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EAN : 9782268107684
204 pages
Les Editions du Rocher (31/08/2022)
2.96/5   13 notes
Résumé :
Qui était John-Antoine Nau, lauréat en 1903 du premier prix Goncourt ? Un aventurier comme il n'en existe plus, autant chez lui à San Francisco qu'en Martinique.

Un poète féru de liberté et ivre d'indépendance. Un romancier-horticulteur qui ne daigne pas aller chercher sa récompense pour Force ennemie, le manuscrit primé publié à compte d'auteur.

Anti-Goncourt par excellence, il abhorre les cénacles de littérateurs qui, sans cesse, comp... >Voir plus
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En décembre 1903, le Prix Goncourt, tout juste créé, fut attribué à Eugène Léon Édouard Torquet, dit John-Antoine Nau, pour son roman Force ennemie.

Qui est cet auteur ?
Quel est son oeuvre ?
Quelle a été sa vie, son milieu, son ambition ?

Cédric Meletta apporte, à petites touches, des éléments de réponse en décrivant la semaine de Noël que le lauréat passe à Saint-Tropez chez le peintre Paul Signac. C'est là qu'il apprend la nouvelle qui le laisse doublement indifférent, car il méprise les prix et sa préoccupation immédiate est de réussir le réveillon ou plutôt la série de gueuletons que les artistes et leurs muses préparent.

John-Antoine, Gino pour les intimes et les tropéziens, a concédé à son frère la liberté de l'inscrire à ce prix, mais il n'attache aucune importance à ce hochet, écarte les journalistes et envoie son frère récupérer le prix. Il explique brièvement sa position en échangeant avec ses amis, un verre à la main, il n'est ni un résultat, ni un produit « empaqueté pour un public d'acheteurs ! Juste un livre d'étrennes. Des livres, des traines. Pouah ! »

Il a rejoint Paul Signac et ses amis pour profiter de la plage des Canoubiers et jouir des richesses culinaires régionales. Chasseur, pécheur, cuisinier, il excelle dans la préparation des plats et offre au lecteur une série de menus inoubliables (mais peut être indigestes) abondamment arrosés de vins régionaux.

Gino parle et écrit un français poétique, truculent, musical, pimenté d'argots et de patois ; ayant la double nationalité américaine et française, il est bilingue et ses traversées du globe lui ont enseigné l'espagnol. le style est original, typé, pas toujours simple à lire à jeun (mais limpide et lumineux après absorption d'un pastis), fort agréable à écouter et révèle l'immense talent de l'auteur qui jongle avec les mots et les figures de style.

Ces quelques jours en sa compagnie permettent de connaitre ses amis et d'évoquer le milieu artistique gravitant autour du Chat Noir, du cercle des poètes zutiques et des hydropathes.

Cédric Meletta nous transporte alors à Goncourt, village haut-marnais d'où sont originaires les frères Goncourt, qui célèbre en 2003 le centenaire du Prix où nous attend René Huot, véritable gardien du temple, qui collecte tout ce qui se dit et s'écrit depuis un siècle sur l'académie Goncourt. Nous revoyons grâce à lui quelques uns des romanciers récompensés, d'autres qui l'ont raté parfois de justesse et évoquons Gracq qui en 1951 refusa le prix.

Cette revue décrit l'évolution de la littérature, devenue produit culturel, et mesure l'écart qui sépare « le meilleur que nous ayons couronné » de certains nominés actuels.

Une belle découverte qui donne envie de lire les autres titres de Cédric Meletta et de découvrir « Force ennemie »
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L'effervescence de la petite ville est liée à un anniversaire, et à son nom : à Goncourt , on fête les cent ans du célèbre prix littéraire, promesse de ventes lucratives et d'une reconnaissance provisoire. Jusqu'à l'oubli. Qui se souvient du premier lauréat, nommé en 1903 ? (À part les lecteurs du présent ouvrage, qui ne l'oublieront pas de sitôt …) John Nau, pseudonyme d'Eugène Torquet est tombé dans l'oubli, comme tant d'autres heureux élus qui ont suivi.

