Tanguy Viel parle un peu de Paris, sort quelques méchancetés sur le Languedoc-Roussillon mais l'essentiel du roman se passe à Brest, avec vue sur la rade… le narrateur n'en peut plus des tensions familiales. Pour évacuer tout ça, il veut écrire un roman familial mais, dans ce cas-là, rien n'est simple, surtout avec sa mère !
Brest, ville entièrement détruite après la seconde guerre mondiale, devait être reconstruite pour que tout le monde voie la mer mais « quelques riches grincheux » ont voulu récupérer leur emplacement… « Alors, à Brest, comme à Lorient, comme à Saint-Nazaire, on n'a rien réinventé du tout, seulement empilé des pierres sur des ruines enfouies. »
Le décor est planté. Restent les personnages avec Louis, le narrateur,
Marie-Thérèse, la grand-mère, les parents de Louis, le fils Kermeur et sa mère, femme de ménage chez la grand-mère. Chaque semaine, Louis, en bon petit-fils, accompagne celle-ci jusqu'au cimetière puis mange avec elle au Cercle Marin où l'on retrouve « une France antique et royaliste ».
Le père de Louis, ancien vice-président du Stade Brestois, a dû déménager à Palavas-les-Flots où sa femme tient une boutique pour touristes. Suite à un trou de 14 millions de francs dans la caisse du club, il ne pouvait plus rester dans sa ville surtout qu'il avait recruté un attaquant brésilien, Juan César, avec un faux passeport… Pourtant, il marquait des buts mais le procureur n'aimait pas le foot…
Le 20 décembre 2000, Louis revient de Paris à Brest, en train, pour passer Noël en famille dans la maison achetée sur la côte sauvage depuis le retour de Palavas, grâce à la fortune de la grand-mère, heureuse héritière d'un vieillard rencontré au Cercle Marin. Après un mariage et trois ans de vie commune, elle a récupéré tout l'argent qui tente bien le fils Kermeur. « Ami » du petit-fils, il a, à son passif, un épisode au supermarché.
Justement, un chapitre est consacré à lui. Voyant la mère de Louis lui faire la tête, il nous gratifie d'une formule originale : « Ma parole, mais ta mère a avalé un cimetière ! » le ton du livre est là, souvent aigre-doux comme lorsque Louis sussure, encore à propos de sa mère : « Elle m'a caressé la joue, et pour moi c'était comme une lame de rasoir qui m'arrachait la peau. »
Footballeur ou écrivain, Louis n'a eu que le second choix au contraire de son frère. L'écriture de son roman familial « pour effacer le mal » parviendra à rendre la dignité au père mais, pour le fils,
Paris-Brest sera plutôt Brest-Paris.
Lien :
https://notre-jardin-des-liv..