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3,9

sur 7391 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment reprendre le mythe antique grec, la tragédie de Sophocle, et déstructurer la pièce de manière à se l'approprier et à en faire le symbole de la période dans laquelle vit le dramaturge ? Voilà le pari osé mais ô combien réussi de cet auteur de talent, Jean Anouilh, qui retranscrit cette histoire en lui donnant un côté résolument moderne. Exit le côté divin, Antigone se confronte à la justice des hommes. Elle n'est plus la belle jeune fille que l'on pouvait trouver chez Sophocle. Il n'y a qu'à lire le prologue pour s'en rendre compte :

"Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... "

Avez-vous remarqué l'écriture très simple, presque familière, tranchant bien évidemment avec la tragédie grecque qui s'exprimait plutôt en ces termes-là :

"Clarté splendide ! La plus belle des lumières qui aient lui sur Thèbe aux sept portes, tu as enfin paru au-dessus des sources Dirkaiennes. Oeil du jour d'or ! Tu as repoussé et contraint de fuir, lâchant les rênes, l'homme au bouclier blanc, sorti tout armé d'Argos, et qui, levé contre notre terre pour la cause douteuse de Polynice, et poussant des cris aigus, s'est abattu ici comme un aigle à l'aile de neige, avec d'innombrables armes et des casques chevelus.! (Première entrée du choeur)".

Anouilh a voulu que cette pièce soit accessible à tous. Il l'ancre dans notre époque, dans notre quotidien. Bien entendu, la date de parution,1944, y joue beaucoup dans le symbole de la jeune fille. Elle deviendra très vite une héroïne qui représentera tous les actes de rébellion visant à sauver sa patrie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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J'ai du lire ce roman quand j'étais au collège.... c'est maintenant au tour de ma fille. de ce fait, il était logique que je me plonge a nouveau dans cette pièce de théâtre.

J'en gardais un bon souvenir, ce qui est encore le cas aujourd'hui. Par contre ma vision et mon ressentit sont complètement différents.
A 14 ans j'avais complètement pris parti pour Antigone et je détestais et méprisais Créon.
Aujourd'hui, je suis plus tempérée sur le cas de Créon. Il me fait pitié, de ne pas laisser parler son coeur et de se tenir a une décision qui lui fait mal , mais qui le diminuerait politiquement parlant.

Disons que pour être honnête a 14 ans , j'étais une version d'Antigone, ou tout était noir ou blanc. Sans connaître tous les paramètres je montais au créneau et prenais parti fonction de mon coeur.
Aujourd'hui, je serais plutôt Créon ou effectivement la vie n'a pas que deux couleurs.. des nuances se mêlent à ce noir et au blanc , mes décisions et avis sont plus réfléchis. L'expérience de la vie fait que... néanmoins je n'en suis pas au point de prendre une décision immorale pour plaire au plus grand nombre. Je reste encore avec ce fond d'Antigone qui crie a l'injustice parfois et qui dit haut et fort ce que je pense..... et comme Antigone je m'attire parfois des ennuis.

