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sur 3457 notes
Apollinaire, de son vrai nom Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzki (1880-1918), est l'un de ces étrangers qui ont une place majeure dans la littérature française. Il défendit aussi la France, et fut blessé en 1914-18. Il est le fils naturel d'une aventurière polonaise et d'un officier italien. Son poème le plus connu, le Pont Mirabeau, supprime toute ponctuation, comme l'eau qui coule sans heurt.
"Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours d'en vont je demeure"
Les modes parnassiennes et symboliste sont derrière lui.
Apollinaire, penché sur la Seine, exprime sa douleur discrète avec beaucoup de pudeur.
"L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va...
Passent les jours passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure".
Dans ce recueil, il y a aussi "La Chanson du mal aimé", et d'autres moins connus et sarcastiques comme
"Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Shanghaï".
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Il y en a un peu trop, d'alcool, dans ce recueil, pour moi. Je n'apprécie guère les poètes qui enfilent les mots comme des gosses les nouilles disparates sur un fil, et qui ne veulent plus rien dire au final, et vraiment, certains poèmes de ce recueil, c'est exactement l'impression qu'ils donnent. Si quelques-uns de ces poèmes m'ont touchée, force m'est de dire que pour la plupart, dans les meilleurs des cas, ils me laissent de marbre, et dans les pires, ils m'agacent tant ça me semble artificiel.
Je n'aime pas vraiment la poésie "moderne", trop moderne pour moi, sans doute. Je suis un vieux cheval de bataille...
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Il s'agit d'un de mes recueils poétiques favoris depuis l'adolescence, donc depuis fort longtemps déjà, et mon exemplaire en est tout jauni et corné !

« Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente ! »

Alcools, paru en 1913, révolutionne alors la poésie, comme Rimbaud l'avait fait quarante ans auparavant.
Car Apollinaire, comme Picasso à la même époque pour la peinture, veut renouveler l'art poétique.
De fait, il supprime toute la ponctuation du recueil, juste avant sa parution, y compris celle des poèmes à la facture plus classique, parce que plus anciens (Alcools regroupe les poèmes écrits en quinze ans) et place en tête son poème le plus récent, « Zone ».

Cette soif de renouveau fait écho à sa passion pour la modernité, qu'il expose dans ses poèmes : dans « Zone », il chante la tour Eiffel, bergère des ponts de Paris, les automobiles et même le Port-Aviation, premier aérodrome au monde ; le choix du pont Mirabeau, pont d'acier terminé en 1897, n'est pas anodin non plus, dans le second poème du recueil.
A noter également, « Zone » commence par ce vers, "A la fin tu es las de ce monde ancien", qui constitue donc le premier vers du recueil.
Ses dédicaces sont elles aussi intéressantes à ce titre. Tous les poèmes dédiés le sont à ses amis peintres, critiques d'art, poètes et écrivains, comptant parmi eux Raoul Dufy, Marie Laurencin, André Derain, Max Jacob, Pablo Picasso et Paul Léautaud. Tous les peintres étant des représentants de l'art moderne. Apollinaire publie la même année qu'Alcools, Les Peintres cubistes, Méditations esthétiques, un manifeste en faveur de la modernité artistique.

La thématique de l'amour et de la rupture amoureuse parcourt elle aussi Alcools avec, en filigrane, celle des regrets et de la conscience aiguë du temps qui passe.

« Passons passons puisque tout passe
Je me retournerai souvent
Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent »

A 21 ans, Apollinaire devient précepteur dans une riche famille de la région rhénane et tombe amoureux de la gouvernante anglaise, Annie Playden, passion non partagée ; un certain nombre des poèmes évoquent cet amour sans retour : « La Chanson du Mal-Aimé », « Annie », « Cors de chasse » et ceux du cycle « Rhénanes ».
Il s'éprend ensuite passionnément de la peintre Marie Laurencin, avec laquelle il entretient une longue liaison orageuse, mais qui le quittera ; « Le Pont Mirabeau » et « Marie » expriment cette douleur.

Les légendes du Rhin, avec ses divinités aquatiques, les ondines, et la nymphe Loreley, qui charmait les bateliers par son chant, la vie quotidienne des bords du fleuve et des villages alentour, son folklore, la nature en toutes saisons, bien que l'automne soit la préférée du poète, imprègnent non seulement le cycle des « Rhénanes », mais d'autres poèmes, tels « Les colchiques » ou « Automne malade ».

