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Germain Brice (Traducteur)
EAN : 9782080234483
256 pages
Flammarion (25/08/2021)
3.22/5   46 notes
Résumé :
On l’appelait le Chien. On racontait qu’il avait passé toute son enfance enfermé, dans un puits naturel obscur, quelque part au Kosovo. Pendant des années, son seul lien avec le monde extérieur avait été la nourriture. Ses papilles ont dû peu à peu se développer dans cet isolement, comme le sens du toucher chez un aveugle, au bout d’un moment il pouvait lire dans la nourriture comme d’autres dans un journal.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Maïté sous amphétamines !
Les nostalgiques de la Cuisine des Mousquetaires et de sa vedette qui assommait des anguilles en direct avant de les cuisiner pour s'échauffer, les fans de gueuletons à l'ancienne et fins gourmets de la tête de veau, peuvent sauter ce repas.
Ce roman se déroule pour l'essentiel dans l'office d'un restaurant urbain hyper branchouille, où l'on vient autant se montrer que dîner, où les convives ne partagent pas un bon repas mais une expérience culinaire. Les mêmes qui vont se faire raboter la frange chez un designer capillaire et non chez un simple coiffeur. Dans cette surenchère de performances pour rester perchés sur les sommets étoilés, une pression extrême anime le personnel, du chef mégalo soupe au lait, à la seconde pisse-froid jusqu'aux commis assaisonnés aux produits illicites.
Le Chien, « aimable » sobriquet de roquet, débarque de nulle part avec sa truffe de génie et va bouleverser les papilles. Son secret ? La légende raconte qu'il a passé une partie de son enfance enfermé dans un puits naturel, et que son seul lien avec l'humanité résidait dans la tambouille que ses tortionnaires lui abandonnaient. Cette séquestration aurait développé chez lui un goût presque surnaturel qui lui permet désormais de retrouver l'essence ultime de n'importe quel produit végétal, animal, minéral, etcestdéjàpasmal.
Mettez-lui sous le nez un steak haché et il sera capable d'identifier l'origine géographique de la vache en retrouvant la variété d'herbe broutée. Présentez-lui un banc de poissons panés et il saura vous dire la marque de gel douche utilisée par Captain Iglo.
Ce génie est forcément sociopathe et ne recule devant rien pour se procurer les mets les plus rares, quitte à cambrioler un zoo pour cuisiner des espèces protégées. Les échanges musclés en cuisine ou avec les équipes d'un restaurant concurrent s'enchaînent, et la cuisson à point de la compagne peu farouche du chef vient pimenter encore plus la recette.
Cette histoire très originale se mange sans faim avec un style aussi brut que la cuisine de son héros énigmatique. C'est plus cru que crrroquant, cher Cyril.
L'auteur est un réalisateur et scénariste allemand qui a signé avec « le Chien » son premier roman. Pour une fois, je n'ai pas trop eu envie de dévorer des cochonneries en lisant et j'ai su apprécier la critique sur le culte du paraître et de la performance. Les personnages ne sont pas attachants mais très bien construits et les dialogues sonnent plus vrai que le menu à la carte de ce restaurant.
J'ai beaucoup moins aimé la couverture érotico-frigide de ce roman, peut-être chargée d'émoustiller la cuisinière de tofu ! J'ai eu presque autant honte à la caisse qu'un ado présentant une boîte de préservatif dans une pharmacie de campagne. Il faut donc passer outre ce barbu ombrageux qui fait le vigile sur la couverture et profiter de cette histoire intrigante bien épicée.
Littérature moléculaire !
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Celui que l'on appelle le chien est un personnage mystérieux et mutique, il a vécu enfermé dans un puits naturel, s'est nourri d'infâmes repas jetés et pourtant, il a développé un goût sensoriel surdimensionné à tel point qu'il “pouvait deviner au goût si les pommes de terre avaient été cultivées à proximité d'une autoroute, ou si la viande venait d'un animal abattu sans douleur ou dans d'atroces souffrances.”

Avec ce pitch, Aziz engageait bien son roman d'autant plus que cet auteur est allemand comme Patrick Süskind.
