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Berthe Vulliemin (Traducteur)
EAN : 9782253005216
695 pages
Le Livre de Poche (01/05/1974)
4.1/5   205 notes
Résumé :
Nous sommes à Ranchipur, État semi-indépendant des Indes à l’époque de l’Empire britannique. Autour de ses dirigeants locaux, toute une galerie de personnages se croise et s’agite.

Certains sont des excentriques comme Thomas Ransome qui noie ses souvenirs dans l’alcool ou le riche Lord Esketh et son épouse la belle Edwina, d’autres sont émouvants tels les filles d’un couple de missionnaires protestants rigoureux et leurs voisins Mr. et Mrs. Smiley. Le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Les Belles Lettres -on se saurait mieux dire- rééditent "La Mousson", roman sans doute surtout connu pour les films qu'il inspira. Et pour cause! Ce roman à l'ancienne a le même génie que les films en technicolor, bigger than life, de l"âge d'or d'Hollywood. Les Indes mystérieuses, l'Europe décadente, les hommes virils, les garces "Put the blame on Mam'", la catastrophe qui permet à Dieu de sonder les reins et les coeurs et d'apporter rédemption et/ ou châtiment... Dans ces 650 pages bien tassées, il ne manque rien d'une certaine idéologie américaine dont la simplicité n'est pas sans mérite. En gros: "Quand on veut, on peut; bougez-vous les fesses et les lendemains chanteront." Inutile de préciser qu'il ne fait pas bon se laisser aller à un moment de faiblesse. Entre "Rule Britannia" et fatalisme oriental, il vous faut éviter de perdre vos nerfs, surtout si vous êtes ménopausée, et quand bien même votre famille vient de se faire engloutir par plusieurs millions de mètres cubes d'eau.
Et pourtant, le grand mérite de ce roman est de parvenir à jouer sur une double partition: à la fois la fresque épique exaltant l'héroïsme et le progrès avec narrateur en surplomb érigé en juge suprême et le roman choral qui s'attache à chaque personnage et lui donne sa chance et évitant on ne sait trop comment le manichéisme... Même la mondaine Mrs Simon nous émeut, soudain seule et âgée; même l'incompétente Miss Hodge finit par trouver grâce tandis que l'impeccable tante Phoebe prend goût à la fréquentation du pouvoir. Les héros ne sont pas sans faille, les faibles nous rappellent que c'est l'humanité que nous partageons avec eux qui les rend si exaspérants.
Lisez Bromfield, avec "La Mousson", il vous dira que la catastrophe peut régénérer le monde... et puisque l'apocalypse semble certaine, quel autre discours avons-nous envie d'entendre en ce moment?
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Les Indes sont alors dominées par l'Empire britannique. Un maharajah et une maharani règnent sur Ranchipur. Thomas Ransome, qui a atterri là on ne sait trop comment, observe la petite communauté européenne. La situation se fendille à l'arrivée de Lord et Lady Esketh, Edwina étant une ancienne maîtresse de Thomas.
L'arrivée de la mousson ravage tout sur son passage, révélant chaque personnage, bien au-delà de la présentation qui en avait été faite au début du livre.
L'auteur prend le temps de décrire les personnages, Thomas et Edwina sont cyniques et désabusés, mais ils vont se transformer. Les nombreux autres personnages se débrouillent comme ils peuvent, mais pour beaucoup, la catastrophe les change à tout jamais.
Un roman plein d'émotion que je recommande.
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Le livre n'avait rien pour lui au départ: une édition de 1962, pages jaunies, toute petite écriture sur plus de 600 pages...
Roman peu connu, j'ai découvert La mousson de Louis Bromfield un peu par hasard...et quel heureux hasard!
Nous plongeons dans les Indes britanniques de l'entre deux guerres. La société de la petite ville de Ranchipur est dans l'attente de ce qui apparaît à la fois comme une menace et une délivrance, la saison des pluies, la mousson. Celle-ci se déclenche enfin, et amène avec elle le chaos et la maladie. Mais au delà de cela, comme à chaque fois, elle permettra également une renaissance: la ville renaîtra de ses cendres, le peuple se relèvera, caractères et personnalités se révéleront.
