Cadeau de mes fils pour Noël, en soi une petite aventure. Imaginer ces deux garçons de vingt ans dont je ne sais presque rien, que je ne fais que deviner avec une incertitude croissante, discuter (négocier ?) devant le rayon livres d'un hypermarché de celui qu'ils vont m'offrir à moi, leur mère, est une expérience qui pourrait (tiens, oui) faire un livre. Mais ce n'est pas l'objet du présent opus, dialogue transcrit entre un médecin psychiatre à Sainte-Anne, chargé d'enseignement à Paris X et auteur de Vivre heureux, de l'art du bonheur, Les états d'âme… et un agrégé de philo, prof en classes prépa, conférencier, chroniqueur et auteur du
Petit traité de la joie,
Vivre ensemble la fin du monde et d'études approfondies sur
Nietzsche et
Simone Weil. Et chrétien, ce que ne mentionne pas la quatrième de couv mais qui apparaît à la 3e page de l'intervention dudit et qui finit par prendre toute la place. Ben oui, le dialogue est quand même « commandé » par l'association Disputatio et le Centre théologique universitaire de Rouen « dans le cadre prestigieux des fêtes
Jeanne d'Arc ». Autant dire que le Christophe, non-croyant avoué et tout juste assumé (« face à cette position, je me sens impressionné, intimidé », p. 69), a fait preuve d'une belle bravoure en acceptant le duel. Mais non, pas duel, tout cela est très bienveillant et tolérant. Mais le débat, malgré les très civilisés « je vais donc maintenant goûter au bonheur de me taire et de me reposer, et surtout à celui d'écouter
Martin Steffens » (p. 35) et autres « Merci à Martin pour ces deux bémols qui vont me permettre de préciser ma pensée » (p. 77), n'a pas lieu, parce que pour l'agrégé chrétien le bonheur c'est être au monde, quel qu'il soit et tout moche et douloureux qu'il soit, par la volonté de son Dieu, point barre, et que le psychiatre fait ce qu'il peut, en face, pour faire valoir une position un peu plus large, moins ambitieuse et donc moins excluante, résultant de sa pratique quotidienne face au désespoir. « Bonheur = bien-être + conscience » (à chaque fois que ça se présente), ça a peut-être l'air un peu simple, et il y a des moments et des parcours où ça ne pèse peut-être pas lourd, mais ça me semble mériter d'y réfléchir. La foi, je ne vois pas comment. Mais c'est peut-être le stade d'après.