Les fantômes de Marianne

“Poppée Dupuybel s'était amusée du combat de la bonne pour maintenir les malles fermées. Elle se disait qu'elle n'y parviendrait jamais en dépit de sa détermination. Mais à présent que les bagages s'entassaient dans le vestibule, aux côtés de vêtements protégés de housses, la fillette prenait conscience de la douloureuse réalité.”

Paris, sous le Second Empire, la famille Dupuybel est en plein déménagement. Elle s'apprête à quitter la capitale pour s'installer à Niort, ville dans laquelle Crespin, le père, ingénieur des Ponts et Chaussées, doit diriger l'aménagement du Marais Poitevin. Si l'épouse semble s'acclimater à cette nouvelle vie, Poppée, leur fille, a de plus en plus de mal à supporter l'éducation que lui imposent ses parents avec l'aide de leur gouvernante, Marianne.

Mais un jour, lors d'une sortie en ville, la petite fille rencontre deux enfants de son âge avec lesquels elle se lie rapidement d'amitié. Les deux comparses sont libres et espiègles. Ils lui font découvrir les merveilles et les mystères du Marais.

Poppée est si heureuse qu'elle décide d'échapper à la vigilance de Marianne en fuguant afin de vivre auprès de ses nouveaux amis.

Vite retrouvée, elle est envoyée au couvent et Marianne est renvoyée sur le champ.

"Les fantômes de Marianne" est le premier roman de Corinne Javelaud que je lis. J'aime beaucoup les romans qui se déroulent en terres de France notamment pour leur côté historique.

L'histoire de celui-ci se déroule dans l'ouest de la France. Auprès de la jeune héroïne, le lecteur se trouve en immersion totale dans la région grâce à l'ensemble des détails que l'autrice prend le temps de présenter notamment les lieux, les traditions et le mode de vie des habitants du Marais Poitevin à cette époque. La nature et ses caractéristiques sont décrites avec précision. On s'y croirait presque.

Corinne Javelaud nous raconte ainsi l'histoire d'une famille bourgeoise du 19ème siècle tout en abordant la place de la femme, l'éducation et la condition sociale. On suit Poppée qui deviendra une jeune femme courageuse et Marianne qui nous dévoilera tous ses secrets.

J'ai aimé les différentes thématiques soulevées sur l'enfance, l'amour et la vengeance, tout en découvrant l'histoire et les bouleversements sociaux de la Vendée au fil des pages. J'ai passé un très bon moment de lecture.

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Si ces derniers mois m'ont tenue éloignée de ce blog, ils ne m'ont pas empêchée de lire. Bien au contraire et heureusement! J'ai donc une multitude d'avis de lecture à partager ici et je commence avec ce très beau roman sur fond historique de Corinne Javelaud, Les fantômes de Marianne, paru dans la collection Territoires des éditions Calmann Lévy.

Lire Corinne Javelaud est à chaque fois un plaisir renouvelé, une découverte et un enrichissement culturel. Ce roman confirme cet avis enthousiaste et sincère pour la qualité d'écriture de cette grande romancière, sa sensibilité, la maîtrise de son sujet et de son histoire, sa documentation pointue et ses descriptions comme autant d'invitations à découvrir et visiter une région que je ne connais pas.

Cette région, c'est celle des marais poitevins, la ville de Niort où Crespin Dupuybel, ingénieur des Ponts et Chaussées sous le Second Empire est envoyé pour participer à l'aménagement de la Sèvre niortaise. Une mutation qui ne plait pas trop à sa fille, Poppée, habituée jusqu'à présent à vivre dans notre capitale et accompagnée par Marianne Fort, sa gouvernante aussi stricte que sévère.

Dans l'ennui de cette région en devenir, Poppée se lie bientôt d'amitié avec Tino, fils du propriétaire du moulin à foulon en activité pour une manufacture de peaux, et avec Lili, jeune ouvrière. Tous trois ne ratent pas une occasion de se retrouver quitte à dépasser les limites autorisées. Jusqu'à cette nuit que Poppée, Tino et Lili passent dehors à la découverte des marais. Une aventure qui lui vaudra d'être envoyée au couvent des Ursulines à Niort et à Marianne, son renvoi.