Mais la comparaison avec Jean-Baptiste Grenouille dans “Le parfum” s'arrêtera vite, car plus que le chien, c'est la vie des cuisines d'un grand restaurant conçu comme une micro-société qui est au centre de ce récit.

Je sors un peu perplexe de cette lecture, avec le sentiment que les amorces de narration ne sont pas abouties.
Bien sûr, la dégustation des repas à la façon des images oniriques de mangas (cf “Les gouttes de Dieu”) est un moment de jouissance ; la scène de préparation des ortolans, noyés dans l'armagnac illustre ainsi le caractère démentiel de cette cuisine, surtout lorsque l'on pense que les Suisses ont interdit de plonger les homards vivants dans l'eau bouillante !

Il reste un roman sensoriel unique, à l'écriture acérée.
Mais au final, j'ai été heurté, bousculé par la violence du récit et j'ai perdu le fil de l'histoire qu'a voulu nous raconter l'auteur.
Je suis cependant curieux de visionner l'adaptation prévue en série.
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Belle couverture, quatrième de couverture qui incite vraiment à la lecture de ce roman dont on attend une révélation, une nouveauté sur l'art culinaire d'un personnage sorti de l'ombre, capable d'extraire de la nourriture la plus simple, une extase qui va bouleverser les papilles gustatives des plus grands chefs de la planète.
On va même suggérer une ressemblance avec Jean-Baptiste Grenouille de Süskind mais que nenni non point.
L'écriture n'est pas mauvaise, cependant on attend quelque chose qui ne vient pas. Je reconnais avoir continué ma lecture toujours dans l'espoir d'une découverte jamais arrivée.
Donc légère déception de ma part pour ce premier roman de cet auteur qui fera mieux peut-être la prochaine fois. (Comme disait Poulidor selon Desproges)
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Le narrateur, Mo, travaille dans un snack. Un soir apparait un drôle d'individu à qui Vaslav, le patron du snack, propose un kebab en échange de corvées.
"Le Chien" comme l'appelle Vaslav est quelqu'un de mystérieux, qui ne regarde pas les gens dans les yeux, parle peu et semble toujours dans un autre monde. Il obéit à Vaslav sans broncher et ne réagit ni aux coups, ni aux insultes.
Mo le prend sous son aile et essaie de le guider.
Un soir, après un énième accès de violence du patron, Mo et le Chien s'enfuient du snack.
Avec l'argent subtilisé dans la caisse, ils décident de s'offrir un repas dans le très renommé restaurant El Cion, le nec plus ultra de la gastronomie.
Pour le Chien, ce repas est une véritable révélation et il n'a alors plus qu'un seul but : travailler dans les cuisines de l'établissement. Avec l'aide de Mo, il réussit un coup de maître et Valentino, le dieu tout puissant d'El Cion, accepte de les embaucher. A ce moment-là, Valentino ne se doute pas un instant du cataclysme que sa décision va entraîner.
"Les chroniqueurs qui essayeront un jour de reconstituer les évènements ayant eu lieu à l'El Cion raconteront que c'est à cet instant précis que les avions ont fait cap vers les tours."
J'ai bien aimé cet univers peuplé de personnages obscurs, violents, hypocrites, et le style s'en ressent puisque souvent vulgaire et agressif. Dans ce monde brutal et féroce, les sens sont amplifiés et le coté animal des individus ressort.
Le Chien est un être à la fois répugnant et attirant, extraordinaire et énigmatique. "Quand d'autres utilisent leurs yeux et leurs oreilles, lui voyait et écoutait à l'aide de son goût."
J'ai également apprécié que le récit soit autant métaphorique et imagé : le restaurant est comparé à un corps avec la cuisine pour ventre, la vie en cuisine est une guerre, un terrain miné, la salle des machines d'un bateau, l'arène dans laquelle se trouve un taureau furieux.
Une belle découverte et un livre original.
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Le "n'est pas sans rappeler le Grenouille de Patrick Süskind" en 4e de couverture m'a mis l'eau à la bouche pour déguster ce roman. Cela est malheureusement vite retombé comme un soufflé !