J'aime ces vers pour leur rythme et la beauté fulgurante des images, pour leur nostalgie intense déjà, ces vers écrits alors qu'Apollinaire a à peine trente ans, pour leur désinvolture rieuse parfois...

Pour le clin d'oeil, mon pseudonyme est un vers d'Apollinaire, tiré de le Bestiaire (illustré par Raoul Dufy), qui fait suite à Alcools, dans la collection Poésie Gallimard. Il s'agit du poème « Le chat » :
« Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre. »
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Il faut être ivre, ivre de vin ou d'amour, n'importe.
Ivre...Allons cela manque cruellement d'originalité !
Je veux être ivre de poésie. Je suis ivre d'Apollinaire.
Allons allons...De quoi suis-je ivre ?
Mais du doux nectar qu'il produit, de ce liquide digne de la main des dieux... S'écoulant depuis les cieux.
De ces poèmes semblables à de l'eau.
Aussi violents que les flots, puissants et poignants, aussi calmes que les fleuves, tranquilles et simples ou encore plus enchanteurs que les cascades, avec leur sonorité et leur forme.
Oh oui ! J'ai titubé en sortant de cette lecture.
Mesdames et messieurs, je vous présente Alcools, d'Apollinaire...Puis-je vous servir un verre ?
Toutefois, n'en buvez pas trop : il se peut que vous finissiez par tomber malade, tous les alcools ne sont pas excellents, certains vous laisseront de marbre, d'autres vous feront fermer les yeux.
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Pour une première lecture de la poésie de Guillaume Apollinaire, Alcools s'est révélé être une merveilleuse découverte !

Dans ce recueil dénué de ponctuation, le poète évoque le temps qui passe, les villes qui ont marqué son existence, les femmes qu'il a aimées. S'inspirant à la fois de ses lectures et de ses expériences personnelles, il réussit à créer une oeuvre poétique au lyrisme qui ne peut qu'émouvoir. Alcools ne se résume pas à quelques mots, il est très difficile de parler de ce recueil succinctement. On y trouve des poèmes modernes mais aussi plus traditionnels, ce qui permet de contenter le bonheur d'une large audience. Les poèmes qui m'ont touchée sont nombreux, je retiens notamment le Pont Mirabeau sur lequel, comme beaucoup d'entre vous, je me suis longuement attardée.
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Dans Alcools, recueil de poésie publié en 1913, Apollinaire mêle modernité et tradition. Entre héritage poétique et recherche d'images et de sonorités nouvelles, Alcools fait des associations parfois surprenantes. Les références antiques, chrétiennes et médiévale y côtoient des paysages urbains. Différents éléments se mélangent : l'ancien et la nouveauté, l'individuel et le collectif, dans une fusion euphorique et enivrante.
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C'est chiant Alcools.
Apollinaire a fait de la merde
« Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique »
de la poésie.


Apollinaire
a révolutionné la poésie en trouvant la beauté
là où elle n'était pas,
partant du principe,
qu'on ne risquait pas de la trouver,
là où on ne la cherchait pas.

Il a fait du commun ou du vulgaire
de la matière poétique,
s'attardant dans « Zone »
le poème liminaire,
aux noms de rues,
s'accrochant aux réverbères,
aux luminaires et aux enseignes
Précurseur du surréalisme,
Il serait aujourd'hui un professionnel
du marketing et, comme une professionnelle,
il aurait toujours le mot juste
pour vendre ce qu'on trouve dans les journaux,
avec une formule qui ferait vendre
comme de la poésie qui pourtant,
ne devrait rien vendre, ne devrait pas se vendre.

Apollinaire a expérimenté et il a commis des calligrammes
et de la pornographie
Mais Alcools, c'est surtout le recueil de la modernité
comme on dirait dans les classes.
Car il ouvre la voie aux surréalistes et aux publicistes
qui voient de la poésie partout, dans la tour Eiffel,
comme dans les poubelles de Paris.
Mais Apollinaire est un révolutionnaire,
je vous l'accorde, surtout que je m'y connais en Alcools
moi qui commande des Communards,
ou je n'y connais rien.
Cependant, je m'incline devant Apollinaire
Quand je constate qu'il est moderne
tout en invoquant le Moyen-Âge,
Qu'il convoque dans ses poésies la Lorelei,
Merlin, et le Christ.
Qu'il proclame haut et fort que la religion est moderne.
Comme quoi, c'est un visionnaire, Apollinaire,
Il est à deux doigts d'entrer dans une église,
mais il a honte de le faire ou peut-être qu'il a peur,
de s'enflammer comme Notre-Dame, s'il ose.

