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EAN : 9782246468110
274 pages
Grasset (23/09/1992)
3.29/5   36 notes
Résumé :
L'écologie est-elle une politique ? Existe-t-il une doctrine écologique unifiée ? Luc Ferry, professeur de sciences politiques, répond à ces questions en s'appuyant sur le travail de chercheurs américains et européens, et se propose de mettre au jour les implications philosophiques du projet écologique. Il distingue ainsi la shallow ecology (écologie réformiste) de la deep ecology (écologie profonde) q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque Luc Ferry publie cet ouvrage en 1992, il est professeur agrégé de sciences politiques depuis 10 ans, et ne sait sans doute pas encore qu'il sera Ministre du gouvernement Raffarin 10 ans plus tard. Son ton, dans cet essai critique sur la pensée écologiste, n'est pas celui d'un décideur mais d'un professeur, qui s'appuie sur l'Histoire de la philosophie pour défendre ce qu'il considère une vision humaniste, c'est-à-dire centrée sur l'Homme, de l'environnementalisme, qu'il considère la seule démocratique. Il s'oppose ainsi à la fois aux mouvements de libération animale prônant un droit de l'animal à être sujet de droit, et à ce qu'il appelle l'écologie profonde, où la nature elle-même se voit revendiquer ce droit.
Cet ouvrage, étudié il y a plus de 20 ans, vaut surtout à mon goût pour l'exemplarité de la dissertation philosophique, dont la rigoureuse construction, s'appuyant sur des faits historiques, des références riches d'auteurs variés et sur une parfaite connaissance des sensibilités qui ont construit notre corpus culturel, intellectuel et politique actuel, se fait très convaincante. En outre, la langue est accessible et imagée.
Pour autant, si l'on ne peut qu'adhérer à une pensée humaniste refusant les extrêmes et le réductionnisme, face aux tension environnementales radicales que vit notre époque, peut-on se contenter d'une conclusion intellectuelle, mollement engagée, sur les trois cultures en Europe ? Un ouvrage à lire donc, pour relativiser et questionner nos certitudes, mais qui mérite d'être contrebalancé par d'autres penseurs apportant la force de l'engagement, qui fait défaut ici, et est pourtant si nécessaire à l'action.
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L'auteur fait un énorme contre-sens sur l'écologie profonde. Il suffit de lire Arne Naess, qui est à l'origine de ce mouvement, pour s'en rendre compte immédiatement. https://www.babelio.com/livres/Naess-Ecologie-communaute-et-style-de-vie/126519
Cependant, le livre de Luc Ferry constitue une preuve vivante du type d'universalisme abstrait qui conduit à creuser les inégalités dans ce monde, autant qu'à pourrir la planète.
L'auteur montre, par ses références, à quel point cette habitude de pensée est ancienne et profondément tissée. le terme néolibéralisme pour désigner cette idéologie serait d'ailleurs complètement déplacé quand on songe aux doctrines ultra-classiques auxquelles elle emprunte.
Mais même en suivant John Locke (fin XVIIeme siècle), qui encourage l'appropriation privée des ressources de la nature par le travail, Luc Ferry pouvait prendre à son compte cette exigence qui est d'en laisser aux autres « autant et d'aussi bonne qualité ». Compte tenu des signaux écologiques qui alertent depuis longtemps, on peut parler de déni de responsabilité de la part de l'auteur.
Puisque qu'il se réclame de Kant voici une pièce instructive de cette philosophie du rapport de l'homme à la nature : « La guerre intérieure ou extérieure, dans notre espèce, a beau être un grand mal, elle est pourtant le mobile (Triebfeder : l'excitant de la pulsion) qui fait passer de l'état sauvage de la nature à l'état social. ».
Le contraste est saisissant avec une écologie profonde d'inspiration spinoziste qui donne la priorité à l'affect joyeux de « Réalisation de Soi ! » en accord avec le tout. Mais ce qu'il y aussi au fond de l'écologie profonde c'est du pragmatisme.
Comme John Locke invoquait une loi de nature, Luc Ferry trouve également que l'exigence écologique doit s'intégrer enfin au marché, « qui s'adapte TOUT NATURELLEMENT aux nouvelles exigences des consommateurs ». Étonnante auto-contradiction pour celui qui estime dans le même livre que la civilisation « trouve son essor véritable avec cet arrachement à l'univers naturel par lequel se constitue progressivement un ‘monde de l'esprit' ».
L'écologie profonde soutient les actions de sensibilisation des consommateurs notamment pour la diminution de la consommation énergétique, mais elle se place résolument sur le plan politique. D'après Arne Naess, « la direction est révolutionnaire mais la voie est celle de la réforme ».
Au contraire, le « laisser-faire » du marché proposé par Luc Ferry, paraîtra irresponsable à de nombreuses personnes. C'est même un abandon surprenant de la part d'un professeur de sciences politiques. Heureusement, les dernières élections européennes ont montré récemment l'importance de l'écologie en politique. Mais il est vrai que l'eau a coulé sous les ponts depuis la sortie de ce livre.
Enfin ce livre devrait nous rappeler le danger des visions omni-englobantes qui terminent par « …isme ». Arne Naess signalait le cas du darwinisme social qui a complètement inversé la théorie biologique de l'évolution. de la même façon il faudrait se méfier de ce qu'on entend par libéralisme. Mais puisque Luc Ferry brandit les menaces du nazisme, du stalinisme et autres fondamentalismes, je vais terminer par cette citation assez piquante de Bertrand Russell. Chacun pourra tenter de se reconnaître ou pas… dans ce petit jeu des tempéraments libéraux : « A partir de Rousseau et de Kant il y eut deux écoles de libéralisme qui pourraient être définies les têtes dures et les coeurs tendres. Les premiers se développèrent avec Bentham, Ricardo et Marx et, par étapes logiques, jusqu'à Staline. Les seconds, par d'autres étapes, non moins logiques par Fichte, Byron, Carlyle et Nietzsche, aboutirent à Hitler ».