Si le chien, vit ici lui aussi son art, la gastronomie, comme un animal, où le sensoriel prend le pas sur la raison, la comparaison avec le héros du Parfum ne va pas plus loin. le chien dont on n'apprend en définitive pas grand chose, tant sur son passé trouble que sa vision de la cuisine, son ressenti, n'est d'ailleurs selon moi pas le héros de ce livre. Rôle supplanté par le restaurant, qui prend corps avec la cuisine pour ventre. Un restaurant dépeint comme une micro-société, avec ses codes, hiérarchies, prouesses, faux-semblants, capable du meilleur comme du pire, où la performance prime sur l'éthique et la responsabilité.
L'atmosphère y est sombre, la tension continuellement palpable. La haute gastronomie côtoie les bas-fonds, les chefs étoilés les malfrats, les notables guindés se font bestiaux, dans une seule et même optique : le goût, le goût de l'interdit, le goût de l'inaccessible.
Ce roman est inclassable. Je l'ai trouvé assez brouillon dans sa rédaction et dans la structuration. Les descriptions ne sont pas là où j'aurais aimé en savoir plus et je suis restée sur ma faim à plusieurs reprises. Critique de la gastronomie érigée en art, démonstration que le beau n'est qu'illusoire, que la vérité se situe ailleurs, dans le brut, le viscéral, critique de notre société au sens large ou rien de cela, le message n'est pas clair... La fin mêlant mysticisme, fantasmagorie et autres joyeusetés m'a laissé dubitative et m'évoque un ragoût avec les restes du frigo.
J'en attendais beaucoup tant l'idée de départ est belle mais je reste sur un ressenti mi-figue mi-raisin. J'attends maintenant vivement l'adaptation prévue en espérant plus de lisibilité.

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critiques presse (2)
LeMonde
29 octobre 2021
Akiz est connu comme réalisateur et scénariste. C’est sans doute ce qui donne à ce récit de facture classique un style visuel et suggestif qui en fait un excellent divertissement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
11 octobre 2021
Un récit savoureux, très visuel et suggestif qui, bien que de facture classique, s’aventure là où se mitonnent l’érotisme et la sensualité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Alisha a posé ses bras autour du cou du chien. Le yacht vers la vie qu’elle aurait réellement voulu mener, une vie dans des pays lointains, aux côtés d’un mec sauvage, avait quitté le port depuis longtemps. Au lieu de ça, elle s’était retrouvée sur un bateau à vapeur pour touristes sur lequel la moitié des passagers étaient bourrés dès le matin, et où on portait des chapeaux rigolos et des lunettes de soleil ridicules.
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Valentino avait conscience qu'un tel plat ne permettait pas de toucher le plus grand nombre, mais ce n'était pas non plus le but. Si quelqu'un, et il désignait l'assiette d'un signe de tête, si quelqu'un avait un problème avec ça, alors il en était désolé, mais ce filet, ici, et il a marqué à nouveau une longue pause, ce filet était grandiose, c'était le meilleur mets qui ait jamais été servi à l'El Cion.
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Je ressentais une certaine nervosité car si ce n'était pas du pur hasard, un malentendu stupide, si au contraire le Chien savait très bien ce qu'il faisait, alors cela voulait dire que j'avais trouvé au milieu de toute cette puanteur, de ces pots d'échappement, des merdes de chien et de la friture rance, une sorte d'âme sœur, comme un soldat qui rencontre au front un camarade de son village natal.
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Il était encore possible au moins d'emballer le caviar Almas dans des capotes, comme de la saucisse, de les avaler puis de les chier le lendemain dans une cuvette, délicatement pour que le latex ne craque pas, mais on pouvait se brosser pour les ortolans et les tortues.
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J'étais à la broche, Vaslav encaissait et le Chien était sensé couper les herbes et les tomates, mais au lieu de ça il examinait les légumes comme s'il s'agissait d'échantillons de pierres du Crétacé.
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Le Chien - Akiz
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