Louis Bromfield réussit avec un grand talent à nous transporter dans ces Indes où se côtoient à la fois l'absurde, le tragique et le comique. Il dépeint avec brillo cette société de l'époque, prenant soin de donner chaque fois le détail qui nous permettra de cerner la particularité de chaque personnage. Il décrit aussi parfaitement l'atmosphère qui y règne: on a le sentiment de faire partie de cette société, de connaitre cette même moiteur sur la peau, cette même sensation d'étouffement particulière en cette saison.
C'est enfin un roman de l'espoir, à la lecture duquel on se rend compte que l'homme n'est jamais dans une situation désespérée, que peut importe l'ampleur du désastre, interne ou extérieur, on peut toujours trouver de la ressource en soi pour mieux repartir.
En résumé, ce roman avait tout pour me plaire et il a réussit à me conquérir: un cadre grandiose, des personnages riches en couleur, une histoire simple mais porteuse d'espoir, une écriture parfaite...
Je n'ai plus qu'à espérer que vous le lirez, l'aimerez et en parlerez autour de vous car il gagne à être connu.
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A l'ombre bienfaisante des banians et dans la poussière rouge du sol poussiéreux l'état imaginaire du Ranchipur dans l'Empire britannique des Indes se révèle sous nos yeux.
Une principauté cherchant à se moderniser où se côtoient expatriés britanniques et américains – businessmen, missionnaires et ce que l'on nommerait aujourd'hui humanitaires - et un monde indien dans la multiplicité de ses castes et de ses origines.
Longue présentation de plus de 200 pages où une communauté, entre invitations à des thés et intrigues, tue le temps. A l'exception de quelques personnages impliqués dans le vaste projet éducatif et hygiéniste, l'ennui est patent. L'alcool coule lui aussi à flots dans les veines de la colonie étrangère.
Parmi la bonne vingtaine de personnages emblématiques, s'il fallait en retenir deux, ce serait Thomas Ransome noble britannique désabusé, traînant son mal qui le consume avec un reste de panache et d'insouciance et Lady Edwina Esketh une vulgaire roturière mariée à un riche homme d'affaires. Mais l'essentiel n'est pas là. Les Hindous sont eux, au mieux, des figures hiératiques pas vraiment habitées, perçues via un regard extérieur bienveillant.
Brusquement un soir alors que les trombes d'eau de la mousson se déversent, un tremblement de terre suivi d'une inondation due à la rupture d'un barrage submerge la ville semant morts, destructions et épidémies.
En 1936, l'état est isolé et les premiers jours sont éprouvants.
L' enchaînement de catastrophes est révélatrice pour chacun, les enfermant toujours plus dans leur folie ou leur égoïsme ou au contraire en faisant émerger un courage enfoui jusqu'ici sous le désenchantement.
Le roman a vieilli. Si l'action est concentrée en peu de jours, la trame romanesque en revanche s'étire très longuement. Elle est prévisible, les revirements téléphonés et l'auteur est englué dans certaines certitudes péremptoires de son époque...Peut-on lui reprocher ? Il souhaite mettre en avant un peuple dont une minorité est éclairée allant au-delà l'emprise de la superstition et de l'abattement. La critique sociale est à l'oeuvre et, rendons-lui ce qui a probablement fait son succès, la magie de la restitution historique qui fonctionne bien.
Une parenthèse entre deux couchers de soleil apaisants ouvrant et clôturant ce roman au doux parfum d'un exotisme suranné.
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(Suite)

Principal héros et observateur : Thomas Ransome, fils cadet d'un comte britannique et d'une héritière américaine, qui endort son désenchantement et son cynisme dans l'abrutissement de l'alcool. Après une jeunesse où il a brûlé la chandelle par les deux bouts, il a atterri à Ranchipur où il s'est fixé parce que tout, dans ces Indes immémoriales, le fascine. Depuis lors, il alimente par sa présence et son passé, supposé ou réel, les fantasmes de la petite communauté américano-britannique du coin.
