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Charles Hoots (Collaborateur)Céline Schwaller (Traducteur)
EAN : 9782742760060
459 pages
Actes Sud (07/03/2006)
3.11/5   14 notes
Résumé :

Femme au caractère bien trempé, Khadija al-Salami a été formée à la rude école des décapitations publiques et des roquettes qui fauchent des innocents.

Dans une société maîtrisée par les hommes, elle a su se faire une place et être respectée au point de représenter aujourd'hui son pays à l'étranger. C'est sa vie qu'elle retrace ici : une enfance pauvre à San'â, des études suivies avec acharnement, des bourses pour l'étranger, un travail à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai eu envie de lire ce livre, car j'ai récemment eu l'occasion de voir un des documentaires de l'auteure, Moi Nojoom, 10 ans divorcée, sur l'histoire vraie d'une fillette yéménite mariée à 10 ans.
L'auteure a elle-même été mariée et divorcée à 11 ans. Elle a eu la chance de s'en sortir et de vivre la vie qu'elle s'est choisie, grâce à sa force de caractère, mais aussi en bénéficiant de liens familiaux et amicaux lui ouvrant la porte des études à l'étranger. Ce livre retrace son histoire et ses rencontres.

Il m'a permis d'approfondir ce que j'avais pressenti lors du documentaire, à savoir la culture et la vie quotidienne au Yémen. Ses descriptions des campagnes et des villes m'ont vraiment rappelé ce que j'ai vu dans le film. J'ai visualisé la terre, les pierres, les maisons carrées, les animaux et les villages. J'ai imaginé les réunions familiales où le repas est partagé avec les hôtes.

L'auteure en profite pour nous raconter l'histoire récente de ce pays, que nous connaissons très mal en Occident : les tensions incessantes entre les tribus, les luttes de pouvoir où les États étrangers tentent d'asseoir leur influence, les guerres meurtrières du XXe siècle. le livre se termine peu après 2000, soit bien avant le conflit dévastateur actuel qui entraîne une famine atroce.

Elle nous décrit la vie et la prise de décision de certains hommes haut placés dont elle a recueilli des témoignages grâce à son réseau. J'ai eu plusieurs fois le sentiment d'un manque de recul ou d'objectivité, tant certains personnages sont dépeints comme glorieux, braves, justes, et toujours très respectables, alors que d'autres hommes seraient faibles, traîtres ou machiavéliques… On comprend peu à peu que l'appartenance à une tribu est fondamentale, et je me suis demandé si cela n'influençait pas l'opinion de l'auteure, qui elle-même vient d'un clan.

Ces pages d'Histoire sont mêlées à des récits de vie quotidienne parfois durs, quand un homme d'importance se fait assassiner en rentrant chez lui, victime d'une vengeance ou d'un complot politique ; ou quand un autre décide de prendre une deuxième femme laissant la première mourir de chagrin… Décrits sur un ton d'anecdote. Comme si c'était arrivé, mais on passe à autre chose. La vie des grands politiques ou des chefs militaires est mélangée aux souvenirs de la vie personnelle de l'auteure et de ses proches, ce qui rend l'ensemble un peu confus, surtout avec les retours en arrière dans le temps.

Quant à la vie des femmes au Yémen, elle reste difficile, dans un pays où des fillettes peuvent être mariées jeunes… La jeune voisine adolescente a été violée. Mais dans ce monde, le viol n'existe pas, c'est la jeune fille qui s'est déshonorée. L'oncle de l'auteure décide de protéger l'honneur de sa propre famille en évitant que le même drame arrive. Donc il marie sa nièce prépubère. le plus affreux, est que l'adolescente a été considérée comme coupable par ses propres parents et a été enfermée dans une pièce, jusqu'à sa mort après quelques mois dans des circonstances douteuses. L'auteure écrit « Pour ma part, j'étais convaincue que la jeune fille avait dit la vérité, même si son histoire paraissait peu vraisemblable ». Dans quel pays un viol ne paraît-il pas vraisemblable ?