Il reste toujours à deux doigts en tout cas
de nous parler d'alcool, et de chair fraîche,
jamais d'eau fraîche, car il préfère l'eau-de-vie
et l'eau morte de la Seine sous le pont,
Il se déchaîne dans « Palais » qu'il dédie
à Max Jacob, où le palais est à la fois
un lieu irréel, fantasmatique, étrange et familier,
où il fait bon vivre de manger les chairs mortes.
Le poème orgiaque répulse, dégoûte,
génère la nausée, et dois-je le répéter :
l'Alcools est à consommer avec modération,
surtout lorqu'on est sujets aux in(di)gestions
ou à la goutte, la maladie de ceux qui n'en boivent
pas qu'une, de goutte. Et on se méfie
des colchiques vénéneux du poète,
plus réputés que la colique d'Apollinaire.
Et on se demande si depuis la poésie nécrophile
de Baudelaire, si depuis « la Charogne »,
la poésie se doit forcément d'être scatophile,
mais il est vrai que ça fait partie du cycle poétique
comme du cycle de la vie, de s'approprier
le sang et la merde et d'en faire des sécrétions poétiques,
et après tout, c'est plus que moderne,
c'est plus que d'actualité à l'ère des néoféministes
de découvrir chez Apollinaire un morceau choisi
qui ne déplairait pas, j'en suis sûre, aux femmes extrémistes :
« Le soleil ce jour-là s'étalait comme un ventre
Maternel qui saignait lentement sur le ciel
La lumière est ma mère ô lumière sanglante
Les nuages coulaient comme un flux menstruel »
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Unique dans sa façon d'enchaîner les mots. Unique dans sa mélodie.
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La plupart de ses poèmes sont forts beaux, voir ensorcelant.

J'ai particulièrement aimé Automne et également (avec moins d'objectivité car j'adore la légende) la Lorelei.

Mais d'autres m'ont laissés de marbre, trop obscur et pas assez touchants pour me faire frémir.

Mais même si je lui préfère Baudelaire, Verlaine, Lamartine ou encore Rimbaud, je ne peux nier qu;il ai une belle plume.
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Mêle l'incongruité des situations fortuites, l'étincelle cathartique des instants uniques, la résurrection passagère des morts dans une ambiance conviviale, l'errance poétique d'une nuit à Paris, l'amour coulant sous les ponts, le départ imminent vers l'Amérique, l'attraction inéluctable des sirènes exquises, les déambulations de tziganes et saltimbanques, les ombres inquiétantes du passé, la mélancolie des feuilles d'automne, les mythes et légendes antiques au service de divinités féminines, Merlin l'enchanteur aux pieds d'une vieille dame, les complaintes optimistes d'un mal-aimé, une rencontre à Amsterdam, un baiser sous les cloches, un séjour dévastateur en prison, les tableaux de saisons immuables, l'horizon vers un monde nouveau, une vie renouvelée ; un brasier...

« Où sont ces têtes que j'avais
Où est le Dieu de ma jeunesse
L'amour est devenu mauvais
Qu'au brasier les flammes renaissent
Mon âme au soleil se dévêt »

De tous ces alcools, toutes ces saveurs exaltantes reflétant les multiples facettes de notre univers, Apollinaire inhale et s'imprègne voluptueusement de chaque senteur. Il entame ce voyage initiatique vers un monde nouveau, une renaissance tant espérée au sempiternel destin tragi-comique. Et pourtant, malgré ces souffrances inévitables se parsemant sur son trajet épineux sous un ciel d'automne (Les oiseaux entament leur départ), il en tire un voile de liberté immense s'édifiant jusqu'à la ponctualité désagrégée de ses effluves littéraires. le flottement presque onirique de ses textes enchanteurs démontre toute l'érudition de cet être vagabond à la mélancolie frappante. On ne saurait alors se dérober, de peur d'être rejeté à l'avenir d'un univers si dense.

« Mais je connus dès lors quelle saveur a l'univers
Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers
Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres
Écoutez-moi je suis le gosier de Paris
Et je boirai encore s'il me plaît l'univers
Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie [...]

Las de ce monde ancien, ne conjurant qu'à être entendu, il entame sa marche vers le grand brasier. En espérant raviver la flamme de la vie.

[...] Et la nuit de septembre s'achevait lentement
Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine »

Adieu Adieu
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