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EAN : 9782258163300
407 pages
Presses de la Cité (06/06/2019)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Eté 1927. Unie à Henri par une passion toujours intacte, Pauline mène une vie douce entre les siens et le haras des Tilleuls, un des plus réputés de l’Eure. Seule ombre : la crainte mêlée d’aversion de Fanfan envers son père en raison de son visage mutilé par la Grande Guerre. Ce bonheur presque tranquille vole en éclats pour Pauline lorsqu’elle intercepte une lettre de l’hôpital Sainte-Anne à Paris : un patient amnésique et paralysé à la suite d’un traumatisme de g... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce roman nous présente tout de suite après la grande guerre deux personnages rescapés : Henri une « gueule cassée » et Julien un amnésique commotionné et paralysé à la suite de traumatismes de guerre, invalide, « enseveli vivant avec les morts », et l'on éprouve un immense sentiment de gâchis devant la vie brisée de ces deux hommes transformés en pantin disloqué et en clown triste.
Après avoir subit les horreurs et atrocités commises pendant cette guerre meurtrière stupide, on voit ici deux hommes qui ont échappé à la mort essayer de retrouver leur vie d'autrefois, leur personnalités, leur place dans la société qui poursuit sa route, indifférente aux traumatismes qu'elle a crée, et où la vie veut reprendre ses droits à tout prix.
Henri tente tant bien que mal de récupérer, par la chirurgie esthétique extrêmement douloureuse de l'époque, un visage acceptable au regard de son entourage, et surtout qui ne ferait plus peur à son fils, car le port d'un masque de cuir éloigne le jeune enfant. Il est très sceptique sur l'expression « der des ders » répétée par les pacifistes : « l'humiliation du traité de Versailles, le chaos et la misère en Allemagne, l'incurie de la République de Weimar » qui ne présage rien de bon pour l'avenir de son fils.
Julien souffre « d'obusite » symptôme post traumatique qui le laisse hémiplégique, tremblant, mutique et perdu dans son monde et la psychiatrie française de guerre est très en retard et ne propose que des électrochocs douloureux , brutaux et inefficaces (électrothérapie) . Seule une courte phrase d'une chanson de son enfance parvient à passer ses lèvres.
-Pauline toute occupée à retrouver une vie de femme et de mère malgré les difficultés de son mari qui ne supporte pas cette image de lui-même, doit aussi s'occuper de sa mère Maria qui vit seule dans sa ferme. Cette femme a eu la joie de voir son fils revenir de la guerre en bonne santé, épargné par les blessures meurtrières de cette guerre qui a tout anéanti et massacré sans pitié. Pauline va se trouver face à un gros dilemme, avec la crainte de tuer sa mère par une révélation que son coeur ne lui permettrait pas de supporter : Que doit-elle faire ? Elle accepte pourtant de s'occuper de ce soldat amnésique enfermé à l'asile qu'un médecin militaire dit être son frère. Elle se trouve face à deux frères qui ont le même tatouage !
-Louis Tallec, que l'on découvre en fin de roman, genre du type mercenaire condamné aux travaux forcés, a bénéficié d'une remise de peine contre un engagement dans l'Infanterie, « un voyou sans doute un criminel ». Enfant « mal né » d'une famille de sept enfants confiés à des institutions, captif de l'amour de Maria, lui qui n'a jamais eu de mère, et qui a trouvé enfin une famille où il vit heureux depuis 12 ans, et qui à nouveau va devoir reprendre la route.
C'est une magnifique écriture emplie de sensibilité et douceur. Un vrai plaisir de lecture. Et J'ai particulièrement apprécié le chapitre 35 quand Pauline aide le soldat amnésique à se tenir debout et marcher.


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Catherine BOISSEL. La chanson de Julien.

Ce roman débute en 1927, dans l'Eure et s'achève en 1932. ll nous permet d'appréhender les effets de la première guerre mondiale et de faire la connaissance de ses nombreuses victimes, qu'il s'agisse de celles qui étaient sur le front, en première ligne ou celles qui sont des victimes collatérales. Pauline Dherfeuil vit avec son époux, Henri, une gueule cassée et ses trois enfants au haras des Tilleuls. En effet, Henri élève des chevaux et possède également une scierie. C'est Julien Vautier, le frère de Pauline qui gère le domaine de la famille à Brévigny. Il est revenu, lui aussi, de la fin de la guerre, amputé d'un bras. Il a même agrandi le domaine et l'exploitation agricole est saine.

François, Fanfan, le fils aîné de Henri et Pauline éprouve une certaine aversion envers son père. Celui-ci défiguré, lors de la bataille au Chemin des Dames, porte un masque en cuir pour cacher ses énormes cicatrices. L'enfant est très heureux lorsqu'il est en vacances chez son oncle Julien, à Brévigny.Neuf années passent, une correspondance, émanant de l'Hôpital Sainte-Anne à Paris, spécialisé dans les maladies mentales, informe la famille Vautier qu'un aliéné, amnésique, soigné dans cet établissement sous le nom de Louis Tallec semble retrouvé la mémoire et déclare s'appeler Julien Vautier. Pauline va mener son enquête, se rendre à Paris, visiter « son frère ». Quel est donc l'individu qui réside au domaine et qui régit cette ferme ? Qui a donc usurper l'identité de Julien. Au pays, nul n'a le moindre soupçon. L'individu a la même taille que le vrai Julien et il ressemble énormément au père de Julien et Pauline et Maria la mère n'a jamais rejeté cet homme, « son fils ».

