Journal d'un mobilisé de guerre 1914-1918

Nous sommes en 2014. Cette année marque le début de quatre années de commémorations sur la "Grande Guerre" et bien que peut intéressée par les guerres, il me paraissait important de faire à ma manière mon "devoir de mémoire". "Journal d'un mobilisé de guerre" nous raconte la première guerre mondiale du point de vue d'un officier girondin, Auguste Allemane, du 18 août 1914 au 19 décembre 1918. Ce n'est pas la "grande" histoire qu'Allemane nous raconte mais la "petite", celle de sa vie quotidienne dans les tranchées, sous le bruit incessant de l'artillerie allemande, anglaise ou française, la gestion des problèmes d'intendance, les mouvements de troupes, la pluie, la boue, la neige des hivers 1916 et 1917...
De la mort, Allemane parle assez peu ou de façon très pudique. Il narre ainsi dans son journal qu'en juin 1916, le 3eme bataillon du 140e Régiment territorial qu'il commande va être dissous, car sur les 254 hommes que comprenait son bataillon, "seulement" 85 son encore en vie. Nous sommes en 1916, la guerre ne finira qu'en novembre 1918.
Ce qui me restera de cette lecture se sont surtout quelques anecdotes forte comme celle de cette grève des femmes dans les usines de la région parisienne qui veulent être payés plus de 10 francs la journée. Allemane nous apprend que les soldats au front reçoivent 2 francs par jour ! 2 francs me parait bien peu quand on connait la vie rude (et souvent mortelle) que les poilus ont connu dans les tranchées...
Je remercie les Editions du Sud Ouest et Babelio pour m'avoir fait découvrir ce témoignage poignant. Accessible dès le lycée.

Un témoignage qui rend compte directement de la vie des acteurs de la première guerre et nous sort des éléments impersonnels qu'on a l'habitude de voir ou de lire sur le conflit (mouvements des troupes, déroulement de la guerre). Outre le quotidien, je retiens la manière dont l'auteur voit les embusqués et la perception de la guerre et des soldats par les civils et à Paris par exemple. Parfois amer, parfois ironique, cet ouvrage fait part d'une grande pudeur (liée à la censure du courrier). Cette dernière, alliée à la concision des propos, ne fait que renforcer le discours. Parmi les ouvrages qui vont foisonner en cette année de centenaire, je recommande celui-ci.

Ce témoignage rare a eut la chance de nous arriver presque 100 ans après les faits, grâce à un homme fonctionnaire de métier qui a voulu se laisser une trace, peut-être une thérapie contre la dureté de la guerre, des notes plus ou moins longues quelques fois ironiques, des lettres, quelques photos et même des croquis. On peut presque le suivre car il mentionne toujours les lieux où il est passé. On y découvre un homme méticuleux, humain, ouvert aux autres (il nous parle de ces soldats venus des "colonies" françaises ou anglaises), intelligent, observateur et qui aime a être informé des actualités sur les différents fronts. Mais bien sûr, il n'oublie pas de mentionner les horreurs de la guerre, la mort, la maladie, les hôpitaux de fortune, les massacres, les problèmes d'intendance, les destructions, ...

Je conseille vraiment à le découvrir, il est facile à lire et pourtant on y apprend tant, c'est un beau témoignage du passé que l'on ne découvrira pas dans les manuels scolaires. Et c'est aussi quelque part notre histoire.
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