On découvre les traditions sur le mariage où la femme (ou la jeune fille) ne s'appartient pas, les héritages ne sont pas toujours égalitaires, et où la puissance de certaines familles reste dans un esprit très clanique. On comprend que si l'auteure vient d'un cercle familial pauvre, elle a pu tracer son chemin non seulement grâce à son acharnement à faire des études, mais aussi parce que des cousins éloignés connaissaient les bonnes personnes qui ont pu lui faciliter sa carrière. Dans cet univers, le nom et les relations comptent.

J'ai trouvé dommage que pour expliquer les raisons de la condition des femmes, l'auteure évoque les traditions ancestrales, mais s'attache à exonérer la religion, alors que sur cette thématique les religions exercent toujours une forte emprise. Mais ceci serait l'objet d'un autre débat. Toutefois, elle conclut heureusement sur la nécessité pour les filles d'acquérir une instruction et une éducation pour s'émanciper.

En résumé, ce livre aurait pu être formidable si l'auteure avait su prendre avec plus de recul les témoignages recueillis, le poids de la religion, sa propre vision influencée par ses liens familiaux et sa tribu… Et si le récit était mieux construit, car vers la fin j'ai eu l'impression que tout était mélangé, entre les débuts de sa carrière, son mariage, et à nouveau des témoignages d'untel ou untel sur un événement qui s'est déroulé 20 ans auparavant.

Malgré mes réserves, j'ai été contente de lire ce livre, qui m'a permis de découvrir un monde si éloigné du nôtre, et qui nous rappelle que l'égalité homme-femme et la liberté des femmes ne vont pas de soi.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Comme pour beaucoup de romans autobiographiques, Pleure, Ô Reine de Saba raconte une enfance meurtrie, une expérience amère, une révolte, un combat. Aidée de Charles Hoots, son mari, Khadija Al-Salami dévoile grâce à ce roman, un pays aux mystères insoupçonnés. Par l'évocation de ses souvenirs et par la retranscription de nombre de ses entretiens, elle remonte jusqu''au Yémen de ses ancêtres. L'Arabia Felix ou Arabie heureuse dont elle dévoile quelques secrets, recèle de coutumes, croyances et traditions ancestrales dont certaines perdurent encore dans le Yémen moderne. Les djambéyas, les tribus montagnardes, les cheikhs, le désert, les villages perchés... toutes ces images fantasmées du pays prennent corps dans ce livre et comblent maladroitement notre mal d'exotisme. Et puisqu'il n'y a aucun intérêt à raconter une vie heureuse, le lecteur s'attend en ouvrant le livre à un témoignage difficile. le Yémen de la Reine de Saba n'est plus depuis longtemps. Celui de Khadija Al-Salami est dur et caractéristique d'un pays en plein bouleversement : les enjeux politiques qui ont façonné le pays depuis la colonisation ottomane, ont fait de l'Arabia Félix, un territoire aux enjeux géopolitiques divers et variés. Sharaf (honneur), diyas (somme d'argent versée en compensation de la mort de quelqu'un), thar (vengeance d'un meurtre), toutes ces valeurs qui nous sont inconnues, régissent encore les décisions de la plus haute importance au Yémen : les cheikhs et les imams occupent un rôle décisif dans la gouvernance du pays et font de ce pays une mosaïque politique où tradition, culture et modernité doivent apprendre à cohabiter...

