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EAN : 9782818058510
464 pages
P.O.L. (17/08/2023)
3.64/5   555 notes
Résumé :
Berger dans le Haut-Jura, John, trentenaire et en couple avec Héloïse, passe cinq mois par an dans les alpages. Lorsqu'il apprend qu'Alexandre Perrin, un ami de lycée, vétérinaire et militant écologiste, a tué son voisin, un chasseur de 20 ans, il quitte son refuge et reprend contact avec Nadia, l'épouse d'Alexandre et ancienne camarade. Une complicité amoureuse s'installe entre John et Nadia.
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Critiques, Analyses et Avis (112) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 555 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 33 °°°

Julien, la quarantaine sans enfant, s'apprête à changer de vie, à quitter les estives du Haut-Jura où il exerce comme berger, pour partir avec sa compagne à la Réunion. Et puis, arrive le grain de sable qui fait tout dérailler, les mauvaises décisions qui s'en suivent, la « collision émotionnelle » qui dévaste : un vieux journal, un article sur Alexandre, un camarade de lycée incarcéré pour meurtre, la prise de contact avec son épouse, Nadia, dont il se rapproche dangereusement.

Aïe, je ne m'attendais pas à cette lecture-là, entamée très confiante, et que je referme très déçue. J'ai pourtant lu vaillamment jusqu'au bout, tout de même charmée par le cadre pastoral bien décrit. J'ai apprécié l'écriture fine et minutieuse de Pierric Bailly, au plus près de Julien, de ses émotions, de sa vulnérabilité. L'auteur pose un regard juste sur la fragilité d'une vie, sur une quête existentielle qui ne se révèle jamais à la hauteur de souvenirs puissants construits durant l'adolescence, mal digérés à l'âge adulte.

Pour le reste, c'est un roman où presque tout m'a manqué. A commencer par un personnage fort, marquant, vibrant, qu'on a envie de suivre. Julien est malheureusement d'une souveraine fadeur. Ce n'est pas que son indécision m'ait dérangée, ou son caractère influençable. C'est que je ne l'ai pas compris. L'auteur, pourtant, a semé des graines narratives qui auraient pu être très fructueuses, comme la fascination exercée par Alexandre le charismatique sur Julien le terne lorsqu'ils étaient au lycée ensemble.

Mais cette ambivalence entre amitié et jalouse n'est jamais vraiment creusée, ce qui fait qu'on ne comprend pas pourquoi Julien est à ce point fasciné par son camarade au point de l'imiter et peut-être de vouloir prendre sa place auprès de sa femme. L'ambiguïté d'un Alexandre, basculant dans une vie qui n'est pas la sienne en se entamant une relation amoureuse avec la femme de son ami, n'est jamais « dangereuse » pour le lecteur.