A la tête de la communauté en question, Mr et Mrs Simon, des missionnaires protestants expédiés à Ranchipur pour y accomplir tout le bien possible mais qui y ont évidemment amené ces a-priori bizarres et incompréhensibles pour le commun des Européens que les Etats-Unis ont toujours nourris envers tout ce qui n'est pas américain à 100%. Dans le couple, c'est la blonde Mrs Simon, ancienne "belle" sur le retour, qui dirige, d'une main d'acier, non seulement sa marionnette d'époux mais aussi ses deux filles, Hazel l'Effacée et Fern la Rebelle. Outre ses obligations de tyran familial, Mrs Simon consacre son temps à cancaner avec Lily Hoggett-Eggbury, l'épouse de l'Administrateur britannique du coin (lequel Administrateur a préféré se réfugier à Calcutta, loin de l'incroyable vulgarité de sa femme) et à rédiger les textes de nombreuses lettres, toutes destinées à perdre définitivement ses voisins, Mr et Mrs Smiley – autre ménage de missionnaires mais présenté, celui-là, par Bromfield comme la parfaite antithèse des Simon – dans l'esprit des responsables fédéraux de la Mission Evangélique.
L'un des grands rêves de Mrs Simon – pour ne pas dire son fantasme le plus acharné – est de voir Tom Ransome – un aristocrate anglais, tout de même ! – assister à l'une des petites parties qu'elle donne régulièrement. Et voilà que, alors que les pluies commencent à peine, le miracle se produit : poussé par l'ennui, Ransome y fait une brève apparition. Juste le temps pour lui de nouer une relation amusée et un peu paternelle avec la jeune Fern, en qui il sera assez surpris de découvrir par la suite un point de stabilité qui lui deviendra vite indispensable.
Mais n'anticipons pas …
Dans le même temps, débarquent à Ranchipur lord et lady Esketh. le premier est un nouveau riche absolument infect même si, selon la formule consacrée, il s'est fait tout seul. Grand amateur de chevaux de race, il vient acquérir deux étalons de grand prix auprès du Maharadjah. La seconde est, tout comme Ransome avec qui elle eut jadis une liaison, un pur produit de l'authentique aristocratie anglaise. Et, toujours comme Ransome, elle traîne un fantôme d'existence, à la seule différence que, pour elle, le sexe y remplace l'alcool.
Mais les pluies s'abattent et tout se met à bouillonner. Lord Esketh tombe malade. On appelle à son chevet le major Safti, médecin et chirurgien du lieu, qui diagnostique un cas de peste, probablement contractée dans les écuries du Maharadjah où deux palefreniers sont déjà morts. Plus préoccupée du physique du séduisant major que du décès imminent de son époux – qui a tout fait, il est vrai, pour qu'elle en vienne à le haïr – Edwina Esketh songe déjà au moyen de demeurer à Ranchipur un peu plus longtemps.