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« le Nouvel Ordre écologique », sous-titré « L'arbre, l'animal et l'homme », un essai de Luc Ferry, publié en 1992 qui a reçu le prix Médicis.
L'auteur présente et critique à sa manière, brillantissime, certaines tendances philosophiques de la pensée écologiste moderne ; et en particulier celles de l'écologie profonde dans laquelle il voit un anti-humanisme qu'il compare au romantisme voire, dans certains cas, à la politique écologique nazie, tout en replaçant les débats sur l'écologie dans le cadre de la modernité et l'héritage des Lumières.

Cet essai de Luc Ferry est également un ouvrage d'historien de la philosophie où l'auteur nous expose les théories des grands penseurs sur les rapports entre l'homme et la nature.
L'ironie n'est pas absente, qui tire parfois l'ouvrage vers le pamphlet.

Un ouvrage indispensable, ne serait-ce que pour bien faire le "distingo " entre écologie et écologisme et pour se convaincre que toute utopie porte en elle les ferments d'une forme ou d'une autre de dictature...
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Ma critique ne sera pas aussi savante que celle que je lis par ailleurs. J'ai été interpellée par cette lecture et par les messages que nous envoie l'auteur.
Je conserve toujours un bémol concernant les livres écrits par ce philosophe, c'est qu'ils ne sont pas, pour moi, qui n'ai sans doute pas les brillantes connaissances des grandes universités françaises, d'un abord facile. C'est même plutôt parfois malaisé et il faut m'y accrocher. Mais j'en suis sortie en me disant, intéressant. Une voix autre, à contre-sens. Cela remue les méninges. Dire je suis enthousiaste, non, cela quand même pas.
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Total désaccord avec Luc Ferry sur ce sujet crucial pour la société qu'est l'écologie . Oui le monde à besoin d'écologie , on le voit tout les jours avec les dégats du au nucléaire , énergie folle que l'homme ne maitrisera jamais , mais qui elle maitrise l'homme , la folie du gaz de schiste et de l'indépedance énergétique qui conduit l'homme a empoisonner son prochain pour une question d'argent . Oui l'écologie est nécessaire , elle est vitale . Comment peut on faire l'impasse sur la dimension sociale de l'écologie ? Voila un ouvrage dans lequel Luc Ferry à tout faux .
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On perçoit quelle unité de vue relie entre elles ces versions américaine, allemande et française de l'écologie profonde : dans tous les cas, il s'agit bien de remettre en cause la tradition moderne de l'humanisme juridique pour parvenir à l'idée que la nature possède une valeur intrinsèque et qu'elle est, comme telle, digne de respect. Ainsi revalorisé, le cosmos tout entier se voit à la limite affecté d'un coefficient positif supérieur à celui de l'humanité puisqu'il en constitue la condition première : la nature peut se passer des hommes, mais non l'inverse, ce pour quoi l'idée d'une "préférence naturelle" se trouve pas à pas légitimée. Qu'un arbre meurt ou qu'un homme meurt, dans les deux cas, un être vivant retourne à la terre. Mais sommes nous bien certains que les deux disparitions aient le même sens, la même valeur, que la destruction de populations entières soit vraiment comparable à celles des arbres qui composent nos forêts ?
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Mais enfin, on ne saurait ainsi réduire à rien, c’est-à-dire aux seules illusions d’idéologies politiques catastrophistes et catastrophiques, le défi que lance l’écologie à la tradition de l’humanisme moderne. D’autant que la sensibilité écologiste « moyenne », celle de tout un chacun, n’a rien d’extrémiste, ni même d’antidémocratique. Elle relève plutôt de cette esthétique de l’authenticité, de ce souci de soi au nom desquels on revendique volontiers –et pourquoi pas ?- une certaine « qualité de vie ».
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Je possède encore un livre de cuisine, publié en France entre les deux guerres, qui précise comment, pour le succès d'une certaine recette, "le lièvre demande à être écorché vif". Curieuse exigence, en vérité...
La question ne peut être éludée : pourquoi tant de haine si les bêtes ne sont que des choses ?
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Toute notre culture démocratique, toute notre histoire économique, industrielle, intellectuelle, artistique depuis la Révolution française est marquée, pour des raisons philosophiques de fond, par un éloge du déracinement, ou, ce qui revient au même, de l'innovation - éloge que le romantisme, puis le fascisme et le nazisme n'ont cessé de dénoncer comme fatal aux identités nationales, voire aux coutumes et aux particularités locales. Leur antihumanisme, explicite sur le plan culturel, s'est accompagné d'un souci de l'enracinement qui fut propice à l'éclosion d'un formidable attrait pour l'écologie. Pour parodier l'heureuse formule de Marcel Gauchet, "l'amour de la nature" dissimulait (mal) "la haine des hommes".
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Greenpeace, qui annonce clairement dans un éditorial de ses chroniques en date d'avril en 1979 :
" Les systèmes de valeurs humanistes doivent être remplacées par des valeurs supra-humanistes qui placent toute vie végétale et animale dans la sphère de prise en considération légale et morale. Et à la longue, que cela plaise ou non à tel ou tel, il faudra bien recourir le cas échéant à la force pour lutter contre ceux qui continuent à détériorer l'environnement".
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