Au final, le roman est sans doute trop long pour supporter ce manque de tension narrative. Je me suis ennuyée, tout particulièrement à partir de la partie procès qui casse un rythme pourtant déjà très adagio. Les dernières pages, très délayées, sont bien bavardes pour des enjeux réels bien légers autour d'un anodin triangle amoureux.
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Cher John,
Je viens de te quitter et tu me manques déjà. Beaucoup.
Ces quelques jours passés avec toi ont été un pur ravissement.
Je t'ai rencontré là où je vais souvent, ce n'est pas si loin de la maison, à un quart d'heure à pied du col de la Faucille. Plus de trois cents moutons dans un Haut-Jura où on ne jure que par le Comté et le lait des vaches, c'est une vraie gageure.
Tu n'aime pas les « sacs à dos », ces randonneurs que tu ridiculises mais maintenant qu'on se connait un peu, tu m'acceptes, silencieux. Tes chiens de travail, Flash et Mistral, font le taf et tes deux patous « dévastateurs » (croqueurs de marmottes, ils font fuir aussi les chevreuils, mais ils sont là pour le lynx et aussi le loup) se confondent avec les moutons . Les lynx sont de plus en plus nombreux, mais on les voit si rarement. Avant de monter je suis passé à Athénas, juste avant Les Rousses, le centre de conservations des espèces en danger. Je suis tombé sur un grand mec prétentieux qui ne connaissait pas grand chose à cette montagne là, où les équilibres sont très subtils et où les patous foutent le bordel.
John et ta double licence, les moutous en estive l'été, le service dans un resto de Lelex l'hiver, et ton coup de main aux pisteurs.
J'ai adoré l'histoire que tu m'as racontée. J'ai fait comme le lynx, je l'ai dévorée par petits morceaux, en y revenant tous les soirs.
Ton vrai prénom, c'est Julien. Ton grand-père John t'a tout appris. Alors à sa mort le « petit John » et devenu John.
Depuis dix ans, tu as une copine dans la vallée. Héloïse et toi habitent un bel appartement à Bellegarde mais, dans trois mois, vous larguez tout pour aller vous installer à La Réunion.
L'histoire que tu vas me raconter avec ce formidable humour décalé, cette tendresse que tu sais si bien cacher, cette verve pure et intelligente, cette histoire donc est celle d'un fait divers qui aurait pu t'échapper :
Ton ancien pote d'internat, Alexandre, est en détention à Villefranche S/S pour avoir tué un jeune homme avec une planche de bois. C'est ce que tu as lu dans un vieux Progrès .
Peut-être que tout aurait été différent si tu l'avais fait flamber pour allumer ton poêle. Mais bon, ça ne s'est pas passé comme ça et un SMS (envoyé avec ton vieux téléphone à clapet) va faire basculer ta vie.
Les moutons sont tranquilles, tu montes vite fait un parc provisoire, et je t'accompagne jusqu'au sommet du Reculet où tu vas me déballer toute l'histoire.
A travers toi, je vais rencontrer Alexandre devenu véto végan, grand défenseur des oiseaux; Nadia, son épouse, qui a rejoint sa mère en Suisse ( c'est à quelques encablures d'ici) avec ses deux enfants en bas âge; ton groupe de copines de lycée, folles-dingues mais tellement vivantes.
Car pour bien comprendre ce qui va se passer, il faut que tu évoques ce qui s'est déroulé entre ta terminale à Lons-le-Saunier et ton arrivée dans les pâturages du Haut-Jura.
Et tu as ce talent insensé de dire simplement les choses les plus compliquées, de décrire si justement ton processus de pensée et l'évolution de ta personnalité, qui vaut pour toi mais qui a une petite résonance universelle.
Et ces scènes si savoureuses au TGI de Lyon (les fameuses vingt-quatre colonnes), ta description du plafond du tribunal ! Et toutes ces rencontres dans le bois du Risous…hilarantes, captivantes.
Et puis surtout, tu ne te la pètes pas. Mine de rien tu brasses des thématiques profondes et complexes (Nature/Culture, Amour/Passion), en toute modestie, sans faire de leçons à qui que ce soit (sauf aux randonneurs dont je fais partie…!), tu évoques Nietzsche dans un grand éclat de rire. J'adore.
J'aimerais t'avoir comme ami, mon Cher John.

Coup de foudre pour ce roman génial de Pierric Bailly. Boum.


