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EAN : 9782130824589
Presses Universitaires de France (19/02/2020)
3.65/5   10 notes
Résumé :
Il n’y a pas de crise climatique. Il y a une volonté politique pour que le climat soit en crise. Telle est la thèse provocante défendue par Mark Alizart dans ce petit ouvrage brillant et intempestif. Quand des États laissent non seulement brûler leurs forêts, mais qu’ils les mettent eux-mêmes à feu ; quand ils ne se contentent pas de ne pas appliquer les accords de Paris, mais qu’ils les déchirent en public ; quand ils ne se satisfont pas de douter des scientifiques... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Allons droit au but : ce livre est très décevant. Dès la première page, premier cliché : « […] nul ne peut ignorer que les forêts sont le poumon de la planète ». C'est décevant parce qu'en tant que « Philosophe », Mark ALIZART aurait dû être plus enclin à remettre en cause et vérifier les croyances populaires. En réalité, ce sont les océans qui ont le rôle majoritaire. Évidemment les forêts sont importantes et il est nécessaire de les préserver. Ce n'est pas bien grave, mais c'est symptomatique d'un manque de rigueur. Passons.

Attaque de front ! Dès le début de l'ouvrage Alizart expose sa ligne directrice : l'urgence climatique n'est pas une simple crise, elle serait plutôt un « coup d'Etat » volontaire de l'oligarchie mondiale contre le vivant. Si on comprend où veut en venir l'auteur, qui met en avant bien légitimement que la plupart des gouvernements, notamment occidentaux – pourtant les plus responsables de la situation – sont loin de faire ce qu'il faut pour endiguer le changement climatique, il saute un peu trop vite à la conclusion d'une préméditation. J'entends par là que la démonstration qu'il expose n'est pas suffisamment bien étayée.
La lecture Marxiste de la problématique Climatique n'est pas vaine pour autant, Alizart évoque par exemple les inégalités climatiques, qu'elles soient internationales ou intra-nationales et c'est une bonne chose car on à vite tendance à croire qu'il fera plus chaud pour tout le monde pareil… Ce n'est bien sûr pas le cas. C'est bien pour ça que près de la moitié des émissions CO² du français moyen sont réalisées hors hexagone : on externalise la pollution (pas que le dioxide de carbone).
Alizart pointe aussi très justement que les « dominants » connaissent très bien les enjeux, les chiffres actuels, leurs projections et les conséquences concrètes de la modification brutale du climat de la Terre. Ça aussi, « on » a trop tendance à le mettre de côté, voire à le nier inconsciemment, à l'instar des Jancovici & Co., qui régulièrement taclent nos gouvernants en critiquant leur prétendue « ignorance », « inconscience ». Non.
Bien sûr, « Ils » savent. Déjà il y a le consensus scientifique ; mais il y a surtout les Ministères et leurs armées de bureaucrates, les multiples cabinets et experts, conseillers officiels ou officieux. « Ils » sont bien mieux informés que la plupart des Français. Malgré les débilités qu'« Ils » peuvent sortir dans les tabloïds ou sur les chaînes de désinformation. Alizart fait bien de le dire. Mais de ça, on peut juste inférer qu'« Ils » s'en foutent, se sachant – ou plutôt « pensant » – à l'abri.
Même si je n'adhère pas à la vision de l'auteur, il n'est pas totalement à côté de la plaque. Certains constats sont très justes, notamment lorsqu'il écrit « La crise écologique, c'est l'aubaine faite au ‘Capitalisme du désastre' d'étendre son emprise sur la Terre entière ». On voit bien comment la pandémie, qui n'en finit plus, a enrichi les types comme Jeff BEZOS.
Il est question aussi de la propagande du doute, du climato-scepticisme (préférons le terme négationnisme, vu le consensus scientifique).
Et toute la partie analysant les stratégies d'Act Up est intéressante également. Il met en avant comment l'association a modifié son approche de communication – sur le fond et sur la forme – pour ouvrir des perspectives nouvelles aux yeux de l'opinion. En parallèle il reprend énormément à Trotsky (sans l'idolâtrer) et son triptyque stratégique du : faire front uni, faire alliance avec la technologie et faire naître l'espoir. Si la comparaison qu'il développe entre l'action d'Act Up et la vision de Trotsky fait sens, il n'en va malheureusement pas de même eu égard au Climat…

Pour Alizart, il apparait que la Technologie est un pilier de la lutte contre le changement climatique. Il ne fait nul doute selon lui que l'Humain a pour destin de dominer la « Nature ».
On a non pas un, mais deux problèmes ici.