Ce que je trouve vraiment "drôle" c'est ce changement d'opinion face à une oeuvre, qui elle ne change pas.
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« Et voilà. Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant, c'est fini. »
Un « « voilà » qui tombe comme un soupir désespéré, comme un couperet ; un « voilà » annonciateur de drames et de grands chagrins. Aussi, quelle emmerdeuse cette Antigone, cette « maigre jeune fille, noiraude et renfermée », cette petite garçonne au regard sombre qui inquiète et envoute ! Un mot, un geste, et la voilà qui bouleverse le bon ordonnancement du monde et des choses. Qu'est ce qui la pousse à toujours vouloir aller plus loin, à refuser de se contenter de ce qu'on lui offre, à dire non, toujours non ? Est-ce le refus obstiné de la médiocrité ? La recherche illusoire, impossible d'une certaine pureté ? Une force qui échappe à la compréhension des responsables, des réfléchis, des raisonnables ?
Face à son destin, Antigone dira non à la face du monde, non au roi Créon, non à la petite vie de femme aimante qu'on lui assigne, non à la foule haineuse, aux gardes veules, à l'homme qui l'aime, à toute sa famille. Elle préférera accepter la mort honteuse plutôt que de céder d'un pouce, contraignant le roi Créon à endosser dans cette histoire le mauvais rôle. Ce n'est pourtant pas un mauvais bougre, ce Créon. C'est un roi besogneux, un tâcheron sans envergure qui « s'emploie à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde ». Il essaiera bien de la raisonner, il la suppliera même d'arrêter ses gamineries, mais face à son intransigeance, à ce feu intérieur qui la consume, il ne pourra rien faire et devra la mener à la mort, acceptant bravement de porter cette « plaie au côté, pendant des siècles ».
Il y eut une multitude « d'Antigone » qui ont traversé l'Histoire avec leurs étendards flamboyants. Des bonnes et des mauvaises « Antigone ». Parmi les bonnes, j'en retiendrai deux : Jeanne d'Arc et De Gaulle ! De Gaulle et son cri du 18 juin 40 lancé dans un immense désert : un non total, viscéral, échappant à toute raison.
La pièce fut jouée à Paris en 1944. Anouilh vint chercher l'Antigone de Sophocle, vieille de deux millénaires, pour magnifier la résistance face à l'occupant. Elle n'eut pas les effets escomptés. Les collabos applaudirent Créon, celui qui dit oui, qui « sue et retrousse ses manches, qui empoigne la vie à pleines mains et s'en met jusqu'aux coudes », tandis que les résistants vénérèrent Antigone et sa soif d'absolue, sa pureté, sa révolte incandescente.
Une pièce bien sombre, abandonnant ses acteurs au doute, à l'échec, aux regrets. Un récit intemporel comme je les aime, celle de l'individu contre l'état, contre un pouvoir arbitraire même s'il prend les traits d'un vieil homme débonnaire.
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Une pièce qu'il faut lire jeune. Si je la relisais aujourd'hui, croyant avoir avancé en intelligence, je lui trouverais sans doute des tonnes de défauts, j'essayerais de ramener ma philosophie, je m'attarderais même, horreur, sur sa propension à la mise en abyme, bref…
Nous avons donc Antigone, un personnage, le seul qui importe. Elle est jeune, elle est révoltée. En face de lui, elle a Créon, qui est roi, et qu'elle qualifie de « cuisinier » : le pouvoir est en effet une cuisine qui sent au moins aussi mauvais que le cadavre de ses frères Polynice et Étéocle. Pour être révolté par la cuisine en question, et percevoir le caractère existentiel de cette révolte, dont il est finalement difficile de se défaire, il faut être jeune (ou courir après sa jeunesse, phénomène sur lequel on pourrait gloser à l'infini : il y a bien aussi de vieux militants, qui pensent que les syndicats existent encore, qui passent leurs nuits debout, non?).
C'est-à-dire qu'en vieillissant, on s'est un peu fait à tout cela, surtout lorsqu'on a pris des responsabilités (cela peut souvent faire sourire) et créé sa première société offshore (on y sourit beaucoup moins). Pour une illustration concrète, penser à Daniel Cohn-Bendit : en 1968, mai 68, quelques années plus tard, « une envie de politique », pour le présent, je m'abstiens de commentaires.
Anouilh s'adressait probablement aux jeunes, justement. Pour moi, il n'avait guère de message politique réellement articulé, en dehors d'une indignation, pour employer un langage d'aujourd'hui, face à l'injustice sociale, très visible dans « La Sauvage » par exemple. En quelque sorte, il les invitait à rejeter le pouvoir et, probablement, la guerre, en espérant, sans y croire du fait de son absence d'instinct grégaire (il n'y a plus d'espoir, le « sale espoir »), qu'au lendemain de sa pièce, il se trouve quelques Ismène pour suivre le mouvement de révolte.
Mais Ismène ne viendra pas et ainsi va le monde : il laisse sur le côté ses révoltés, ses inadaptés. Comme le souligne le personnage d'Eurydice, ils ne meurent pas tous : certains restent de côté même dans les positions les plus improbables, jusqu'à ce qu'arrive ou pas l'événement (éventuellement un rien, on se sait quoi) qui fait que le « ressort est bandé ». Antigone est une pièce triste, noire, bien de nature, comme disait Anouilh, à démoraliser les troupes.
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Antigone, Antigone… tu as déjà fait couler beaucoup d'encre sur ce site… et ma critique ne mettra rien de neuf en lumière que ce qui a déjà écrit !! Je ferai donc simple et court : J'ai aimé lire ton histoire. Je t'imagine petite fille fragile, maigre, mais tellement forte de tête. Une femme de coeur, une femme de raison, une femme de confrontations. Mais tes élans de coeur et ton sens de la justice sociale t'auront perdu et c'est dommage, parce que le monde devrait être constitué de plus de femme comme toi. En fait, c'est mon humble avis. Mais ton entêtement aura eu des dommages collatéraux et c'est bien dommage. J'ai beaucoup apprécié ma lecture, une tragédie grecque a son meilleur. Et j'ai aimé le lire en ayant un peu lu sur le contexte dans lequel cette réécriture a été faite. Intéressant de savoir que certains y vont vu la glorification de la Résistance face au Nazisme. Comme un hommage à tous ceux et celles qui ont donné leur corps, leur vie, leur âme pour lutter contre le schème de pensées hitlérien. Une très intéressante lecture. A lire au moins une fois dans sa vie ! ;)
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Elle est petite, maigrichonne, toute noiraude et renfrognée, sa robe est chiffonnée, déchirée, ses genoux griffés...