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Voici un livre qui , s'il suscite bien des avis divergents , ne peut laisser personne indifférent .Vous trouverez en moi un ardent défenseur de ce genre littéraire qui place l'action dans un cadre bien défini , ici la magnifique région du Jura , dans un espace temps bien précis , ici une page dans la vie du jeune Julien , alias " John ", et dans la vie des personnages satellites qui prendront part à l'évolution du personnage principal .
Du Julien du début au Julien de la fin , on est surpris par le contenu de l'entre deux .Oui , cela a été dit à propos des oeuvres du merveilleux ( c'est mon avis ) , Nicolas Mathieu .
Le village , le présent , le passé , ses joies , ses drames , les hypocrisies , les mensonges , les interrogations , les tromperies , l'amour , les activités , les regards bienveillants ou pas ,bref , tous les ingrédients qui jonchent le tracé de vies qui pourraient être les nôtres .
Et que dire de ces superbes moments de silence et de méditation dans le merveilleux décor naturel que nous offre Pierric Bailly.
C'est un roman exigeant . J'entends par là que , plongés dans l'âme même du personnage , on évolue sans cesse entre l'approbation ou le rejet des décisions prises par ce héros dont la principale qualité est de ne pas en être un . Un homme .C'est tout . Désagréable ou agréable ,sympathique ou irritant , peu importe , ce qui compte ce sont ses décisions .Un homme , quoi .
Et c'est bien là que surgit l'exigence qui nous arrête , nous oblige à revenir en arrière pour comprendre ce qui a provoqué tel ou tel résultat ...
C'est un récit qui ne se "déroule" pas sous mes yeux mais m'oblige à " m'impliquer ".
Oui , le style est empreint d'une certaine lenteur tant tous les mots , les phrases , brèves ou complexes , ont leur importance , au service d'un esprit particulièrement perturbé par des évènements plus ou moins graves .
Lire ce récit à toute vitesse ne peut que faciliter l'incompréhension et l'ennui , voire l'abandon .
Pour moi , c'est un roman intimiste trés bien écrit , trés prenant qui m'a séduit .
je comprends tout à fait que les avis puissent être partagés , certains trés sévères , je ne chercherai pas à vous "imposer " , par mes propos favorables , la lecture de ce roman mais je ne peux pas cacher le plaisir qui m'a envahi en tournant les pages .
Ce roman est candidat à plusieurs prix prestigieux , ce n'est sans doute pas un hasard .
Je ne vous ai rien dit de l'histoire ? Mince , j'ai oublié mais pas envie de vous ennuyer plus longtemps , vous avez la quatrième ....(Allez , c'est pour rire , la quatrième , elle n'est pas bavarde non plus).Je vous l'ai dit , c'est un bouquin où le lecteur doit s'investir ... Et ça rigole pas souvent , qu'on se le dise .
allez , bonne lecture (celle -ci ou une autre ) et à une prochaine fois chers amis et amies ..
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Julien, que l'on surnomme John comme son grand-père, est berger dans les montagnes du Jura durant le temps de l'estive. le reste du temps, il fait des petits boulots sans trop savoir quoi faire de sa vie. Il n'est pas bavard, c'est un contemplatif qui se plait en compagnie des bêtes.

« Je peux partir assez loin, comme ça. Je reste conscient de mon environnement, attentifs aux mouvements du troupeau, au comportement des brebis et des béliers, aux élans protecteurs des patous avec les randonneurs, le tout bercé par le son des clochettes. Je peux passer des heures à ne pas bouger, même par mauvais temps, planqué sous mon grand parapluie, le cul posé sur un sac poubelle, les chaussures et le pantalon trempés et l'esprit qui vagabonde. »

Un soir dans le chalet d'alpage, alors qu'il s'occupe en lisant les articles des vieux journaux entassés pour allumer le poêle, voilà qu'il tombe sur un fait divers dont le coupable n'est autre que Alexandre, son ancien copain de lycée.

« Non, vraiment, je n'y crois pas, je n'ai aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un homonyme. Alexandre Perin, c'est tout de même très commun. Et puis, ce genre d'histoire ne lui ressemble pas du tout. »

Cette histoire va le bousculer malgré lui et avoir des répercutions énormes dans sa vie. Mais julien est un taiseux, comme ces ancêtres montagnards, et il a du mal à parler de ce qui l'obsède, veut en savoir plus et, à l'insu de sa copine, prend contact avec la femme d'Alexandre. Nadia est une jeune mère en dépression depuis l'incarcération de son mari.
La vie de Julien semblait toute tracée avec Héloïse. Ils envisageaient de s'installer sur l'île de la Réunion, y élever des brebis et, ensuite, avoir un enfant.
Mais Julien ne sait pas vivre en suivant la norme, il a besoin de moments de solitude dans ses alpages et la vie lointaine que lui fait miroiter Héloïse l'effraie sans qu'il n'ose en parler.
Pleine de ces non-dits, ces hésitations, la vie de Julien vacille, il s'isole dans un chemin étroit et sans avenir. Il passe beaucoup de temps aux évocations d'Alexandre qui a marqué sa jeunesse, Alexandre, ce garçon singulier et charismatique, soucieux du bien-être animal et végétarien.