Femme au caractère bien trempé, Khadija Al-Salami témoigne avec ingénuité de son histoire. Être une femme émancipée au Yémen suppose une grande volonté et une ténacité à toute épreuve : le poids des traditions et des coutumes, la peur du qu'en dira t-on, l'honneur de la famille, toutes ces valeurs véhiculées depuis la nuit des temps, empoisonnent la vie des femmes au Yémen. le statut de la femme yéménite est le même qu'il y a des décennies : les mariages arrangés (Khadija Al-Salami est mariée de force à 11 ans), l'accès à l'éducation, le travail des femmes, toutes ces questions qui ont jusque maintenant été tranchées par les hommes, apparaissent désormais sous un jour différent. Et si les femmes avaient elles aussi leur mot à dire ? C'est ce que je retiendrai de ce touchant récit de Khadija Al-Salami. Bien que je n'ai pas particulièrement accroché à son écriture (peut-être en raison de son approche naïve et en raison d'autre chose je ne saurai m'expliquer), Pleure, Ô Reine de Saba, donne d'excellentes clés de compréhension du Yémen moderne : de l'histoire politique et de la formation du pays actuel (colonisation ottomane du milieu du 19e siècle, occupation britannique de la ville d'Aden, guerre entre le Yémen et l'Arabie saoudite, guerre civile du Yémen de 1962 à 1970, guerre entre Yémen du Nord et Yémen du Sud, unification du pays en 1990), les références ne manquent pas et les anecdotes sont passionnantes.

Mais au delà de ses ressources historiques et culturelles, ce roman a une résonnance toute particulière à mes yeux en raison de mon séjour au Yémen (2008). J'y ai entrevu un point de vue très différent de mes propres perceptions et des images que je m'étais construites du pays. Et ainsi que l'on s'enrichit intellectuellement en se frottant à l'intelligence d'autrui, j'ai trouvé un intérêt certain à cette lecture. le seul point sur lequel j'ai trouvé peu d'éléments, concerne la religion. Contrairement à toute attente, le roman n'évoque que très rarement cette question, qui semble pourtant primodiale quand il s'agit de la liberté des femmes dans un pays tel que le Yémen où la loi islamique (ou charia) est instituée. Mais peu importe, ce livre, très accessible, se prête facilement à une lecture de curiosité. Personnellement, ce roman m'a rappelé des gens, des images, des chants, des odeurs..., bref tout un imaginaire, toutes ces choses qui font la richesse du Yémen et dont je garde un souvenir impérissable... Je remercie d'ailleurs ماريون qui est venue me voir au Yémen au moment où j'y étais et qui m'a offert ce livre quelques années après mon retour en France.

Khadija Al-Salami est en général plus connue pour son travail de cinéaste : parmi ses titres, on retiendra le Cri, documentaire qui montre la mobilisation des femmes yéménites suite au soulèvement contre le régime de 2011.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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C'est une autobiographie : l'auteur raconte sa vie au Yémen. le livre commence assez difficilement, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. En effet, Khadija raconte aussi l'histoire du Yémen afin qu'on comprenne son histoire. Sa vie commence par celle de ces ancêtres, surtout maternels ; comment ceux-ci ont fini par s'installer sur des terres qui deviendront les leurs. Elle finit son biographie, après une enfance difficile, avec son récent mariage avec un américain, Charles Hoots.
J'ai beaucoup aimé ce livre, on découvre beaucoup de choses sur ce pays qui m'était, à part le nom, totalement inconnu ; les us et coutumes d'une société yéménite, en grande partie musulmane les lois et les codes yéménites à suivre par une communauté. L'histoire est racontée de façon chronologique mais il arrive qu'elle revienne sur quelques événements qui ont marqués l'histoire de sa famille. Lecture agréable, cependant un peu difficile avec les noms des tribus, les alliances faites… Heureusement, une petite généalogie des siens et de la succession au pouvoir yéménite ainsi qu'une carte du pays m'ont bien aidée dans la compréhension du texte.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Personnellement, je ne veux pas me voiler, expliquais-je. Alors, je ne me voile pas. Mais beaucoup de femmes ont envie de porter le voile. C'est une tradition qui ne leur pose pas de problèmes ; ce n'est pas quelque chose dont elles aspirent à être libérées. Les femmes yéménites qui viennent en Europe sont tout aussi choquées de voir comment les femmes s'habillent ici. Il ne leur viendrait jamais à l'idée de sortir en mini-jupe et en chemisier sans manches, par exemple. Au Yémen, il y a tant de choses qui libéreraient les femmes infiniment plus que l'abandon du port du voile. p.430
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Vidéo de Khadija Al-Salami
Vidéo de Khadija Al-Salami
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Histoire de l 'Asie>Histoire de la Péninsule Arabique (10)
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