A l'extérieur, la catastrophe déborde. En quelques heures, tout ou presque est submergé et les destins se dénouent. Celui de Miss Dirks, l'une des deux institutrices de Ranchipur, qui préfère la noyade aux souffrances que commence à lui imposer le cancer de l'utérus dont elle souffre. Par contre coup, celui de son amie, Miss Hodge, avec laquelle elle vivait depuis près de trente ans et qui, incapable de supporter la réalité de la disparition de sa compagne, sombrera dans une folie douce. Celui de Mr et Mrs Jobnekar qui avaient consacré toute leur vie à la réhabilitation des Intouchables et que le flot engloutit avec leur maison. Celui de Harry Loder, militaire britannique et prétendant aussi brutal que malheureux à la main de Fern : personnage somme toute assez antipathique, il se proposera néanmoins pour faire sauter la barrière de cadavre qui empêchait les eaux de redescendre et y perdra la vie. Et bien d'autres encore …
Car « La Mousson », c'est aussi un roman sur la renaissance morale d'individus qui, jusque là, s'étaient comportés soit en parfait égoïstes, soit en fripouilles absolues. Certes, les personnages y sont parfois crayonnés de façon un peu trop manichéenne, voire caricaturale mais, pour une raison ou pour une autre, ils n'en tiennent pas moins bien la route même si l'ensemble a vieilli. On peut regretter également les longueurs inévitables à ce genre de romans. Toutefois, si vous n'avez rien à vous mettre sous la dent et si vous aimez les analyses minutieuses des petites communautés, que celles-ci soient indiennes, américaines, européennes ou marsiennes, allez-y de confiance. « La Mousson » n'est pas ce que l'on nomme de « la grande littérature » mais c'est un livre qui a le mérite d'avoir été écrit par quelqu'un de sincère et, tout compte fait, son ingénuité présente quelque chose de rafraîchissant. ;o)
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
A cette époque, elle avait la même beauté de porcelaine blanche et or, mais elle était vivante, d'une sorte de vie violente passionnée, comme si elle sentait que le temps lui manquerait pour embrasser toute l'exaltation, l'aventure, l'amour, que contenait l'existence.
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Il semblait, en quelque sorte, que tous ces morts fussent là, dans la grande et fraîche cuisine de Smiley, même quand le petit groupe discuta avec enthousiasme les plans de la ville nouvelle et que l'ancienne flamme reparut pendant une seconde dans les yeux du major. Ils seraient toujours là; ils ajoutaient au changement. Mais chaque semaine, chaque mois, chaque année, leur présence perdrait un peu de sa réalité, car, ainsi que disait tante Phoebe, les morts étaient partis, et les vivants disposaient de si peu de temps qu'ils avaient bien trop à faire pour s'attrister sur eux.
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Et soudain, comme Harry Bauer, dans ses vêtements souillés, secoué de hoquets douloureux, cessait de vomir et s'appuyait à lui, Ransome se vit lui-même avec une lucidité sans précédent, et son esprit se détourna, révolté par le spectacle de son inutilité, de son égoïsme, de son impuissance. Il comprit alors ce qu'il devait faire : se détruire lui-même avec tout son passé, ses doutes, ses hésitations, ses pensées brumeuses et vaines qui le paralysaient depuis sa naissance. Il devait anéantir ce Tom Ransome, l'annihiler, écraser son moi avec l'argile rouge de Ranchipur. Il fallait mettre en pièces, humilier ce penseur embrouillé, ce libéral don quichottesque, ce raisonneur égocentrique. Dans le monde où il se trouvait, comme dans celui qu'il avait quitté, il n'y avait pas de place pour des Tom Ransome. Une once d'action valait une tonne de réflexion. La philosophie était un luxe pour les faibles, et le détachement le vice des paresseux. Il devait se libérer de tout cela, redevenir enfin simple, aussi nu que le domestique de Mr Bannerje debout sur le balcon dans la lumière crépusculaire, contemplant les runes de Ranchipur.
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Les Hindous sont la plus belle, la plus fine des races, songea de nouveau Miss Mac Daid. Lorsqu'on avait vécu longtemps aux Indes, les plus remarquables visages d'Occident apparaissaient comme des puddings anémiés et désossés.
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Elle n'était pas jolie, mais son visage agréable avait ce rayonnement que l'on trouve chez les gens bons et simples....C'était autre chose que vous trouviez en elle, quelque chose situé au delà de la beauté, que vous ne pouviez définir mais qui vous forçait à la remarquer et à vous dire -Voilà une femme comme il n'y en a pas beaucoup.- Au dessus des désillusions, des désappointements, des trahisons, de la mesquinerie environnante elle se dressait toujours allègre, toujours plaisante, répétant -Ainsi va la vie!-......de sa présence émanait une force.
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