Ces retours dans le passé et les pensées intimes de Julien teintent de mélancolie ce roman qui déroule lentement une intrigue un tantinet tortueuse et sans grands rebondissements. C'est la vie qui va, avec son quotidien et ses petites misères. On peut se laisser bercer par ce roman touffu avec ses évocations d'une jeunesse envolée, les hésitations d'une vie et ses renoncements, on peut aussi s'ennuyer dans ce récit de presque rien.
Je dois avouer que, pour ma part, le charme n'a opéré qu'à moitié. J'ai aimé le début avec sa montagne et ce berger, jeune mais déjà retranché du monde trépidant des vallées et qui préfère la compagnie de ses chiens à celle de ces touristes trop curieux. Et puis ses amours compliquées, ses tergiversations ont eu raison de moi et j'ai poursuivi ma lecture avec moins de plaisir.
Dans les dernières pages, on retrouve le troupeau de brebis dans les alpages du Jura et la boucle est bouclée.
Lecture mitigée de ce roman de 450 pages qui m'a semblé parfois longuet.



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John a choisi d'être berger. La montagne est son domaine, Il se complait dans la solitude, malheureusement interrompue régulièrement par les hordes de randonneurs qui le ciblent dans leur viseur, l'immortalisant dans leurs souvenirs numériques bucoliques. Il les hait ceux là.

Dans cette routine paisible, un titre de l'actualité va bouleverser son quotidien. Un homme est accusé de meurtre à coup de planche. Or ils ont tous les deux partagé le même dortoir dans leur pensionnat. Leur relation a été complexe, fait d'amitié puis de conflit. Il est en prison. John se rapproche de Nadia, l'épouse de l'assassin…

Pierric Bailly dépeint avec beaucoup d'habileté la complexité des liens qui unit les personnages. Une complexité née du temps qui s'est écoulé depuis leur jeunesse étudiante, mais aussi de l'ambivalence des sentiments que ressentait Olivier pour Alexandre, attraction, jalousie, répulsion voire haine…lorsque l'amour s'en même, la situation devient inextricable.

Au son des clarines et dans cette nature aussi grandiose que menacée, ce roman met en scène une galerie de personnages à la fois originaux et ordinaires. Il nous offre une réflexion profonde sur ce qui constitue le lien social, dont la fragilité est une porte d'entrée où s'engouffrent les malentendus.

L'écriture est simple, elle reproduit le fil des pensées du narrateur, flot ininterrompu de sentiments divers, ce qui rend la lecture facile et aussi nous attache au personnage.

Roman passionnant et inoubliable, qui confirme le talent de cet auteur, fortement pressenti avec le roman de Jim.

464 pages POL 17 août 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (8)
OuestFrance
12 décembre 2023
Dans « La Foudre », Pierric Bailly met de nouveau son talent au service des sujets qui le hantent : la nature jurassienne, l’imposture, la vie en marge de gens simples. Un roman d’amour orageux.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
OuestFrance
08 décembre 2023
« La Foudre » raconte les tourments d’un homme qui s’éprend de la femme d’un ami de jeunesse, emprisonné pour meurtre. Avec en toile de fond les paysages du Jura.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaPresse
27 novembre 2023
Une histoire qui se lit comme un chapitre dans la vie d’un être en quête de passion, qui finira par retrouver ce qu’il aime profondément.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
22 novembre 2023
Avec ce septième roman, l’écrivain jurassien compose une grande histoire d’amour et d’émancipation sur fond d’une somptueuse ode à la nature.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
11 septembre 2023
Pierric Bailly livre avec "La Foudre", son septième roman, un page-turner intimiste très réussi.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
08 septembre 2023
En interrogeant ce qu’il reste de jeunesse chez ses personnages, Pierric Bailly s’affranchit de tous ses modèles pour écrire un roman maîtrisé sur le désordre amoureux. Un roman de la maturité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
06 septembre 2023
Quel bonheur de retrouver dans « La Foudre » l’écriture directe, intense, jamais clinquante de cet auteur à part, et sa capacité à donner chair et âme à ses personnages. Julien, Alexandre, Nadia, Héloïse… On vit parmi eux pendant 450 pages.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LesInrocks
25 août 2023
L’auteur du “Roman de Jim” signe un texte poignant qui met en scène un narrateur malheureux, pour toujours inadapté.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (73) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis vite rendu compte que je préférais être seul, que ça ne me dérangeait pas, et même que j'aimais ça. C'était une authentique découverte, oui, je ne pensais pas être à ce point fait pour la solitude. Le plus dur a été de l'assumer, de le faire comprendre aux autres, aux amis et à la famille, qui me promettaient de revenir dès que possible, qui ne me laissaient même pas le choix, comme s'ils me rendaient service, comme s'ils me faisaient une fleur.Comme si j'en avais besoin, parce que c'était invraisemblable, pour eux, de ne voir personne pendant plusieurs jours d'affilée, c'était forcément un problème, c'était triste. L'idée de la solitude pour eux-mêmes les angoissait tellement qu'ils ne pouvaient pas imaginer que pour d'autres elle soit libératrice.