La fête au village éveille les mémoires et l'auteur fait ainsi la part belle à la biographie de ce premier élu. On saura tout de l'itinéraire de cet artiste original, solitaire et sauvage, né en Californie et enterré à Douarnenez !

C'est érudit, instructif et original. le ton est volontiers ironique, prêt à fustiger les travers de nos contemporains comme de nos prédécesseurs.

Si on est séduit dès les premières pages par le style original, la syntaxe sautillante et dynamique, faite de phrases elliptiques, de syncopes, de mots phrases, le procédé lasse à force d'être décliné à l'infini. La lecture en devient fastidieuse, car l'artifice prend le pas sur le sens. D'autant que s'y ajoutent des jeux sur la langue, sur les sonorités, sur les mots. La lecture devient une énigme à déchiffrer au dépens de la narration.

C'est dommage, car le thème est vraiment intéressant, et le sujet maitrisé et tenu.

204 pages Éditions du Rocher 1er septembre 2022
#lemeilleurquenousayonscouronné #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le sujet m'intéressait : revenir sur l'homme du premier Prix Goncourt. Mais ce style d'écriture rend sa lecture difficile, pour pas dire insupportable. de ces livres où l'auteur se fait plaisir, sa langue française est soutenue et riche, mais il en oublie qu'il sera lu et qu'il doit tenir son lecteur et non le perdre dans mille sujets épars. Tant pis, j'abandonne à presque la moitié (quand même !).
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J'ai choisi ce titre sur NetGalley non pas pour son sujet (intéressant au demeurant) mais pour son auteur par lequel j'ai eu un coup de coeur il y a deux ans avec un livre sur Bukowski (ce n'était pas gagné) : Les Bukoliques !

A Goncourt, Haute-Marne, est organisé en 2003 le centenaire du Prix Goncourt par l'”Association amicale des frères Jules et Edmond de Goncourt”. Pas besoin de s'étaler sur le comment de la cérémonie, elle est identique à toutes les autres cérémonies partout dans les petites villes françaises et de cela découle l'histoire du premier élu par l'Académie : John-Antoine Nau ; ce qui permet à l'auteur de l'amener sous le feu des projecteurs !

Je le “connaissais” de nom pour avoir lu qu'il avait été le premier lauréat du Prix Goncourt mais je n'aurais pas su vous le dire ni même vous dire ce qu'il avait pu écrire ! J'étais certaine que Cédric Meletta saurait m'intéresser à cet auteur d'une autre époque et manifestement peu dans mes centres d'intérêt !

Contrat rempli ! J'ai découvert que c'était quelqu'un d'extraordinaire, libre et sauvage, plein d'amitié et d'amis, de vie et d'envie ! Dans Saint Tropez comme on ne l'a jamais connu, encore village, où il séjournait quand les délégués vinrent lui annoncer leur bonne nouvelle !

L'auteur décrit avec truculence la vie de Nau et de ses comparses à cette époque, bons vivants, poètes et artistes bohèmes ! Meletta est un artiste des mots et de leurs jeux, même si parfois j'en ai été un peu perdue dans l'histoire.

#lemeilleurquenousayonscouronné #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge Riquiqui 2022
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Difficile de chroniquer un livre que j'ai autant détesté. Je l'ai lu jusqu'au bout même si mon opinion était faite au bout de dix pages. Malheureusement rien n'est venu l'adoucir.

Le roman commence par le voyage d'une brochette de célébrités littéraires dans le village de Goncourt en Haute Marne pour célébrer le centenaire du prix du même nom. Il s'agit d'un groupe de Parisiens et le texte suinte de mépris envers les habitants qualifiés d'autochtones, comme les colonisés de jadis et présentés comme des arriérés à peine sortis du dix-neuvième siècle. Cette tendance des Parisiens à se croire le nombril de la civilisation ne peut qu'énerver les autres Francophones, nettement majoritaires.