Tout d'abord, Alizart met en avant que « Les scénarios optimistes du GIEC […] incluent une part significative de géo-ingénierie ». C'est vrai, effectivement, le GIEC établit des scénarios : ce sont des « histoires » proposant des projections d'émissions (et d'absorptions) sur lesquelles sont basées les simulations réalisées par de nombreux chercheurs sur base de nombreux modèles. Rien de plus. Ça n'a rien de contractuel. Cela ne veut pas dire que les technologies mises en avant et les estimations d'impacts – positifs – seront effectives, même si tout ce qui est matériellement possible était mis en oeuvre.
En évoquant la solution supposément miraculeuse de la géo-ingénierie, Alizart manque malheureusement de mentionner tous les risques liés à une (autre) modification de l'équilibre climatique par l'Humain, qu'ils soient d'ordre écologiques ou politiques, comme on a pu le percevoir récemment avec les projets chinois. Ce n'est pas honnête. Enfin, il ne remet aucunement en cause la fuite en avant technologique que cela occasionnerait et n'aborde pas, même de loin, l'approche techno-critique, notamment sur l'aliénation qu'impliquent de grandes structures industrielles et technologiques, aussi bien envers l'Humain qu'envers le reste du vivant… Ça fait beaucoup de manques.
J'énumère vite fait quelques autres thèmes qui augurent de la teneur « Techno-solutionniste » du discours de l'auteur : herbes folles génétiquement modifiées pour absorber cent fois plus de CO², argent public à investir dans les bioplastiques, le biocharbon, la viande de synthèse… Bref, vous avez compris.
Le second problème, c'est cette position de l'Humain dominant la Nature ; et de fait s'excluant d'elle, stigmate de la vieille pensée occidentale. Ce positionnement de l'Humain comme dominateur de droit quasi-divin occulte toute possibilité de compréhension de ce qu'est en profondeur l'Écologie. Écologie dont la définition donnée par Alizart est d'ailleurs erronée, il affirme : « L'Écologie est une science. » – ça c'est vrai – et juste après il enchaine : « Elle est née de la modélisation informatique du climat qui a été rendue possible par les progrès en matière de compréhension des processus thermodynamiques ». Alizart confond donc Climatologie (qui ne repose d'ailleurs pas que sur les seules modélisations) et Écologie. C'est problématique. Mais il a placé « processus thermodynamique », alors ça impose. Une envolée lyrique vient agrémenter le tout : « La nature a conçu l'esprit, elle l'a conçu pour qu'il la prolonge », on est en plein délire téléologique (un autre mot qui impose, tout le monde peut le faire) et puis l'ouvrage conclut sur un chapitre intitulé « le monde est à nous », au cas où ce n'était pas assez clair.

Franchement, c'était décevant. Décevant de voir du vrai et du complètement faux mélangés, comme trop souvent. Décevant de se dire qu'être Philosophe au XXIème siècle, c'est visiblement s'emparer de sujets qu'on ne maitrise pas pour en pondre un livre ; livre dont je n'aurai pas de mal à croire qu'il a été commandé par l'éditeur car le thème du Climat est un sujet chaud (blague…).

Je ne recommande évidemment pas la lecture de ce bouquin. Encore moins à des novices des thématiques abordées, qui se feraient facilement embobiner.