Ce thème de la perte, de l'usurpation d'une identité a déjà été traité. Rappelez-vous le film : « Le retour de Martin Guerre ». Ici Catherine BOISSEL fait preuve d'originalité. Elle plante le décor en Normandie et décrit une époque récente, l'entre deux guerres, avec son cortège de victimes. Elle réhabilite les gueules cassées, les grands blessés, les amputés. Ce roman régional est d'une grande humanité. Derrière ces personnages, haut en couleur, il y a beaucoup d'amour, d'amitié et un code d'honneur qui ne nous échappe pas. Julien et Louis ont tenu leur serment jusqu'au bout. Une belle leçon de civisme. (09/05/2022)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Mon avis

Je remercie Catherine BOISSEL et Marie-Jeanne des Editions PRESSES DE LA CITE de m'avoir donné l'opportunité de lire, en service de presse, « La Chanson de Julien » et ainsi de découvrir la très belle plume de l'auteure.

La très jolie couverture et le résumé fort alléchant m'ont de suite interpellée.

Dans le prologue, Catherine BOISSEL nous emporte en 1925, à l'hôpital Ste-Anne de Paris où un homme invalide et amnésique, rescapé de Verdun, semble se souvenir de la faune et de la flore de son enfance..

Ainsi l'histoire débute en 1927 dans l'Eure où nous faisons connaissance avec Pauline qui vit dans un haras avec son époux, Henri, ancien soldat rentré du Front défiguré et leur fils Fanfan. Ce dernier craint ce père au visage différent des autres, caché par un masque de cuir.

Nous découvrons au fil des mots de l'auteure, les sentiments très forts qui unissent ce couple jusqu'au jour où Pauline reçoit un courrier de l'Hôpital Ste-Anne qui la fait douter de la véritable identité de l'homme prétendant être son frère et qui, depuis son retour de la Guerre, gère la ferme familiale aux côtés de leur mère. Pauline se voit contrainte de cacher ses soupçons à son mari.

J'ai beaucoup aimé Pauline qui est une femme forte, courageuse, généreuse et dévouée : une très belle personne.

L'auteure décrit à merveille la campagne Normande et dresse une fine analyse des sentiments des protagonistes de son roman, les rendant authentiques et attachants. L'intrigue est passionnante et le suspense bien mené.

J'ai beaucoup aimé ce roman régional historique émouvant, extrêmement bien documenté sur les plans historique, régional et médical qui aborde outre l'amour, les séquelles tant physiques que morales des rescapés de la Première Guerre Mondiale et les relations père-fils.

J'ai lu cet ouvrage pratiquement d'une traite tant j'avais hâte d'en connaître le dénouement et je l'ai refermé à regret, les yeux humides..

Un joli COUP DE COEUR et un excellent moment de lecture.




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Une épopée familiale qui nous plonge dans la vie bouleversée de l’entre-deux-guerres, le retour très souvent tumultueux de ces jeunes soldats.
Pouvoir « retrouver sa place » et essayer de se reconstruire malgré tout …

Dans ce roman l’auteure distille avec finesse les émotions. Des sensations qui montent crescendo au rythme de l’intrigue !
Une écriture agréable et fluide et une belle psychologie des personnages. Le point fort de ce roman !
Malgré tout, rien de « spectaculaire » … « juste » un drame familial, un retour à la vie quotidienne comme tant d’autres à cette époque, mais un réel plaisir de se laisser captiver par cette intrigue bien orchestrée !!
Une belle mélodie qui devrait enchanter un vaste public et un beau voyage dans le terroir normand …


Lien : https://lespatchoulivresdeve..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Après avoir épuisé tous les plaisirs, des amants interchangeables aux amours saphiques en passant par les parties fines échangistes, elle s'ennuyait. Elle eut soudain envie de ce mutilé, au visage détruit sous son masque
de momie. Le gardait-il ou l'ôtait-il pour faire l'amour ? Avec une curiosité perverse, elle se dit qu'elle n'avait pas encore essayé le monstrueux. " ... "Ses sens blasés, assoupis depuis des mois, se réveillaient tout à coup.
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Sainte-Anne? Qu'est-ce que tu vas faire à Sainte-Anne?
Elle lui devait la vérité. Tans pis pour ce qu'il adviendrait de Maria et de l'imposteur. Tout valait mieux que cette accusation d'adultère. Plus rien ne comptait que la souffrance que ses "omissions" avaient infligée à Henri. Après les blessures de la guerre, les blessures de l'âme, par sa seule faute.
Elle ne pouvait plus retenir ses larmes. Elles coulaient sur ses joues, ruisselaient jusque dans son cou. Elle murmura:
-Voir mon frère.
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Il éclata en sanglots bruyants, mais ses traits demeuraient étrangement placides. Les larmes roulaient sous le masque, traversaient le latex et le cuivre. Il les buvaient au fur et à mesure, elles lui laissaient dans la bouche un goût métallique. C'en devenait un supplice insupportable et il s'imaginait que cette torture répondait à celle de son âme.
Nul ne prêta attention à cet ivrogne qui avait le vin triste.
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Grâce à l'oiseau, à l'odeur du printemps et la tiède lumière du soleil, il a renoué le fil. Savoir qui il est, d'où il vient.
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