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EAN : 9782931080108
150 pages
Quadrature (10/02/2021)
4.7/5   5 notes
Résumé :
"Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d'où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen. A 9h22, il descendrait à Verviers-Central. Elle l'attendrait sur le quai, "au pied des escaliers", avait-elle précisé, il se sentait un peu fou...
Des voyages, des instantanés de vie surpris dans les trains. L'existence se conjugue, au fil des rencontres, à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Des nouvelles comme des huis clos où l'être humain se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Mon Mois belge commence bien avec ce recueil de nouvelles de Frank Andriat. J'avais reçu l'annonce du lancement en février et j'avais lu les quelques pages de la nouvelle éponyme offertes par la maison Quadrature. Evidemment il n'y avait que la moitié environ de l'histoire et j'étais tellement ferrée (et frustrée) que j'ai demandé tout de suite à recevoir un exemplaire du livre. En plus, j'aime les voyages en train, je connaissais déjà quelques romans jeunesse de Frank Andriat, ça devait me plaire. Merci infiniment à Patrick Dupuis et aux éditions Quadrature !

Six nouvelles composent ce recueil et toutes se passent dans un train.

Un grand homme : Des écrivains se retrouvent ensemble dans un TGV qui les mène à un salon du livre. L'un d'eux, auteur à succès, se montre particulièrement grossier et imbuvable envers les femmes.

Crains les trains ! : En pleine grève de la SNCF, un homme tente de dissuader sa compagne de prendre le train pour Colmar. Il la suit en voiture et essaye à tout prix de la rattraper.

Lorsque la vie déraille : Geoffrey va retrouver Dora après deux mois de mise à l'épreuve de leur amour. Sur le chemin vers la gare de Schaerbeek, il croit apercevoir la jeune femme censée l'attendre sur le quai à Verviers.

Avec des sourires et de la paix : Angéline se rend tous les jours à l'école en train avec un groupe de copains. Leur soi-disant amitié va passer à l'épreuve des préjugés et du regard sur l'autre.

La notification : Sur un mode narratif en hommage à La Modification de Michel Butor, un homme marié à une femme lumineuse traverse la France de Bordeaux à Luxembourg pour retrouver sa maîtresse au caractère totalement opposé.

Une histoire d'amour : Un couple prend le train de Bruxelles à Arlon ; le trajet permet à cet homme et à cette femme toujours amoureux de digérer ou du moins de mettre à distance un diagnostic médical qu'on vient de leur asséner.

Six nouvelles avec leur narration particulière, six décors à la fois identiques et différents (un TGV ou un train omnibus, ce n'est pas la même chose), six personnages principaux (si on compte pour un seul le couple de Une histoire d'amour) qui donnent tout de suite envie de s'intéresser à eux, de s'y attacher ou de les détester. Six ambiances que Frank Andriat sait construire avec art : la longueur des textes (une vingtaine de pages environ) permet de s'y installer et en même temps il maîtrise le suspense et dévoile les secrets au moment où on ne s'y attend pas.

Une grande humanité imprègne ces pages : peut-être, comme beaucoup de gens qui voyagent régulièrement en train, Frank Andriat s'est-il inspiré des visages et des histoires ferroviaires observés dans la vraie vie, en tout cas il nous dresse de magnifiques portraits d'hommes et de femmes avec sa finesse habituelle. Autre plaisir de lecture non négligeable : l'élégance de la langue, qui participe à la finesse des histoires (un auteur qui sait encore employer le subjonctif imparfait : respect, Monsieur ! 😉 (même si parfois c'est un peu appuyé)).

J'ai vraiment beaucoup aimé !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Jamais deux sans trois ! C'est ainsi qu'après "Face à la mer" de Pierre Montbrond, "Fenêtre ou couloir" de Claire Blanchard-Thomasset, je découvre "Lorsque la vie déraille" de Frank Andriat, un très beau recueil de nouvelles paru aux Editions Quadrature. Avant même d'ouvrir le livre, je me régale de la jolie couverture et des mots à venir.

Et je ne suis pas déçue. Il me suffit de tourner quelques pages, de lire l'incipit signé Michel Butor et de continuer.

"J'ai rencontré Octave Richet dans le TGV Paris-Toulouse."

"Tu ne m'as pas cru, Maria, lorsque je t'ai affirmé que ce voyage était dangereux et qu'il pourrait me tuer…"

"Il aurait pu reprendre un croissant : il avait le temps…Son train était prévu à 7h46 vers Bruxelles-Nord d'où il monterait dans le 8h06 vers Liège et Eupen."

"Nous formions une belle bande. Tous les jours nous montions dans le train pour nous rendre à l'école à Athus, en Belgique."

"Vous posez le pied droit sur la première marche et, de votre bras gauche, vous soulevez votre valise afin qu'elle ne se griffe pas en trainant sur le sol."

"Ils se tenaient par la main. le train était prévu à 15h33 et ils avaient un peu d'avance."