Après ce chapitre vient une évocation plus qu'une biographie de John Antoine Nau, dit Gino, Eugène de son vrai prénom, un romancier et poète qui a remporté le premier prix Goncourt en 1903. Il a beaucoup voyagé et à ce moment il vit avec Paul Signac à Saint Tropez. Ce n'est pas encore une station balnéaire à la mode, mais un petit port plutôt sauvage. L'auteur parle de ces personnages et de leurs amis qui mènent une vie de bohème heureuse.

Le très gros problème de ce roman vient de son style franchement affreux et totalement illisible. L'auteur veut sans doute nous démontrer qu'il maîtrise parfaitement la langue et la totalité du dictionnaire, en particulier les mots difficiles et peu usités, malheureusement il aime spécialement les phrases sans verbes qui se résument à de longues listes de mots. le procédé peut être agréable et poétique sur quelques lignes, mais pas sur deux cents pages. Il semble écrire pour lui-même sans se soucier de perdre son lecteur et ne manifeste aucune envie de le retrouver. Je me suis définitivement égarée dans cette forêt inextricable de mots, ce verbiage sans fin que j'ai fini de parcourir en suivant un match de hockey pour ne pas tout à fait perdre mon temps, c'est dire l'intérêt que j'y ai trouvé. Pour moi c'est un livre à fuir absolument.

Merci à Netgalley et aux Editions du Rocher pour ce partenariat, même si la rencontre magique avec ce livre n'a pas eu lieu.

#lemeilleurquenousayonscouronné #NetGalleyFrance !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Mercredi 23 décembre 1903. Troisième jour de la semaine à la merci d'une mer merveilleuse et d'un mercure élément. Mercredi. Destin de houle, dès le premier son prononcé. Pourtant né un dimanche, Gino est fils du mercredi. S'il y a bien le cycle des saisons, il y a surtout les vérités du jour avec. À quarante-trois ans, les lignes de sa biographie s'épaississent en plein milieu de semaine. La mort du père, le premier pied posé sur le sol français à son retour d'Amérique, son renvoi du lycée du Havre, son bachot à Rollin, sa première cuite, le premier baiser, la première baise, son engagement dans la marine marchande, la rencontre d’Henriette, la demande en mariage, les symptômes de sa typhoïde, la faillite de son exploitation, bref, un jour d'élan, de rupture, avec quelques arrivées aussi, New York, Port-au-Prince, le Venezuela, la Catalogne, l’Andalousie, la Colombie jusqu'au fin fond du Guyana... Tous ses « paradis d'attente ». La première pierre de sa toute première maison au pied d'un volcan fou des Canaries. Un mercredi, aussi.
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G comme Goncourt, Gratin de Génie : l'académie, les frères, le prix. 0 comme Ô raison d'État et Oraison funèbre. N comme Natale et Natifs. C comme Culture, encore, toujours, puis 0, U, R et T comme Œuvre d’utilité régionale (et) touristique.

Oooh, rien de trop voyant. Un raout en aparté sans pétards ni flonflons, sans défilé ni procession sur chars. Tout ça dans une atmosphère de folklore hybride, avec en point d'orgue la célébration des grandes figures de ce petit pays, culte assez typique sur un peu plus de trente kilomètres à la ronde : Domrémy-la-Pucelle a Jeanne d'Arc, Langres, Diderot, Montigny, les Flammarion, et Bourmont, Albin Michel. Une terre d'édition, de miracles et de voies moins impénétrables que tournées vers l'exemplaire et la promotion. Jeanne d'Arc, Denis Diderot, Ernest Flammarion et Albin Michel réunis qui coudoient sur un carré mémoriel d'une cinquantaine de kilomètres au bas mot.

