Des coups de coeur livresques, j'en ai déjà eu. Des pages me faisant ressentir sécurité et confort, j'en ai déjà feuilletée. Mais un roman me bouleversant comme «
Le Choeur Singulier de Milly Davis » a su le faire ? Là, je dois admettre que je n'ai pas beaucoup de comparaisons. Pourtant, je savais avant même d'attaquer l'ouvrage que celui-ci serait une ode à la singularité ; je m'attendais à être interpellée, saisie par ce message adressé à toutes les personnes introverties et hypersensibles. Mais même en me préparant mentalement, j'ai était touchée en plein coeur.
«
Le Choeur Singulier de Milly Davis » est une bulle de douceur, un moment de pause dans sa journée, où les problèmes et les empressements se figent. Nous y suivons Milly, une jeune femme singulière ayant publié le premier tome d'une grande saga historique familiale, « Les espérances des femmes Templetons ». Celui-ci a connu un succès mondial ; toutefois, malgré cette réussite, quelques chroniqueurs ont relevé des anachronismes. Milly décide donc de s'inscrire en fac d'histoire afin de faire face à ses détracteurs lors de la rédaction de son prochain roman. Là, entre deux rayons d'ouvrages poussiéreux, elle se rapprochera de son enseignant d'archivistiques, le professeur Burton...
Le roman est découpé en plusieurs fragments ; en dehors de la vie de Milly, nous avons également ses échanges épistolaires avec sa meilleure amie, Lyrah. Nous avons aussi des extraits de son journal d'écriture, nous faisant suivre l'évolution de son roman. Enfin, nous avons également de nombreux passages avec le club d'activistes vegan de la grand-mère de Milly, Maggie, qui m'a fait rire aux larmes.
L'ouvrage est une déclaration d'amour à l'écriture, aux édifices et ouvrages anciens, à l'odeur de papier et de cuir usé, et aux paysages écossais. Les références aux classiques de la littérature anglaise m'ont fait sourire à plusieurs reprises (je songe, notamment, à l'extrait du journal d'écriture où Isadorah est en pensionnat pour jeunes filles. Les clins d'oeil à « Jane Eyre » sont très nombreux.). Pour moi, ce roman est vraiment comme une tasse de thé chaud en plein hiver : il vous apporte la même sensation de confort et de bien-être.
Si l'histoire m'a bouleversé, ce n'est pas à cause de la singularité de Milly. Celle-ci m'a touché et attendrie, mais je m'y était préparée. Non, ce qui m'a surprise, c'est l'incroyable tendresse et complicité ressortant de la relation entre Milly et sa grand-mère. Maggie a pris soin d'elle depuis le plus jeune âge, lui a fait découvrir l'univers de la papeterie et est autant un membre de sa famille que sa plus vieille amie. Ça a été comme un uppercut violent me rappelant ma propre grand-mère, décédée il y a maintenant six ans, qui a été pour moi une seconde mère, et ma plus grande confidente. Ma mamie qui m'a fait découvrir les bibliothèques plutôt que de m'emmener au parc, à moi qui n'ai su calmer mes angoisses d'enfance que dans des livres. Il est difficile de rédiger une review objective d'un roman qui a su me toucher à un tel niveau personnel. Et je pense que cette anecdote privé permet de mettre en lumière le point fort de l'ouvrage : il met le doigt sur une sensibilité profonde chez les individus, en particulier chez ceux qui ont tant de difficulté à s'extraire du silence.
C'est une lecture qui bouleverse, qui fait verser des larmes, mais pas de tristesse. Des larmes de douceur, de mélancolie, accompagnée d'une écriture appelant à la bienveillance et à l'amour de soi. Je remercie vraiment l'autrice ainsi que les éditions Hurlevent pour cette magnifique échappée et cet immense travail d'édition, que je vous invite vivement à soutenir.