( p.185)
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C'est ça la bascule de la quarantaine. La période de l'enfance et de l'adolescence qui s'amenuise. Non seulement on s'en éloigne, mais au regard de tout ce qu'on a vécu ensuite, l'enfance et l'adolescence paraissent de plus en plus concises. Ça reste des moments fondateurs mais des moments qui n'ont pas duré aussi longtemps qu'on le pensait.
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Ce n'est pas la première fois que je vis ça
Au début de mon histoire avec Héloïse, justement, chaque lieu me renvoyait aux histoires de mon grand-père, aux souvenirs de sa jeunesse à lui avec son père éleveur, au travail qui à cette époque était d'une dureté inimaginable et à mes ancêtres dont je me suis toujours figuré le profil sec et rugueux taillé à la hachette dans une bille non pas d'épicéa ou de sapin mais de chêne ou de hêtre, un bois coriace.
Et puis le présent s'est imposé, ce qu'on partageait avec Héloïse a recouvert les images sépia et les grognements du vieux John.Et le phénomène se reproduit aujourd'hui avec Nadia. Après quelques sorties, d'autres repères et d'autres habitudes s'installent, une autre relation avec la montagne se développe. Comme quoi il n'est peut-être pas nécessaire de faire le tour du monde, puisque c'est à chaque fois une nouvelle histoire qui s'invente.


( p.359)
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Ces derniers instants sont particuliers, et j'ai toujours peur qu'Anne-Marie m'appelle pour avancer la date de la descente.Je sais que tout va bientôt s'arrêter, du jour au lendemain, tous les rituels, toutes les saveurs qui sont mon quotidien depuis quatre mois.Je sais que je vais devoir abandonner mes gros édredons en plume et la cuisinière à bois, que je vais devoir faire sans la fraîcheur et la brume du matin (...)
Sans ces bon dieu d'orages que j'aime tant, ces orages tonitruants du Haut- Jura qui finiront par avoir ma peau à en croire certains.Sans le calme, sans la solitude, la tranquillité, la douceur de l'air, évidemment, sans ces moments de relâche à rêvasser face à la forêt (...)
Sans le silence à la tombée de la nuit quand je me pose devant le chalet avec ma soupe chaude au son des cris des rapaces nocturnes (...)
J'essaie d'en profiter jusqu'au bout, je passe plus de temps que d'habitude au milieu des bêtes, je leur cause, je les tapote, je les caresse (...)
Je sais qu'elles vont me manquer, beaucoup, et peut-être que moi aussi je leur manquerai. Peut-être qu'elles auront du mal elles aussi les premiers temps à faire sans ma voix, sans mes cris, sans mes grognements hérités du vieux John (...) (** son grand-père)


( p.86)
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Car j'ai toujours un temps de retard sur l'actualité, un temps relativement important, six, huit, dix mois. Jusqu'ici ce décalage ne me gênait pas, je pourrais même dire qu'il m'allait bien, comme si, du fait de mon isolement, les informations mettaient plus de temps à me parvenir.
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