Quand elles se retrouvent en présence l'une de l'autre, quelques années plus tard, le ressentiment et le besoin de vengeance de Marianne sont exacerbés. D'autant plus que, même si les dures années de couvent semblent avoir "mâté" la fougue et la curiosité naturelle de Poppée, il suffit de peu pour les attiser à nouveau. Et d'autant plus encore que des non-dits et certains secrets lient les deux femmes sans qu'elles ne le soupçonnent.

J'ai énormément apprécié cette lecture. Pour les arguments cités en début d'avis. Mais aussi pour les thèmes que Corinne Javelaud développe dans cette histoire. Il est question de condition féminine, de différences sociales et des conditions de vie sous le Second Empire, une période historique que, je m'en suis rendue compte à cette lecture, je connais mal.

Une belle leçon d'histoire, de géographie et un récit particulièrement fort et émouvant.

"Les Fantômes de Marianne" est un roman historique de Corinne Javelaud de la collection "Territoires" qui se passe sous le Second Empire dans le Marais poitevin, comme le paysage en arrière-plan de la couverture le laisse deviner. C'est aussi une saga familiale puisque l'on découvre l'évolution de la famille Dupuybel sur trois générations. Je remercie vivement les éditions @Calmann-Levy et @NetGalley de m'avoir permis de découvrir cette autrice que je ne connaissais pas et que je compte bien continuer à suivre.

Dans la première partie du récit, Poppée Dupuybel est une fillette de 13 ans dont les parents, Hortense et Crespin, quittent Paris pour emménager à Niort. Son père, nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, doit prendre la direction des travaux d'assainissement du Marais poitevin.

Poppée, dont l'éducation stricte est confiée à sa gouvernante Marianne Fort, se lie rapidement d'amitié avec deux enfants maraîchins de milieu ouvrier, Tino et Lili. Elle découvre grâce à eux le monde magique du Marais qui représente un espace de liberté : ses roselières, son labyrinthe aquatique et ses villages isolés que l'on relie en gabare.

Mais, lorsqu' éprise de liberté, Poppée décide de faire une escapade dans les Marais avec ses deux amis sans aucune autorisation, sa gouvernante se retrouve licenciée injustement tandis que Poppée est envoyée au Couvent des Ursulines... Marianne parviendra-t-elle à lui pardonner un jour ?

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est la merveilleuse description du paysage du Marais poitevin qui très réussie. de ce fait, la première partie est ma préférée. La structure narrative bien ficelée permet de préserver le suspense concernant le secret bien gardé de Marianne. Mais, j'ai trouvé le dénouement dans la seconde partie un peu abrupt car j'imaginais une discussion en face à face entre Marianne et son ex-amoureux, Emilien Lantier. Donc, j'ai été un peu déçue.

Le personnage de Poppée m'a beaucoup touché par son désir d'émancipation et son empathie envers la classe ouvrière. Par contre, celui de Marianne m'a moins ému car son désir de vengeance et sa jalousie pour Poppée sont quelque peu excessifs. le personnage d'Hugo, le fils de Poppy, qui se marie avec une "mulâtresse" en tenant tête à ses parents, montre que l'évolution des mentalités n'est malheureusement pas si rapide que l'on croit à cette époque.

Très contente de retrouver la plume si riche de Corinne Javelaud, après s'être revues à l'occasion d'un salon du livre !