Il y a bien mieux à lire.
Pour le Climat, la meilleure source reste la Science : les résumés des rapports du GIEC sont arides mais compréhensibles. Les rapports du HCC sont parfaitement accessibles, courts et didactiques, pour une première approche.
Au sujet de la critique de la domination, il n'y a pas photo, il faut chercher du côté de l'Anarchisme, ce n'est pas un gros mot.
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Loin des leurres.
Désigner l'ennemi à combattre est essentiel pour engager une politique de survie sans se fourvoyer. A l'échelle humaine, les enjeux sont vitaux. A force de dévorer convulsivement la planète, les manteaux nourricier et protecteur se réduisent comme peaux de chagrin. La débâcle climatique qui s'installe durablement est le résultat d'une volonté politique avérée cornaquée en sous-main par des intérêts financiers effrénés. L'agitation des sous-fifres au pouvoir n'exclut pas la collusion et l'enrichissement personnel au détriment de quasiment tous les êtres vivants marchandés. Mark Alizart, philosophe français, a produit un brûlot avec son essai lucide aux propos explosifs. En rapprochant enfin écologie et socialisme, il pose des bases idéologiques fortes et pertinentes. le capitalisme, ici dans sa facette « carbofasciste », ne peut que se nourrir de la catastrophe humaine et écologique. La pollution et la destruction de la biodiversité sont prévues depuis des décennies. Elles représentent de nouveaux marchés toujours plus juteux d'autant plus qu'ils touchent à la survie de l'humanité et de la planète. L'auteur l'affirme avec évidence, il n'y a pas de « crise » écologique dont le terme signifie une acceptation aveugle « à l'idéologie des dominants » mais une « affaire », un « délit » ou un « coup » quand il s'agit de transférer la dette dantesque des profiteurs à la collectivité. le krach boursier, la guerre mondiale ne constituent que des passages de relais où les pertes colossales dépassant largement les dividendes des actionnaires devront être épongées par la multitude asservie et dépendante.
Au constat posé, Mark Alizart propose une mise en oeuvre d'actions concertées. Il s'agit de ne pas se tromper de cible et de s'engager en connaissance de cause contre un ennemi nommément désigné. Les enjeux sont considérables. L'installation « naturelle » au pouvoir du fascisme, espérée par la population comme seul remède à l'effondrement civilisationnel est une des voies toutes tracées qu'il faut miner. Lire « le coup d'état climatique », d'un abord simple et percutant, est salutaire.
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Entièrement d'accord avec le diagnostic : ceux qui sont les plus grands responsables de la catastrophe en cours (et dont les effets ne vont être que de plus en plus dévastateurs) savent depuis longtemps, et ont sciemment choisi d'ignorer les conséquences criminelles de leurs exactions : le veau d'or reste le seul dieu qu'ils adorent. Et les soi-disant représentants du peuple qui leur permettent d'agir en toute impunité (voire qui leur facilitent la tâche) sont tout aussi responsables et coupables.
Je ne partage en revanche pas du tout la confiance, que dis-je, la croyance de l'auteur dans un solutionnisme technologique : c'est aussi du fait de cette totale absence de réflexion des enjeux réels de la quêtes immodérée pour le technologisme débridé, cette incapacité à voir que le vers de l'effondrement et de la perte est dans le fruit du progrès technique depuis toujours que nous avons toutes les chances de ne pas nous en sortir. la question n'est pas de savoir si l'on peut adapter le progrès : la question est de revenir sur l'idée même de progrès (et toutes ses prétendues "valeurs" ou "vertus" associées - telle la croissance, l'émancipation de la nature, etc.). Il 'est qu'à voir que ceux qui ont compris depuis longtemps le drame qui se joue approuvent ces solutions pour s'en convaincre.
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Un livre simple et efficace! Parfois la réflexion demanderais à être plus développée!
Le lien entre politique et écologie est tout de même bien agencée et permet de comprendre certains rouages en matière d'inaction politique.
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Vidéo de Mark Alizart
#JournéeDeLaPhilo2020 #Philosophie #LesRencontresPhilosophiquesdeMonaco #Philomonaco
Philosopher ensemble !
#Trailer de présentation des Rencontres Philosophiques de Monaco
Avec la participation de: Alain Fleischer, Anastasia Colosimo, Anne Dufourmantelle, Avital Ronell, Barbara Cassin, Bernard Harcourt, Bernard Stiegler, Boris Cyrulnik, Bruno Karsenti, Camille Riquier, Catherine Chalier, Catherine Millet, Charlotte Casiraghi, Christian Godin, Claire Chazal, Claire Marin, Claude Hagège, Cynthia Fleury , Davide Cerrato, Denis Kambouchner, Dominique Bourg, Donatien Grau, Edwige Chirouter, Elisabeth Quin, Emanuele Coccia, Éric Fiat, Étienne Bimbenet, Fabienne Brugère, François Dosse, Frédéric Gros, Frédéric Worms, Gary Gillet, Geneviève Delaisi de Parseval, Geneviève Fraisse, Georges Didi-Huberman, Georges Vigarello, Géraldine Muhlmann, Gérard Bensussan, Hakima Aït El Cadi, Jean-Luc Marion, Jean-Pierre Ganascia, Joseph Cohen , Judith Revel, Julia Kristeva, Laura Hugo, Laurence Devillairs, Laurent Joffrin, Luc Dardenne, Marc Crépon, Marie Garrau, Marie-Aude Baronian, Mark Alizart, Markus Gabriel, Marlène Zarader, Martine Brousse, Corine Pelluchon, Maurizio Ferraris, Mazarine Pingeot, Michael Foessel, Miguel de Beistegui, Monique Canto-Sperber, Nicolas Grimaldi, Olivier Mongin, Paul Audi, Perrine Simon-Nahum, Peter Szendy, Philippe Grosos, Pierre Guenancia, Pierre Macherey, Raphael Zagury-Orly, Renaud
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