitant aux copains de classe (grandes gueules mais timorés) mais certaines s'attaquant délibérément aux enseignants et animateurs qui ne refusent pas tous l'aubaine d'initier quelques tendrons.
Dernier aspect : la présence dans ce lycée d'un groupe de trois ou quatre enseignants issus de la mouvance soixante-huitarde maoïste, plus spécifiquement de la Gauche Prolétarienne (Cause du Peuple et NAP), que l'auteur ne porte visiblement pas dans son coeur. Ce sont eux qui se seraient institués les gardiens d'un hypothétique "trésor" qui aurait survécu à la dissolution de la GP... une thèse plutôt bizarre.

C'est certainement le tableau des moeurs lycéennes de banlieue dans les années 1990 qui constitue la meilleure motivation à lire ce roman... Certains parents y feront de grandes découvertes, à l'heure où éclatent un peu partout des "affaires" de moeurs mettant précisément en cause des adultes du milieu éducatif ne reculant pas devant des relations charnelles avec des mineures. Les journaleuses bavassent alors à qui mieux mieux, jouant les vierges effarouchées face à ces vilains satyres du sexe mâle donc obsédés, en oubliant de préciser par exemple que la majorité des lycéennes d'aujourd'hui revêt des tenues qu'une prostituée dans années soixante n'aurait pas oser endosser, que l'ensemble des jeunes d'aujourd'hui, filles comme garçons, consomment du film pornographique de la pire vulgarité avant même leur puberté, qu'Internet permet à n'importe quel individu d'accéder à des contenus qui ne peuvent que le pousser à passer aux actes, bref, que notre société est bien hypocrite en faisant semblant de s'offusquer alors qu'elle encourage ce type d'agissements... que certains hommes politiques de premier plan n'avaient pas désavoué en leur temps. (voir par exemple «Le Monde» du lundi 30 mai 2011, page 11 : «A Lyon, pour des jeunes, la banalité du viol collectif» (Patricia Jolly) ou encore le "rapport sur la sexualité des adolescents" remis au ministère de la santé le 16 février 2012, sans oublier les écrits immortels de Cohn-Bendit dans «Le Grand Bazar» paru chez Belfond en 1975, les déclarations complaisantes de Jack Lang au magazine Gay-Pied du 31 janvier 1991, et récemment, le juge qui ne trouva rien à redire aux agissements du duo Strauss-Kahn/Dodo-la-Saumure).

Ce roman se relit sans ennui. D'une certaine manière, il vient compléter le grand classique écrit par Thierry Jonquet "Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte".
Deux remarques subsidiaires : primo, les tartufferies des enseignants gauchistes sont bien rendues dans ces deux romans, secundo, Pouy met visiblement la même verve et la même faconde à défendre les délicatesses de la langue française que son copain Cavanna (cf «Mignonne, allons voir si la rose») : ça fait du bien au moral.
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Jean-Bernard Pouy, né en 1946 à Paris, est un écrivain de roman noir et un directeur de collections littéraires. Il est notamment le créateur du personnage du Poulpe, aux éditions Baleine dont il est un des fondateurs. Il participe aussi à l'émission Des Papous dans la tête sur France Culture. Si son premier roman est paru en 1983, La Belle de Fontenay date de 1992.
En 1991 (puisque la série Twin Peaks passe à la télé) en banlieue parisienne, Laura, une lycéenne de 17 ans, est trouvée morte dans la parcelle du jardin ouvrier occupée par Enric Jovilar, un vieil anarchiste retraité de la SNCF. D'abord soupçonné par la police - Laura venait souvent profiter du jardin – Enric est relâché. Il décide alors de mener sa propre enquête, en souvenir de la jeune fille mais aussi et surtout pour se retrouver lui-même, un baroud d'honneur, « la chasse à mon propre immobilisme, me remettre face aux raisons de mon malheur ».
L'idée originale de ce polar, c'est qu'Enric son héros narrateur, est un sourd-muet ! Une balle lui a traversé le crâne alors qu'il fuyait la guerre d'Espagne. Quant à la Belle de Fontenay, ce n'est pas Laura, mais la variété de pommes de terre qu'affectionne et cultive notre détective en herbe.
Un sourd-muet qui enquête, vous devinez que ça ne va pas être coton pour lui, obligé de recourir à l'écrit, sur des bouts de papier, des nappes de restaurant etc. pour poser ses questions et obtenir des réponses. du coup, le rythme s'en ressent, les investigations prennent leur temps mais le lecteur s'en fiche, il a bien compris que là n'est pas l'essentiel. Nous sommes dans un polar d'une autre époque, de ceux où l'atmosphère l'emporte sur l'histoire. Les jeunes générations risquent de n'en pas savourer les richesses, à savoir ces références au passé, politiques ou syndicales, les maos et les trotskystes, la mouvance soixante-huitarde, ainsi que l'esprit libertaire qui anime notre héros…
Le champ d'action du « détective » va se cantonner au lycée où étudiait Laura, ses professeurs, ses élèves, la belle y piochant ses amants dans l'un et l'autre camp, et le Mickey-bar, un vieux troquet à l'ancienne (genre c'était bien chez Laurette) où les gamins ont leurs habitudes – ce qui m'a rappelé de très bons souvenirs personnels, mais ceci est une autre histoire. J'ai dit que l'enquête prenait son temps, mais les cinquante dernières pages donnent un coup de fouet salutaire à l'intrigue.