Elle est toujours en colère: contre les adultes, contre les puissants, contre les trop belles, contre les trop tendres, contre les règles qu'on lui impose, contre les compromis qu'on lui propose, elle est CONTRE, CONTRE, CONTRE

Antigone d'Anouilh c'est une ado qui ne veut pas vieillir, pas grandir. Quitte à mourir, là, tout de suite, pour ne jamais sacrifier un seul bout de sa terrible volonté d'enfant idéaliste, toute arc-boutée contre le monde ...

Anouilh a eu cette force-là: sans reprendre le mythe de Sophocle, si écrasant -celui d'une vraie héroïne tragique, qui refuse au nom des lois sacrées et non-écrites des dieux de se plier aux lois circonstancielles et politiques des hommes,- sans emboîter le pas à son illustre prédécesseur, il a eu , dis-je, la force de créer à son tour un nouveau mythe, qui a fait pleurer et frémir des générations d'adolescents: celui de l'ado éprise de pureté et d'absolu, pleine de terreur à l'idée de changer, de mûrir, de composer avec les autres.

Et il a aussi joué avec les codes: il faut relire le merveilleux prologue d'Antigone: c'est la meilleure explication de texte des théories d'Aristote sur la catharsis et le poids du destin dans la tragédie grecque!

Bref, une pièce majeure d'Anouilh, la plus grande de son théâtre, que personnellement je n'apprécie pas beaucoup. On compte les forgeurs de mythes contemporains sur les doigts d'une main..Anouilh avec Antigone est de ceux-là: il a réussi ce tour de force...
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Sophocle me terrorisait pour découvrir la mythique Antigone: à l'idée de lire de la tragédie écrite avant la naissance de Monsieur Christ, je tremblais devant la difficulté de la tâche, convaincue de n'être jamais à la hauteur. Donc comme peut-être un certain nombre de non-lecteurs de Sophocle (oh si quand même, on doit être un bon paquet), je ne connaissais qu'un vague résumé de l'histoire et de sa morale. Et Jean Anouilh m'a rendu un fier service en récrivant une version moderne le siècle dernier. Enfin accessible et vulgarisée, je pris un réel plaisir à cette lecture.