Tout porte à croire que cette région naturelle sait enfanter les hommes de papier, surlignés de mythes éternels.
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Idéalement, Gino aurait investi les cinq mille francs de son prix littéraire dans la location de la villa d'à-côté. Il la baptiserait, la baptisera Claire-Émile. En hommage à son mentor. Un professeur de civilisation française sévissant dans une obscure académie militaire britannique. Puis, pour ritualiser encore davantage, il lirait des morceaux choisis de la toute première œuvre tropézienne du nom. Composée sous la monarchie de Juillet. Régime qui sied a merveille aux cités balnéaires. La Salamandre, texte rare. Roman maritime écrit par un ex-chirurgien auxiliaire de troisième classe en relâche ponctuelle dans un cabanon antédiluvien de la ruelle des Charrons. Un chirurgien dandy qui, le jour venu, était devenu Eugène Sue. Avec un prénom appelé à avoir du prix. Un patronyme au goût de l’effort et du travail bien fait. Un nom étouffé par la canicule mais rafraîchi, depuis, par les bienfaits d'un déodorant.
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La sortie du livre. Un premier roman. Roman sur la folle écrit patiemment depuis six ans sur des cahiers d'écolier après cinq versions et au moins trois abandons. S'il s'en souvient? Zola venait juste de mourir le livre tout frais collé, broché. Roman curieux. Hors normes. La verve est à froid. Pince-sans-rire. Un peu psychologique. Du surnaturel, de l'anticipation. Beaucoup de comédie. On se marre bien. Gino y montre un sens certain des dialogues, fait du Céline avant Céline, tout en style parlé. Qu'ils soient créole, breton ou bas-normand, il aime se foutre des accents. Se foutre du monde, des conditions, basses, hautes, seules. Sine qua non. Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par lui, c'est sa façon à lui d'être philanthrope, égalitaire. Démocrate. Les personnages font leur « cuir » à travers un langage facétieux. Le tout avec exagération, si bien que c'est redondant, que ça fait rengaine sur tout le dernier tiers d'un bouquin qui fait tout sauf du boucan à l'heure de sa sortie en librairie. Deux minces filets dans Gil Blas et La Presse ont évoqué l’originalité de la démarche.
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Formels. Les dîneurs furent formels. L’appellation d'origine, déformée. Le mot « soupe » ne convenait désormais plus au plat qui venait d'être servi. Une élévation. On était montés haut. Très haut. On venait de toucher la perfection, ou ce qui s'en approchait. Gyrovague, expert en nomadisme, Gino n’avait jamais rien mangé de meilleur. Et des référents. De l'exotisme cuisiné. Il en avait. En avait assez pris. Assez eu. Assez vu. Des brochettes d'hippocampe aux yeux de thon, de la cassolette de poisson-globe au pénis de baleine poêlé, et que dire des tempuras nipponnes au sperme de morue. Incomparable. Chacun enchérissait ses impressions dès que la lippe était mouillée par le bout du bout de la cuiller. Un plébiscite. Un pré-summum. Scotché, Loutcho ne bougeait plus. Il cherchait. Un mot. Un son. Sa voix. Signac croisait les jambes en caressant sa barbe. Pénétré. Habité, même. Il pensait. L’art dans tout. Le beau dans l’utile.
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Vidéo de Cédric Meletta
Qui était John-Antoine Nau, lauréat en 1903 du premier prix Goncourt ? Un aventurier comme il n'en existe plus, autant chez lui à San Francisco qu'en Martinique. Un poète féru de liberté et ivre d'indépendance. Un romancier qui envoie le manuscrit vainqueur – "Force ennemie" – à compte d'auteur et ne daigne pas aller chercher sa récompense. Nau est l'anti-Goncourt par excellence. Alors qu'on le sacre, il est installé dans le cabanon du peintre Paul Signac au coeur de la baie des Canoubiers. Entre une partie de pêche et la minutieuse préparation d'un dîner de gourmets, il expose à une pittoresque bande d'amis sa conception du Beau et son abjection pour les cénacles de littérateurs qui, sans cesse, complotent dans les antichambres. Goncourt originel et personnage absolument romanesque, John-Antoine Nau méritait bien un roman. En écho à l'aveu de Huysmans, président de l'académie : « C'est encore le meilleur que nous ayons couronné ! ».
Cédric Meletta est l'auteur de "Jean Luchaire. L'Enfant perdu des années sombres" (Perrin), "Tombeau pour Rubirosa, un roman" (Séguier), "Diaboliques" (Robert Laffont) et en 2020, aux éditions du Rocher, "Les Bukoliques", récit littéraire autour de Charles Bukowski.
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