Un polar rétro mais avec toute l'affection que je puisse donner à ce qualificatif, très bien écrit avec des mots d'argot qu'on ne connait plus (camtar, chaussettes à clous…) et dont je me suis régalé et amusé. Un de ces romans que je classerais volontiers aux côtés de ceux de Léo Mallet (1909-1996).
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
En sortant du café, j'ai dû traverser un attroupement déjà conséquent d'élèves joyeux, comme tout à coup débridés. Des calicots roulés autour de piquets, des badges sur les poitrines, des pancartes, des attitudes un peu malhabiles. Un départ de manif. Je connaissais ça par coeur. Je n'entendais pas les amorces de slogans déjà marmonnés par toute cette petite foule mais le bruissement général me faisait du bien, me procurait comme un plaisir oublié. Des jeunes qui vont au charbon, même s'ils ne savent pas trop quoi défendre, s'ils ont de bonnes bouilles, des visages qui espèrent, c'est toujours dangereux, c'est toujours des esprits prêts à aller de l'avant. Ils me font marrer ceux qui à coup sûr vont trouver qu'ils sont déphasés par rapport à... que ce sont des petits-bourgeois par rapport aux... qu'ils sont nantis en face de ceux qui... moi j'espère toujours que potentiellement, ils peuvent foutre un bordel d'enfer. Ce qui, a priori, me ravit.
(p. 58-59)
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Sans oreille, la langue en panne, je me suis trouvé bien dans tous ces petits mots, tous ces billets doux que j'ai griffonnés, dans ma vie, simplement pour me faire comprendre, acheter une bouteille de lait, ou demander un remboursement de Sécu, et, tiens, va, par gestes, amadouer un mec des Impôts. Et à force d'écrire, à force de chercher la formulation la plus précise, ou la plus vague, ou bien la plus drôle, je me suis acquis un style en béton chromé, et, hop, d'un coup je suis passé de la rampe d'essai de locos, ce n'est pas que la SNCF recrute systématiquement des handicapés, mais dans le hangar où je suis resté douze ans, valait mieux être sourd, à 'La Vie du Rail' où je réécrivais, en langage compréhensible, ce que les huiles de la Direction, parachutés direct de Polytechnique, voulaient bien pondre sur le monde complexe des cheminots. Il me suffisait généralement de mettre les verbes à la bonne place ou d'ajouter des adjectifs.
(p. 48-49)
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Il y en a qui lisent l'avenir dans les tarots, le marc de café, il y en a qui confortent leurs décisions en se tapant tous les jours l'horoscope du Parisien libéré, d'autres qui, pendant longtemps, ont ouvert leur petit livre rouge, moi, ce sont les gaufrettes.
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Non, ma haine la plus tenace, je la porte à mes collègues, à cet amalgame curieux que forme le corps enseignant, une troupe pathogène, où la moitié de l'effectif est proche de la démence, de l'abattement, où l'on baisse les bras en permanence, et quand on parvient, c'est souvent avec l'envie irrésistible de frapper. Des gens qui au nom de je ne sais quelle idéologie accusent une vieille collègue d'avoir mal agi, "quelque part", en dénonçant le beau père d'une fillette de onze ans, qui la sodomisant tous les jeudis à heure fixe, la prof s'en était aperçue parce que tous les vendredis matin la fillette ne pouvait pas s'assoir, et que c'était compliqué, car le beau-père etait africain, et bla bla bla..... Des gens qui se prévalent en grande partie d'un gauchisme militant quand ils étaient jeunes, alors qu'ils se comportent tous en reacs notoires, mais ça ne fait rien, la haine de l'ex maoïste est toujours virulente face à la hargne de l'ex trotskiste, les deux se retrouvent face à la rogne des ex staliniens. Ce genre de considération les empêche toujours de collaborer, généralement pour le bien des élèves, particulièrement pour leur bien à eux.
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Il fait frais, il y a encore, dans l'air, un peu de cette buée qui trouble les alentours et en gomme la netteté. Je distingue à peine la centrale électrique qui miroite, glacée, derrière la gare de triage. Le Plateau d'Itry, vert foncé, strié par les cités, ressemble à la silhouette usée, rabotée, d'une énorme scie égoïne.
Va faire de la belle poésie avec la banlieue au petit matin, tiens, bon courage.
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