Avant tout, cours de rattrapage et présentation rapide de Antigone (version 2015)

Acte I :
Antigone, gamine de 20 ans, part de loin la petiote: née de la relation de Oedipe d'un côté (le gars qui a fauté avec sa maman, bouuuh pas bien) et de Jocaste d'un autre (la fameuse maman incestueuse qui est donc mère et grand-mère d'Antigone du coup). Donc déjà, ils ne sont pas très clairs dans la famille, y a comme qui dirait du complexe dans l'air.
Arrive ensuite la fratrie: Ismène, la grande soeur qui ne pense qu'à sa petite personne et son confort, et Etéocle et Polynice, les deux frangins qui rêvent tous deux du trône de Thèbes après la mort de papa Oedipe (Oui papa était roi de Thèbes en plus de coucher avec sa daronne). Mais au lieu de discuter tranquille et trouver un deal autour d'un verre, ils ne trouvent rien de mieux que de se mettre dessus et s'entretuer. Même pas fichus d'avoir un vainqueur. Donc bim, plus de frères.

Acte II :
Tristesse, chagrin, douleur, deuil. Entre en scène, Tonton Créon, roi de Thèbes (et oui y avait plus de frères, faut suivre) qui prend les choses en main : on ne rendra les honneurs funéraires qu'au valeureux Etéocle, tant pis pour Polynice, le sale vaurien, qui lui, pourrira dans un coin. Pas cool le tonton parce qu'on sent que ça va encore créer des histoires ça. Et pour bien montrer qui c'est le chef, il en rajoute une couche: le premier qui se la ramène et s'amuse à contrecarrer ses directives, bim aussi, la mort. Autant le dire, ça ne rigole pas.

Acte III :
Antigone, 20 ans on l'a dit, et donc rebelle à la famille et à l'autorité, même pas peur du Tonton, se met alors en tête d'enterrer dignement son frère quitte à en payer le prix fort. Elle se frotte aux injonctions tontonales malgré les mises en garde de sa nounou, sa frangine et même de son mec, Hémon (fils de Tonton et donc cousin d'Antigone car les coucheries ça reste en famille chez eux).
Et tout comme dans Titanic on sait déjà que le rafiot coule à la fin avant même d'avoir démarré l'histoire, ben ici pareil, on connaît l'issue avant même l'ouverture du livre (le prologue est là pour nous le rappeler en cas d'oubli): un vrai carnage là-dedans, bim bim bim tous dead, Tonton peut pleurer.

Jean Anouilh présente l'histoire mieux que ça, rassurez vous.
En réactualisant sa version et en l'installant au coeur de la seconde guerre mondiale, elle est pour lui un excellent prétexte pour mettre le doigt intelligemment et subtilement sur la résistance face à un pouvoir impérieux et des décisions parfois ineptes. On peut peut-être juste regretter que Créon, représentant du pouvoir, apparaisse presque trop humain, et pas assez proche de la réalité de ces chefs d'états sous l'Occupation, plus souvent insensibles, froids, égotiques et inébranlables. Antigone illustre, quant à elle, à merveille la placide mais déterminée résistante, forte et combative, prête à jouer sa vie pour obtenir justice.

Véritable bijou d'un point de vue littéraire, historique et symbolique, cette oeuvre, très complète, est largement abordable par les plus jeunes.
Aucun doute : Antigone reste un grand classique intemporel et incontournable.
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Cette pièce en un acte de Jean Anouilh met en scène Antigone, la jeune fille rebelle d'Oedipe, qui, à la suite de l'exil de ce dernier et de la mort de ses deux frères, Etéocle et Polynice, décide d'agir pour enterrer avec dignité Polynice, dont le cadavre est abandonné à la chaleur et à la puanteur. En outre, Créon, l'actuel roi de Thèbes et oncle d'Antigone, interdit à quiconque de s'approcher du corps sous peine de mort. Malgré cet ordre, Antigone brave tous les dangers mais finit par être arrêtée par un garde, puis amenée à Créon. S'ensuit alors un long entretien sur la vie, le bonheur et l'amour, ce que la si jolie réplique de Créon nous explique : "La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-là. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote assis au soleil." mais Antigone ne veut pas céder, ce qui nous conduit malheureusement à un drame, ou plutôt devrais-je dire à des drames qui laisseront Créon seul face à son destin...

