Le prix que nous ne voulons pas payer pour l'amour

Une flânerie hier avec une amie, à la très sympathique et belle caverne d'Ali-Baba que représente la Librairie Tschann, bd du Montparnasse... m'a fait faire cette découverte impromptue: La peintre-dessinatrice et auteure, Etel Adnan,
Captée d'emblée par quelques passage de cette publication , éditée par la Galerie d'art Lelong, j'ai ajouté cette trouvaille aux autres choix, en faisant des choix cornéliens, reposant à regret le dernier texte de Dominique Sampiero
et les "Jardins de papier" d'Evelyne Bloch-Dano...Ce n'est que partie remise !.

Un très court écrit foisonnant nous offrant les digressions d'Etel Adnan, sur le moteur de l'Histoire des Hommes et la marche de l'univers, que représente la force créatrice et aussi destructrice (parfois) de l'Amour.

Je retranscris pour extraire l'essentiel de ces lignes deux passages dont le quatrième de couverture qui est en même temps la conclusion de cet ensemble de réflexions, qui touchent à l'avenir de notre planète Terre, à l'écologie, au respect que nous devons à la nature, à la force et la puissance de l'Art, à l'Amitié et bien sûr à l'amour dans son acceptation la plus large, ainsi que quelques notes personnelles où l'artiste parle de son parcours.

Son enfance, sa jeunesse passée à Beyrouth dans les années 30, elle est ensuite partie pour Paris, afin d'étudier la philosophie...sans omettre des clins d'œil à ses références littéraires ou philosophiques de prédilection, dans lesquelles Nietzsche occupe une place de choix...

"Amoureux, on devient un oiseau: l'on tend le cou et entend un chant que l'on n'attendait pas. On est sans voix.
Mais ils sont bien nombreux ceux qui ne sont pas prêts à risquer leur vie pour un tel moment. Ils ne risqueraient même pas moins que cela, ils ne bougeraient pas. Ils sont effrayés, ils préfèrent rester dans leur médiocrité. On peut les comprendre: l'amour, sous toutes ses formes, est la chose la plus importante à laquelle nous soyons jamais confrontés, mais la plus chargée de folie. Cependant, c'est le seul salut que je connaisse" (p. 28)

"On pourrait dire que l'amour pour un certain arbre, ou même pour la Nature, est quelque chose de bénin, mais l'amour n'est jamais bénin.
Il peut mobiliser, et il le fait, tout votre être. Ce que nous appelons "Nature" recouvre une infinité de réponses. Cela englobe l'exploration, la prise de risque, la révolution dans votre vie. Cela peut vous conduire au sommet de l'Himalaya, au bord de volcans, de gouffres ou dans les laboratoires. Cela vous révélera à vous-même.
Cela inspirera des artistes, des poètes et des philosophes. Cela ouvrira des voies pour la compréhension du sublime" (p. 13)

Très curieuse de lire ses autres textes , "Prémonition" , "Là-bas" et ceux qu'elle a illustrés, dont "L'espace de L'Egée" d'Odysseus Elytis (publié par l'excellente maison d'édition, L'Echoppe, janvier 2015)

Dans ce court ouvrage, Etel Adnan nous livre quelques réflexions sur l'amour et nous fait partager certaines de ses expériences fondatrices (notamment sa première visite au Musée du Louvre).
Pour vous faire comprendre la beauté de ce texte, je me contenterai de partager avec vous sa conclusion, lumineuse comme souvent la pensée d'Etel Adnan, et qui est d'ailleurs reprise en quatrième de couverture:
"Amoureux, on devient un oiseau: l'on tend le cou et entend un chant que l'on n'attendait pas. On est sans voix. Mais ils sont bien nombreux ceux qui ne sont pas prêts à risquer leur vie pour un tel moment. Ils ne risqueraient même pas moins que cela, ils ne bougeraient pas. Ils sont effrayés, ils préfèrent rester dans leur médiocrité. On peut les comprendre: l'amour, sous toutes ses formes, est la chose la plus importante à laquelle nous soyons jamais confrontés, mais la plus chargée de folie. Cependant, c'est le seul salut que je connaisse".
Si vous voulez en découvrir plus sur l'oeuvre d'Etel Adnan, c'est le moment d'aller au Centre Pompidou-Metz pour visiter l'exposition "Ecrire, c'est dessiner" qu'elle a inspirée.