C'est ainsi que l'auteur nous conjugue ses six nouvelles à toutes les personnes du singulier et du pluriel. Une magnifique leçon de conjugaison à la hauteur de personnages tous différents et pourtant si semblables et attachants. Qu'il s'agisse d'un auteur qui se rend à un salon, d'un homme qui se retrouve face à son passé tragique, d'un autre qui part retrouver celle qu'il aime tellement qu'il a voulu s'en séparer deux mois…pour voir, d'un intrus qui s'immisce dans une bande de copains, d'un homme, encore, qui quitte sa femme une fois par mois pour retrouver sa maîtresse ou d'un vieux couple qui rejoint son domicile après une visite à l'hôpital…Tous ces destins sont portés par une magnifique écriture à la fois poétique et soignée, parfaitement travaillée, joliment enlevée. Ils nous transportent à chaque fois dans un huis clos où tout à coup la vie bascule. Qu'ils soient un, deux ou plusieurs, ils vont devoir faire face aux aléas de l'existence avec leurs forces ou leurs fragilités.

J'ai adoré la maîtrise avec laquelle Frank Andriat raconte, semant tout au long du récit, de petits cailloux qui, mine de rien, nous préparent au mot "fin", une fin toujours inattendue et magnifiquement lêchée. Tous ses textes sont emplis de tendresse, de bienveillance, d'humanité, d'amour, de chagrin mais aussi de résilience. Un vrai bonheur de lecture.

Un recueil de nouvelles à déguster lentement pour en savourer toutes les nuances.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Dans ces six nouvelles de Frank Andriat, on sent le souffle du romancier, sans qu'il y ait un mot de trop. Chaque nouvelle se développe sur vingt à trente pages et forme un microcosme dans lequel l'atmosphère, le suspense et les personnages prennent tranquillement leur place et se partagent l'espace ferroviaire. Les dénouements éclairent a posteriori les zones d'ombre et les allusions non élucidées, semées sur la voie ferrée tels des cailloux blancs dans la forêt.
Car il s'en passe, dans les trains de la SNCF et de la SNCB, organismes jumeaux, au moins par leurs légendaires ratés : les retards prêtent le flanc à un comique de situation, et les compagnons de voyage font le reste pour compléter ce tableau digne d'une comédie humaine aux multiples facettes, sur fond d'accidents de la vie et de la voie. L'auteur excelle dans la caractérisation des personnages, les secondaires n'ayant rien à envier aux principaux. Pour les premiers, nous avons un choix de zombies absorbés par la Toile (films de série B ou jeux vidéo) et de charmantes passagères, dont une contrôleuse aux allures de mannequin. Chez les seconds, à divers degrés, la fatuité le dispute à la méchanceté en la personne du « grand homme », du psychopathe et des étudiants querelleurs. L'homme marié, pressé de quitter son épouse passionnée pour une maîtresse terne et calme, nous propose un amusant reversement de situation et nous réserve quelques surprises (La notification). Heureusement, Samir, l'émouvant réfugié syrien donne un exemple d'humanité rare (excellent Avec des sourires et de la paix) en tentant de racheter ce triste lot.
L'auteur n'élude pas les réels dangers de la vie du rail qui, à l'instar de la vie elle-même, parfois déraille (suicides, agressions et homicides, sur fond de malentendu). Tout y est, jusqu'au nom savoureux de quelques gares belges.
C'est avec maestria que Frank Andriat maintient constamment notre lecture en éveil. Chaque nouvelle est comme un cadeau que l'on a hâte de dégager de son emballage, et en tant que lectrice, pas une d'entre elles ne m'a déçue.
Nathalie Barrié, de Nouvelle Donne
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Il est relativement rare de se confronter à un recueil de nouvelles de Frank Andriat, lui qui nous avait davantage habitués à découvrir ses romans, riches d'observation et nourris d'une belle humanité. Avec « Lorsque la vie déraille », il se sert du monde des chemins de fer pour convoquer quelques rencontres qui se déclinent à tous les modes. Et si le rail pouvait devenir lieu de tentations, d'amours naissantes ou de disputes ? Il s'agit naturellement de huis-clos narrés avec fluidité, en prenant garde à chaque détail. Ne n'oublions pas, l'auteur est avant tout un poète qui maîtrise la langue et cisèle les mots. En visant l'épure, il ne s'encombre jamais de dialogues superflus ni de redondances. A travers une poignée de voyages, il nous convie à des instantanés immortalisés par un trait de plume et n'oublie jamais qu'un récit doit d'abord raconter une histoire.
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Difficile de résumer le contenu de cet ouvrage. Il s'agit de tableaux en mouvement, avec pour cadre des atmosphères, des états d'âme, des regards qui scrutent ou des mains qui se rejoignent. On y parle aussi beaucoup de passion et d'espoir. Au hasard des nouvelles, certains endroits connus apparaissent dans leur tangibilité : la gare Bruxelles-Nord, le terminal du TER, etc. Enfin, l'être humain se trouve ici dénudé face à ses fragilités, ses drames, mais également fortifié par sa capacité de résilience ou de progression vers l'autre. Chacun pourra s'identifier à un personnage ou reconnaîtra un proche.
Des nouvelles plus ou moins longues qui parlent de la vie. Tout simplement ...
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Livre-toi- Frank Andriat - 11 juin 2013
Ker Editions
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