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Antigone, une femme battante qui désire qu'on l'écoute et que justice soit faite ; elle connait très bien le sort qui l'attend mais qui résiste jusqu'à la fin, ce qui fait d'elle une légende incontournable : "Moi je veux tout, tout de suite – et que ce soit entier – ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite – ou mourir." ; j'ai également apprécié Hémon, le fiancé de notre héroïne, dont je n'ai pas encore parlé mais qui joue un rôle prépondérant, puisque lui aussi bravera les ordres de son père (Créon) et rejoindra celle qu'il aime. Enfin, cette tragédie est d'une finesse admirable, constituée de répliques touchantes et d'une morale vraiment sincère, et je n'oublierai jamais ce roman qui m'a profondément marquée.

A lire absolument !
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Conseil à l'attention de ceux qui, comme moi, ont trouvé pénible la lecture d' "Antigone" au lycée et n'en ont conservé qu'un souvenir nébuleux : relisez-le.
L'intrigue : Antigone, fille d'Oedipe, veut enterrer son frère Polynice malgré l'interdiction de son oncle, le roi Créon, qui menace de mort ceux qui contreviendront à son ordre.

Bon, rien de bien sexy dans ce résumé, et la façon dont la prof disséquait chaque mot (mon livre est truffé d'annotations qui en attestent) ne suscitait en moi aucun intérêt pour cette pièce de Sophocle revisitée par Anouilh. Pourtant, j'ai souhaité la relire avant d'attaquer "Le quatrième mur" de Chalandon (où il en est question), et j'ai été... éblouie et sidérée par la beauté du texte, sa pureté et la force de sa simplicité. J'ai également adoré les anachronismes disséminés ici ou là, et qui créent un troublant décalage dans la lecture : Polynice qui roulait comme un fou en voiture, Antigone qui passait ses vacances à la plage... Cet élan de modernité qui s'affranchit du classicisme tout en respectant les règles de la tragédie grecque est d'une fraîcheur inouïe.
En outre, j'ai été bouleversée par la teneur des échanges entre Antigone et Créon, celle qui dit non et celui qui dit oui, la jeune femme entêtée et le vieil homme indulgent. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé Créon, roi malgré lui qui aurait préféré continuer à lire tranquillement dans son coin plutôt que régner sur Thèbes. A ce titre, il y a moult réflexions qui interpellent sur la résistance (la pièce date de 1944, ce qui n'est pas anodin), le devoir, et le courage de vivre. Et tout cela, en un peu plus de 100 pages et un peu moins de 2 heures de lecture !

Alors, à tous ceux qui, comme moi, dessinaient des gribouillis dans les marges de leur livre (mais aussi à ceux qui ne le connaissent pas encore), je dis : n'ayez pas peur, n'hésitez pas à rattraper votre jeunesse en (re-)lisant et (re-)découvrant ce concentré de beauté, d'intelligence, et d'émotion, et vous aurez à nouveau 15 ans !
(ce dernier point est un peu exagéré, j'avoue -mais pas le reste)
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J'aime cette jeune femme qui semble fragile et qui est inébranlable, si sérieuse mais qui n'a jamais rêvé que de courir, découvrir, danser, cette fille fière et humble qui se sacrifie pour que l'âme de son frère trouve le repos.
L'adaptation que Jean Anouilh a faite de la pièce de Sophocle, afin de mieux la centrer sur l'actualité de la Résistance, en ressort fraîche, terriblement émouvante, de par son apparente simplicité et le fait qu'elle soit si abordable.
Une très belle redécouverte.
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10 novembre 2019

Relecture cette fois pendant celle du Quatrième Mur de Sorj Chalandon: redécouverte une fois encore de la pièce, de ce qu'elle porte en elle de magnifique et de tragiquement humain. Grâce au roman, j'ai porté une plus grande attention aux personnages secondaires que sont la nourrice et surtout les gardes qui agissent quels que sont les ordres puisque c'est leur métier, tout en restant maris, pères de famille et salariés profitant de leurs weekends et congés payés.
La mise en relation avec le roman m'a permis une nouvelle approche de la pièce, plus politique cette fois-ci, ainsi que son aspect intemporel.
Une pièce à lire, re lire et relire encore.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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