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EAN : 9782070439294
112 pages
Gallimard (05/01/2011)
4.11/5   19 notes
Résumé :
«Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, ils commencent dans une chambre où l'on est enfermé parce qu'il pleut ou parce qu'on est malade, obligé de garder le lit. On a huit ou neuf ans, le goût des images qui partent toutes seules dans tous les sens et qu'on lit de même, en sautant par-dessus les fuseaux horaires.»

Souvenirs, portraits d'un vagabond furtif, ces courts récits s'offrent comme une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Livre que j'ai acheté parce que je voulais découvrir un nouvel auteur, et aussi à cause de sa quatrième de couverture où il était écrit cet extrait : "Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, il commencent dans une chambre où l'on est enfermé parce qu'il pleut ou parce qu'on est malade, obligé de garder le lit. On a huit ou neuf ans, le goût des images qui partent toutes seules dans tous les sens et qu'on lit de même, en sautant par-dessus les fuseaux horaires." J'aime les voyages immobiles et je voyage souvent ainsi au travers des livres. Celui de Guy Goffette m'a fait voyager moins loin et moins longtemps que je le souhaitais. L'écriture est agréable, mais il m'a manqué un petit quelque chose, une petite émotion, une petite étincelle. J'en garde un souvenir mitigé.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Un recueil de textes courts, extraits d'un ensemble plus vaste que j'ai très envie de découvrir. La prose de Guy Goffette a à nouveau su m'emporter par sa poésie héritière de celle de Verlaine : la même musicalité y résonne à mes oreilles, douce et mélancolique. Dans ces récits, il chante ses voyages immobiles, par la lecture, mais aussi par la seule imagination : celle d'un enfant qui voyait la mer au fond de son jardin dans les Ardennes, celle d'un Belge errant comme il se nomme lui-même. Il conte des petits épisodes, des faits ou surtout images de la vie à la fois insignifiants et lourds de sens. Et qu'importe si les autres haussent les épaules et détournent la tête, j'ai été enchantée par ces paysages aperçus au détour des pages, par cette douce mélodie qui les imprègne et par la voix de cet auteur que j'apprécie décidément de plus en plus.
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« Il était une fois dans sa chambre d'hôtel un homme à sa fenêtre qui attendait la mer.
Il avait entendu son rire un soir d'enfance au fond du jardin, derrière le rideau de peuplier qui balançait le vent, et il n'avait plus cessé depuis de penser à elle et de la chercher partout, car elle avait disparu sans prévenir, un beau matin. »

C'est l'histoire d'un voyage commencé à la dernière phrase, un voyage à contre-temps, enfin non, à contre-courant du sens de lecture, à contre-roman, en quelque sorte. Ce genre de voyage qui nous fait revenir sur nos pas, parce qu'on n'a rien vu, la première fois.

Un voyage, entrepris par les mots, qui empruntent des métaphores, des raccourcis qui font ralentir, des sens qui laissent interdits, où chaque rue porte un nom de souvenir et conduit celui qui se laisse guider vers la mer, celle de l'enfance, amné-otique, qui a bercé nos corps, et nos coeurs en apnée.
À la fin duquel « on naît sans souci, n'importe où »

C'est un voyage qu'on fait à côté de Rimbaud, Verlaine, Segalen et Cendrars, « qui tiennent à merci l'horizon au bout d'un vers et déboutonnent les confins comme une chemise de papier » le long de la Meuse, de la Semois, vers « des terres lointaines où l'on aborde jamais, sauf en rêve, lorsque le soir tombe infiniment et que le ciel est d'un rouge d'opéra ». Une traversée au cours de laquelle le coeur s'apaise, et le pouls de la terre.
À la fin de laquelle tout se remet en branle car c'est loin d'être fini, c'est loin, encore, le commencement, surtout si on l'attend.

C'est la vie expliquée à la réalité, une cartographie (pour les débutants que nous sommes) du « chemin frémissant, vertigineux, fruité de l'enfance et son goût violent de vivre dans la fugitive beauté des choses ». C'est un « escalier où [volent] des anges de pierre », « un cerisier qui ne donne que des merles ». Une évidence, en quelque sorte.

C'est une dernière phrase comme une fleur, qui, une fois éclose, nous délivre les « souvenirs qu'on tait et qui montent tout seuls dans l'air comme un nuage léger, âcre un peu, parfumé, vers les clignotantes lumières du fond des âges »

Suivons-le, maintenant, de nouveau, enfin, ce poète, ce chemin, retournons le long de la rivière aux écailles en reflets du jour. Et « pourvu que sur ses traces, avec les semelles de vent qu'on a dégottées Dieu sait où, dans quelle enfance, on puisse chercher encore et encore « le lieu et la formule » de vivre éperdument. »

Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Sept courts textes du « Belge errant (Belge qui peut, comme disait Michaux) », sept évasions immobiles. Lus avec un émerveillement fraternel, alors que mes « racines » sont totalement étrangères à son univers.
Sensibilité, harmonie en sourdine... fraternel, oui, à tous ceux qui sont toujours un peu « amoureux de cartes et d'estampes », cheminant tranquillement à côté de l'agitation du monde, en sympathie avec lui mais sans désir d'y être emporté.
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Ce petit recueil comprend 6 textes courts, ni nouvelles, ni chapitres d'un ensemble romanesque, mais évocations diablement poétiques de moments de la vie de l'auteur.
Il y a d'abord tous ces grands voyages, immobiles, comme ceux que vantait Verlaine, réalisés ici dans l'intimité du jardin familial, et dans l'abri de fortune d'une caravane abandonnée, fort à propos nommée "Partance". Et puis il y a cette évocation pleine d'amour du grand père, planteur "braconnier" de tabac, fumeur de pipe devant l'éternel, et insatiable amoureux de la vie. Il y a encore les Ardennes, la rivière Semois, la mer du Nord, les arbres, les animaux, il y a surtout la nature, sa beauté invariablement renouvelée dans sa pérennité.
C'est enfin, pardon de la banalité, un livre du Nord mais surtout un livre relatant à merveille le soleil qui chauffe le coeur de ses habitants. La présence féminine émerge en fin d'ouvrage, tout comme le sentiment d'être un "belge errant" objet à lui seul d'un court moment fort drôle.
Les plus : une forme poétique très convaincante ainsi qu'une écriture non pas mièvre, mais emplie de sentiments et affects justes et mesurés. La place de la nature, si bien décrite, l'humilité et la simplicité de l'intention qui en gagne en conviction.
En moins : rien, on n'a qu'une envie c'est de continuer à lire de type de textes si séduisants.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J'ai cru qu'il suffisait de partir pour être quitte du passé. C'était oublier un peu vite qu'on n'échappe jamais tout à fait à l'ogresse nourricière, à cette forêt où le coeur d'un enfant timide a battu sa première chamade. Rimbaud lui-même, au milieu des soleils apaches du Harar, regrettait l'or des feuilles que l'ombre bat sur la flache ardennaise, et ses trafics de contrebande à travers les grands bois pleins d'animaux solides. Et Verlaine à Paris, qui mettait du vert jusque dans son eau et buvait sans nuance à la fin toutes les couleurs de l'Ardenne, Verlaine, chaque jour plus gris que la pluie sur le schiste, et plus tendre, attendait qu'un dernier miracle le relevât de l'exil.
L'Ardenne est bien le pays dont on ne revient pas. Qu'on soit du centre ou des lisières, ou qu'on ait fui à cent lieues de là, l'Ardenne vous tient et ne vous lâchera plus. Car elle existe et n'existe pas, comme le jardin sauvage, inquiétant et merveilleux à la fois, le concentré de rêves et d'images, qui trempa notre enfance comme une aube à pieds nus ou comme une mer longtemps promise.
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Réveil en musique: il pleut. Rester couché surtout: écrire n'est plus de mise quand la pluie sur le toit chante sans effort, et son vers est impair et passe en sautillant. Parfois c'est un enfant à cloche-pied qui perd ses billes, s'arrête brusquement, les ramasse et l'on entend voler une mouche survivante; parfois, c'est une promenade d'oiseaux qui picorent on ne sait quoi, et le vers est régulier, et la césure. Ce qu'il dit importe peu: c'est l'âme des choses qu'on croyait en allée pour toujours et qui revient, remplit les creux. On s'en rend compte dès que la pluie a tourné le coin de la rue, pas besoin d'ouvrir les yeux. Le silence n'est plus l'absence de bruits, mais la voix soudaine en nous, accordée, complice, de la vie et de l'être. Le temps ne passe plus. Et la terre est enfin bleue comme une orange. Les poètes ont toujours raison.
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Il y a des terres lointaines où l'on n'aborde jamais, sauf en rêve, lorsque le soir tombe infiniment et que le ciel est d'un rouge d'opéra. On s'est assis sur le seuil ou accoudé à sa fenêtre et l'on regarde au fond de soi paisiblement s'écrouler ces grands châteaux qu'une journée qui s'en va avait patiemment, laborieusement échafaudés.
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Plus tard, les feuilles royales, fanées déjà, sécheraient dans le hangar à claire-voie, sur des perches à clous appelées boudriots qu'on suspendait aux poutres. À la Toussaint, je viendrais quand même voir si saint Joseph nous avait souri, si les plants avaient cette belle couleur ocre foncé qui couvrait comme une monnaie d'or le visage et les mains de Grand-père. J'aiderais un peu à l'effeuillage, lierais les feuilles en bottes et les transporterais au grenier, à l'abri du vent et des regards jaloux, mais le coeur n'y serait plus. Je savais que le tabac vieillirait là, sans moi, lentement comme un vin, jusqu'à ce que son arôme envahisse la maison.
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Plus tard, les feuilles royales, fanées déjà, sécheraient dans le hangar à claire-voie, sur des perches à clous appelées boudriots qu'on suspendait aux poutres. À la Toussaint, je viendrais quand même voir si saint Joseph nous avait souri, si les plants avaient cette belle couleur ocre foncé qui couvrait comme une monnaie d'or le visage et les mains de Grand-père. J'aiderais un peu à l'effeuillage, lierais les feuilles en bottes et les transporterais au grenier, à l'abri du vent et des regards jaloux, mais le coeur n'y serait plus. Je savais que le tabac vieillirait là, sans moi, lentement comme un vin, jusqu'à ce que son arôme envahisse la maison.
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Videos de Guy Goffette (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guy Goffette
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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