Je lis les romans de cette autrice depuis très longtemps, je les ai toujours beaucoup appréciés. Sa plume nous offre une réelle immersion dans une époque, dans un lieu, dans une ambiance. Riche en détails et éléments liés à l'époque en question, l'histoire que l'on découvrir ici est celle de Poppée et de Marianne. La première est une jeune fille quand on la rencontre, la seconde est sa gouvernante. Pour le travail du père, Crespin Dupuybel, la famille déménage à Niort. Chargé de diriger l'aménagement du Marais poitevin, on découvre alors termes et techniques précises. Pendant ce temps, Poppée souhaite vivre sa vie d'enfant, malgré l'éducation stricte imposée par Marianne. Elle cherche à se lier d'amitié avec deux enfants maraîchins, et finit par fuguer… cet événement aura pour conséquence l'envoi au couvent de la jeune fille, punie, tandis que sa gouvernante est renvoyée et livrée à elle-même…

J'ai beaucoup aimé ce roman à la fois historique et social. On découvre une parcelle de la vie sous le Second Empire, entre Niort et le Marais poitevin. L'autrice évoque toujours avec délicatesse et subtilité différentes problématiques, à l'image de la différence de classe ou encore de la condition féminine.

En bref, je vous conseille ce roman si les thématiques abordées vous intéressent, et si vous souhaitez découvrir une très belle plume ✒

Je reconnais que je ne suis peut-être pas la plus objective des lectrices, puisque je suis et lis Corinne Javelaud depuis des années, et j'ai aimé chacun de ses romans !

« Tu ne comprends pas que tout cela est sérieux ! Ton père est envoyé en mission pour construire des canaux dans le Marais poitevin… » (p. 12)


Second Empire. Crespin Dupuybel est ingénieur des Ponts et Chaussées. Chargé du programme d'aménagement de la Sèvre Niortaise. Sa fille, Poppée, est triste de quitter Paris. Dans sa nouvelle région, la fillette constate que les distractions sont rares. Un jour, lors d'une promenade avec Marianne, sa sévère gouvernante, elle s'approche d'une manufacture de peaux. Elle est intriguée par le moulin à foulon. Elle est accueillie par Tino, le fils du propriétaire.


En cachette, la fillette se lie à lui et à Lili, une ouvrière. Un jour, échappant à la vigilance de Marianne, elle rejoint ses nouveaux amis. le temps d'une nuit, elle échappe à sa prison dorée et découvre les marais. Sa fugue a des conséquences terribles : Marianne est renvoyée et Poppée est conduite au couvent des Ursulines de Niort. de terribles années les attendent, toutes les deux.


Les marais et leurs aménagements sont un thème important du roman. Convaincu de l'importance des travaux, Crespin tente de convaincre les habitants, mais se heurte à leur hostilité. En effet, le dévasement entraîne l'expulsion de familles et la mort de certains métiers. Peu concerné par le sort de sa fille, il s'investit entièrement dans sa mission. Corinne Javelaud décrit les causes et les répercussions de cette entreprise d'envergure décidée par l'Etat.


A travers l'histoire de Marianne et de celle de Poppée, l'auteure dépeint la condition féminine au XIXe siècle. le renvoi injuste de la première a offert au passé la possibilité de perpétuer sa chute. Celle de la plus jeune est marquée par de tristes années, sans aucune liberté. de plus, un désir de réparation l'entraîne sur une voie dangereuse. Les destins des deux femmes sont reliés par des secrets dont aucune n'a conscience. le lecteur non plus. Aussi, lorsqu'ils sont dévoilés, le roman prend une autre dimension. Ils expliquent certains faits et accentuent la part émotionnelle du récit. Les évènements précédant leur révélation ont défilé dans mon esprit et je les ai perçus de manière différente. J'ai aimé que le voile se retire par petits bouts.


Je me suis attachée à Poppée. Malgré le poids des convenances, elle est spontanée. Elle essaie d‘échapper au carcan dans lequel la société veut l'enfermer, en raison de son sexe. Elle refuse, également, les frontières de classe. Elle se bat, mais ne gagne pas toutes les luttes…


Les Fantômes de Marianne est un roman sensible sur la condition féminine, sous le Second Empire, et sur le projet d'aménagement du bassin de la Sèvre Niortaise. J'ai adoré.


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